
Lettres par-dessus les murs (75)
Ramallah, ce dimanche 18 janvier 2009
Cher JLs,
Lorsque nous avons commencé ici à parler des bombardements de Gaza, il y avait 150 morts. 1200 aujourdhui. Il faut s'avouer une chose, cher ami : nos lignes n'auront pas servi à grand-chose. C'est un peu déroutant, on y a passé du temps, on s'est même enguirlandés sur le sujet, et puis résultat : nix. De deux choses l'une, ou bien nos mots ne sont pas suffisamment convaincants, ou bien Condoleezza Rice ne lit pas ton blog.
Dans le doute, je continue de t'écrire. Au-delà d'un débat nécessaire sur les façons de faire, je suis convaincu que faire circuler des témoignages, lire, commenter les articles des journaux, signer une pétition, rien de tout cela n'est inutile. Engager son nom est un acte, et ce n'est pas un acte facile. Joindre sa voix à mille autres voix, ne serait-ce que dans l'espoir d'en attirer une de plus, une qui pourrait compter plus que la nôtre.
J'ai suggéré à Zakaria de parler de son quotidien sur le site du Monde, qui cherchait des témoignages. Ils n'en cherchent plus maintenant, et la Une est passée à autre chose. Je t'envoie donc son texte, un poème plein de questions, que je reçois aligné à droite, comme en arabe. Il m'a prié de le corriger.
"Je Me Demande
Il y a quelques semaines que l'agression israélienne sur la bande de Gaza continue, et les bombes ne cessent de tomber. On connaît des chiffres, mais on ne peut pas encore compter le nombre total de victimes.
Je suis étudiant, j'habite a Gaza.
Si vous me laisser parler, peut-être que ça me diminuera la peine et la souffrance, pourquoi pas ?
Je rêve depuis mon enfance, et mes rêves ont toujours été optimistes, mais maintenant j'ai 22 ans et je suis gêné, embarrassé par mes rêves, parce que je ne peux les réaliser.
Je suis près de finir mes études à l'université, mais les étudiants, comme tous les Palestiniens, connaissent beaucoup de problèmes sociaux, économiques, psychologiques et familiaux à cause de l'occuaption israélienne.
Pourquoi, j'ai besoin de comprendre !
Comment pourrais-je vivre comme n'importe qui dans le monde ?
Qui est responsable ?
Quelle faute j'ai commis dans ma vie ?
Pour quelle raison ?
Que dois-je faire ?
Est ce-que je dois continuer comme ca ?
Est-ce qu'il y a un changement possible ?
Est-ce qu'on attend une révolution, comme la révolution française ?
Si je n'ai pas vécu jusqu'à présent une jeunesse heureuse, quand est-ce que je la trouverai, après ma mort ? Après quoi exactement ?
Je me demande, je pense, je refuse, j'accepte, je crois, j'aime, je travaille mais ça sert à quoi ?
Quelle est le sens de ma vie ?
Est ce-que je suis coupable ?
Mais coupable de quoi ? D'être né ici ?"
Il me décrit ensuite son quotidien en quelques mots. « Très tranquille !!! Ma maison est entourée de terres cultivées. Depuis quelque jours les tanks et les avions israéliennes pilonnent ces terres, hier soir plus que 80 bombes ont été lancées prés de la maison à environ de 50-200m, pendant deux heures. Les enfants sont terrorisés, les femmes ont hurlé, même les hommes ont peur. »
Il y a soixante personnes désormais dans la maison de Zakaria. Souvent sans eau, sans vivres, dans le noir. Il m'avait invité chez lui, c'est une belle maison, avec une terrasse fleurie qui domine son quartier. Je ne vois pas comment ces murs peuvent contenir soixante personnes, au lieu des neuf qui y résident d'habitude. Comme s'il n'avait pas suffit d'enfermer un million et demi de personnes dans la bande de Gaza, on a décidé de réduire encore un peu l'espace, de mettre les hommes les uns sur les autres, de les empiler dans des maisons.
Zakaria finit ainsi sa lettre : « Si je suis tué dans cette agression, est ce-que mon nom sera mentionné dans les journaux, comme celui de Gilat Shalit ? Est-ce qu'une autre personne va venir après moi et s'asseoir à mon bureau, sur cette chaise, pour continuer mes études, réaliser mes rêves, vous écrire ? »
A La Désirade, ce 18 janvier 2009.
Cher Pascal,
Il neige sur la montagne. Il y avait ce matin des traînées rouges dans le ciel gris, du côté du Levant, et ma première pensée est allée à ceux qui souffrent dans le monde, et pas qu’à Gaza, mais je me demande aussi à quoi correspond cette pensée, que je n’ai pas toujours éprouvée dans ma vie, qui est une pensée d’abord apprise, une pensée venue de mes parents chrétiens, une pensée vive à l’époque de la répression de l’insurrection de Budapest, en 1956, et lors de l’arrivée des réfugiés hongrois, une pensée vive à l’adolescence, où je me sentais tout proche des pacifistes à la Henri Lecoin (j’ai écrit mon premier article à 14 ans sur ce thème précisément, dans la foulée d’un humaniste anarchisant du Canard enchaîné, de l’époque, grand styliste aussi, du nom de Jérôme Gauther), une pensée exacerbée en notre jeunesse par l’escalade de la guerre au Vietnam, pensée-souffrance commune et parfois sélective, bientôt politisée, et de loin en loin cette pensée solidaire s’est estompée ou transformée, taraudée aussi par la conscience de plus en plus aiguë de la complexité des conflits, de plus en plus documentée et démentie ensuite, parfois aussi noyée dans la désinformation tous azimuts. Or cette pensée solidaire est aussi une affaire d’âge (l’angoisse matinale d’un individu de 60 ans n’est pas comparable à celle de quelqu’un de 18 ans ou de 38 ans) et de statut personnel, il y a des gens pour qui le malheur des autres est une obsession qui les distrait ou les soulage du leur, il en est d’autres pour qui la charité n’est bonne qu’affichée, d’autres encore, très rares, comme l’était la philosophe Simone Weil, qui souffrent dans leur chair d’apprendre tous les jours, par exemple, ce qui se passe à Gaza, et qui s’immoleraient pour cela. Les saints sont comme ça, Ian Palach qui s’est immolé comme nombre de bonzes en était peut-être un - je ne sais pas: je ne sais pas comment on pèse la vraie souffrance ou la réelle sincérité. Pas un instant je me suis senti meilleur de me sentir solidaire – mais l’important est peut-être de se sentir relié. C’est d’ailleurs le sens que je prête, pour ma part, à la religion, à savoir qu’il n’y a qu’un seul homme au monde et qui peu à peu a passé des pyramides de crânes aux pyramides de pierre, des sacrifices humains aux rites symboliques, de la loi du talion au pardon, ainsi de suite.
Quant à l’utilité des manifestations les plus visibles et les plus massives, les gens menacés en parlent mieux que nous. La tradition humanitaire de la Suisse, service salutaire ou oreiller de bonne conscience pour certains (une pièce a toujours deux faces) est l’aboutissement d’une révolte personnelle, devant les horreurs de la guerre, qui a abouti à la création de le Croix-Rouge. Un exemple parmi tant d’autres de l’action «utile», mais celle-ci ne serait qu’un emplâtre sur une jambe de bois si «tout l’homme» n’était pas engagé. Or la parole, qui est l’apanage humain , n’est pas moins essentielle en dépit de son inutilité apparente, plus encore: la parole le plus épurée et la plus inutile assurément que représente la poésie - je l’ai éprouvé très fort ces derniers jours en me rendant souvent sur le blog de notre ami Jalel El Gharbi, poète et passeur de poésie, qui a tenu tous les jours comme un journal poétique de sa révolte mêlant images de l'intolérable et mots prtant au-delà, citant alors les poètes, comme le grand Mahmoud Darwich; enfin j’ai renoué ces derniers jours avec la jeune poétesse libanaise Ritta Baddoura, qui m’a écrit après quelques années de silence et dont j’ai découvert les derniers poèmes sur son blog, dont l'un en hommage précisément à Mahmoud Darwich:
Frappe
On frappe à la porte La réalité exhale moins de parfum que la mort Algues de la rencontre qui m’enveloppent Je la griffe dans le dos Qui est-ce Saisir l’oreille la plus longue labyrinthe L’alphabet où le kérosène ne peut prendre Du regard le foutre invincible sur l’écran J’appelle Silence lubrifiant le mouvement des blindés Ecarte un peu les jambes l’amour peut descendre Coupole du crâne où tu enfonces tes cadavres Soupçon d’éden scanné aux aéroports J’ai vu sur le velours neuronal les traces de pouce Passeports et obus enrobés de latex J’attends personne qui frappe avant d’entrer Dans le vide mes raisons je cloue en équilibre A 958 palestiniens d’altitude La porte ouvre le fond des abysses On frappe
L’imagination l’alcool que je préfère.
Blancheur Noirceur
Blanche heure du délire
Gaza
L’hiver sur toi a ouvert les robinets du feu
Nations en hibernation ralentissent les consciences
Garnissent les rayons au prix du silence de pensées d’occasion
Creusent une tranchée entre deux années où coucher ton absence
Gaza tu fraies l’effroi des frigidaires Tu respires
Et nourris à tes mamelles l’ennemi
Ta patience perce le trou qui acide sa tête
Ton lait est plus avide que son Plomb durci
Noire sœur du désir
Gaza
En tes hémorragies tu écoules la mort hors de ton corps
Tu la soumets à tes règles
Tu demeures là où l’origine se meurt par les racines
Pointées vers toi ce ne sont qu’épines de la fleur.
Gaza Loop
Qui sommes les déportés théoriques
Qui avons un drapeau pour couvrir nos corps
Qui habitons l’impression d’un pays sur photographie
Qui possédons la terre à l’envers par cimetière
Qui mordons la mémoire aux doigts de la répétition
Qui buvons la sueur indicible du deuil
Qui bouchons l’entonnoir de vive chair
Qui contrarions la vidange des veines
Qui marchons sur la disparition à dos d’âne
À Darwich
A l’envol des papillons palpitant sur tes lèvres
Darwich Tu oscilles entre jour et nuit
Tu fabriques du temps que le vent mène jusqu’aux mots espérant le retour de la page
Ton souffle roule doucement tel un d
Et s’arrête au miroir des mers qui reflète la langue que Tu quêtes pour la saluer
Tu la surprends souriant ton cœur ouvert
Sa main aime que Tu la serres lorsque caressant la terre elle tremble
A la porte Tu sépares perte et parole.
Ainsi, Pascal, petite communauté des inutiles, continuons de nous parler. La fin de la lettre de Zakaria m’a poigné le cœur. Puisse son nom ne jamais s’inscrire en lettres de sang, et puisse ton ami accéder un jour à l’avenir dont il rêve.
Je vous embrasse,
Jls.
Images : Frontière de Rafah. Image de Philip Seelen.
Blog de Jalel El Gharbi: http://jalelelgharbipoesie.blogspot.com
Blog de Ritta Baddura: http://rittabaddouraparmilesbombes.chezblog.com

A La Désirade, ce 6 janvier, soir.
A La Désirade, ce 4 janvier, soir.
A La Désirade, ce 31 décembre, midi.




A La Désirade, ce 27 décembre, soir.



L’évocation des jouets offerts aux petits Ramallawis m’a fait sourire, me rappelant une nouvelle délicieuse de Saki. Il y est question de parents politiquement corrects avant la lettre (la nouvelle doit dater du vivant de Saki, alias H.H. Munro (1870-1916), qui décident d’offrir, à leurs garçons, des jouets à haute teneur éducative, pour faire pièce à la détestable tradition de la carabine ou du tomahawk, voire du char d’assaut à tourelle articulée. C’est ainsi qu’ils dénichent, pour l’aîné, une ferme modèle et ses habitants humains ou animaux, dont toutes les activités et caractéristiques sont explicitées dans une brochure documentaire joliment illustrée. Quant au cadet, il a droit à un hôpital complet, avec ses médecins et ses escouades d’infirmières, son bloc opératoire et ses ambulances. En mauvais esprit tout à fait dans la ligne antimoderne de Chesterton, Saki détaille les épisodes successifs de la remise des cadeaux, marquée par la conviction souriante des parents persuadés de faire avancer l’Humanité, et le léger désappointement des deux boys, qui se retirent bientôt dans leur chambre pour jouer comme on le leur suggère avec l’impatience pédagogique que tu imagines. Or qu’en advient-il ?
Tu l’as sans doute deviné, mauvais esprit que tu es toi-même, mais il faut le lire sous la plume de Saki, qui évoque avec brio la transformation de l’hôpital en fort assiégé par une armée de desperados, lesquels captureront les infirmières et les ligoteront sur les vaches modèles métamorphosées en broncos piaffants.
Avec mon amitié, et à Serena…




Des monstres, on sent que le narrateur en traîne quelques-uns, comme autant de casseroles, mais il n'en parle pas, bien que ces textes puissent se lire comme le récit d'une quête personnelle, où la description du paysage ne serait qu'une autre façon de se dire, de se chercher. Mais on y devine aussi une interaction constante du marcheur avec ses frères humains, même lorsqu'il se cogne aux murs de son étrangeté, surtout lorsqu'il admet la distance qui sépare ceux qui sont ici chez eux, et celui qui ne fait que passer – et bien qu'il revienne souvent sur ses pas, comme pour creuser le sillon de la mémoire, porté par une errance à la fois insouciante et obstinée. A chaque pause, son carnet se couvre de mots et de croquis, des dessins d'une simplicité admirable qui viennent ici rehausser le texte et en renforcer le vécu : paysages le plus souvent, solitude choisie, mais aussi des portraits remarquables, rencontres de hasard, visages qui surgissent au détour d'une page, qui interpellent le lecteur par l'intensité de leurs regards.


Voilà, Vittorio c'était quelques jours avant de partir dans le Sinaï, faire trempette en Mer Rouge – quelques jours avant de rencontrer Alexis Zorba, qui rentre dans ma vie par l'angle d'un livre, ce qui est un comble pour cet homme qui envoie tous les livres au diable. Il y a là un double mystère : d'abord, comment ai-je pu passer à côté du livre de Nikos Kazantzaki ? C'est comme imaginer n'avoir jamais bu une goutte d'alcool pendant vingt ans, ni senti la brûlure du soleil… et je serai éternellement reconnaissant au bougre d'Olivier qui me l'a conseillé. C'est là la seconde diablerie d'Alexis Zorba, de chanter la vie vécue, d'aller jusqu'à envoyer paître le langage, comme Zorba submergé par l'émotion danse pour raconter, danse à s'en faire péter les artères – et de nous redire le pouvoir des livres, leur capacité à procurer un plaisir purement physique, une explosion d'émotions véritables, nous faire rire vraiment, et nous faire pleurer...




Ce matin on m'a demandé si je voulais participer à un repas avec la ministre de la justice française (c'est la ministre qui est française, pas la justice qui ne saurait avoir de nationalité, n'est-ce pas ?). J'ai décliné, on me prendra peut-être pour un snobinard, mais vraiment, je ne sais pas quoi dire à ces gens qui veulent être partout, avec leurs cortèges et leurs emplois du temps minutés, et qui ne sont jamais nulle part. Dimanche c'était le premier ministre palestinien que nous avons attendu, dans ce centre pour enfant handicapés, dans le village de Doura, près d'Hebron, c'est un événement important pour l'équipe du centre, ils ont insisté pour que ma douce soit présente. Le ministre passera un quart d'heure, nous a-t-on dit, soyez au garde-à-vous entre midi et 16h30... Nous avons attendu, nous avons vu le défilé de voitures, toutes sirènes allumées, passer sur la grand-route, et repasser, et repasser encore, d'une école à un centre culturel, de la mairie à une autre école. Mais son emploi du temps était trop chargé, il n'a pas pu s'arrêter, et tous les employés qui attendaient là, tout beaux, qui s'étaient déplacés pendant ce jour de week-end, tous ces gens de rentrer chez eux, la tête basse. Mais quelle différence, entre une visite au pas de course et pas de visite du tout ?



Le terminal d'Erez ressemble à un petit aéroport, vu de l'extérieur, avec son parking et ses grandes baies vitrées, c'est là-dedans qu'ont lieu les fouilles les plus poussées de la région, et sans doute du monde, trente-six détecteurs de métaux, de poudre, d'explosifs, des questions et des déshabillages. Et c'est aussi le seul point de passage pour Gaza, mais manque de pot, il est fermé.
C'est alors, ou un peu plus tard, que sort le convoi. Et l'image coupe net notre conversation, comme si le convoi nous avait roulé sur les pieds. Une jeep militaire qui précède un camion militaire, genre bétaillère. A l'arrière ballotte une trentaine d'hommes, les yeux bandés. La pêche du jour. On les conduit sans doute à la prison d'Ashkelon... Anja a le temps et le courage de prendre une photo, regardez bien, à l'arrière-plan, on voit la 4ème Convention de Genève qui part en fumée.



Le grand Ramuz l’écrit pendant la guerre 14-18. Alors que le pauvre Cendrars, engagé volontaire, saigne sur un brancard avant de se faire amputer et de vivre des jours hallucinants dans la chambre d’un jeune soldat qui crèvera de façon atroce, littéralement achevé par un officier chirurgien (c’est raconté dans J’ai saigné), Ramuz écrit comme ça que certes, c’est bien affreux de penser que des milliers de jeunes Français sont en train de mourir dans les tranchées, mais que de penser cela aussi est une souffrance, au moins aussi douloureux que de le vivre. Eh bien non : ce n’est pas pareil. La pesée des douleurs est une opération tout à fait impossible, mais disons que certaines situations « limites », vécues par nos frères humains, appellent un minimum de réserve de la part des « privilégiés » que nous sommes, étant entendu que cette appellation cache souvent de grandes détresses. Bref, parlons de ce que nous voyons et vivons, de ce qui nous révolte et qui nous enrage ou nous encourage au contraire.


Le même soir, je raconte tout ça innocemment sur mon blog, photos à l'appui. Je ne pensais pas mal faire, me bornant au récit genre « les écrivains aux champs », mais Nancy n'a pas apprécié. Et me l'a écrit illico. Ce qui m'a fait illico retirer la note. De fait, j'oublie parfois qu'un blog se multiplie par internet et qu'internet est lisible partout, jusqu'à Ramallah. 



le pire que des le premier jour on avait pas d'elecricite et bien sur pas d'eau meme les citernes sur le toit on etait trouee par les eclats d'obus le seule moyen d'info qu'on avait etait le telephone et la radio on entendait les histoires de masacres et on recevait des nouvels sur des amis des proches msacrer,.croyer mois des familles entier qui ont etait masacrer a la fois un voisin son frere etait a la mosquee quand on la bombarder, ses 2 autres freres sont partis pour essayer de le trouver au dessous des murs quand ils ont recus un 2emme missile sur leurs tetes les trois freres sont devenue des morceaux de viandes pour ne pas dire des cadavres on ne parles rarement de cadavres mais des morceaux de corps a peine on reconait les morts
Nous sommes assez mûrs et assez fins pour échanger nos idées, nos émotions profondes avec nos amis ou nos interlocuteurs d'occasion, sans avoir à retirer de la vue ces images qui « sont là », devant nous, sur internet, déjà vues et revues des millions de fois, par des millions de paires de yeux de frères, de sœurs, de pères, de mères, et sans avoir à retirer des propos « écrits », même si nous pouvons changer d'avis, après débat et réflexion, sur l'opportunité de telle ou telle de nos publications...
La rédaction du Chronicle déclara que des avis in memoriam pouvaient toutefois être acceptés. Les notices furent donc réécrites et soumises à nouveau au journal sous la forme d'avis commémoratifs. Ces derniers furent également rejetés, la rédaction précisant, pour toute explication, qu'elle ne souhaitait offenser personne.
Lettres de l'Imagier (2)
Les comparaisons abusives fusent de toutes parts. Les images des massacres jouent leur rôle classique de catharsis et permettent à quiconque de se prendre pour le justicier du monde. Ce qui me fascine ce sont tous ces gens qui répètent : « Mais que peut-on faire pour arrêter tout cela ? » Comme si 






Et toutes ces haines qui viennent encore alimenter les banques de la colère...j'ai suivi de loin cette immense manifestation de plusieurs dizaines de milliers de manifestants à travers Paris, samedi. Je n'y ai rencontré que des cris colériques, des appels à la vengeance, des slogans convenus, des manipulateurs d'émotions, des gérants prospères des comptes banquaires de la colère, des insultes antisémites proférées sans retenues ni réprobation, appelant à l'anéantissement d'Israël, je n'ai perçu aucune expression de compassion silencieuse et respectueuse de la mémoires des victimes, seuls les cris, la colère, la vengeance, la gérance des politiques...je n'avais aucune envie de prendre une quelconque image de ce rassemblement sans dignité dont les participants me semblaient ressembler en négatif à leurs adversaires sur l'échiquier abstrait où se joue la manipulation des haines et des peurs...la rue me semblait hostile à la raison, à mille lieux de toute expression de compassion, occupée à alimenter encore et encore la haine intercommunautaire...
Vive l'art, la poésie et la littérature, remparts indispensables aux fanatismes et à la haine.