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  • Comme une douce folie

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    (Ou l’autre voie de sagesse,
    ou les figures de l'Aimant)
     
    Les gens ne l’aiment pas beaucoup:
    il est trop différent,
    et ne partage pas le goût
    du nombre dit influent;
    il ne fait rien comme il faudrait,
    ne croit pas aux idées
    ou plutôt n’a que des idées
    portées comme des croix ;
    il semble en effet cloué
    à la seule pensée
    qu’on suppose délibérée,
    et pourtant il éludera
    tout ce qu’on en dira -
    personne ne saurait l’aimer
    qui ne comprend pas ça…
     
    Il est ouvrier et chercheur,
    elle est maître verrier,
    il est tourneur en atelier,
    elle est apiculteur,
    iels se reconnaissent à ça
    qu’ils sont de bonne foi,
    aucun d’eux ni d’elles d’ailleurs
    n’a le même tailleur -
    toustes sont sapé(e)s à la dyable
    en désordre admirable…
     
    Il n’y a de règle au Mobile
    qu’à la loi de l’Aimant
    très subtil ustensile
    à portée du premier enfant
    sensible et vibratile -
    aussi tenez-les bien en main,
    l’enfant à son entrain
    et le chien si l’enfant est aveugle -
    quant à l’Aimant, disent les Chinois,
    pendant que la meute beugle,
    plutôt que l’outil de la Fin,
    voyez-y le Chemin…

  • Le fil invisible

     
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    (Chronique des tribus)
    81. Que l'amitié donne suite...
    Vaut-il mieux avoir deux pères gays également attentifs à la bonne éducation de leur enfant, qu’un père absent, se demandaient hier soir les deux dîneurs de la Brasserie de la Gare donnant sur celle-ci que d’aucuns aimeraient truffer de caméras cachées pour surveiller les dileurs (avec ou sans pères ceux-ci, et du Nigéria ou d’ailleurs), et Quentin d’attaquer sa salade César en remarquant qu’il y a des mois qu’il se fait la gare matin et soir sans remarquer beaucoup plus de trafic que sur les rives du lac des Laurentides où il a situé son roman intitulé Notre Dame-de-la merci, par ailleurs postfacé par son commensal présent (à savoir moi-même en personne), et je lui lance que les médias se la jouent dramatique pour attirer encore la moindre attention du public, sur quoi les deux amis un peu complices en dépit de presque deux générations d’écart, évoquent le père terrible de Fédor (Quentin vient d’achever la lecture de L’Idiot) et leurs paternels respectifs et respectables chacun à sa façon (l’un est artiste et l’autre fut employé modèle), et alors là, me le rappelant soudain en me demandant quelle mouche m’a piqué de suivre mon compère avec cette salade César où je ne trouve que des feuilles à brouter, je sors, de ma sabretache, une liasse de photocopies d’un. long papier de John Cowper Powys précisément consacré à Dostoïevski - ça c’était hier soir et Quentin ce matin me « texte » ceci via Messenger : « Je termine l’article de Powys que tu m’as amené hier. C’est une merveille. J’aime beaucoup ce qu’il dit de la capacité de Dostoïevski de transmettre la « sentiment cubiste » d’une vie de communauté. C’est exactement comme cela que je ressens la lecture de L’Idiot, mais plus encore dans Les Démons où tout un monde semble fourmilier à l’arrière-plan, avec une cohérence aussi indubitable qu’imperceptible ».
    Et voilà pour le fil invisible de l’amitié telle que je la conçois, où la réciprocité vive se fonde sur des goûts, voire des passions partagées, le véritable ami (incluse il va sans dire l’Amica) étant celui qui donne suite comme Verlaine donne suite à Rimbaud même après leurs plus foireuses discutes, tandis que le jeune Arthur donnera suite par défaut à la fuite de sa brute de père ferraillant en Crimée puis s’adonnant en secret à la traduction du Coran - et l’on sait qu’en Arabie le feu poète enseignera à ses collègues européens la manière des mâles musulmans de pisser accroupi comme on prie à genoux...

  • Comme en rêvait le Capitaine

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    « La grammaires est la base, le fondement de toutes les connaissances humaines » (Frédéric Rimbaud, père d’Arthur, combattant en Crimée et traducteur du Coran)
     
    Je ne vous entends pas très bien
    dans le grand bruit que font
    tous vos influenceurs,
    où toute opinion les vaut toutes,
    où tout devient déroute,
    parodie de vaine sapience
    ou prétexte à haute palabre
    dans la langue de marbre,
    je veux dire : la langue de bois
    au fil de sabre
    de l’imbécile impatience
    indifférente aux vraies saveurs…
     
    La Machine saura très bien
    mimer cette grammaire,
    et moduler tout savoir-faire
    de l’ancienne parlure
    sans faille ni rature,
    saura même le point-virgule,
    secret de la férule
    des anciens maîtres littéraires,
    saura tout n’est-ce pas,
    sauf le devinez-quoi…
     
    Le père de Rimbaud parlait fort,
    mais rêvait en secret
    d’un fils lui sortant de la cuisse
    et parlant comme on dit: en langue,
    sans éviter l’harangue
    un peu vulgaire dans les troquets ;
    un vrai fils quoi, qui bande et pisse
    au ciel où Dieu ravi
    qu’on Le fasse exister ainsi
    ne peut que tout bénir
    de ce chant et de son soupir…

  • Nos multiples vies

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    (Chronique des tribus)
     
    80. 
    La veille au soir, juste après avoir revu le film italien intitulé Il filo invisibile, évoquant les tribulations d’un jeune Leone gratifié par la vie de deux pères, le fils puîné de l’employé modèle et de la ménagère à son affaire a relevé, sur son fil de WhatsApp, un message de son amigo Mario Martin lui annonçant qu’il venait, avec les siens, de survoler son petit pays à destination de la Pologne native de son épouse - et les deux pères de Leone, le père militaire de Rimbaud abonné aux absents fils de l’air, le titre de la bio monumentale que Mario Martin s’apprête à publier au Mexique, consacrée à la « vie sans vie » du philosophe Albert Caraco dont le vrai père s’était effacé devant un substitut – tout ce magma l’a ramené à la « vida sin vida » de ce parangon du génie vivant de la vie dont l’existence a fasciné des kyrielles de lettrés biographes infoutus de comprendre qu’on peut être le plus grand poète de son canton et se tirer un jour sans remercier pour seul double motif de fantaisie et de liberté.
    Lire le matin les Béatitudes est un exercice propre à se récurer l’âme essentielle et bien accueillir la donnée du présent en cours (tu sais par l’Almanach que ce 3 mai dédié par les catholiques aux saints Philippe et Jacques – celui-ci mis à mort au pied du temple de Jérusalem), a inspiré à la sagesse populaire un dicton sarcastique (« Mai commence par une croix, et qui se marie en traîne deux » ), la date du 3 mai 1494 est celle du débarquement de Christophe Colomb à la Jamaïque dont les Arawaks seront bientôt exterminés, et la pensée du jour (l’Almanach toujours) est empruntée à Victor Hugo : « La pensée n’est qu’un souffle, mais ce souffle remue le monde », et tout à l’heure tu prendras via Youtube des nouvelles de la Maison-Blanche et du front ukrainien où le chaos du monde se perpétue au dam des mères (tu t’imagines Vitalie Cuif quand elle apprend que le militaire de passage lui a fait un nouvel enfant juste avant de repartir pour la Crimée !) et des fils et du Saint Esprit qui tarde à se manifester dans le « chaordre » dont parlait Albert Caraco…images-31.jpeg
     
    C’est en comédie à l’italienne que le film Il filo invisibile traite le thème du garçon à deux pères dont la mère porteuse vit aux States avec un biker, et cela le dramatise et le dédramatise donc sur fond de tendresse bienvenue, comme il en manque quand on ne s’en remet qu’aux techniciens de la psychologie qui estiment par exemple (thèse reprise par un biographe de Rimbaud) qu’un garçon qui n’a pas été « coaché » par un père biologique durant ses deux premières années risque de ne pas se développer comme il faut, risquant de devenir poète ou peut-être pire: philosophe en exil partout...
    Un autre biographe de Rimbaud – celui-ci contredit par celui-là – prétend que le jeune Arthur aurait été violé par des soldats à l’époque de la Commune, sans la moindre preuve, alors qu’un autre biographe de Rimbaud prétend que celui-ci n’a jamais touché au commerce d’armes, quand a les preuves du contraire ; et ce serait toute une histoire à rallonges à la Roberto Bolaño que d’entreprendre l’aperçu biographique comparatif des biographes de Rimbaud, dont chacun est à peu près persuadé que « son » Arthur est le plus vrai ou le moins invraisemblable, à commencer par Edmund White qui a commencé de lire Rimbaud en version bilingue la nuit dans les toilettes de son internat pour seuls garçons de Detroit (USA), d'emblée un peu désolé de constater que son homosexualité relevait dans les années 50 d’une maladie et plus d’un vice abominable ou même d’un crime comme à la «Belle époque», tandis que les pères de Leone recourent à l’ADN pour savoir qui est qui, etc.

  • Comme au printemps une main

     
     
     
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    Il recopie de vieux écrits,
    ses longs cheveux sont blancs
    comme la neige des printemps
    effacés par l’oubli;
    mais les mots des jours et des nuits
    que la main recopie
    sera demain le lendemain
    d’autres vies livrées à l’oubli…
    Moi j’allais sur mes dix-sept ans
    au salon d’agrément
    où mes sœurs aimaient se faire belles
    et j’écoutais ce qu’elles disaient:
    c’était la volière aux rebelles,
    comme le plus bruissant bouquet
    de vocables soyeux
    comme autant de joyaux joyeux
    ruisselés des caquets -
    mais cela ne se décrira
    que par l'écrit, je crois…
     
    La fumée des papiers brûlés
    ne nous empêche pas
    de lire ce que le vieux cinglé
    recopiait là-bas
    au dam des vigiles de l'Oubli
    répétant à l’envi:
    ce ne sont qu’histoires inventées,
    effacez-moi tout ça -
    et la main légère au printemps
    de remonter le Temps...

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  • Comme une grâce

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    Le soir les gens baissent la voix,
    le long du quai aux Fleurs
    où tant de fois aux mêmes heures
    où le lac enflammé
    découpe en ombres de papier
    en silhouettes noires
    les gens soudain plus importants
    d’augmenter la beauté,
    nous nous regardions …
     
    Si je n’étais pas seul ce soir,
    je ne saurais revoir
    au ciel comme abandonné
    l’image de ton visage
    souriant à la dérobée
    à ce que sans le dire tu sentais
    du jour semblant perdu …
     
    Cela ne se perdra jamais :
    le coucher du soleil paraît
    un cliché bon marché,
    et nous marchions alors
    dans l’or en fusion du lointain
    que nous tenions en main,
    mais passent à l’instant les vivants -
    que revive la grâce…
     
    Image JlK: Crépuscule le long du quai aux Fleurs