Carnets de JLKRiches Heures de lecture et d'écriture2024-03-19T11:21:47+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlEmma forevertag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2024-03-19:64902542024-03-19T10:42:19+01:002024-03-19T10:42:19+01:00 Ce lundi 18 mars . - Il fait tout moche ce matin, ciel...
<p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;"><img id="media-6519497" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/02/02/1915680420.11.jpeg" alt="images-1.jpeg" /> </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong><em><span style="color: #050505;">Ce lundi 18 mars</span></em></strong><span style="color: #050505;">. - Il fait tout moche ce matin, ciel bas de plafond et morosité du monde selon les sales journaux, mais je n’en crois rien: je crois ce que je vois ou plus exactement ce que je vis et je revois alors les petits hier soir, les deux petits et la toute petite, et l’art vivant de la vie me convertit sans que je n’aie aucun besoin d’aucune théologie pour mieux le définir puisque tout m’est donné par la poésie et sa fille narquoise: la fantaisie.</span></span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><span style="color: #050505;"><img id="media-6519499" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/02/01/1072060335.5.jpeg" alt="images-3.jpeg" /></span></span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">C’est précisément ce que je trouve ce matin dans les deux passages apparemment absurdes de Madame Bovary, après l’épisode de l’opéra: la scène frisant le grotesque de la voiture folle du fond de laquelle une voix lance des ordres au cocher pendant que dedans se passent des choses non détaillées, puis la scène non moins étrange des Homais lancés dans les confitures et la plongée dans le capharnaüm du pharmacien qui relève en somme du chaos biblique. </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">On ne voit pas assez la folie lucide de Flaubert, mais ce matin je la vois, aussi évidente que l’obstiné pigeon du rebord de la fenêtre sur cour qui semble me scruter de derrière la vitre , je vois la voiture folle tourniquer dans les rues et les environs de Rouen, je vois la bouteille bleue à bouchon jaune et contenu mortel dans le capharnaüm du pharmacien se la jouant Jupiter tonnant des Hébreux d’avant les Grecs, je me figure le Flaubert furieux dans son gueuloir et le soir il en fumera une sur le toit avec George Sand, puis je retrouve mes pieds nus de ce matin gris comme une pierre tombale, mes pieds de vingt ans plus vieux que ceux de Flaubert à sa mort (à 59 ans) alors que le beau-père d’Emma en avait 58 quand il a succombé à l’apoplexie au sortir d’un souper patriotique…</span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: black;"> <img id="media-6519501" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/01/01/4105864202.9.jpeg" alt="images-2.jpeg" /></span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong><em><span style="color: #050505;">Ce mardi 19 mars.</span></em></strong><span style="color: #050505;"> – Un méchante crampe me rappelle ce matin que je ne marche pas assez. Donc je me fixe aujourd'hui deux buts: marcher plus et boire plus d'eau. C'est d'ailleurs le programme que m'avait suggéré le Dr Noyau, mon angiologue résolu à lutter avec moi contre mon souffle au coeur, mes crampe musculaires et mes rotules rouillées...</span></span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;"> </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Je suis redevable au jeune Adrien, mon petit-neveu du coté Hermana Grande, de m’avoir, par sa dissertation, ramené à mon université buissonnière, dont le séminaire consacré à Flaubert vient de s'amorcer, avec moi pour seul élève et Quentin au titre de correspondant libre, sur le thème, précisément, de Bovary et du bovarysme. La lecture du nouveau roman inédit de mon jeune confrère (comme on dit chez les séniles du milieu dont je ne suis guère) est d'ailleurs éclairée par l'intelligence de l'affreux Gustave, autant que pas sa lecture d'Aragon... </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Quant à la lettre que j’ai adressée à Adrien l’autre jour, qui en a pris livraison chez son abuelita, je la relis en la recopiant/collant ici: « À La Désirade, ce jeudi 14 mars 2024, Mon cher Adrien, Grand merci, d’abord, de m’avoir adressé le texte de ta dissertation consacrée à Madame Bovary, et plus précisément à ce qu’on appelle le « bovarysme », que ton prof a raison de distinguer du « procédé » que tu relèves, s’agissant plutôt d’une disposition existentielle plus générale, laquelle était à la fois partagée et critiquée par Flaubert lui-même et procédant d’une déception initiale devant le monde, vécue par l’enfant Gustave avant de l’être par la jeune Emma. </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Le « bovarysme », en gros, serait la fuite devant l’insupportable réalité de ce qu’on peut dire le poids du monde, à quoi l’on opposerait un monde idéal ou idéalisé, le « bovarysme » serait en somme le refuge dans lequel se replierait une personne trop sensible ou trop fragile pour « faire avec » la vie, le « bovarysme » serait, par extension, une sorte de rejet du monde réel et de ses servitudes, comme on le verra notamment chez Emma avec sa petite fille dont elle ne s’occupe que lorsque ça lui chante. </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Mais Emma se résume-t-elle au « bovarysme » ? Absolument pas, et c’est là que ça devient intéressant, à la fois par ce qu’elle vit en réalité en passant de la vie paysanne à la vie bourgeoise, ce qu’elle vit et refuse de vivre avec Léon (elle rêve de cet amour sincère et le fuit en le regrettant) , puis ce qu’elle vit avec Rodolphe (elle s’abandonne d’abord à sa passion puis se réfugie dans l’absurde opération de sauvetage du pied-bot d’Hippolyte) et tu poses la question juste de savoir comment Flaubert lui-même voit la chose, s’il défend le « bovarysme » ou s’il le critique et le condamne.</span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">De ta dissertation, qui incite réellement à une réflexion élargie, je dirais d’abord qu’elle manque un peu d’une base concrète qui pourrait expliquer en quelques mots, au lecteur non averti, de quoi et de qui il s’agit dans ce roman, et ensuite qu’elle manque de détails, alors que Flaubert est le romancier le plus attaché aux détails et à tous égards, son écriture même étant un prodigieux réservoir de détails parlés ou écoutés ou vus ou perçus par la narine ou l’antenne vibratile, etc. </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Le détail est d’abord la chose, et ensuite c’est le mot de la chose. </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Le premier détail qui compte, s’agissant d’Emma autant que de Gustave, ou plus exactement du petit Gustave avant l’enfant Emma, c’est le premier regard de l’enfant sur le monde, et pour Gustave c’est le choc de la réalité vécue dans l’hôpital où règne le père, entre les mourants et les cadavres, les malades et les fous – tout un monde que le petit garçon voit tous les jours autour de lui et qu’il observe avec sa sensibilité exacerbée, son intelligence déjà aux abois et ses défenses propres vu que c’est dès ses dix ans un vrai singe, un petit amoureux excessif, un Don Quichotte virtuel impatient d’en découdre avec les moulins à vent, un metteur en scène de théâtre, un acteur à multiples masques, un ange fasciné par la laideur du diable, enfin un peu tout et le contraire de tout comme le sont les vrais écrivains et comme le sera d’ailleurs Emma : adorable et puante bonne femme sautant de tout à son contraire et dont Flaubert dira : cette idiote merveilleuse éprise d’idéal le matin et le reniant le soir, c’est moi.</span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">On a pris ça, souvent, comme un paradoxe. Ce moustachu qui se prétend une femme, à quoi ça ressemble ? C’est évidemment un raccourci, mais il y a néanmoins du vrai dans ce constat, qu’on pourrait étendre à Léon et à Rodolphe quand ils confessent, chacun à sa façon, leur horreur de la médiocrité provinciale et leur aspiration à tâter de la vie parisienne (Léon) ou de préférer le bon sens à l’exaltation (Rodolphe), et tout ça Flaubert l’a vécu dès son enfance et toute sa vie de voyageur autour du monde et de sa chambre. </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Quand Rodolphe, aux comices agricoles, traite les officiels d’imbéciles, c’est Flaubert qui parle, comme c’est lui qui parle avec Emma quand elle juge Charles ou ce sommital crétin de pharmacien. Tu verras mieux tout ça quand tu auras 27 ou 37 ans. J’en ai fait l’expérience après ma première lecture à 17 ans, y revenant à 47 et 67 ans, et c’est chaque fois un livre plus riche qu’on découvre en lui comparant sa propre vie…</span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Toi qui es d’orientation scientifique, tu peux apprécier mieux que d’autres le souci d’objectivité de Flaubert, qui lui a valu un premier procès. Parler d’amour comme il l’a fait a été jugé indécent, parce que c’était vrai. Le « bovarysme » est évidemment un mensonge romantique, et Flaubert le montre, le dénonce implicitement en le montrant, mais avec des mots qui disent aussi la poésie d’Emma, la poésie des gestes et des mines d’Emma, la beauté soyeuse des regards et des rêveries d’Emma, et ça c’est le roman, mon cher Adrien, le grand roman dans lequel tous les personnages ont raison, y compris le lecteur de 18 ans… </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Madame Bovary est le premier grand roman de Flaubert, après lequel il y aura L’Éducation sentimentale, qui étend l’observation à toute une société en évolution par la révolution, puis Bouvard et Pécuchet qui sera le summum de la critique de Flaubert contre les prétentions de la Science-pour-les nuls…</span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Je ne sais si tu reviendras, au cours de tes études et explorations, à ce furieux énergumène de Flaubert. Je lis ces jours <em>La Vie dans l’univers</em> du physicien rebelle Freeman Dyson, qui prend la littérature et la spiritualité très au sérieux, au point de lui consacrer le dernier chapitre de son essai. La vie de l’esprit n’est pas réductible à des équations, mais le pauvre Homais piétinait aussi en réduisant la religion à des platitudes obscurantistes ou moralisantes, et Flaubert à cet égard était plus religieux que le curé débitant ses insanités auprès du pauvre Hippolyte souffrant le martyre. </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Si Flaubert est madame Bovary, il est aussi le pauvre Charles et l’horrible Lheureux dont il sent la bassesse comme une blessure personnelle. Si Flaubert est si drôle et si cruel à la fois, c’est parce que la vie est comme ça, mais pas que. En fait il montre plus qu’il ne démontre, et n’a pas besoin de juger et de condamner comme on le fait aujourd’hui à tort et à travers. </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Quand je peins des voleurs de chevaux, disait mon ami russe Tchekhov, je n’ai pas besoin de conclure qu’il est mal de voler des chevaux : cela va de soi si j’ai fait mon job. Pareil avec la pauvre Emma, dont l’horrible fin équivaut au jugement de la vie. Mais qu’on se rassure : la vie n’est pas qu’un arrêt de mort – et cela tu le sais, tu le vis bien… </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Enfin attention, mon cher Adrien, au détail. Le secret vif de Flaubert, c’est le style, qui passe par le détail des mots libérés des lieux communs et de la langue de bois. Style absolument libre mais exigeant un immense travail. Tu connais ça: <em>freestyle</em>…Avec mon respect filial et mon affection… »</span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: black;"> </span></p><p style="font-size: medium; font-family: 'Times New Roman', serif; color: #000000; text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif; color: #050505;">Comme il fait grand beau ce matin, je vais peut-être « bouger » pour marcher et m’aérer de concert. Peut-être Chamonix ? Ou peut-être Grindelwald ? Ma fidèle Honda Jazz en décidera pour moi...</span></p>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlLa douceur en partagetag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2023-12-10:64750142024-03-19T11:21:47+01:002024-03-18T10:49:00+01:00 À propos du dernier opuscule de JLK, par Francis Vladimir...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6519513" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/00/01/2930796837.jpg" alt="409469511_10233130014099332_464111432368160751_n.jpg" /></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: large;">À propos du dernier opuscule de JLK, </span></strong></p><p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: large;">par Francis Vladimir</span></strong></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>"Dans Arles où sont les Alyscans,</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>Quans l'ombre est rouge, sous les roses,</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>Et clair le temps,</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>prends garde à la douceur des choses.</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>Lorsque tu sens battre sans cause</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>Ton coeur trop lourd;</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>Et que se disent les colombes:</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>Parle tout bas, si c'est d'amour,</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>Au bord des tombes."</em></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><em>(Paul-Jean Toulet)</em></span></p><p style="text-align: center;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">L'exergue de Paul-Jean Toulet pare le livre de JLK d'une ineffable aura. À lire d'un trait, le vertige m'a pris, longue dévalée nocturne avec au bout les mots, les mots, toujours les mots qui cernent et disent tant de la vie passée, en allée, que de celle qui demeure toujours à nos côtés, en embuscade en dépit de sa rosserie, de ses moments de grâce, de ses instants fugaces jouant d'éternité. Dans ce long texte qui se décline page après page en 587 pensées, déclinées à la mode classique, qui se prêtent à l'aube, au cheminement et au soir, l'écrivain ne dévoile rien que nous ne pressentions déjà, une vie d'homme tournée opiniâtrement vers le sens de la vie qui revêt chez lui une interrogation jamais muette, mais assumée par ce que les mots sous sa plume entendent révéler à ceux qui, aveugles ou sourds, en ces temps de misère, sont frappés d'incapacité majeure dans le dévoilement d'eux-mêmes.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Dans l'art d'écrire - ( <em>Tchékhov a su dire :... l'art et surtout la scène est un monde où il est impossible d'avancer sans trébucher)- </em>il y aurait donc ce trébuchement sans lequel l'écriture ne saurait aboutir à la luminosité qui se tient dans chacune des pages du livre de JLK. Pour les lecteurs attentifs et fidèles, l'auteur dresse tout un panorama intérieur où le regard est invité à s'arrêter sur chacun des apophtegmes – nommer ainsi ces courts textes est hasardeux – mais il me faut admettre que l'écho de chacun d'eux, d'une langue lyrique, veloutée, âpre, mordante, déposée, conduit le lecteur à un apaisement de lui-même. Il est drôle de consentir à cet état constaté comme si, finalement, les mots dès lors qu'ils sont plus que choisis, justes et ajustés au pourquoi de la chose, le paysage mental, l'expérience de la vie, le sentiment et la douleur, l'accompagnement, le chaos et la respiration profonde, nous réajustent à nous mêmes, nous ré-assemblent aux autres et au monde. <em><strong>De l'éternel présent</strong> . - Ceux qui veillent depuis toujours, veilleuses et veilleurs des quatre coins des nébuleuses, le savent à jamais: qu'il n'y a que le présent des choses qui puisse vous révéler votre éternité... </em>Dans le grand théâtre l'écrivain joue le rôle de sa vie, liant et déliant les mots et leur sens, secrets et publics, se confrontant à son intime conviction, changeante et forte, car nul ne sait ce qu'il en sera de demain, de la prochaine aurore, du chemin se perdant dans les bois, du crépuscule de feu sur le lac, et l'écrivain s'il prend au présent et à bras le corps la destinée du monde, tel qu'il va, cahin-caha, a ce rien de bravache, de foudre de guerre errant ( par les mers et les monts, les vallons et les plaines... et la voix au désert ) le disputant tout à la fois à Don Quichotte et au chevalier inexistant.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« <em><strong>De la page vécue</strong></em><em>.- Pour moi, la frontière fut toujours imperceptible entre les livres et la vie dès lors qu'une présence se manifestait par le seul déchiffrement des lettres inscrites sur une page, et j'entrais dans une forêt, j'étais sur la route d'Irkoutsk avec Michel Strogoff, soudain la chanson de ce vieux babineux éthylique de Verlaine tirait de mes yeux d'adolescent de treize ans des larmes toutes pures, ou j'avais seize ans sur les arêtes d'Ailefroide et je prenais chez Alexis Zorba des leçons de vie. </em>» L'écrivain se tiendrait donc à la frontière, cette ligne brisée pour certains ou ligne bleue des Vosges pour d'autres, en-deça de laquelle la pièce retombe pile, au-delà de laquelle elle est face. Au jeu du bonneteau de la vie on y voit que du feu. Dans l'obscurité environnante des grands arbres il faut regarder haut, percer la canopée pour retrouver la lumière. Cet entre-deux constant où se joue l'existence, le livre en ces pages les plus sombres ou en ces pages vives, nous est la meilleure des sources pour s'abreuver, humer, jouer avec la fluidité ou le rocher des mots. Sisyphe montait et remontait sans répit la pente. La gangue, qui enserre, l'écrivain en vient à bout, c'est à dire qu'il commet le premier acte d'apprentissage, l'essentiel, celui de buriner le temps. Et JLK laisse échapper ses volutes d'enfance, ses regains d'adolescence, ses attentes de jeune homme, ses attaches d'homme mûr,<em> cette violence de sang et de violence</em>, toutes choses en elles-mêmes qui font et contrefont le souvenir, le visitant et le revisitant, ne se départant jamais de ce qui tient ce texte de bout en bout, l'émotion, le sourire, la tendreté et la douceur malgré sa mise en garde, le rugueux, la colère rentrée, le deuil.</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Les mots, peut-on l'exprimer, fomentent des répits et des transes, déplacent des montagnes, apaisent ou désespèrent, ramènent au silence. Souffles primordiaux sans lesquels l'écriture n'advient pas. Je disais, en aparté de ma lecture de nuit, que l'égrènement de ces courts textes qui font une vraie somme, - à faire des jaloux – relève des abysses et tutoie des hauteurs. Sans doute, le dit-on avec facilité, la catharsis se fait dans l'emploi des mots, dans cette ré-architecture incessante érigeant le propos. Ici il est intime et universel, chuchoté à l'oreille par une voix amie. Il donne à entendre le monde aujourd'hui dans les échos et les accents d'hier, dans l'évidence de l'autre, la toute proche, l'ailée. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« <em><strong>De l'évidence.</strong></em><em> - Ton mystère ne résidait pas dans ce qui m'était caché de toi, tes secrets ou tes obscurités, mais dans ce que je découvrais chaque jour de toi de nouveau, qui me semblait chaque jour plus beau d'être révélé en pleine lumière... ». </em>Le livre de JLK se retourne à l'épaule, et nous retourne les sens, nous accablant et nous allégeant, mêlant indistinctement les raisons et les déraisons qui mènent au bout du chemin, à la dernière page du livre. « <em>tu t'en es allée une nuit après nous avoir signifié ton désir de dormir et la nuit depuis lors m'est une autre tombe... </em><em><strong>De ma tristesse.</strong></em><em>-Ton visage s'est refermé pendant que tu dormais et pourtant je le savais déjà : que ce n'était pas le sommeil qui l'avait refermé... mais une fois de plus les mots vous manquaient alors même que vous vous compreniez et plus que jamais en ces déclins du jour... </em></span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em><strong>Du</strong></em> <em><strong>plus tendre aveu.</strong></em><em>-Tu m'as manqué dès que j'ai su que je m'en irais, lui dit-elle... » </em>L'omniprésence de l'intime et du fugace confère à ces pages le noir et le blanc, couleurs de deuil, non pour enfouir l'âme endolorie, la triturer à l'excès, mais bien plutôt pour glisser sous les pas de celui qui reste, une autre portée musicale, lui tendre un arc où réapparaîtront les couleurs, les poinçons d'espérance, l'écriture de feu, la réparation. C'est à cela sans doute que s'attache le livre de JLK, hors- champ, mais dans la lumière matinale sur le chemin des bois, s'en revenant au soir. Avec légèreté, sans emphase, avec les mots sacrés pour le dire, ces sacrés mots, l'empyrée et le refuge qu'il s'est choisis, à la Désirade, sur les hauts de Lausanne, pour continuer et faire entendre...</span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>De la permanence.</strong>- <em>Ce que nous laissons semble n'être rien, mais c'est cela que nous vous laissons et cela seul compte : que ce soit vous...</em>.</span></p><p><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em>Francis Vladimir, le 09 décembre 2023</em></span></p><p> </p><p><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>Jean-Louis Kuffer, Prends garde à la douceur. Editions de l'Aire, 2023<em>.</em></strong></span></p><p> </p>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlNotes de traversetag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2012-02-24:46120792024-03-19T11:08:26+01:002024-03-17T11:06:00+01:00 En Provence . - Dès que nous sommes arrivés dans le Vaucluse,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong><img id="media-3455372" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/01/01/2412003607.JPG" alt="JLK010.JPG" /></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>En Provence<em>. - </em></strong>Dès que nous sommes arrivés dans le Vaucluse, je me suis senti vibrer comme en Toscane, du fait de l’incomparable harmonie qui règne en ces lieux ou de multiples verts très doux se combinent aux lignes du paysage ponctué par les petites flammes noires des cyprès ou par les petites boules noires des pins. Le vert est ici comme assourdi et parfaitement accordé aux ocres et aux gris de la terre et des chemins. Après notre arrivée à Murs, par Joucas, j’ai refait le chemin de Gordes et suis tombé sur un vestige de borie que j’ai aquarellé dans une tonalité beaucoup trop jaune, alors que la pierre est d’un gris ocré si subtil. Ensuite mieux inspiré par le village de Murs semblant posé au bord du ciel.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>De l’obstination.</strong> – C’est dans la lenteur de la peinture qu’on entre vraiment dans le temps de la langue, je veux dire : dans la maison de la langue et les chambres reliées par autant de ruelles et de rues et de ponts et de voix s’appelant et se répondant par-dessus les murs et par-dessus les langues, - mais entrez donc sans frapper, nous avons tout le temps, juste que je trouve de quoi écrire…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong><em><img id="media-3455378" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/00/00/110825763.JPG" alt="PaintJLK94.JPG" />Au Mas du Loriot, ce 29 mai 2003.</em></strong><strong> —</strong> Magnifique journée sur la Provence, où le mistral a cessé de souffler. Je me sens en état de pleine réceptivité. En balade solo du côté de Saint Saturnin-les-Apt, me dis cependant que la recherche du motif ne peut se faire comme ça. Le ressens comme une espèce de tourisme, qui ne me convient pas par conséquent. Toute convention me barbe. Je ne cesse d’ailleurs de me le dire en sillonnant ce pays trop parfait, trop léché, où l’on retrouve de plus en plus, et partout, les mêmes boutiques suavement écoeurantes, dégageant les mêmes effluves à l’enseigne des <em>Créateurs de Senteurs.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>De la culture.</strong> - Ce qu’on appelle culture est désormais à 95% Loisirs & Commerce. L’appellation même de notre rubrique sur le site internet de <em>24Heures</em>: Loisirs. Le saut que j’ai fait en m’en apercevant !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><em><strong><img id="media-3455388" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/00/02/1378086704.JPG" alt="JLK09.JPG" />Au Mas du loriot, ce 30 mai.</strong></em> — Il est sept heures du matin, un petit lapin courate entre les lignes de lavandes et j’ai repris la lecture d’ <em>Elizabeth Costello</em>, le dernier roman de J.M. Coetzee. Je me trouve au Mas du Loriot, dans le Lubéron, le type de l’établissement Parfait pour gens Parfaits. L’accueil y est Parfait, comme l’entretien des Planchers et des Plafonds, la Décoration et la composition du Petit Déjeuner. Ma compagne (parfaite) repose encore à mes côtés et je songe à ce chapitre de ce roman que je viens de lire en ce lieu (parfait).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Il s’agit de deux soeurs qui se retrouvent en leur vieil âge. L’une est Elizabeth Costello, fameuse romancière australienne, et l’autre Blanche son aînée devenue religieuse après avoir accompli des études de lettres, et qui a invité sa soeur au Zululand à l’occasion de la remise d’un prix qui doit la couronner, elle la religieuse, pour un ouvrage qu’elle a consacré au problème du sida en Afrique. Bref, c’est d’un monde très imparfait qu’il est question dans ce livre, et c’est ça qui me plaît…</span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong><em>Elizabeth Costello</em></strong><em>.</em> - Depuis que j’ai commencé de lire <em>Elizabeth Costello</em>, je n’ai cessé de me trouver sollicité par les Questions que pose ce livre. Telle est la littérature vivante telle que je l’entends, qui nous pose des Questions ou plus exactement: qui incarne certaines positions humaines, lesquelles montrent à quel point poser une question, ou y répondre, est encore loin de la vie. Le mérite de Coetzee est de tourner autour des gens qui se posent des questions et de nous montrer combien répondre à une question peut-être en contradiction avec la vie ou la pensée réelle de la personne qui répond. Ici, la Conviction inébranlable de Blanche dresse un Mur entre elle et sa soeur, qui souffre de cette situation. Pourtant on découvre, au fil d’un récit qu’elle amorce dans une lettre à sa soeur, sans oser aller jusqu’au bout, qu’elle est capable de compassion autant que la sainte femme. Plus précisément, elle raconte comment elle a été poussée par Blanche à s’occuper d’un vieil homme, peintre à ses heures, auquel elle a offert quelques extras en supplément bien propres à choquer les belles âmes alors qu’elles relèvent plutôt de l’élémentaire bonté humaine. Or c’est cette tendresse, cette empathie un peu bougonne, pudique mais d’autant plus vraie qu’elle n’a rien de sucré ou d’ostentatoire, que j’apprécie dans ce livre comme dans les autres livres de Coetzee.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Celui qui se dit qu’il a encore des tas de villes à visiter en songe sur son grabat de prisonnier / Celle qui a vagabondé toute la nuit avant de rencontrer celui qu’elle a cherché à travers divers pays et qui l’attend là / Ceux qui retourneront en Andalousie sans savoir comment, etc.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><em><strong>À La Désirade, ce 2 juin</strong></em><strong>.</strong> — Trouvé hier soir, dans ma boîte aux lettres, un chaleureux message d’Alain Cavalier où il me dit que mes <em>Passions partagées</em> sont à côté de son lit et qu’elles lui font du bien. Tant mieux. J’attendais ce signe et suis heureux de ne m’être pas trompé sur le Monsieur.</span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>Du fluide vital.</strong> - En quoi consiste ce fluide magique dont me parlait Alain Cavalier dans sa dernière lettre? Je dirais, pour ma part, que j’y reconnais ce que Shakespeare appelle « the milk of human kindness », dont nous avons besoin pour survivre dans le froid et sous le poids du monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>Lady L. multiface.</strong> - Ma bonne amie, au téléphone, me raconte sa journée où elle sera alternativement la Petite fille de toujours (sa crainte de présenter cet après-midi son Travail), la Mère protectrice (notre fille Julie qui s’en va passer son écrit de maths du bac), et l’Adulte responsable de la Formation-d’Adultes-Responsables.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong><em>A Paris, Place saint-Michel, soir, ce 9 juin</em></strong><strong>.</strong> — J’arrive au bout des <em>Mémoires </em>de Jean-Jacques Pauvert, qui m’ont beaucoup intéressé. C’est un éditeur franc-tireur comme l’a été Dimitri, en moins profond et en moins mégalomane aussi. Plus j’y pense et plus je me dis que l’erreur de Dimitri a été de s’enferrer dans son orgueil jaloux où il campe désormais comme à l’ombre d’un bunker, se préparant une bien triste vieillesse.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong> </strong></span><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong><em>Au Bar Saint-Séverin, ce 10 juin</em></strong><strong>.</strong> — Fait mon job: deux bonnes rencontres, de Jean-Jacques Pauvert ce matin et de Jacques Aubert tout à l’heure, dans les jardins de Gallimard ; deux entretiens de premier ordre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>Deux figures des lettres.</strong> - Jean-Jacques Pauvert m’a fait l’impression d’un personnage assez balzacien, à la fois stylé et voyou sur les bords, les yeux plissés d’un filou mais encore très solide en dépit de ses 78 ans, très vif d’esprit et bon compère. Plus libre encore à l’oral qu’à l’écrit: traitant ainsi Gaston Gallimard de crapule, mais lui concédant la qualité de grand éditeur, tandis que son fils Claude est réduit à la dimension d’un crétin, très en dessous de l’actuel Antoine qui « pourrait s’il voulait »…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Malgré tout cela l’impression que lui, Pauvert, se considère plus important aujourd’hui que les auteurs de son catalogue. Donc lui aussi mégalo à sa façon sarcastique et qu’on sent joyeusement désabusé, mais joyeusement je le répète, s’en foutant plutôt en fin de compte il me semble.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"> A propos de Dimitri, Pauvert déplore sa dureté croissante; à propos de Frochaux, regrette de l’avoir perdu de vue et m’apprend que l’idée des tranches noires de la collection Libertés, c’était justement Claude. A propos d’<em>Ulysse</em> trouve inutile une autre traduction. Je pensais lui remettre une série de <em>Passe-Muraille</em> mais je vois bien qu’il l’oublierait dans un coin du bureau des éditions Viviane Hamy, alors j’oublie…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Jacques Aubert tout autre personnage: le grand joycien velouté, voix veloutée, mains veloutées, futal de coton velouté, citant Lacan et Foucault mais très intéressant au demeurant, courtois, exquis, précis, poli.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong><em>Dans le jardin de l’église Saint Germain-des-Prés, ce 10 juin, soir</em></strong><em>.</em> - Je sors à l’instant du cinéma Bonaparte où je suis allé voir <em>Notre musique</em> de Jean-Luc Godard, dont la fin m’a beaucoup touché après des parties qui me semblent décidément « du Godard », avec son ton sentencieux qui me fait grimper au mur. Quand Juan Goytisolo vaticine en se baladant dans les ruines de Sarajevo, quand Mahmoud Darwich pontifie, filmé de dos, ou quand telle jeune fille lit du Levinas sur le pont de Mostar, j’ai de la peine. Mais le filmage est néanmoins somptueux et certaines séquences sont touchées, me semble-t-il, par une espèce de grâce.</span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>De la fragilité.</strong> – Et dis-toi pour la route que le meilleur de toi, qui n’est pas de toi et que ton nom incarne cependant, c’est tout un, est le plus fragile en toi et que cela seul mérite d’être protégé par toi, renoué comme un fil te renouant à toi et qui te relie à Dieu sait qui ou quoi que tu sais au fond de toi…</span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Celui qui se retrouve chez lui dans les pénombres de la forêt et des bibliothèques / Celle qui a sa clairière privée dont nul ne sait rien / Ceux qui aiment ce temps hors du temps de la forêt marquée en hauteur par des mouvements d’oiseaux, etc.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>Du simulacre.</strong> - Juste ce que dit Godard dans <em>Notre musique</em>: que le monde est en train de se diviser entre ceux qui n’ont pas et ceux qui, ne se contentant pas d’avoir, se targuent de compatir avec ceux qui n’ont pas sans les écouter pour autant. La misère gérée de loin. Ferme des célébrités<em>.</em></span></p><p style="text-align: justify;"> <span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>Square Boucicaut. </strong> — Sur un banc dans la rumeur de la ville et les chants d’oiseaux, je me rappelle toutes mes escales parisiennes, depuis 1974, cela fait donc trente ans. Trente ans sans me faire d’amis durables à Paris, sauf François dont je me demande ce qu’il est devenu. Vais-je lui envoyer mes <em>Passions </em>et lui écrire pour briser ce silence? J’en suis tenté. Trente ans aussi sans cesser d’évoluer et de me construire, alors que j’en ai vus tant qui restaient en plan.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">A l’instant vient de s’asseoir, sur un banc à vingt mètres du mien, un magnifique jeune noir empêtré dans une tenue de footballeur-cycliste-rappeur multicolore, que j’essaie de dessiner mais en vain. Ensuite, me levant pour quitter les lieux, je remarque l’inscription PELOUSE AU REPOS, puis la sculpture, monumentale du fond du square représentant un couple de bourgeoises engoncées, penchés sur une enfant de pauvre tandis que la mère, le dos tournée, reste prostrée sur une marche inférieure de l’escalier. La France philanthrope vue par je ne sais quel pompier. Et cette autre inscription à l’entrée du square: « Le jardin sera fermé en cas de tempête ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">Celui qui décrie la nouvelle idéologie à six sous du « pas d’soucis » / Celle qui refuse de faire son deuil de l’âge tendre et tête de bois / Ceux qui disent qu’ils rien contre au contraire et qui en restent là, etc.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>SDF.</strong> - Dans la rue je retrouve ce type à genoux remarqué hier, jeune encore mais la face recuite, comme vitrifiée, les yeux délavés, à la fois absent et suppliant-insultant, ravagé par l’alcool ou la drogue, genre beatnik, un genou sur <em>Libération</em> comme Bloom dans <em>Ulysse </em> qui s’agenouille à l’église sur <em>L’Homme libre</em>. Cela ne s’invente pas. Dans la rue pas mal de types à chiens tueurs : nouvelle pratique de la cloche.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>Rue de la Félicité.</strong> - Je viens de retrouver la rue de la Félicité, trente ans après mon premier séjour au 14, désormais fermée par un code. A l’entrée de la rue, en face de l’hôtel Glasgow, est apparu un Espace Relax Shiatsu qui a l’air d’être déjà désaffecté. L’ancien café maure a été remplacé par un restau colombien. Me rappelle ce séjour sans trop de nostalgie. Je crois que je serais moins empoté aujourd’hui, mais être empoté et me désempoter peu à peu a fait partie de mon programme personnel.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;">A la table voisine du <em>Select-Toqueville</em> bachotent deux lycéens. Se récitent l’Allemagne tandis que notre Julie passe son écrit d’anglais à Lausanne. Le garçon raconte à la fille qu’il a entendu, à la télé, que le grand-père de Bush a fait fortune en Silésie. En passant à leur hauteur, je les remercie de m’avoir appris la chose et leur souhaite bon bac. Sourires radieux de part et d’autre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"> </span><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong><em>À La Désirade, ce 12 juin, 2h. du matin</em></strong> – J’envoie ce texto à Lionel Baier : « Insomnie au bord du ciel, vertige de solitude sur fond de crétinerie océanique. Tenir ferme. Notre musique devrait déborder les mots. Fleuve en crue. Nageons de nos épaules solides. » Me répond qu’il est, dans la nuit de Paris, justement en train d’écouter Ursula en pyjama lui raconter son prochain film. Lui répond : « Pyjama de pilou, pilou hé: vivent les enfants ! »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><em> </em></span><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>De la « transcendance ».</strong> - A la télé cette jeune actrice dit comme ça que les metteurs en scène la «transcendent ». L’expression de plus en plus fréquente: « Moi ça me transcende vachement. Tu vois ce que j’veux dire ? »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>Ces notes sont extraites de<em> Chemins de traverse</em>, <em>Lectures du monde 2000-2005</em>, paru e</strong><strong>n avril 2012 chez Olivier Morattel.</strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial,helvetica,sans-serif; font-size: large;"><strong>Peintures JLK: Murs, en Provence. Huile sur panneau, 2003. Au Mas du Loriot, aquarelle.</strong></span></p>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlDimanche entre amistag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2024-03-19:64902602024-03-19T11:20:39+01:002024-03-16T11:20:00+01:00 (Le Temps accordé, Lectures du monde VII, 2024) ...
<div class="xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: justify;"><img id="media-6519524" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/01/01/1405565247.jpg" alt="432423108_10233679750762405_3714986521685203273_n.jpg" /></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(Le Temps accordé, Lectures du monde VII, 2024)</span></strong></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em><strong>À la Maison bleue, ce samedi 16 mars.</strong></em>- Je me réveille bien tard ce matin, à passé neuf heures, après m’être endormi à point d’heure sur l’évocation de la découverte de l’opéra (Lucia di Lammermoor) par la pauvre Emma à peine relevée de son effondrement amoureux dont le bon Charles, tout con, est encore loin de deviner l’origine; donc je me lève et constate que ce qu’il me restait ici de toasts a moisi dans son emballage et que la brioche d’avant-hier est aussi dure que le coeur de l’usurier Lheureux , cauchemar a venir des Bovary, mais le café où je la fais tremper et la confiture aux fraises de chez Muller me ramènent à la bonne vie et je revois défiler ma journée d’hier en y associant les délices de ma visite de la veille à l’exposition des enfants d’Anker, l’accueil de notre sœur aînée et les retrouvailles d’avec la puînée en son insolente super forme de septuagénaire aux airs de quinqua, l’accolade aux fistons de quinze et dix-huit ans , la petite chienne de la veuve de mon frère et mon beau-frère le fin bec me racontant ses soirées de tastevin - tout ça qui m’a fait oublier mon souffle au cœur et mes grincements de rotules …</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>LES ANKER .</strong>- J’avais six ans à la mort de Staline, je me trouvais dans la Stube (chambre commune en français) de mes grands-parents maternels, au Wesemlin, sur les hauts de Lucerne, quand la nouvelle est tombée par la voix sinistre du speaker de l'Agence Télégraphique Suisse, mais c’est le monde d’avant cet établissement petit-bourgeois, au temps de la jeunesse paysanne de Grossvater, au temps d’Uli le valet de ferme du pasteur-écrivain Jeremias Gotthelf, au temps des flâneries de Robert Walser dans le Seeland, là-bas à Anet (Ins en allemand) que je me suis retrouvé chez Gianadda, entre les scènes de genre conventionnelles et les portraits sans âge d’enfants rappelant, en plus modestes, ceux de Goya ou des maîtres flamands, tel garçon formant ses bulles comme le Léon de Manet, ou telle jeune fille toute blonde et pure rappelant celles de Vermeer, etc.</span></div><div dir="auto"> </div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6519523" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/01/02/1427583108.jpg" alt="433571717_10233679729641877_2383295125518255857_n.jpg" /></span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je n’exagère en rien en me sentant bouleversé devant l’évocation, sublime, du petit Ruedi Anker sur son lit de mort, comme s'il s'agissait d'un petit frère d'une de mes vies antérieures. Le vieux Kuffer l’a sûrement connu, vu qu’Albert Anker a peint le vieux Kuffer en ces mêmes années - le vieux tonnelier, le vieux « barilier », ancêtre qui nous est commun, autant que notre lieu d’origine, avec Etienne Barilier né la même année que moi et dont le nom a été francisé…</span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">À la Maison bleue, ce dimanche 17 mars. – Je pensais ce matin à ce qui me reste de ma famille chrétienne épurée de ses préjugés de classe et de race (anticommuniste et plus ou moins judéo-islamophobe, à peine plus gay friendly aujourd’hui qu’hier, alors que la survenue d’un Noir ou d’un Chinois au rang de beaux-fils ne serait pas agréée à l’unanimité, je suppose) en revenant, à l'écart de toute idéologie, à ce qui résumait, aux yeux de Czapski, l’histoire du christianisme, à savoir la bonté ; et c’est cela même que je trouve éclairant les visages des enfants et des villageois d’Anker : la lumière de la bonté.</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6519527" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/02/02/2995751642.jpg" alt="432218275_10233641840174664_8916389766140982532_n.jpg" /></span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>À MANCHESTER. </strong>– Ma peine croissante à marcher sans avoir l’air de tituber comme un ivrogne me fait hésiter, malgré ma nouvelle liberté de mouvements (plus aucune laisse ne me retenant à feu mon compère le chien), à repartir de par le monde, à Paris ou en Toscane auprès de la Professorella, en Espagne où je retrouverai Mario Martin ou à New York sur les traces de Thomas Wolfe, mais j’ai d’ores et déjà fixé un prochain rendez-vous à mon cher Bona à Manchester où, avant le fin de ce mois, j’irai « toucher » une quinzaine d’exemplaires de mon dernier livre, entièrement composé par lui aux bons soins de la firme d’Oklahoma-city où il a déjà publié deux ouvrages gratos; j’ai eu la joie hier de découvrir l’annonce de la parution de La Maison dans l’arbre sur divers sites dont celui de Barnes & Noble, fleuron des librairies américaines, en attendant la Fnac et Kobo Books – Manchester où je reviendrai sûrement, comme la mule de Clint Eastwood, « toucher » d’autres exemplaires de ce livre et des prochains puisque Bona semble décidé à persévérer dans son soutien salutaire de jeune frère au vieux sapajou se la jouant liesse éternelle...…</span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">TOBOGGAN. – Quentin m’envoie ce matin, via Messenger, le fichier de son nouveau roman au titre aussi « impossible » que le précédent à paraître en mai prochain ( La production du destin), à savoir: Je nommerai désert le château que tu fus, emprunté à un vers de Bonnefoy, et tout de suite je suis happé je suis jeté dès les premiers mots et la première page en fugue proustienne, comme dans un entonnoir ou un toboggan, avec l’impression de m’envoler…</span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Or je l'attendais : j’attendais un roman-poème qui serait le roman et le poème du profond aujourd’hui, selon l’expression de Cendrars, et c’est donc entre amis que je vais passer ce dimanche patronné à moitié par saint Patrice cher aux Irlandais et par sainte Gertrude propice aux voyageurs «dans ce monde comme dans l’autre »…</span></div></div>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlLa mer à l'abandontag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2024-03-16:64898592024-03-19T10:44:19+01:002024-03-15T11:20:00+01:00 « Certes, le vieux monde n’est plus de ce monde,...
<div class="xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs x126k92a"><div dir="auto"><img id="media-6519502" style="margin: 0.2em auto 0.7em; display: block;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/01/02/4200127013.jpg" alt="150198248_10225990807383626_1215318783885598630_n.jpg" width="329" height="243" /></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><em><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">« Certes, le vieux monde n’est plus de ce monde, </span></em></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><em><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">mais plus vivant que jamais » (Ossip Mandelstam)</span></em></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Qui aura chanté pour l’enfant</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">dans vos rangs défilés</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">de battants obsédés</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">par la plus vide arborescence ?</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Au présent digitalisé,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">tout adonnés à vos écrans,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">vous vivez par procuration:</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">même le vent s’est absenté,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">le vent, la mer aussi blessée</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">d’être exclue de vos rêves,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">et vos rêves perdus -</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">le rythme et la rime exclus</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">de vos seuls algorithmes...</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">L’haleine du chien me revient:</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">le souvenir des crocs</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">mordant au plus tendre du corps</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">de l’enfant pour jouer -</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">l’enfant qui jouait à la guerre,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">le plaisir solitaire</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">de l’Être se reconnaissant</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">dans la caresse des amants...</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">À trier vos déchets,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">ceux des enfants qui restent là,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">retrouvant si jamais</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">le temps en regrets égarés,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">vont-ils oser le chant ?</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Retrouver les saveurs du chant</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">de la diva qui s’extasie,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">et toute l’ironie</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">du sort et des fééries</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">d’avant la vallée de la mort ...</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Revivre enfin la douce vie</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">capable de mystère,</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">relancer la cérémonie</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">du chemin sur la mer...</span></div></div>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlL'ange au violontag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2024-03-16:64898572024-03-16T11:17:26+01:002024-03-14T11:15:00+01:00 On est à l’Auberge de l’Ange, au présent du...
<div class="xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><img id="media-6518931" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/00/02/404382314.jpg" alt="f7806e9b81a1ae8c38ebde11d389610a.jpg" width="228" height="328" /></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"> </div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">On est à l’Auberge de l’Ange,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">au présent du passé</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">où ne rien savoir ne dérange</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">notre belle arrogance</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">ni ne déroge à l’impatience</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">en somme naturelle</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">de l’insolente adolescence …</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Voici Galia qui se retire,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">aux cabinets de l’Ange,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">et tant de soupirants soupirent</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">tandis qu’en son retrait</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">elle se refait une beauté -</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">et la voilà qui resurgit</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">comme de son étui</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">le violon du démon…</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">Nous avons tout le temps pour nous,</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">et le vin de Samos</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">roule sa houle au fond de nous</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">et nous donne la force</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">de braver l’imbécillité</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">des prudences assises -</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">l’Ange nous porte ainsi</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">au dam tout transi des cloportes,</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">comme au défi des âmes mortes..</span></div></div>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlLes enfants d'abordtag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2024-03-16:64898552024-03-19T11:01:42+01:002024-03-13T11:11:00+01:00 (Le Temps accordé. Lectures du monde 2024)...
<div class="xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs x126k92a"><div dir="auto"><img id="media-6519514" style="margin: 0.2em auto 0.7em; display: block;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/01/01/1427583108.jpg" alt="433571717_10233679729641877_2383295125518255857_n.jpg" /></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto"> </div><div dir="auto"><strong><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">(Le Temps accordé. Lectures du monde 2024)</span></strong></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong><em>À la Maison bleue, ce mercredi 12 mars</em></strong>.- Au blues de ce matin j’oppose illico (pas un mot de plus) l’injonction lancée par Michaux à l’abeille (« Le matin quand on est abeille, pas d’histoire, faut aller butiner « ) et je reviens à Emma Bovary dont le désespoir tourne à là délectation rose et morose à la fois alors que de plus en plus, avec la confirmation à chaque page de ma totale admiration littéraire, je me dis que je ne suis pas vraiment de cette famille-là ni tout à fait de celle de Voltaire ou de Schopenhauer, même si « mon » Flaubert se distingue de son image la plus fréquente démentie par sa vérité cachée qui est d’un enfant déçu et d’un poète délicat se la jouant sarcasme vitupérant…</span></div><div dir="auto" style="text-align: justify;"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><strong>L'AFFREUX Dr HOUSE.</strong> - J’ai regardé pas mal (je veux dire:trop) d’épisodes du <em>Dr House</em> ces derniers jours, dont mon ami René m’a appris hier au téléphone que son fils ainé en avait tiré sa vocation de médecin. Je l'ai pourtant rencontré, et je le respecte, le salaud. Il en sait un bout. Revenu de tout. Son cynisme est celui de Flaubert père et fils. On ne la leur fait pas. Le printemps de la poésie les fait rêver de saignées, et je leur donne raison...</span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Quant à ma lecture de Bovary, elle en est ce matin à l’apparition de Rodolphe, tout l’opposé du tendre Léon , dont le premier regard sur Emma est un mélange d’attention vive et de lucidité cynique qu’on pourrait dire du pur Flaubert cinglant , cachant le Flaubert dolent: « Pauvre petite femme ! Ça bâille après l’amour comme une carpe après l’eau sur une table de cuisine» ...</span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Je lis ensuite les fameuses pages consacrée aux comices agricoles dont j’avais oublié le morceau de choix, le morceau de roi des dialogues embrassés du conseiller préfectoral flattant les agriculteurs et leur indispensable agriculture et du Rodolphe amoureux draguant Emma et rejoignant soudain le discours officiel pour en faire de la charpie au dam d’Emma que ces propos vifs choquent et séduisent à la fois - double flatterie entremêlée de la faç</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">on la plus insolente - pour l’époque…</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><img id="media-6518930" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/00/02/3012939453.jpg" alt="432507630_10233674555832535_6094897454607551007_n.jpg" /></span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: justify;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;"><em><strong>Ce jeudi 14 mars.</strong></em> – Je dirai simplement : au bout du rouleau. Physique en tout cas. Je titube chez Gianadda, après m’être fait admettre, malicieux, en tarif étudiant. La bonne blague - le senior qui se la joue tendron. Et le constat ensuite dans les allées du sanctuaire de Léonard le faraud : que des vioques ! Mais les enfants sont là et ça me rajeunit d’un siècle. Même le petit Ruedi sur son lit de mort est plus jeune que nous. Et ces gosses qu’on dirait les cousins de Vermeer ou de Rembradt, à la paysanne – mes gens du Seeland.</span></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Un officiel crétin de nos régions, historien de l’art que je ne nommerai pas pour ajouter à sa confusion, parlait d’Albert Anker comme d’un artiste pédophile, et ce sera l’occasion de revoir la nomenclature : pédolâtre celui qui associe l’enfant aux singeries sexuelles des adultes, pédomane ou pédophage s’il en mange, etc.</span></div><div dir="auto" style="text-align: justify;"><span style="font-size: 14pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Mais Anker le tendre, devant Ruedi le petit défunt, comment ne pas voir en lui la sainteté d’un regard…</span></div></div>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlPar delà le chientag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2024-03-12:64892552024-03-12T18:55:18+01:002024-03-12T18:55:18+01:00 ...
<div><div class="x1cy8zhl x78zum5 x1q0g3np xod5an3 x1pi30zi x1swvt13 xz9dl7a"><div class="x1iyjqo2"><div class="x78zum5 xdt5ytf xz62fqu x16ldp7u"><div class="xu06os2 x1ok221b"> </div><div class="xu06os2 x1ok221b" style="text-align: center;"><div class="x6s0dn4 x3nfvp2 xl56j7k"><div class="x1i10hfl xjbqb8w x1ejq31n xd10rxx x1sy0etr x17r0tee x972fbf xcfux6l x1qhh985 xm0m39n x9f619 x1ypdohk xt0psk2 xe8uvvx xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r xexx8yu x4uap5 x18d9i69 xkhd6sd x16tdsg8 x1hl2dhg xggy1nq x1o1ewxj x3x9cwd x1e5q0jg x13rtm0m x87ps6o x1lku1pv x1a2a7pz x1uhb9sk" tabindex="0" role="button" aria-label="Modifier la confidentialité"><div class="x6s0dn4 x78zum5 xl56j7k"><div class="x139jcc6"><img id="media-6518069" style="margin: 0.2em auto 0.7em; display: block;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/01/02/993914593.jpg" alt="432302029_10233652866010303_1642233064613667946_n.jpg" /></div></div><div class="x1ey2m1c xds687c x17qophe xg01cxk x47corl x10l6tqk x13vifvy x1ebt8du x19991ni x1dhq9h xzolkzo x12go9s9 x1rnf11y xprq8jg" role="none" data-visualcompletion="ignore"> </div></div></div><span class="x193iq5w xeuugli x13faqbe x1vvkbs xlh3980 xvmahel x1n0sxbx x1lliihq x1s928wv xhkezso x1gmr53x x1cpjm7i x1fgarty x1943h6x x4zkp8e x676frb x1nxh6w3 x1sibtaa xo1l8bm xi81zsa x1yc453h" dir="auto"><span id=":r2u:"></span></span></div></div></div><div class="xqcrz7y x78zum5 x1qx5ct2 x1y1aw1k x1sxyh0 xwib8y2 xurb0ha xw4jnvo" style="text-align: center;"><div><div class="x1i10hfl x1qjc9v5 xjqpnuy xa49m3k xqeqjp1 x2hbi6w x9f619 x1ypdohk xdl72j9 x2lah0s xe8uvvx x2lwn1j xeuugli x16tdsg8 x1hl2dhg xggy1nq x1ja2u2z x1t137rt x1o1ewxj x3x9cwd x1e5q0jg x13rtm0m x1q0g3np x87ps6o x1lku1pv x1a2a7pz xjyslct xjbqb8w x13fuv20 xu3j5b3 x1q0q8m5 x26u7qi x972fbf xcfux6l x1qhh985 xm0m39n x3nfvp2 xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r xexx8yu x4uap5 x18d9i69 xkhd6sd x1n2onr6 x3ajldb x194ut8o x1vzenxt xd7ygy7 xt298gk x1xhcax0 x1s928wv x10pfhc2 x1j6awrg x1v53gu8 x1tfg27r xitxdhh" tabindex="0" role="button" aria-expanded="false" aria-haspopup="menu" aria-label="Actions pour cette publication"><div class="x1ey2m1c xds687c x17qophe xg01cxk x47corl x10l6tqk x13vifvy x1ebt8du x19991ni x1dhq9h xzolkzo x12go9s9 x1rnf11y xprq8jg" role="none" data-visualcompletion="ignore"> </div></div></div></div></div></div><div><div class="" dir="auto"><div id=":r2v:" class="x1iorvi4 x1pi30zi x1l90r2v x1swvt13" data-ad-comet-preview="message" data-ad-preview="message"><div class="x78zum5 xdt5ytf xz62fqu x16ldp7u"><div class="xu06os2 x1ok221b"><div class="xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs x126k92a" style="text-align: center;"> </div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Là-bas l’avion replie ses ailes</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">et rebondit ici</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">au milieu de nos étincelles,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">au grand dam des assis…</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Depuis la nuit des temps déjà,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">nos ailes de papier</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">portent nos voix vers l’au-delà</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">où tout va s’éclairer…</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">C’est sûr: je n’hallucine pas:</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">c’est écrit dans le sang</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">et décrit par le vent le temps</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">que la chair se libère…</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Dans son orbe je vois le chien</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">parfait en sa figure</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">de pensée ne pensant à rien -</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">immanent absolu …</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Mais toi, mon amour disparu,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">que pourrais-tu me dire,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">des ailes ou du jamais perçu</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">au fil de mon délire ?</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Ainsi les mots en dieux obscurs,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">comme de vieux enfants,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">font-ils de nous des créatures</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">du numineux vivant …</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><strong><span style="font-size: 12pt;">Peinture JLK: Snoopy, acrylique sur toile</span></strong>.</span></div></div></div></div></div></div></div>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlFlaubert enfanttag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2024-03-12:64892562024-03-12T18:58:32+01:002024-03-11T18:56:00+01:00 (En mémoire d'Ernest Chevalier) À dix...
<div class="xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><img id="media-6518072" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/02/00/3342091311.12.jpeg" alt="Unknown.jpeg" /></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">(En mémoire d'Ernest Chevalier)</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">À dix ans le petit ami</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">est une pure amour</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">qui de tout secret qu’on lui dit</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">ne fait moindre tambour…</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">L’amitié de l’ami secret</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">serait une légende,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">le premier rêve à partager</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">l’aura de Samarcande…</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Avec toi seul j’échapperai</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">à la meute odieuse</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">loin des tracas et des satrapes:</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">ta fringance rieuse…</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Unique est le petit zazou</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">d’alliance obstinée</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">qui fait sauter tous les verrous</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">du penser confiné…</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Les garnements ont des manières</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">de soupirants farouches</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">quand ils enfilent les babouches</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">des furieux janissaires...</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">Quand nous serons vieux sapajous</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">mon amoureux d’enfance</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">je te baiserai sur la joue,</span></div><div dir="auto" style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;">me jouant d’innocence…</span></div></div>
JLKhttp://carnetsdejlk.hautetfort.com/about.htmlAu jour le jourtag:carnetsdejlk.hautetfort.com,2024-03-12:64892572024-03-12T19:05:25+01:002024-03-10T18:59:00+01:00 (En ce deuxième matin sans notre frère le chien...
<div class="xdj266r x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><img id="media-6518074" style="margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0px;" title="" src="http://carnetsdejlk.hautetfort.com/media/01/00/979200069.jpg" alt="432249025_10233645897356091_7985603757892418303_n.jpg" width="279" height="372" /></div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"> </div><div dir="auto"><em><span style="font-size: 14pt;">(En ce deuxième matin sans notre frère le chien qu'irradie le retour à dame Colette en ses Découvertes illustrées par dame Morisod... )</span></em></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Un jour se lève de bon aloi:</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">qu’un doux vivat l’accueille !</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Que le chagrin chagrine au froid:</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">qu’on le mette au cercueil !</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">La diva réjouie au miroir</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">lance ses vocalises</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">aux amants des fonds de tiroirs</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">de ses psychanalyses !</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Les plombiers sont tout soleilleux</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">aux chantiers des merveilles</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">émergés du sommeil des dieux</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">en leur simple appareil...</span></div><div dir="auto"> </div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Le jour nouveau vêtu d’un rose</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">de matin matinal</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">est un poème tissé de prose</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">en sa grâce animale...</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Ces rimes un peu mécaniques -</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">excusez l’ouvrier !</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">sont comme d’un briquet qu’on brique</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">avant de l’allumer...</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a" style="text-align: center;"><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">Sur la terre et dedans les cieux,</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">le journal de ce jour</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">ne retient que le radieux</span></div><div dir="auto"><span style="font-size: 14pt;">du monde en ses atours...</span></div><div dir="auto"> </div></div><div class="x11i5rnm xat24cr x1mh8g0r x1vvkbs xtlvy1s x126k92a"><div dir="auto" style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: 12pt;">Aquarelle: Berthe Morisod</span></strong></div></div>