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En mémoire de mon père
Je nous revois marcher
par le sentier pierreux
serpentant entre les rochers
des hauteurs d’Aigua Blava,
nous retrouvant là tous deux
comme vingt plus tôt
en altitude,
quand tu marchais devant…
À présent tu peinais
dans ma jeune foulée,
impatient de me faire attendre,
mais tu ne disais rien,
selon ton habitude.
Le soir venu nous allions
volontiers à notre bar à tapas,
d’où la mer scintillait.
C’est là que nous nous sommes parlés,
deux ans avant ta mort
un peu comme des amis,
quelques fois…
(12 avril 1989)
Par delà les eaux sombres et le monument idéalisé, Metin Arditi part à la rencontre d’un père par trop adulé, que ses défauts révélés rendent plus vrai. Livre limpide et dense que Mon père sur mes épaules, où chacun se retrouvera...
Une paix à trop bon compte…
Je ne sais plus qui disait que la qualité d'une personne pouvait s'évaluer à la façon dont elle parle de ceux qui lui ont donné le jour, mais c'est à cela que j'ai pensé dès les premières pages du nouveau livre, aussi dense qu'elliptique, lucide et sensible à la fois, que Metin Arditi a consacré aux rapports qu'il a entretenus avec ses père et mère, marqués par les intermittences de onze ans d'internat et parfois problématiques du fait de la très forte personnalité du père.
Vingt ans après la mort de celui-ci, le fils constate que, malgré sa conviction un peu convenue d'avoir eu un père formidable, bien des souvenirs cuisants lui restent de leurs relations altérées par une non-reconnaissance douloureuse.
Plus grave, dans un registre ne relevant pas de la sensibilité personnelle ou de l'affectivité : le désaccord profond opposant le père , socialiste en sa jeunesse et se réclamant de la gauche en dépit de sa réussite sociale, mais défendant en fin de vie la politique israélienne contre les Palestiniens, et le fils considérant celle-ci comme la négation même des principes d'humanité.
Le retournement au mort
Si le récit de Metin Arditi aborde des questions fondamentales, c'est à touches fines qu'il se développe en s'inspirant initialement d'un très beau rituel malgache. À l'enseigne de la « famadihana », cette tradition dite aussi du « retournement aux morts » et toujours pratiquée sur les hauts plateaux de Madagascar, consiste à exhumer les morts des années après leur décès, à en laver les os et à les parer d'habits neufs au cours de journées festives réunissant les familles et leurs proches, d'invoquer la bénédiction des défunts et de les ramener en terre en proclamant leur sagesse d'Anciens.
Ainsi l'écrivain entreprend-il à son tour d'exhumer ses souvenirs et de les nettoyer comme des os parfois malpropres ( de vrais petits « salopards » de souvenirs…) au cours d'un processus amorcé dans le train de Zurich qui le conduira jusqu'aux Grisons pour son travail de "retournement".
Chassé du paradis
De son enfance plutôt choyée jusqu'au tournant de sa septième année, Metin Arditi fait un tableau aux couleurs et aux parfums orientaux, entre une gouvernante autrichienne très catholique, la brave Mamimika qui n'enseignera le Notre-Père qu'avec l'assentiment de Monsieur, lequel le lui accorde en trouvant la prière « très bien », à l’étonnement de son rejeton qui vit alors son premier « bonheur d'admirer »… où l'on voit par ailleurs que le syncrétisme culturel et religieux du Turchetto est de bonne source.
Au cœur de cette enfance lumineuse pour l'essentiel, malgré l'ombre d'un deuil familial jamais exorcisé (la mort de la fille aînée avant ses deux ans), l'image d'un champ de coquelicots et du fiston juché sur les épaules de son héros fait alors figure de symbole édénique.
« Loin des bras »
La déchirure sera cependant vécue comme une chute, au sens biblique, avec l'exil en terre vaudoise, à Paudex, en internat pour gosses de riches, dès sept ans et pas question de Skype quotidien: on est en 1952 et le père l'a ordonné en allemand : Kopf hoch!
Mais puni de quoi par Dieu-le-Père ? De rien puisque c'est « pour son bien ». Et d’ailleurs les fils à papa ont-ils le droit de se plaindre ? Hélas le cœur et les âmes sensibles (voir ce pourri-gâté de Marcel Proust ) ne sont pas à l'abri de l'angoisse affective, même avec des parents aimants comme ceux de Metin.
Au demeurant, celui-ci avoue qu'ils ne leur manquent pas tant que ça, quitte à leur faire fête quand ils se pointent. Cependant un grave accident et un séjour à l'hôpital provoqueront la venue en catastrophe du père qui n'aura de cesse de voir son fils, hier en morceaux et dûment rafistolé, « faire ses selles » après ne s'être soucié pendant des années que de ses notes scolaires, au point de scandaliser la petite amie du garçon - une certaine Géraldine Chaplin...
Reconnaissance tardive
Ce qui pèse au souvenir du fils n'est pas de pas avoir été aimé de son père, mais d'avoir attendu le moindre signe d'estime jusqu'au tournant de la cinquantaine, alors que tous ses efforts et sa brillante carrière ne visaient qu'à lui plaire. Or, par delà le ressentiment, la réserve orgueilleuse, plus ou moins narcissique ou jalouse du père est expliquée, sinon justifiée, par la propre trajectoire de ce personnage d'exception, issu de milieu très modeste, devenu l'un des chefs des jeunes socialistes autrichiens avant de diriger une florissante affaire d'importation en ne cessant de sillonner l'Europe et d'en imposer à tous par son intelligence et sa sagesse pragmatique.
Le héros et son ombre
N'empêche: le grand homme en puissance (ses proches l'auront comparé à un Ben Gourion) avait ses failles, non exempt de mesquinerie égocentrique ou d'autoritarisme borné. Très intéressant, le portrait de juif de gauche (qu'un Jean Ziegler estimait fort) recommandant à son fils de respecter les Allemands et clamant sa vénération du travail, mais infoutu de reconnaître les mérites de son fils (une vague grimace quand celui-ci lui annonce sa nomination de prof à l'EPFL après de brillantes études et autant de succès dans les affaires, incarne en somme le self made man typique d'une génération de fondateurs aussi jaloux que méritants. Du moins le fils le défendra-t-il toujours devant les autres, quitte à lui « nettoyer les os » avant une déclaration d'amour finale.
L’amour plus fort, etc.
C'est en effet un livre d'amour que Mon père sur mes épaules, qui ne dégage en rien l'espèce d'effroi compulsif de l'emblématique Lettre au père de Kafka, mais une tendresse nourrie de tous les détails de la vie, que module une langue limpide et vibrante. Metin Arditi n'a certes pas le génie visionnaire ni les abrupts névrotiques de Kafka, mais l'honnête homme qu'il incarne nous parle bel et bien en écrivain, et son retournement personnel implique le lecteur à chaque page quand bien même son vécu serait tout différent.
La devise d'un Georges Simenon était « comprendre , ne pas juger », mais la Lettre à ma mère du grand romancier multiplie bel et bien ce qu'on pourrait dire des jugements, et parfois vifs voire terribles, qui ont pourtant la vertu de « laver les os » et de retourner au mort pour mieux le comprendre. De la même façon, Metin Arditi taxe-t-il son père de lâcheté après qu'un notable israélien eut mouché son fils indigné par la politique d'occupation et de colonisation de l'Etat de principe. Or le jugement personnel importe bien moins, en l'occurrence, que la remise en cause d'une politique inhumaine défendue par un groupe de gens trahissant leurs idéaux de jeunesse. Plus que jugement, voici le constat nuancé, prélude à la paix des braves : « Un homme d’une immense sagesse. Grand stratège. Mais aussi faible. Habile et manipulateur »…
Quant à la part de l'écrivain, voire du romancier elle tient à la façon subtile, souvent nuancée d'humour, de laisser flotter un certain mystère autour de certains faits (les pleurs paternels au téléphone, un soir, sans raison apparente) ou de ne pas moraliser ou conclure à trop bon compte.
Son père lui ayant recommandé - comme à un tout jeune homme alors qu'il a passé la cinquantaine ! - de se montrer « droit, intègre et surtout humble », l’auteur a la malice de se questionner sur sa propre humilité, avant de conclure par une fable qui en dit long sur le quant à soi mâle, frisant le cynisme, des pères dominateurs, à la fois bâtisseurs et écrabouilleurs sur les bords, dont on peut sourire post mortem en évitant possiblement de les subir de leur vivant.
Au mythe freudien de la pulsion de meurtre du père par le fils, l'on pourrait alors opposer la réalité du patriarche s'inquiétant « à mort » de voir son fils le remplacer bientôt, et ainsi de suite, et va ! comme disent les conteurs orientaux.
Metin Arditi. Mon père sur mes épaules. Grasset, 167 p.
…Vous qui entrez laissez toute espérance, écrit l’auteur de best-sellers italien qui n’en finit pas de cartonner, et c’est l’inscription qui figure à l’entrée de la disco Vade dentro Satanas où ça va chauffer ce soir avec le groupe des Wild Cats, donc le Chien tu restes là, je reviens ; hélas le Chien y a pas de boucle pour Papa - mais si Papa est souvent parti, le Chien, Papa est toujours revenu…
Image: Philip Seelen.
Celui qui fait semblant de ne pas être indifférent à la distraction commune / Celle qui passe d'un corps à l'autre avec la même révérence inattendue dans ce pays à surmoi grave / Ceux qui ont l'air de n'y être pour rien alors qu'ils participent de toutes leurs molécules et autres capteurs vibratiles / Celui qui félicite les artificiers lacustres alors que les bouquets finaux lui foutent la gerbe / Celle qui dit franchement sur Twitter ce qu'elle pense du principe de non-résolution transcendantale et tout le toutim / Ceux qui font la pièce droite sur l'asymptote du repentir / Celui qui s'estime à la pointe de la réflexion post-moderne ainsi que le prouvent ses chaussures très pointues de cadre universitaire hyperactif lisant du Jaccottet à moments perdus et cultivant la réserve mentale / Celle qui émarge à l'individualisme bêlant / Ceux qui dans les vernissages citent volontiers tel ou tel mystique syriaque ou soufi pour concrétiser leur approche du minimalisme ambiant / Celui qui persifle sans se moquer ou inversement selon le degré d'humidité / Celle qui a le cœur sur la main et l'accroche-cœur en option / Ceux qui reviennent sans discontinuer à leur commentaire herméneutique du Sempiternel Retour dont l'intuition leur est venue en visitant la charmante Casa Nietzsche de Sils-Maria où ils sont revenus après leur bachelor et plus tard avec leur master en poche traitant de la récurrence différée du Même dans les fragments du Gai Savoir sans que jamais ils ne se lassent de la vue des lacs d'Engadine incessamment alimentés par les neiges elles aussi éternelles comme tout ce qui passe, etc.
Image: Diane Arbus.
La Californie d’Edgar Morin. Retour amont sur un entretien, en 1970, qui prend aujourd’hui un relief singulier.
En 1970, Edgar Morin, sociologue de 49 ans, revient des States et publie son Journal de Californie. Il y évoque les secousses sociales et politiques qui, du Vietnam aux émeutes raciales, en passant par l’explosion de la contre-culture, traversent l’Empire. De tous ces mouvements explosifs, que va-t-il sortir ? Les Etats-Unis vont-ils supporter les cancers qui les rongent ? Ou ces «révolutions » sporadiques seront-elles digérées par le monstre ? Autant de questions qui nous concernent, nous, Européens, auxquelles tente de répondre l’un des sociologues français les plus attentifs aux maux profonds de la société actuelle : Edgar Morin.
- Edgar Morin, qu’entendez-vous par « crise de civilisation » ?
- Ce que j’appelle « crise de civilisation » est en réalité la conjonction de plusieurs crises. Tout d’abord, c’est la crise de la civilisation bourgeoise qui a développé son programme jusqu’au bout et qui avoue son impuissance à donner un bonheur autre que matériel. Et puis, je vois la société américaine déchirée par des tensions internes, d’où pourraient surgir des crises énormes qui, elles, engendreraient un néo-fascisme où, à mon avis, les caractères raciaux et nationalistes, l’hystérie politique en un mot, seraient des traits aussi importants,voire plus, que la nouvelle hiérarchie léviathanesque.
- De quel type seraient alors ces crises ?
- J’en imagine trois : la crise économique semble peu probable, mais elle n’est pas impossible. Beaucoup plus importante me paraît la crise interne, avec le problème de l’émergence de la nation noire, la lutte pour l’émancipation de la femme, les revendications des minorités érotiques, les divers mouvements révolutionnaires et, surtout, le refus d’une partie de la jeunesse américaine, le refus romantique où l’on pourrait voir se dessiner l’avant- garde existentielle du mouvement juvénile international. Enfin, une crise de puissance mondiale, à commencer par la crise de tout le système impérial en Amérique latine.
- Parlons de ce que vous appelez « la croisade des enfants »...
- Oui. A l’origine, on s’en doute, il y a un refus spontané et radical. Les Anglo-Américains se sont voués avec application à l’efficacité et ils y sont bien parvenus. Ce sont eux les leaders de la technicisation du monde, mais ils ne savent pas vivre, et l’art de vivre viendra précisément de ceux qu’ils méprisent.
— Peut-on évaluer la provenance sociale des jeunes en rupture avec leur milieu ?
— Ce serait évidemment très intéressant de le savoir, mais nous ne disposons pas encore de données suffisantes sur le phénomène. Et puis, les communautés de jeunes ne cessent de se faire et de se défaire. Disons que, en général, ce sont des garçons et des filles venant de la bourgeoisie qu’ils ont donc expérimentée, et avec laquelle ils restent parfois encore en contact par le lien du chèque paternel...
— Vous comparez, dans le « Journal de Californie», les enfants de l’Amérique actuelle aux enfants des sociétés archaïques. Pourquoi cela ?
— Parce que les enfants US ont vécu, depuis la guerre — tant au point de vue de l’environnement qu’au point de vue de l’éducation— dans un univers isolé de l’univers adulte, la chambre individuelle, avec ses objets et décorations, par exemple, favorisant une expérience autonome. Mais, contrairement aux sociétés archaïques, la société moderne ne propose nulle initiation aux adolescents pour leur passage à l’état d’homme...
— Voilà pourquoi ils s’initient eux- mêmes...
— Exactement. Et comme les jeunes archaïques se retirent du village pour s’isoler quelque temps dans la forêt, les adolescents américains quittent la cellule familiale et vont dans l’« underground », dans les nouveaux ghettos ou dans la nature, sur les plages désertes de Californie.
— Pourquoi la Californie ?
— La Californie, si vous voulez, c’est la crête de la vague de la civilisation occidentale au moment où elle se retourne sur elle-même et va peut-être s’écraser. Je suis arrivé là-bas au moment de la répression-décadence du phénomène hippie, l’âge d’or ayant été entre 1966 -1967. Ce qui m’intéressait, c’est la mutation dont l’« hippie » était un premier signe et dont les communes et la prolongation du mouvement actuel sont d’autres signes avant- coureurs. Je voulais étudier dans quelle mesure la crise de l’adolescence coïncidait avec la crise de la société et la crise de l’humanité.La Californie, parce que c’est là que la société occidentale est en passe de totale mutation. Après la première lame de fond du « hippie », c’est la floraison des « communes », dans lesquelles on tente de recréer une nouvelle famille fondée sur l’attirance réciproque de ses membres, sur l’amour.Pour la première fois, l’expérience d’un nouveau type de vie n’est plus limitée à une fraction de marginaux isolés, mais peut être considérée comme l’expérience majeure de l’avant-garde d’une génération.
- Et vous pensez que cela va réussir ?
— Il y aura de nombreux échecs, c’est prévisible ; les uns par excès de rigidité, les autres par laisser-aller. Mais ce n’est qu’un début historique, où nous voyons s’amorcer la civilisation post-bourgeoise. Ala différence de la France, où le mouvement est avant tout idéologi-co-politique, le mouvement américain est existentiel et veut révolutionner le mode de vie.
- Pourtant, ce mouvement est extrêmement disparate et, par là-même, affaibli dans son pouvoir d’action. Qu’est-ce qui pourrait catalyser ces« grands micmacs » dont vous parlez ?
— C’est là la question essentielle, car c’est à ce point que s’articule la mutation. L’innocence est la providence du mouvement californien, mais l’ignorance lui sera peut-être fatale...
Qui est Edgar Morin?
Sociologue français travaillant actuellement au Centre européen des communications de masse (organede recherche du CNRS), Edgar Morin a déjà publié de nombreux livres qui lui ont valu autant de détracteurs que de chauds partisans. « L'homme et la mort », «Autocritique », « Le vif du sujet », « La rumeur d'Orléans », tels sont les titres jalonnant l'œuvre d'un des plus brillants intellectuels d'aujourd'hui,qui ne craint pas de s'impliquer dans tout ce qu'il avance en matière scientifique. D'un séjour qu'il fit à la fin de 1969 en Californie, invité par la fondation Salk, il rapporta le « Journal de Californie », où l'homme Morin, l'écrivain aussi bien que l'homme de science, tente de jeter des ponts dans la nuit de notre devenir biologique, sociologique et existentiel. Un livre à lire absolument...
Edgar Morin, Journal de Californie, Seuil 1970.
(Cet entretien a paru dans le magazine dominical de La Tribune-Le Matin, en novembre 1970)
… Marianne Petronella Domela, ici présente, voulez-vous épouser Charles Kraft ici présent, lui avait demandé l’officier d’Etat-Civil Ducommun membre du même chœur d’homme que le père Kraft, de la pharmacie Kraft, sans se douter que le « voui » timide de la fille du professeur Nieuwenhuis, de Grongingue, augurait d’une vigoureuse carrière de maîtresse de maison régnant sur ses six enfants tout en épaulant fermement le Docteur d’ores et déjà convaincu de la nécessité d’opérer chirurgicalement l’appendicite aiguë, dont la pratique a survécu à la disparition de la pharmacie paternelle alors que je continue à veiller sur leur paire de pierres…
Image: Philip Seelen.
Celui qui a réservé la place P13 de l’Allée des Cigales jusqu’en 2015 en invoquant son ancienneté et la déportation de son oncle breton pour exiger du Bureau qu’il n’y ait pas d’Allemand à côté / Celle qui se montre chaque année plus acerbe envers les jeunes pécores que les fils des voisins ramènent de va savoir quelle disco / Ceux qui déplorent l’absence de feu Léonide à la pétanque des Flots / Celui qui lit Schopenhauer en cachette au bord du canal pollué / Celle qui rappelle tout haut à son amant de ne pas oublier les capotes quand il se rend à l’Hyper U d’à coté / Ceux que le Scrabble a réunis en dépit de leurs convictions religieuses opposées ou peu s’en faut / Celui qui exerce sa trompette dans la garrigue / Celle qui réprimande celui de ses fils que ceux du Mobilhome belge ont surpris en train de peloter leur fille au pair flamande / Ceux qui parlent fort en se rasant le matin entre homme de race blanche à forte pilosité / Celui que le Danois des Autrichiens mord cruellement alors qu’il lui disait Bon Toutou / Celle qui se méfie de toute façon des campeurs réputés dormir nus / Ceux dont le bus 4x4 couvert d’autocollants cosmopolites s’est fait malencontreusement défoncer par une mégabranche de pin lors de l’orage de jeudi / Celui qui supplie la ravissante Hollandaise de ne pas extérioriser trop bruyamment son plaisir quand ils font ça à l’heure de l’apéro convivial de l’allée des Lauriers / Celle qui tricote un bonnet de ski en préparant un osso buco à ses hommes en train d’essayer de surfer sur la marina / Ceux qui sirotent un mojito en critiquant très librement la dernière toilette de Carla Bruni / Celui qui a le ticket avec la pharmacienne de Cahors aux super nibards / Celle qui écrit des poèmes à l’abri des regards moqueurs de ses cousins infoutus de passer un simple bac / Ceux qui ramassent les déchets laissés par les Italiens sur la plage pour les déposer devant leur cabanon au jardin privatif également mal entretenu / Celui qui écoute France Culture à l’heure de la sieste au risque de provoquer une émeute dans l’allée des Dauphins / Celle qui a gardé son paréo jaune et vert de l’époque du Club / Ceux qui se demandent s’ils reviendront l’an prochain ou s’ils ne vont pas plutôt se louer un bungalow sur la côte dalmate qu’une agence paraît-il fiable recommande sur Internet, etc.
Peinture: Terry Rodgers.
Chroniques de La Désirade (33)
À propos de la nature de l'observation lestée par l'attention fervente. Des femmes dans l'oeuvre de Jacques Chessex et d'une formule de Volkoff tombant à plat. Du roman selon Céline, etc.
« Observer c’est aimer », écrivait Charles-Albert Cingria, qui s’y employait sans trace de sentimentalisme, au regard des choses autant que des gens. À la recommandation de Ramuz de «laisser venir l’immensité des choses », il opposait, ou plutôt il ajoutait en nuance: «ça a beau être immense, comme on dit, on préfère voir un peuple de fourmis pénétrer dans une figue », ce qui ne contredit pas pour autant l’injonction de Ramuz, sensible au détail autant qu’à l’ensemble.
Des prénoms. – L’idée m’était venue, en parlant des romans de Jacques Chessex aux étudiants de Salonique, que de ses personnages féminins on ne se souvient d’aucun prénom mais seulement de types, de la mère sévère ou de l’amante rousse, de la sainte ou de la catin (ou de la sainte catin dans Avant le matin), de la tentatrice ou de la décorative, de l’adultère à parties fines ou de la jeunote fine branleuse, ainsi de suite mais aucune dont on se rappelât le prénom comme des femmes de Tolstoï, de Jane Austen ou de Kundera.
Du moins Maître Jacques, prosateur aux pointes incomparables, usait-il de notre langue en trouvère parfois inspiré, poète de la nature et portraitiste de saisissantes Têtes...
D’un autre point de vue, Vladimir Volkoff me disait un jour qu’un bon romancier se reconnaissait à ses personnages féminins réussis. Intéressante remarque mais limitée, puisque Volkoff, bon romancier à certains égards, n’a pas réussi un seul personnage féminin…
Du roman. – L’intelligence du roman relève à mes yeux de la plus fine science, mais pas du tout au sens pseudo-scientifique où l’entend une certaine critique académique.
Céline ramenait le genre à la «lettre à la petite cousine », s’agissant de la romance à quoi se réduit en effet la plupart des romans contemporains et pas seulement de gare ou d’aérogare, mais Céline n’était pas tout à fait romancier lui-même, plutôt chroniqueur et génial, génie de la transposition musicale, mélodie et rythme, le style au corps, malaxeur du verbe comme pas deux, sourcier de langage mais trop entièrement lui-même, trop exclusivement personnel pour faire ce romancier médium que j’entends ici, tel que l’ont été un Tolstoï ou un Henry James, un Dostoïevski et un Kundera dans de plus étroites largeurs mais à un degré de lucidité créatrice rare.
Ceci n’empêchant pas, au demeurant, une définition modulable du genre, dont la notion d’intelligence n’est qu’un indicateur échappant à toute autre science que celle, surexacte évidemment, des sentiments…
Images: Charles-Albert Cingria au téléphone. Jacques Chessex à Ropraz. Céline à sa table.
…Les gens sans imagination verront en toi le banquier sans visage ou l’homme sans qualités, et ça s’explique évidemment par la crainte d’être jugé soi-même en fonction des apparences, notamment sociales, et ça va donner l’Anti-héros de l’époque qui est à la fois tout le monde et surtout pas soi, or ça ne résout pas la question que le miroir te pose ce matin : mais ou as-tu donc encore la tête Nicolas !...
Image: Philip Seelen.
…Ce que j’veux dire c’est que l’âme est un oeil, le fil le plus intime de la corde s’appelle lui aussi l’âme et ça le regarde si la corde n’est plus liée au cœur qui est l’âme du corps, mais l’œil veille et sans lui le corps ne verrait pas battre le cœur de l’arbre ni ne sentirait dans ses veines l’âme prendre de l’âge sans prendre le virage à la corde, et l’œil est dans la tombe de l’arbre et te regarde, mais l’âme a le cœur innocent quand il se raccorde à l’arbre - tu vois ce que j’veux dire…
Image: Philip Seelen.
…Y mettent des cœurs partout que c’est à gerber, d’ailleurs toi aussi Cupidon tu trouves que ça commence à bien faire avec ces mines qui positivent à mort, c’est le cas de dire, et toutes ces fleurs, non mais ça colle aux dents tout ce clafoutis de pétales et pistils, toute cette béatitude de sourires dentifrices, ca va finir par mal tourner tout ce bonheur pour beurre, mon petit archer couillon, d’ailleurs vise un peu la dame qui rit jaune là-bas avec son dentier de travers…
Image: Philip Seelen.
Chroniques de La Désirade (31)
À L’isba. – Je me trouve à l’instant à l’isba, devant ce qui n'a été longtemps qu'une moche baraque genre stalag - cette espèce d’étable d’alpage crottée et à moitié en ruines que notre ami Pierre m’a permis de transformer en lieu de vie au milieu de cette prairie en roide pente dominant le val et, là-bas, immensément immobile au déclin du jour, le lac et, de l’autre côté, l’ubac des monts de Savoie, près et loin de tout, à l’écart, dans le silence des oiseaux, parfait pour le vrai travail. Loués soient le Seigneur et ma bonne amie, tous ceux que j’aime et même les autres, mes fidèles compagnons de papier et cette encre verte.
Sur le travail. – Je suis retombé ce matin sur ces mots que le vieux troglodyte (1904-1980) écrivait en sa trentaine au tout début de ses Notizen, rédigées entre 1934 et 1936 – ce Ludwig Hohl que je compte au nombre de mes fidèles compagnons de papier : « Faire quelque chose, et de cette manière, c’est-à-dire faire ce qui t’est propre, sous la seule poussée de forces intérieures : cela seul donne la vie, cela seul peut sauver. Ce faire-là, et nul autre, voilà ce que j’appelle le travail ».
Cette remarque de Ludwig Hohl sur le vrai travail m’a rappelé celle d’Alexandre Zinoviev sur ce qu’il appelait « l’imitation de travail », dans la société soviétique, où tous s’agitent comme des fourmis à ne rien faire (au contraire des fourmis qui s’échinent pour le Cerveau de la fourmilière), et l’observation vaut évidemment pour toute société vouée au simulacre.
Ludwig Hohl encore : « Sans la conscience que notre existence est brève, nous n’accomplirons aucune action qui vaille. Si nous ne demeurons pas dans cette conscience, nous serons peut-être actifs en apparence, mais nous vivrons, pour l’essentiel, dans une attente perpétuelle (presque toujours des forces extérieures nous rivent et nous condamnent à l’apparence de l’activité »).
En ce moment précis, ce cahier sur mes genoux, au milieu de l’herbe aux étoiles bleues des ancolies, je me sens réellement au travail.
Or écrivant « en ce moment précis » je me rappelle alors la première phrase des carnets de mon cher Dino Buzzati, intitulés précisément In quel preciso momento : « LA FORMULE. – De quoi as-tu peur , imbécile ? Des gens qui sont en train de te regarder ? ou de la postérité, par hasard ? Il suffirait d’un rien, réussir à être soi-même, avec toutes tes faiblesses inhérentes, mais authentique, indiscutable. La sincérité absolue serait en soi un tel document ! Qui pourrait soulever des objections ? Voilà l’homme en question ! Un parmi tant d’autres, si vous voulez, mais un ! Pour l’éternité les autres seraient obligés d’en tenir compte, stupéfaits ».
Les Nuits difficiles. – Je parle de « mon cher Buzzati » parce qu’une nuit, une fois, dans ma vingtaine, l’un de ses livres m’a sauvé la vie, je crois. Je me trouvais alors seul dans ma trappe bohème du vieux quartier, les fenêtres fermées aux jardins, l’humeur au plus bas, déçu par tout et par tous à commencer par mon mauvais moi, quand soudain j’avisai ce titre d’un livre posé là, sur une pile, ce livre de poche écorné de rien du tout, intitulé Les nuits difficiles et que je commençai de lire pour me trouver bientôt, je ne sais pourquoi, comme délivré et transporté, une tristesse en effaçant peut-être une autre, je ne sais trop, le vraiment noir faisant pièce au gris comme le chapeau de Berthe Morisod chez Manet, ou la grande déprime des récits à se pendre de Patricia Highsmith nous ramenant un sourire humain, enfin ce qui est sûr est que j’ouvris bientôt les fenêtres aux jardins et à tous les parfums de la putain de nuit d’été belle comme la vie.
Images: l'isba avant mes travaux de restauration, en mars 2011; autoportrait d'Alexandre Zinoviev; Dino Buzzati; vue de l'isba; l'isba restaurée.
« J’espère que ma peinture tiendra, sans craquelures. Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l’an 2000 avec des ailes de papillon ». (Pierre Bonnard)
Dans l'atelier du Cannet, en 1946
Hommage à Armand C. Desarzens, sculpteur, graveur et ami des poètes, qui vient de nous quitter à l'âge de 76 ans.
Souvenir d'une belle rencontre à Belmont sur Lausanne, en 2008, en présence de sa compagne Charlise.
Il y a une vie après une enfance massacrée. Il y a une vie après le déni et les insultes. Il y a une vie après les coups. La preuve vivante en est la destinée singulière, assez chaotique en certaines années, et finalement pacifiée, d’Armand C. Desarzens que quelques bonnes âmes et l’amour de l’art ont sauvé du pire.
« J’aurais pu très mal tourner, c’est vrai », nous confie aujourd’hui Armand dans le bout de ferme aux trésors qu’il partage avec Charlise, à Belmont-sur-Lausanne, littéralement au bord du ciel. Mais on le sent réticent à parler une fois de plus de tout ça : comment, retiré à ses parents alcooliques, il a été placé avec son frère chez des gens qui n’ont cessé de l’humilier; comment, à l’école, « cradzet » et cancre de surcroît, il attirait les torgnoles; comment on lui interdit de lire avant de le forcer à entrer en apprentissage alors qu’il venait de réussir son examen d’entrée aux beaux-arts.
Pudeur et philosophie aussi : la vie, sa vie, son œuvre se sont faites, belles malgré tout. Et à ses côtés, Charlise, qui se rappelle celui qu’elle a rencontré au mitan des années 60, souligne tendrement: « Il avait une longue mèche sur le côté, l’air romantique, et si vivant !»
La mèche n’y est plus (!) mais le regard du sexa est plus vif que jamais, impatient de nous faire voir ses dernières gravures et, d’abord, son nouvel atelier – cabanon de ses rêves. « C’est là, tu vois, que j’ai mis 40.000 des 100.000 balles de la Fondation », précise-t-il en nous introduisant dans la cabane de bois, à trois sauts de chats de la ferme, juste à côté du vieux poulailler et donnant sur les arbres et le lac là-bas. « Je viens de commencer à travailler avec ça ! », précise-t-il ensuite, fier comme un môme devant son nouveau jouet, en désignant un gros microscope binoculaire pourvu d’une caméra qui transmet, sur un écran, l’image des plaques qu’il entaille au burin. Fascinante plongée dans l’infiniment petit de ses gravures, évoquant autant des constellations cosmiques.
« Je n’aime pas qu’on me taxe de mystique », poursuit Armand C. Desarzens revenu à la table conviviale de la terrasse, « mais c’est vrai que j’ai toujours cherché quelque chose. » La vingtaine passée, ce furent des zigzags existentiels entre darbystes, pentecôtistes et autres « istes » sectaires, entrecoisés avec des aléas professionnels de mécanicien-dentiste diplômé sur le tard après moult interruptions, sans compter les zigzags nocturnes arrosés d’un «foireur» bien présent dans la bohème lausannoise de l’époque…
Et l’art là-dedans ? « Mon premier choc, ç’a été Giacometti en sculpture, et Fautrier en peinture ». Mais dès ses quatorze ans, deux rencontres le marquent : celle du poète et artiste Etienne Chevalley, qui l’accueille chez lui et lui révèle la littérature et la musique ; et celle du pasteur Paschoud, et de sa fille Martine, la future femme de théâtre, qui partagent eux aussi son goût pour la création artistique. Mais c’est avec le fameux graveur Albert Yersin, au cap de sa trentaine, qu’Armand se trouve un vrai mentor et un père de substitution. « Je préparais alors ma première expo. Et tout de suite, Yersin m’a encouragé». Une bourse de la Fondation Bailly vient confirmer ce verdict du maître: « La rigueur, tu l’as, mais maintenant vas-y, ouste, grave ! ».
Depuis lors, par le dessin, la sculpture, la gravure dans laquelle il insère de plus en plus la parole des poètes – et des plus grands de l’époque, devenus ses correspondants ou ses amis, comme le regretté Mahmoud Darwich, Jean Pache plus près de nous, Guillevic, Bonnefoy et tant d’autres. « Je me nourris des mots des poètes », conclut Armand J. Desarzens dont les merveilleuses architectures imaginaires, folles guipures arachnéennes en trois dimensions, nous entraînent d’un infini à l’autre des deux extrêmes de l’Univers. Et quand on lui demande quel fil rouge court à travers sa vie, Armand C. Desarzens de répondre sans hésiter: « Je crois que tout ce que je fais correspond, finalement, à un immense besoin d’absolu »…
DATES
1942 Naissance, à Lavey. Retiré à ses parents. Placé. Enfance difficile.
1956 Rencontre du poète et artiste Etienne Chevalley, premier mentor.
1967 Rencontre de Charlise, qu’il épousera.
1972. Rencontre décisive d’Albert Y. Yersin, maître graveur.
1973. Première exposition à la Galerie Unip à Lausanne. Bourse de la Fondation Alice Bailly. Suivront une vingtaine d’expositions personnelles ou collectives.
2006 Grand Prix de la Fondation vaudoise pour la culture.
…Je ne te dis pas la griserie, mon chéri, quand tu as toute le route devant toi et que la route te tend les bras, si j’ose dire (et j’ose), et que cette route est Notre Avenir, voilà : tu as tout de suite compris que c’était CE modèle que je voulais, à conduite assistée, le nec plus de la technologie japonaise, l'insoutenable légèreté de l'être nippon - et maintenant viens pousser celle que tu aimes, mon amour: à nous la Liberté…
Image : Philip Seelen
… Ce que je vous reproche de n’avoir pas assez relevé dans votre analyse, Marie-Laure, c’est le fait que le dispositif narratif de la nouvelle intitulée Le Passe-Muraille, qui focalise le geste de l’actant dans la représentation, surcodée par le genre fantastique, des motifs de la souplesse et du passer-vers – ce dispositif typique de la posture anarchisante (voire réactionnaire dans son refus du principe de réalité) de l’auteur, met clairement en jeu la description/opposition d’un espace opaque problématisant la thématique de l’Obstacle (autre signe d’évitement du Réel au sens marxiste, chez un Marcel Aymé notoirement de droite), et l’occurrence individualiste de la figure fuyante que l’éveil de sa conscience fige soudain dans la matérialité retrouvée des éléments idéologiquement non-résolus du pacte narratologique…
Image : Philip Seelen
…T’es qui, toi ? t’es qui pour te payer un nase pareil, tu dois être Juif toi, ça m’étonnerait pas que tu sois Juif, ou Palestinien, tiens, pour faire bon poids, et pourquoi pas Juif palestinien pendant que tu y es, non mais tu t’es vu ? Tu serais Palestinien de Gaza de mère juive et de père mahométan que ça m’étonnerait pas, tant qu’on y est, et après ça tu t’étonnes qu’on te lacère ?...
Philip Seelen
Celui qui retrouve sa cheffe de projet dans le camp sécurisé de Palavas-les-flots / Celle qui apporte des oranges à la détenue du camping bio / Ceux qu'on accueille dans l'ancien bunker alpin aux meurtrières donnant sur le lac bleu ciel / Celui qui prend l'apéro dans l'espace fumeurs des souterrains vitrés / Celle qui admoneste le mégot sûrement complotiste / Ceux qui rejoignent les évangéliques sur l'aire de lancement des drones d'assistance spirituelle / Celui qui se recueille dans la chapelle relookée par le plasticien de Brisbane / Celle qui fixe le mérou à l'air insoumis / Ceux qui tapent le carton en citant les apôtres du Nouvel Âge / Celui qui opte pour un Christ sans faciès inapproprié genre Ben Laden / Celle qui flaire le musulman à distance / Ceux qui se délassent dans le Groupe Nature aux membres cooptés / Celui qui s'éclate en toute liberté sur son yacht blindé / Celle qui se retrouve au Lavandou avec ses 666 followers / Ceux qui découvrent que Babylone est le gîte du hérisson (Isaïe, XIV, 23) en parcourant un Ancien Testament trouvé à la ressourcerie du camping / Celui qui coache les pèlerins coréens de Czestochowa venus s'agenouiller devant la vierge noire et tâter de la vodka au miel / Celle qui a pris conscience de son surpoids en Bavière et appris au Kenya à s'en foutre / Ceux qui ne passeront pas l'été à lire des romans de l'automne, etc.
Peinture: Pierre Lamalattie
…Moi aussi, Léonide, je suis dans la mouvance transgenre, je trouve incroyable qu’on nous cloisonne, toi sous prétexte que t’as des couilles et que t'es donc un violeur potentiel, moi du fait de mes études de clavecin - nous deux on fusionne, même si t’es voile et vapeur sur les bords et que j’en pince pour les marmottes moites…
Image : Philip Seelen
…Moi je ne vous ai rien demandé, mes volcans ne prouvent rien ni mes geysers ni mes chutes de roche ou de glace, mais c’est à vous de voir jusqu’où vous irez dans la gestion de mes ressources, comme vous dites, moi je ne me fie qu’au Plan général : je repousse où ça me chante à la lumière des lucioles ou des constellations, et tant pis si vous me laissez seule avec les grillons et les étoiles de mer, ma foi c’est vous qui savez, votre temps est compté et ce n’est pas moi qui ai inventé le sablier…
…T’as beau lui dire : HALTE ! ça n’y changera rien, le mec est buté, t’as beau lui dire et lui répéter que seule l’inflexibilité de l’esprit humain, fermement dressé sur le front des violence qui le menacent, prêt au sacrifice et à la mort, et proclamant HALTE ! pas un pas de plus !, t’as beau lui répéter que seule cette inflexibilité assure la défense de la paix pour tous, le mec en futal de guerre et en pompe civile, typique du méli-mélo de l’époque, n’en a qu’à sa marche et à son but de se faire buter…
Image: Philip Seelen.
… Au point d’effusion de la présence il importe de rappeler à chacune et chacun, selon son mérite avéré par les instances secrètes, qu’elle ou il participent de la Société des Êtres, au titre de laquelle chacune et chacun se reconnaît unique et mérite donc haute attention, et d’abord de sa propre part, après quoi l’attribution de l’Auréole par les instance secrètes se fait à main levée, selon la qualité du pardon…
Image. Philip Seelen.