








UA-71569690-1
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
À propos d' Invention des autres jours, de Jean-Daniel Dupuy.
C’est un livre extraordinairement insolite et fascinant qu’Invention des autres jours de Jean-Daniel Dupuy. Inventif et déroutant, séduisant à de multiples égards mais exigeant aussi une attention créative de la part du lecteur, ce roman kaléidoscopique saisit par son ton et sa tournure, d’une totale singularité, tout en rappelant de multiples démarches littéraires ou plastiques. Pour le Labyrinthe qu’on y parcourt, la référence aux architectures de Piranèse ou aux dédales graphique d’Escher s’impose, de même que son climat de fantastique urbain et ses personnages humains-animaux peuvent évoquer les univers d’un Druillet ou d’un Enki Bilal. Littérairement parlant, on pense immédiatement à l’univers d’un Antoine Volodine, donc rétrospectivement au fantastique poétique de Borges ou de Cortazar, aux fables onirico-sociales d’un Kadaré ou d’un Buzzati, tant qu’à la poésie crépusculaire de Kafka, enfin à toute une tribu de créateurs d’univers parallèles, de Lovecraft à Jean-Marc Lovay.
Singulier par sa vision poétique et son écriture, sa construction et ses résonances, Invention des autres jours l’est également par sa réalisation, autant par les gravures originales de Georges Boulard que par sa maquette et sa typographie, aux bons soins de Jeanne Willa et Paul Vignes. Il y a là un travail collectif d’une rare cohérence, jusqu’à l’impression des ouvriers luddites (sic) de Corlet, à Condé-sur-Noireau, pour les éditions Attila…
Mais en quoi consiste, plus précisément, cet O.V.N.I. littéraire ? Une excellente description en est faite, dans sa postface intitulée Inventaire/Invention, par Benoît Virot. Avec ceci d’abord pour la forme : « Harnaché de notices et de protocoles, qui s’imposent au lecteur comme s’il devait les ingérer, ce livre est une citadelle de récits croisés, enchâssés les uns dans les autres. Roman-puzzle, aléatoire et contre-utopique, Invention des autres jours est un bréviaire de l’oppression contemporaine… à la frontière de l’Histoire et du contemporain, de l’oralité et du lyrisme, du réel et de l’hallucination ». Toujours pour sa forme, il faut préciser que le livre se divise en cinq sections (PRISON, HéLICES, PONT, ORGUES et ARSENAL), elles-mêmes subdivisées en cinq chapitres dont les titres désignent autant d’inventions (dans PRISON ce sont ainsi Les allumettes de sûreté, Le panoptique, La cortisone, Les cigarettes hongroises et La dynamite), à quoi s’ajoutent de brèves notices sur lesdites inventions où l’on apprend, par exemple, que la première montre automatique Jaeger-Lecoultre date de 1953 - année de la mort de Staline, ajouterons-nous.
Pour autant, cet inventaire d’inventions n’a rien de systématique ni de limité. Loin du programme documentaire, chaque titre d’invention fait plutôt fonction de touche musicale, sur le grand orgue de l’Auteur, dont on verra qu’il est hydraulique et peut jouer tout seul à l’eau de pluie.
Benoît Virot parle de « citadelle de récits » à propos d’Invention, mais il faut préciser alors que ce château de l’Imaginaire est largement ouvert à tous les vents de la narration.
Tout se passe après une Catastrophe initiale : l’explosion d’une Centrale dont les causes et les conséquences ne sont pas vraiment expliquées. Tout, d’ailleurs, est aléatoire dans ce roman, à commencer par les personnages, et le principal d’entre eux : ce nommé Décembre à l’identité changeante, auquel on s’attache et qui s’esquive, à la fois révolutionnaire et criminel, rêvant d’accomplir un crime gratuit et fomentant son propre assassinat, participant à la création d’un Nocturama salvateur pour les papillons de nuit et disparaissant comme il a surgi.
Le lecteur en mal de logique ordinaire, qui chercherait une allégorie sociale ou politique dans cette fresque visionnaire pourtant saturée de « signes » critiques, ne peut se reposer ici sur aucune certitude. « Il n’y a plus de programme politique, seulement des forces de répression qui réagissent aux sauts d’humeur de l’opinion publique », lit-on certes dans la dernière section où les forces obscures de la guerre et de la répression contre les marginaux, les chiens-hommes et les hommes-singes, semblent dominer et vaincre. Mais là encore rien n’est sûr, comme si tout restait ouvert dans la nuit des lucioles. D’ailleurs la dernière section du livre est chronologiquement la première…
Enfin il faudrait décrire, bien plus en détail, la « manière noire » de Jean-Daniel Dupuy, exactement prolongée par les gravures de Georges Boulard, qui filtre la lumière de ce roman plein de fantaisie et de surprises ludiques, nullement cafardeux. Sur le noir d’une inquiétude latente, l’art du conteur, généreux et candide, comme celui du graveur au saphir, est porteur de lumière.
Jean-Daniel Dupuy. Invention des autres jours. Attila, 225p.
Cet article a paru dans la livraison d'été 2010 du Passe-Muraille, N0 83, dont l'ouverture était consacrée à un extrait du roman en chantier de Jean-Daniel Dupuy, sous le titre de Noctogrammes.
À Venise nous étions trois
à nous tourner autour:
la solitude, l’amitié et l’amour...
Tu m’avais dit que tu m’attendais chez Florian,
mais il n’était pas dans l’annuaire,
et tu t’es moqué;
ou c’était plus tard, une autre année
quand je croyais encore à l’amitié,
et l’amour n’était pas chez Florian non plus -
qui m’attendait ailleurs...
La première fois j’étais venu seul,
il neigeait sur la lagune
et déjà tu me manquais
d’amitié ou d’amour, je ne sais -
on ne sait rien à Venise
quand l’eau monte dans la nuit nocturne;
j’étais seul et dans le miroir
l’ombre a failli m’emporter...
Une autre fois, aux Zattere,
quelqu’un me dit qu'il m'attendait,
qui peut-être m'aurait aimé,
mais là encore j’étais ailleurs...
Et après ? Où est celui que je serais
si nous nous étions attendus
sous le haut ciel de Tiepolo
où les eaux se diluent ?
Au vrai, seul reste enfin l’amour
aux amis qui se rappellent,
et le vieil Ezra, aux Zattere,
dans le temps infidèle,
depuis toujours regarde ailleurs...
Deux séries télé remarquables, respectivement suédoise et australienne, Une si belle famille et La Gifle, nous proposent, avec humour acide mais tolérant ou plus noire lucidité, des aperçus diversifiés de l’évolution des relations familiales.
«Toutes les familles heureuses se ressemblent , mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon », écrivait Tolstoï à l’amorce d’Anna Karenine son grand roman qu’on pourrait dire de l’éternel bonheur malheureux de l’humanité, et nous ne sommes pas sortis de la bonne auberge, me disais-je ces jours en songeant à l’apparent chaos de la famille humaine honnie par les uns (le fameux « familles je vous hais ! » d’André Gide) et vénérée par d’autres comme un modèle unique alors qu’elle se disloque et se recompose aujourd’hui tantôt pour le pire et parfois pour le meilleur.
Or, après avoir visionné récemment les quatre épisodes épatants de la série suédoise justement intitulée Une si belle famille, qui s’ouvre sur Je mariage de deux jeunes jolies lesbiennes (l’une blanche et blonde et l’autre chocolat foncé) et s’achève par le baptême de la petite demoiselle conçue par la mère de l’une des mariées et le père de l’autre au soir foireux du mariage de leurs filles respectives, je me suis demandé ce qu’en eussent pensé mes gentils parents, plutôt tolérants mais non sans perplexité de bon sens alors que je suis de ceux qui « font avec »
Si la tonalité d’Une si belle famille est plutôt débonnaire, dans cette Suède apparemment plus évoluée, où le mariage pour tous semble ne faire aucun problème, contrairement à maints « cantons » helvètes ou européens, l’humour réellement réjouissant de la petite fresque nordique, qui a fait un « carton » chez les Scandinaves avant sa diffusion sur ARTE, relève d’un optimisme modéré qui tranche pour le moins avec l’acidité d’une autre série tournée aux Antipodes, intitulée La gifle et proposant huit points de vue sur un même incident qui eût paru dérisoire en d’autre temps et qui devient capital à l’ère du politiquement correct.
En résumé bref : au cours d’un barbecue d’anniversaire, le cousin du quadra fêté (deux machos grecs) flanque soudain une baffe à l’insupportable rejeton d’un couple genre intellos socialement fragilisés, après que le gamin a menacé son propre fils avec une batte et lui envoie un coup de pied dans les tibias.
Résultat : la fête virant cata, le macho traité de facho, plainte illico déposée, toutes rancoeurs de classes et de races soudain réveillées, et le bilan sera pour tous amer, quoique les uns et les autres auront peut-être appris quelque chose ? Chacune et chacun le dira…
Or la situation de La Gifle pourrait se transposer dans notre pays et partout où la pratique du barbecue n’a rien d’exotique. Et qu’arriverait-il alors aujourd’hui chez nous ou à côté de chez vous ? Telle est, entre autres, la question que pose La Gifle, série tirée d’un roman au considérable succès dans les pays anglo-saxons et qui se comprend, avec des réponses impliquant autant d’occurrences personnelles vécues, modulées avec une espèce honnêteté hyperréaliste très impressionnante.
Or c’est en écoutant les raisons individuelles, comme le propose l’auteur de La Gifle (l’immense Kurosawa avait suivi le même chemin multiple et convergent dans Rashomon), qu’une réflexion vivante me semble possible. Dans une grand roman, disait quelque part Henry James, tous les personnages ont raison, après quoi la lectrice et le lecteur se pointeront au prochain barbecue en meilleure ( ?) connaissance de cause…
Le murmure des dieux, film-choc de Tatsushi Omori
On voit d’abord des buffles cheminant lentement dans la neige, puis le regard se perd dans le poudroiement céleste des flocons évoquant autant de minuscules pétales, sur quoi l’écran se remplit de deux personnages assis côte à côte, un prêtre en soutane et lisant son bréviaire à haute voix tandis qu’un jeune homme à l’air grave le masturbe avec application.
Ainsi commence The whispering of Gods, premier long métrage du réalisateur japonais Tatsushi Omori présenté à Locarno en 2006 avec les précautions d’usage : « Le film comporte des images qui peuvent heurter la sensibilité de certains spectateurs », etc.
Si « rien » n’y est réellement exhibé, cet aperçu des pratiques sexuelles sévissant dans un monastère catholique de campagne, dont le recteur abuse régulièrement des novices pour finir par se faire sucer par un chien, peut en effet choquer par la brutale crudité de situations extrêmes, mais son propos est loin d’être gratuit, qui « travaille » la perversité liée à l’obsession sexuelle entretenue par l’interdit, entre pédérastie et viol de vierges.
Tiré d’une nouvelle de Mangetsu Hanamura, le film développe la figure centrale de Rou (magistralement interprété par Hirofumi Arai), jeune homme qui revient au monastère après avoir commis un double meurtre gratuit, qu’il confesse au supérieur du couvent en espérant que celui-ci, saint homme qui l’a toujours considéré comme un enfant « élu » sans savoir ce qu’il subissait en ces murs, reconnaisse l’énormité de son péché. Confronté au déni du pardon, l’adolescent va pousser, à travers le viol d’une religieuse du couvent, et jusqu’aux confins de ce que les théologiens tiennent pour le péché mortel par excellence, à savoir le péché contre l’esprit, son exploration du mal au terme de laquelle il ne trouve à vrai dire que l’amour, au cours d’une scène de fellation absolument « innocente», à l’opposé de toutes celles qui lui ont été imposées de force, se déroulant au milieu d’une batterie de poules affolées.
D’une intensité poétique lancinante, jouant sur le contraste entre la saleté morale et la pureté des corps, ce film est à la fois dérangeant et passionnant par sa façon d’illustrer, par delà toute perversion, l’amour réellement incarné, luisant comme le « brin de paille » de Verlaine au milieu de l’ordure.
À propos d'un livre amical proposant un Bref aperçu des âges de la vie. Où Jean-François Duval prouve qu'on peut être philosophe en méditant assis devant son chien, un couteau à pamplemousse ou sa vieille mère peinant à nouer ses lacets...
Jean-Francois Duval est à la fois un jeune fou et un vieux Monsieur posé, un enfant couratant en tous sens et le penseur de Rodin, un auto-stoppeur de tous les âges, l'homme de Cro-Magnon et le gérontonaute du futur - mais qui est au fond ce type qui ose dire JE et ne fait à vrai dire que ça sans s'exhiber pour autant devant sa webcam: plus discret, plus pudiquement réservé, plus débonnairement délicat ne se trouve pas souvent chez un JE qui n'est autre que notre NOUS multiface. Je suis donc nous sommes, pense en somme Jean-Francois Duval, et tous nos MOI volent en éclats après autant de mues, à travers les âges, pour se reconnaître dans cette universelle fiction verbale du JE. Au commencement était le verbe: JE suis donc Je pense donc j'écris, etc.
Marcel Proust a fait l'inventaire pléthorique, dans sa Recherche du temps perdu, des multiples MOI de son Narrateur (l'un de ses MOI et plus encore), et de leurs transformations à travers les années et les circonstances, de leur effacement occasionnel ou de leur réapparition fortuite sous un effet non moins imprévu (le coup de la madeleine ou du pavé inégal), mais le JE qui gribouille ses cahiers est unique par sa voix et son ton, comme est unique la voix du rabbi juif Ieshoua (dixit André Chouraqui) ou le ton du poète beatnik Charles Bukowski.
D'une façon analogue, mais avec un grain de sel de modestie narquoise, quelque part entre le pédagogue humoriste Roorda et le pédéraste ironiste Oscar Wilde, le compère Duval regroupe ses MOI et les nôtres pour leur faire danser le madison, cette danse en ligne des Sixties en laquelle il voit une sorte d'image du collectivisme bien tempéré, notant au passage que l'amer Michel Houellebecq gagnerait peut-être à s'y mettre. Bref, le JE du meilleur ami de sa chienne mène la danse et nos MOI fusionnent dans le temps en hologramme palimpsestueux...
Comme le précise Wikipedia, Jean-Francois Duval, auteur d'une dizaine de livres, a longtemps disposé de ce sésame qu'est une carte de presse, qui lui a permis de rencontrer quelques grands écrivains et autres clochards dont il a documenté la vie quotidienne. C'est à ce titre sans doute qu'il a rencontré Alexandre Jollien, qui le gratifie ici d'une préface très fraternelle.
Or c'est avec le même passe-passe qu'un jour, rencontrant moi aussi Jollien après la parution de son premier livre, je vécus cet épisode qui pourrait être du pur Duval. À savoir que, ce jour-là, après que le fameux Alexandre se fut pointé à notre rendez vous à bord d'une espèce de grand tricycle, et nous trouvant à la porte de son bureau, il me pria d'insérer à sa place la clef dans la serrure de celui-ci pour pallier sa maladresse d’handicapé - après quoi le philosophe, tel un albatros désempêtré de son grand corps patapouf, s'envolait sur les ailes de la pensée de Boèce !
J'ai fait allusion à la chienne de Duval, qui est elle-même une question philosophique sur pattes, mais une anecdote encore à propos de Jollien, en promenade avec son ami au parc Mon- Repos de Lausanne dont les volières jouxtent un bassin à poissons rouges. Alors Alexandre à Jean-François : "Plutôt oiseau où poisson ?" Et Jean-François: plutôt oiseau, avec des ailes pour gagner le ciel. Mais Alexandre : plutôt poisson, pour échapper aux barreaux...
Ainsi ce Bref aperçu des âges de la vie fait-il valoir de multiples points de vue qui, souvent, se relativisent les uns les autres sans forcément s'annuler, et c'est là que l'âge aussi joue sa partie.
Puisant ses éléments de sagesse un peu partout, Duval emprunte à Jean-Luc Godard, rencontré à Rolle au milieu de ses géraniums, l'idée selon laquelle les âges les plus réels de la vie sont la jeunesse et la vieillesse. Georges Simenon pensait lui aussi que l'essentiel d'une vie se grave dans les premières années, et à ce propos l'on retrouve, dans le livre de Duval, le charme et la totale liberté de parole des dictées du vieux romancier. Pour autant, Duval se garde d'idéaliser l'enfance ou l'âge de la retraite (ce seul mot d'ailleurs le fait rugir), pas plus que le familier des beatniks n'exalte les années 60 en général ou mai 68 en particulier.
Philosophiquement, au sens non académique en dépit de ses multiples allusions à Spinoza ou Sartre, Wittgenstein ou Camus, entre autres, Jean-Francois Duval s'inscrit à la fois dans la tradition des stoïciens à la Sénèque ou des voyageurs casaniers à la Montaigne, et plus encore dans la filiation des penseurs-poètes américains à la Thoreau, Emerson ou Whitman, avec une propension de conteur humoriste à la Chesterton ou à la Buzzati, toutes proportions gardées.
À cet égard, Duval ne pose jamais ni ne cherche à en imposer. Un pédant le raccordera peut-être à l'empirio-criticisme pour sa façon de découvrir l'essence de l'esprit critique dans le couteau courbe à pamplemousse, mais il n'en demande pas tant, et sa façon de constater la disparition du sentiment sartro-camusien de l'Absurde relève de l'observation non dogmatique.
À juste titre aussi, Duval constate l'augmentation de la presbytie liée à l'âge, qui nous fait trouver plus courts les siècles séparant les fresques de Lascaux des inscriptions numériques de la Silicon Valley, et plus dense chaque instant vécu. Rêvant de son père, le fils décline franchement l'offre de poursuivre avec celui-ci une conversation sempiternelle dans un hypothétique au-delà, en somme content de ce qui a été échangé durant une vie ou le non-dit voire le secret gardent leur légitimité; et ses visites à sa mère nonagénaire ne sont pas moins émouvantes, mais sans pathos, même s’il se sait exclu du bal des clones futurs.
Un bon livre est, entre autres, une cabane où se réfugier des pluies acides et des emmerdeurs furieusement décidés à sauver le monde. Du moins Jean François Duval est-il un compère généreux , qui parie pour la bonne volonté pragmatique de nouvelles générations se rappelant plus ou moins les lendemains qui déchantent de diverses utopies meurtrières, sans cynisme pour autant.
Dans ses observations de vieux youngster (ce salopard est né comme moi en 1947 !) Jean- François Duval constate que la marche distingue l'adulte de l'enfant (et du jogger ou du battant courant au bureau), de même que la station assise caractérise le penseur et son chien, tandis que le noble cheval dort debout dans la nuit pensive. Or la fantaisie n'est pas exclue de la vie du sage, que sa tondeuse à gazon mécanique emporte au-dessus des pelouses tel un ange de Chagall. Alexandre Vialatte dirait que c'est ainsi qu'Allah est grand, alors que Jollien souligne le bon usage de tous nos défauts (inconséquence et paresse comprises) dans notre effort quotidien de bien faire, rappelant l'exclamation de Whitman et la bonne fortune de chacun: "Un matin de gloire à ma fenêtre me satisfait davantage que tous les livres de métaphysique !"
Jean François Duval, Bref aperçu des âges de la vie. Préface d’Alexandre Jollien. Michalon, 238p. 2017.