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Le Grand Tour

 
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48. Fugues helvètes
J’entamai ce matin-là un périple ferroviaire d’un mois à travers la Suisse. Je me proposais de consigner, à tout instant, mes observations sur les lieux et les gens, qui me viendraient comme je les attendaiss ou ne les attendais pas, au bonheur la chance.
J'étais alors parti en direction du Valais, me proposant de remonter ensuite, de Brigue, par la voie transalpine du Lötschberg à la formidable enfilade de tunnels, vers les cantons du cœur du pays.
J’avais quitté la lumière lémanique du Haut Lac vers huit heures, pour m’enfoncer dans les brumes du Rhône encore tenaces dans l’étranglement de Saint Maurice d’Agaune, bientôt dissipées quand la plaine soudain s’était élargie et verdoyait au coude de Martigny. Les collines jumelles de Sion m'étaient bientôt apparues en silhouettes bleuâtres, tout là-haut j’avais salué la silhouette farouche de la Quille du Diable dans l’échancrure de Derborence.
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Puis, à Sierre, mon regard s'était déployé sur les coteaux radieux de la Noble Contrée, je m'étais rappelé ma rencontre, il y a bien des années, de la toute vieille Madame de Sépibus, dédicataire des Quatrains valaisans de Rainer Maria Rilke, qui m’avait reçu, jeune et pantelant de timidité, dans sa vieille demeure de séculaire aristocratie aux boiseries grises à liserés bleu clair. Je me rappelai que la vieille égérie du poète me semblait avoir une peau de papier d’Arménie, et que je me sentais bien grossier dans mes jeans et avec mes longs cheveux.
Or elle se montrait touchée du fait que cette espèce de balbutiant beatnik se souciât à son tour de son poète dont l’adoration survivait en elle, dans le tremblement de ses doigts presque transparents, tandis qu’elle me faisait voir les manuscrits originaux de l’ange disparu…
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Mais voici qu’on arrivait au fond de la vallée qu’annonce la bilingue dame du train : wir treffen in Brig ein, EndStation. Nous arrivions à Brigue, station terminus; et de fait, c’était bien un verrou que représentait ce lieu, au-delà duquel il fallait franchir une haute marche pour continuer vers l’Est dans le Goms, la vallée de Conches, les hauts du glacier du Rhône et, plus loin encore, les vals suspendus de l’Engadine, pays de Nietzsche et de l’ours revenu des Balkans...

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