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Faits et fiction

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(Pages d'un journal)
 
À la Maison bleue, ce mercredi 21 avril, au soir. – Après avoir envoyé ce matin, à mes amis de BPLT, mon journal de lecture du Monde d’avant, j’ai décidé de mettre de l’ordre dans mes propres « journaliers » et autres travaux en chantier, de compléter mes carnets de L’Année zéro, à savoir 2020, et de réviser l’édition définitive de Czapksi le juste et celle de Mémoire vive (journal 2013-2019) , plus mes deux recueils de poèmes (La Chambre de l’enfant et Le Chemin sur la mer), mes chroniques et Le Grand Tour, en attendant de revenir au roman en cours, etc.
Si la publication prochaine de mes divers textes ne m’inquiète pas autrement, ni moins encore ne m’obsède, je tiens cependant à la préparer soigneusement, d’une part en achevant tous les manuscrits, disponibles sur le CLOUD, et ensuite en prenant une certaine nombre de contacts avec des éditeurs prêts à entrer en matière de façon sérieuse...
 
Ce jeudi 22 avril. – Ainsi aurai-je passé des plus de 800 pages du journal de l’ami Roland aux plus de 500 pages du nouveau roman autobiographique de Martin Amis, me suis-je dit tout à l’heure en faisant du surplace dans ma Honda Jazz bloquée par l’encombrement matinal alors que j’avais rendez-vous à huit heures avec la nouvelle dentiste au nom sûrement portugais m’évoquant à la fois celui de la peintre Vieira da Silva et le village de Carvoeiro, et la vague crainte de la douleur prochaine m’a rappelé les douzième et treizième épisodes de la série coréenne vue hier soir dont le double thème est l’euthanasie et cette maladie effrayante du médecin protagoniste Cha jo-han caractérisée par l’incapacité totale de ressentir aucune douleur.
Comme nous étions arrêtés à la hauteur du collège des Chamblandes (longue file de jeunes gymnasiens masqués sortant du bus bleu), je me suis dit qu’un prof pourrait faire, de cette fiction médicale, un cours passionnant sur ces deux thèmes modulés par quelques situations bouleversantes, avec des acteurs mieux individualisés et plus attachants les uns que les autres, sur quoi j’ai appelé Lady L. pour la prier d’avertir le cabinet dentaire de mon retard, et un quart d’heure plus tard j’y étais, pour une intervention d’une heure (anesthésie parfaite) qui s’est soldée par ce constat lamentable: deux de mes trois dernières dents à arracher, donc N’A qu’Une Dent sera mon surnom de demain… et j’avais encore la mâchoire insensible quand, sur le chemin du retour, j’ai commandé un grand crème à la terrasse ensoleillée du Major Davel, à Cully, avant de proposer à Jackie de me rejoindre, avec laquelle nous avons passé deux heures à clabauder et à rire beaucoup tandis que Tonio faisait des longueurs à la rame sur son esquif, à deux ou trois cents mètres du rivage…
La pensée de la mort l’angoisse, me répète J., surtout par rapport à ses enfants, elle me dit en outre cotiser à l’association EXIT, mais elle se récrie quand je lui recommande ma série coréenne en prétextant le goût écœurant de son père pour le feuilleton américain Top Model jusqu’au dernier jour de sa vie, et j’ai beau lui jurer que ça n’a rien à voir, je la sais têtue comme un mulet jurassien et ce qu’elle a vécu en tant que soignante durant ses années passées aux soins palliatifs lui donne en somme le droit d’ignorer ces horreurs, donc nous en évoquons d’autres, l’imbécillité de celui-ci et les extravagances de celui-là ou les derniers jours comparés de nos chers disparus plus que jamais présents, etc.
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Dès les premières pages d’Inside story, Martin Amis affirme qu’il en a plus dit sur lui-même dans ses romans qu’il ne le pourra dans aucun écrit autobiographique, sauf à passer par la fiction, car la fiction représente à ses yeux la liberté, et je surabonde en me rappelant Le viol de l’ange où je me suis impliqué de façon beaucoup plus libre et profonde que dans mes propres «journaliers», quand bien même mon roman serait resté virtuel dans sa conception… Tout est dans le décalage subtil entre faits et fiction, et les livres de Tonio procèdent de la même transposition...
Et cela encore à propos de Jackie : qu’elle me dit que les grands écrivains, de toute façon ne meurent pas, et je le prends pour moi puisque je vis avec Charles-Albert et Witkacy depuis ma première vingtaine, avec feu Marcel Proust autant qu’avec la toujours vivante Annie Dillard, entouré de milliers de morts qui me sont plus vivants que pas mal de morts-vivants pas encore clamsés, etc

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