
Celui qui déjoue le leurre des heures / Celle qui voit partout des tableaux d’elle / Ceux qui sourient dans leur cercueil roulant capitonné tout cuir de Russie / Celui qui rêve qu’il ne dit mot et consent sans savoir pourquoi / Celle qui se confie à ceux à qui celui qui la leur a confiée se fie / Ceux qui surmontent leurs montagnes de problèmes avec la grâce des cumulo-nimbus de l’arrière-pays préalpin vers la fin avril / Celui qui marche sur les eaux dans une dimension spatio-temporelle où le miracle est à la portée du premier messie un peu exercé / Celle qui brade la fortune du mandarin distrait / Ceux qui font du trafic de vocables rares / Celui qui a pas mal joué avec sa cousine de sept ans dont les bajoue actuelles lui évoquent le fameux Edward. G. Robinson hélas décédé / Celle qui fait parquer la Bentley du cardinal à la hauteur du petit bois dans lequel elle a connu ses premiers émois physiques et même métaphysiques n’est-ce pas Monseigneur ? / Ceux qui sont à cheval sur les principes et même debout sur le cheval au garde-à-vous / Celui qui aurait tellement aimé connaître les petites Bretonnes du temps d’Apollinaire et jusque dans les années 50 / Celle qui se fortifiait à la musculine Bichon au dam du curé des Batignolles qui la destinait plutôt à l’Epoux / Celui qui a toujours déploré le matérialisme un peu dégoûtant des miracles / Celle qui aime bien les Parisiens sauf en boîte ou au camping / Ceux qui font la lecture de la Loi d’Archimède au condamné avant de le pousser du haut de la falaise d’une chiquenaude / Celui qui a fait sa crise mystique comme tout le monde avant de jeter son uniforme de postier aux orties ce qui semble contradictoire mais pas tant si l’on y réfléchit à deux fois / Celle qui croyait purger ses colères à Lourdes sans s’attendre aux files d’attente / Ceux à qui Paul (l’apôtre) fait dire que « tous les saints les saluent » et qui le prient de leur rendre la pareille de la part de tous les Corinthiens et compagnie / Celui qui léviterait volontiers pour la chaîne catholique sauf qu’il est sous l’eau avec des semelles de plomb indispensables à l’entretien de la station de forage norvégienne / Celle qui t’écrit ce matin par SMS qu’on peut « à tout instant user du pouvoir d’aimer ses ennemis, accepter l’échec, la calomnie ou la douleur de la perte, ou encore endurer la torture », et à qui tu réponds fissa de ne pas oublier sa prise matinale d’Aspirine Cardio + et de saluer les enfants de ta part/ Ceux qui estiment que l’absolu est à la portée de tous à tout instant sans en tirer d’autre enseignement ce matin que la jouissance particulière ce matin de se taper un Continental Breakfast géant sur une tour de Macao, etc.
Image : Philip Seelen
 
  Celui qui récrimine tellement qu’il lui est venu une gueule de dragon domestique japonais figé dans le bois dur / Celle qui peuple son aire de concierge du 21 de la rue de la Félicité (Batignolles) de l’Universelle Jérémiade / Ceux qui se réveillent furieux et se mordent parfois eux-mêmes dans le miroir ébréché de leur putain de lavabo / Celui qui se pose en nouveau Léon Bloy alors que plus personne ne se rappelle le style flamboyant de l’Entrepreneur de démolition et ne peut donc clouer le bec au fâcheux / Celle qui évite de mettre son parâtre en colère de crainte de le voir expulser une fois de plus son appareil dentaire et d’avoir une fois de plus à le ramasser vu qu’il est paralysé / Ceux qui ne peuvent entrer en contradiction qu’en vociférant à l’instar de leur chef de parti de plus en plus sourd et fascisant / Celui que l’académicien Jean Dutourd cherche à convaincre que le Club des Ronchons est en somme un aréopage de joyeux drilles / Celle qui peste à tout propos et diffuse une odeur d’ail qui accentue encore l’aigreur de ses propos / Ceux qui ne se parlent qu’en hurlant dans le bruit de machines du sous-marin et se révèlent de très doux compères à l’heure du thé / Celui qui a enregistré plusieurs discours d’Adolf Hitler sur une cassette qu’il envoie à tout interlocuteur qui l’embête au téléphone / Celle qui ne crie jamais que de plaisir / Ceux qui n’ont jamais vu Thomas Bernhard sortir de sa réserve discrète en tout cas dans les cafés de Salzburg où ils le croisaient à l’époque / Celui dont l’alacrité dans l’irascibilité fait toussoter les autres conseillers de la paroisse des Oiseaux / Celle qui admoneste ses jeunes employées de mauvais poil sous prétexte que ce n’est pas ainsi qu’on va séduire le client / Ceux qui se plaindraient s’ils n’avaient plus de quoi râler, etc.
Celui qui récrimine tellement qu’il lui est venu une gueule de dragon domestique japonais figé dans le bois dur / Celle qui peuple son aire de concierge du 21 de la rue de la Félicité (Batignolles) de l’Universelle Jérémiade / Ceux qui se réveillent furieux et se mordent parfois eux-mêmes dans le miroir ébréché de leur putain de lavabo / Celui qui se pose en nouveau Léon Bloy alors que plus personne ne se rappelle le style flamboyant de l’Entrepreneur de démolition et ne peut donc clouer le bec au fâcheux / Celle qui évite de mettre son parâtre en colère de crainte de le voir expulser une fois de plus son appareil dentaire et d’avoir une fois de plus à le ramasser vu qu’il est paralysé / Ceux qui ne peuvent entrer en contradiction qu’en vociférant à l’instar de leur chef de parti de plus en plus sourd et fascisant / Celui que l’académicien Jean Dutourd cherche à convaincre que le Club des Ronchons est en somme un aréopage de joyeux drilles / Celle qui peste à tout propos et diffuse une odeur d’ail qui accentue encore l’aigreur de ses propos / Ceux qui ne se parlent qu’en hurlant dans le bruit de machines du sous-marin et se révèlent de très doux compères à l’heure du thé / Celui qui a enregistré plusieurs discours d’Adolf Hitler sur une cassette qu’il envoie à tout interlocuteur qui l’embête au téléphone / Celle qui ne crie jamais que de plaisir / Ceux qui n’ont jamais vu Thomas Bernhard sortir de sa réserve discrète en tout cas dans les cafés de Salzburg où ils le croisaient à l’époque / Celui dont l’alacrité dans l’irascibilité fait toussoter les autres conseillers de la paroisse des Oiseaux / Celle qui admoneste ses jeunes employées de mauvais poil sous prétexte que ce n’est pas ainsi qu’on va séduire le client / Ceux qui se plaindraient s’ils n’avaient plus de quoi râler, etc.







 Celui qui tient un
Celui qui tient un

 Celui qui rebondit ce matin bleu comme un lièvre blanc / Celle qui habite à merveille son prénom de Luciole / Ceux qui éteignent la médisance d’un sourire lointain / Celui qui a appris la joie dans les pires difficultés / Celle qui égaie sa mère grabataire en imitant des chants de passereaux de nos pays et environs/ Ceux qui estiment que chaque matin est le premier du monde / Celui qui parle du nez comme un phonographe du temps des 78 tours / Celle qui dit se bien entendre avec la peau de son conjoint Paul-André / Ceux qui se marrent tout seuls dans la foule de l’heure de pointe on ne sait trop pourquoi ni eux non plus / Celui qui parle à Mozart en regrettant qu’il soit mort si jeune mais en l’assurant de ce que sa musique l’aide à positiver au Bureau des réclamations dont il tient le guichet le vendredi / Celle qui se rappelle le crâne sourire de son fils Aurélien quand le Docteur lui a fait comprendre qu’elle le quitterait bientôt / Ceux qui aiment ce monde qui jamais ne fait la gueule / Celui qui a compris que c’est en agressant la toile qu’il en tirerait le portrait de sa Douce / Celle qui conseille à sa fille de ne rien faire à la va-vite et surtout pas l’amour et ses lettres à son père le taulard / Ceux qui sont obligés de voler très bas pour épandre de l’insecticide et risquent ainsi de tomber comme des mouches hélas c’est comme ça / Celui qui hésite à noter dans son mémoire de Master que Faulkner apprécie le fond de culotte des petites filles qui montent dans le poirier / Celle qui s’exclame « faites entrer les fauves ! » quand elle se met à sa table à écrire de romancière mystique sur les bords / Ceux qui considèrent leur enfance comme la seule expérience divine qu’ils ont faite de première main, etc.
Celui qui rebondit ce matin bleu comme un lièvre blanc / Celle qui habite à merveille son prénom de Luciole / Ceux qui éteignent la médisance d’un sourire lointain / Celui qui a appris la joie dans les pires difficultés / Celle qui égaie sa mère grabataire en imitant des chants de passereaux de nos pays et environs/ Ceux qui estiment que chaque matin est le premier du monde / Celui qui parle du nez comme un phonographe du temps des 78 tours / Celle qui dit se bien entendre avec la peau de son conjoint Paul-André / Ceux qui se marrent tout seuls dans la foule de l’heure de pointe on ne sait trop pourquoi ni eux non plus / Celui qui parle à Mozart en regrettant qu’il soit mort si jeune mais en l’assurant de ce que sa musique l’aide à positiver au Bureau des réclamations dont il tient le guichet le vendredi / Celle qui se rappelle le crâne sourire de son fils Aurélien quand le Docteur lui a fait comprendre qu’elle le quitterait bientôt / Ceux qui aiment ce monde qui jamais ne fait la gueule / Celui qui a compris que c’est en agressant la toile qu’il en tirerait le portrait de sa Douce / Celle qui conseille à sa fille de ne rien faire à la va-vite et surtout pas l’amour et ses lettres à son père le taulard / Ceux qui sont obligés de voler très bas pour épandre de l’insecticide et risquent ainsi de tomber comme des mouches hélas c’est comme ça / Celui qui hésite à noter dans son mémoire de Master que Faulkner apprécie le fond de culotte des petites filles qui montent dans le poirier / Celle qui s’exclame « faites entrer les fauves ! » quand elle se met à sa table à écrire de romancière mystique sur les bords / Ceux qui considèrent leur enfance comme la seule expérience divine qu’ils ont faite de première main, etc.












