Celui qui se demande dans quelle mesure un Giotto reste un objet de merchandising tendance au jour d’aujourd’hui / Celle qui estime que sa petite vierge en plastique remplie d’eau de Lourdes n’est en rien comparable avec le Bouddha Gupta que sa nièce a reçu de son nouvel amant antiquaire athée / Ceux qui affirment qu’un jour on prouvera que le gène de la foi est ce qui distingue les croyants des incroyants et que ça aidera ceux-là à mieux comprendre ceux-ci et peut-être à les tolérer d’un point de vue scientifique va savoir / Celui qui fait commerce de tortues bénies Urbi et Orbi par Benoît XVI à la télé / Celle qui fout à la poubelle les psautiers de sa tante Alina sans même se demander si elle pourrait en tirer la moindre thune / Ceux qui revendent les croûtes de leur bisaïeul roumain sans se douter que l'art populaire subcarpathique est assez coté sur le marché de l'art nord-américain / Celui qui prétend avoir assisté par sept fois à la lévitation de Natuzza l’innocente et qui en a fait le récit sur Internet après avoir été rabroué par le curé de la paroisse sur ordre de l’évêché / Celle qui défend l’Art avec un grand A en ornant les murs de la salle d’attente de son institut de réflexologie de repros de Grands Mâitres découpées dans divers calendriers / Ceux qui retapent des flippers pour les fourguer aux établissements médico-sociaux à majorité de vieux babas / Celui qui revitalise les icônes vintages des séries B américaines / Ceux qui ont transformé l’ancien ciné porno du quartier en garderie multiculturelle / Celui qui pense qu’il pourrait se faire un peu de blé dans l’arrière-pays en mixant jodel et rap / Celle qui n’a rien perdu de ses illusions de jeune fille au pair devenue mère célibataire et veuve par défaut / Ceux qui ont orné leur jardin privatif de statues super-ressemblantes des Stones au format en résine garantie durable, etc.
Image: Philip Seelen