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  • Ceux qui se font du cinéma

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    Celui qui court après son ombre diluée par les spots /Celle qui accepte toujours trop d’interviews pour pouvoir en refuser assez / Ceux qui stressent à l’idée de ne pas speeder / Celui qui fait jouer son carnet d’adresses pour entrer gratos / Celle qui se réseaute all-casting /Ceux qui se font des toiles entre les lignes / Celui qui se sent moins obscur dans les salles noires / Celle qui est venue de Saint-Gall pour offrir un pain de poires typique à Ornella Muti / Ceux qui se battent au couteau au bord de la piscine genre Bigger Splash dont les eaux turquoises feront un beau contraste avec le rouge du sang giclé / Celui qui lit les chroniques de feu Serge Daney dans les vasque de la Maggia / Celle qui s’inquiète de ne pas recevoir de SMS de son fiston en camp WWF alors que sur l’écran de la Piazza les Miss se font éviscérer grave / Ceux qui se font leur propre film sans sortir de leur chambre agrandie par les effets du scotch / Celui qui se dit « en festival » comme sa secrétaire le dit « en conférence » / Celle qui reconnaît l’ex de son ami de lycée avec laquelle est parti son ex à elle après une soirée sur la Piazza Grande où se donnait La vie des autres / Ceux qui sont déçus en découvrant des penchants hitlériens au compagnon du patron du restau branché Da Renzo / Celui qui évoque ses amours à la Noémie Lvovksy qu’il aurait d’ailleurs pu rencontrer s’il en avait eu l’âge mais ça se choisit pas / Celle qui va de salle en salle sans cesser de se laver les mains entre deux / Ceux qui trouvent tout super pour ne pas regretter le prix de l’abonnement / Celui qui ne voit que les mauvais aspects des bons films / Celle qui s’affiche avec un candidat aux Léopards de demain en parlant fort pour si jamais / Ceux qui estiment que les festivaliers illustrent l’esprit grégaire typique de la société du spectacle comme l’ont bien vu un Guy Debord puis un Philippe Muray tous deux hélas décédés pour des excès d’alcool et de tabac / Celui qui aime les rituels locarnais genre lemoncino sur la Piazza ou petits dèjes à l’hôtel où l’on se raconte les films de la veille / Celle qui a vécu intensément la dernière journée de Satché dans Aujourd’hui le beau film tendre et mélancolique du Sénégalais Alain Doumis / Ceux qui se levant très tôt rencontrent au bord du lac ceux qui ne se sont pas couchés et parfois cela débouche sur une séquence aussi douce que celle de la toute fin de Festen…

    Image: une scène d'Aujourd'hui, film d'Alain Gomis.

  • Massacre sur la Piazza

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    En première mondiale, le nouveau film de Michael Steiner (Mon nom est Eugen et Grounding) combine glamour sexy et gore grinçant. La  Miss Suisse  Nadine Vinzens fait partie du casting réunissant 16 beautés…

    Le nom de Michael Steiner, réalisateur alémanique de 43 ans, s’est imposé en 2006 au premier rang du nouveau cinéma suisse. D’abord avec les chenapans à la Harry Potter de Mon nom est Eugène, plébiscité par plus de 500.000 spectateurs et gratifié du Prix du cinéma suisse à Soleure. Puis avec Grounding, mémorable docu-fiction consacré à l’effondrement de la Swissair. Six ans plus tard, après Sennentuntschi, film d’horreur combinant légende alpestre et réalité glauque, le quadra et son complice scénariste Michael Sauter poursuivent leur exploration des «genres» avec une comédie rose et noire. Entretien.     

    LocarnoSteiner2.jpeg- Quel est, Michael Steiner, le point de départ de ce nouveau film ? Pourquoi vous être intéressé aux Miss, et qu’en est-il de l’intrigue ?

    - Les concours de beauté ont quelque chose de fascinant, entre rêve et désillusion, et j’ai toujours eu un faible pour les minorités. Or il me semble qu’un réalisateur suisse doit se colleter une fois ou l’autre avec la réalité des minorités. C’est pourquoi j’ai embarqué 16 Miss sur une île, où elles vont être agressées par un tueur. Cela pose conjointement la  grave question de savoir si les Miss peuvent être sauvées de la disparition…

    - Comment avez-vous choisi les interprètes du film ? De vraies Miss figurent-elles dans le casting ?

    - Absolument: Nadine Vinzens a été Miss Suisse. Mais le casting n’a pas joué sur ce seul critère. Nous avons auditionné plus de 200 jeunes dames et notre choix ne s’est fait que sur leur talent. C’est ainsi que nous débarquons avec une brochette d’illustres inconnues, ce qui comporte évidemment un gros risque. Mais je crois à notre casting !

    - Pourquoi avez-vous choisi de tourner Das Missen Massaker en Thaïlande ?

    - Parce que l’histoire se passe sur une île exotique du nom de Gapo Guapo, dans l’atoll de Tanga. Et puis, de tous les pays du Sud-est asiatique, la Thaïlande dispose de la meilleure infrastructure pour tourner des films.

    - Comment l’équipe du film a t-elle vécu le tournage?

    - Nous avons tourné dans trois lieux différents, à l’écart des hordes de touristes, en plein milieu de la Thaïlande. Le tournage a été très éprouvant en raison du climat, mais l’entente de cette bande de Suisses parachutés au bout de nulle part a été parfaite. Ce qui est sûr, c’est que tous les participants ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour faire un bon film.

    - Cela vous a-t-il amusé, comme dans My Name is Eugen,  de jouer avec des stéréotypes et autres « clichés » ?

    - Bien entendu. Comme toutes les minorités, en Suisse, les Miss ont leurs stigmates. Et cela me plaît de jouer avec ça…

    - Y a-t-il un lien entre Sennentuntschi, votre film précédent, et celui-ci Et qu’en est-il de votre hommage à Dario Argento ? 

    - Non, il n’y a pas de lien direct entre Sennentunstchi et ce nouveau film. Das Missen Massaker est un croisement des genres de la comédie et du film d’horreur. On y trouve des citations de classiques américains et pas mal d’emprunts, aussi, au cinéma policier italien. C’est d’ailleurs à ce titre qu’une scène rend un hommage explicite à Dario Argento.

    - Est-il important pour vous d’être accueilli sur la Piazza Grande?

    - Oui, et d’autant plus que ce film, par son décor et sa thématique, représente un nouveau défi.  Je trouve excitant d’avoir un public aussi mélangé pour la première mondiale, et je suis très curieux de voir les réactions…

    Das Missen Massaker. Piazza Grande, vendredi 10 août, à 21h30. Suivi de Bonjour tristesse d’Otto Preminger.

  • Le passage du divo

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    Gael Garcia Bernal honoré sur la Piazza Grande. Où a été projeté mercredi soir le film politique No, du Chilien Paul Larrain, illustrant admirablement les équivoques de nos sociétés. Le léopard d’or se cherche encore à Locarno.  À deux jours de la conclusion, les pronostics sont incertains. Mais la compétition internationale affiche un bon niveau.

     

    Des jeunotes en folie ont accueilli mercredi soir le « divo » mexicain Gael Garcia Bernal sur la Piazza Grande archicomble, avant la projection de No, film politique mais grand public du Chilien Paul Larrain. Magnifique mise en scène, formidable interprétation de Bernal,  thème en phase parfaite avec notre époque ambiguë au possible : comment le dictateur Pinochet se fait virer par le truchement d’une campagne publicitaire. 

     

    LocarnoBrizé.jpg« Vous êtes le jury ! », scandent les affiches géantes du Prix du public, qui pourrait bien revenir à ce film. À moins que la Piazza plébiscite plutôt Quelques heures de printemps du Français Stéphane Brizé, grand moment d’émotion pure et dure, filtrée par une Hélène Vincent bouleversante et un Vincent Lindon saisissant lui aussi de vérité.

    LocarnoMobile2.jpgEt la compétition internationale dans tout ça ? Sans préjuger des décisions d’un jury de « pros » présidé par le très estimé réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, elle a réservé de belles découvertes. À commencer par Starlet du quadra américain Sean Baker, belle confrontation entre deux femmes, la vieille dame à chihuahua et Jane la jeune défoncée. Autre paire émouvante dans un film de haute sensibilité : les deux protagonmistes de Der Glanz des Tages des Autrichiens Tizza Covi et Rainer Frimmel. Ou dans un registre plus frais : les deux glandeurs, genre Vitelloni, de Mobile Home du Belge François Pirot. Du couple on passe au trio, toujours en finesse, dans Une Estonienne à Paris d’Illmaar Raag, avec Jeanne Moreau.

    LocarnoMettler.jpgCôté Suisses, le désolant pseudo-docu Image Problem de Simon Baumann et Andreas Pfiffner semble d’avance hors-course, alors que la grande fresque poético-philosophique de Peter Mettler, The End of Time, aux images splendides mais flatteuses  à la Yann Arthus Bertrand, paraît déplacée dans cette sélection…

    À l'enseigne de  Cinéastes du présent, deuxième concours international, les décisions du jury présidé par le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun seront probablement plus épineuses, dont ondoute qu’elles offrent la moindre chance au Tessinois Niccolò Castelli pour Tutti Giù. Enfin, ce qui paraît sûr est que les Léopards de demain, couronnant des courts métrages de réalisateurs prometteurs, brilleront en section internationale alors que la sélection suisse s’est fait remarquer par sa platitude.

    Au demeurant, le palmarès de Locarno, festival éminemment public brassant les âges et les langues (où les accents romands sont très présents !), ne se borne pas aux prix attribués. De Maire en Père, avec la bénédiction du Président Marco Solari, ce festival éminemment convivial reste jeune au tournant de sa 65e édition… 

  • Jeunes et lisses à la glisse

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    Le jeune cinéma suisse à Locarno, entre (trop) belle image et vacuité... 

    Tutti giù de Niccolò Castelli reflète le malaise latent d’une jeunesse lisse et qui glisse, parfois, vers l’abîme. Où la rejoignent les courts métrages indigents présentés à Locarno… 

    Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils vivent dans une société privilégiée, et pourtant il y a du malaise dans l’air. Chiara la championne de ski au joli minois (Lara Gut) n’en peut plus de voir sa mère la « gérer » comme une affaire d’avenir. Jullo (Yanick Cohades) est aussi à l’aise sur son rollerskate que dans les bras des filles, mais les médecins lui découvrent un cœur menacé d’explosion nécessitant une greffe. Quant à Edo (Nicola Perot), l’artiste farouche à capuche, il exprime sa révolte en couvrant les murs de tags avant de se faire massacrer en pleine rue pour rien, juste parce qu’il se trouvait là – et l’on pense au malheureux Capverdien tué à Lausanne dans les mêmes affreuse circonstances, la veille de la projection de Tutti giù à Locarno...

    LocarnoTutti.jpgLocarnoTutti1.jpgEn compétition internationale, ce premier long métrage de Niccolò Castelli (né en 1982 à Lugano) relève de la chronique actuelle focalisée sur de très jeunes gens, rappelant donc Ken Park de Larry Clark, en plus lisse ou, plus près de nous, Garçon stupide de Lionel Baier, en moins aigu et personnel, et la série de Romans d’ados. Alignant avec lyrisme des images qui exaltent la jeunesse dancingo-sportive (entre compète de ski, folles courses de rollers et matches de hockey) sur un rythme scandé par le rock et le rap, genre vidéo-clip, Castelli rend bien le labyrinthe urbain de Lugano cerné de paysage sublimes mais n’échappant pas à une menace latente.  Or, l’évocation parallèle de trois expériences lancinantes de la solitude, dans un milieu apparemment « tout feu tout fun », est rendue avec une sensibilité qui passe plus par les images et la musique que par les mots, avec une belle sensualité.  Comme souvent dans le jeune cinéma, la maîtrise technique en impose, jusqu’au trop léché. L’image de Pietro Zuercher est somptueuse, notamment dans sa façonde de rendre la nuit luganaise ou de cadrer visages et postures. La musique des rockers tessinois de Kovlo ajoute un tonus rythmique et parfois dramatique au film, et  la direction des acteurs compense le caractère stéréotypé des personnages.

    À cet égard, la surmédiatisée Lara Gut apparaît ici en toute simplicité, belle et juste dans toutes ses attitudes, même si son personnage de Chiara Merz frise l’esquisse. Même chose pour le personnage du tagueur Edo, sauvé par le charme ombrageux de Nicola Perot, alors que l’agression qu’il subit est pour ainsi dire évacuée du scénario. Quant au jeune Nyonnais Yanick Cohades, il fait figure de révélation dans le rôle plus élaboré de Jullo, dont la formidable vitalité est soudain brisée par la menace terrible (et symbolique) de son cœur en expansion. De la même façon, une réelle émotion se dégage, dans le groupe de ses potes, au moment où il révèle la nature de son mal. Film choral fondé sur la culture « djeune », Tutti giù reste assez superficiel et convenu dans ses observations, mais son énergie expressive et sa vibration émotive sauvent la mise. Rien en tout cas de la vision mortifère, prétentieuse ou vide de certains aspirants cinéastes de la relève…

    Une cuvée déplorable

    Les écoles de cinéma suisse ont-elles un problème ? C’est ce qu’on pourrait se demander en découvrant la sélection nationale 2012 des Léopards de demain, dont certains des courts métrages frisent le degré zéro. Encore L’Amour bègue de Jan Czarlewski, produite par l’ECAL, séduit-il par un filmage élégant et une interprétation sensible modulant en finesse le thème du handicap verbal. De la même façon, Homo Sapiens cyborg du Tessinois Stefano Mosimann en «jette» plastiquement dans ses fusions visuelles à la David Lynch. Mais le reste de la sélection nous a paru bien faible, atteignant le fond de la vacuité déprimée avec Il vulcano d’Alice Riva, évoquant l’errance hagarde d’un jeune probablement en quête du sens de «tout ça», et pire: dans lamina de Christian Schanz, atteignant un sommet d’indigence pseudo-symboliste avec son yéti de peluche marron dans le désert et sa femme gobant des abeilles crues…

     

    Locarno13.jpgEmotions sur la Piazza Grande

    La Piazza Grande n’est pas tout le festival, mais la magie nocturne en est incomparable sous les étoiles. Au fil de cette 65e édition, quelques moments forts y ont été vécus en prélude aux films de la soirée, dont le choix voulu « grand public » laisse parfois songeur. Ainsi, lundi soir, de l’accrocheuse comédie américaine de Leslye Headland intitulée Bachelorette, dont l’hystérie vulgaire contrastait pour le moins avec le véritable événement du jour: l’apparition, sur la grande scène, devant 8000 spectateurs, du grand chanteur et comédien Harry Belafonte, seigneur de 82 ans au lumineux sourire, dont un clip de présentation évoquait la carrière parralléle de militants des droits civiques.

    Belafonte.jpg Rappelant le mérite d’Otto Preminger (dont la rétrospective fait le plein des salles) qui a tourné avec lui Carmen Jones en 1954, où tous les rôles de l’opéra de Bizet sont chantés par des Noirs, Harry Belafonte s’est livré à une belle profession de foi à la gloire de l’art rapprochant les hommes. Or la veille, le même message, assorti d’une minute de silence en hommage aux civils Maliens massacrés ces jours, avait été adressé au public de la Piazza par le grand cinéaste africain  Souleymane Cissé, auteur du mythique Yeleen. Ce soir enfin, le fameux acteur mexicain Gael Garcia Bernal, interprète principal du film chilien No, de Pablo Larrain, évoquant la fin de la dictature de Pinochet, devrait marquer la Piazza de sa présence à la réception de son Excellence Award…  

  • Michel Polac côté jardin

    littérature,journal intimeLe polémiste Michel Polac est mort à l'âge de 82 ans. A la fois journaliste, écrivain, cinéaste et trublion du petit écran, il avait créé en 1955 l'émission de radio Le Masque et la Plume sur France Inter, qu'il avait animée jusqu'en 1970. En 1981, il avait créé Droit de réponse, un talk-show provocateur et enfumé sur TF1. Présentateur de plusieurs émissions littéraires à la télévision, il avait également produit et réalisé des documentaires, notamment sur Céline. Il avait ensuite fait son grand retour sur France 2 en 2006-2007, formant avec Eric Zemmour un duo de polémistes redoutés dans. Il avait également longtemps fait une chronique littéraire dans Charlie Hebdo ».

    Michel Polac avait publié son premier roman La Vie incertaine, chez Gallimard, en 1956. Dans sa préface, l'auteur confesse : « On peut dire que j'écrivais pour ne pas me suicider. » Le propos n'étonnera pas les détracteurs du râleur. Les autres se diront que cet éternel pessimiste a mené sa barque, jusqu'à ses réunions de papys flingueurs avec ses vieux potes de Charlie Hebdo...

    littérature,journal intimeUne visite, en janvier 2000, à propos du Journal.

    L’antre de l’ours est le moins tape-à-l’œil qui se puisse imaginer. A l’étage d’une maison blanche, c’est tout intime et modeste, dans le genre bon vieux goût personnel de campagnol humaniste. L’homme est naturel au possible, un peu réservé d’abord, puis les yeux pétillants de malice. A ses côtés m’attendait Pierre-Emmanuel Dauzat, plantureux quadra au visage et aux yeux de bon bougre, autre genre de phénomène puisque ce familier des Pères de l’Eglise, qui a publié 250 traductions en vingt ans, pratique au moins dix-huit langues européennes et a « traité » quelque 800 pages par jour du monumental Journal, en trois semaines.
    Michel Polac se traite volontiers lui-même de fainéant, pourtant cet Oblomov à savates en peau de chèvre a rédigé, de 1980 à 1998, l’équivalent de 20.000 pages dactylographiées dans ce seul Journal. Quand je lui demande ce que ça fait de voir son texte retaillé par un tiers, il me répond que ça lui a permis d’y revenir comme s’il s’agissait de l’ouvrage d’un autre, en s’étonnant lui-même de son impudeur ou en souffrant de s’y voir souffrir.
    « J’ai commencé par lire la dernière année », m’explique Pierre-Emmanuel Dauzat, «où il m’est apparu que tous les grands thèmes étaient là: l’idée du suicide, le rêve de l’œuvre à faire, les lectures, les maîtresses, la parano, la maladie, la mort de la mère ; et c’est ce faisceau de thèmes qui, ensuite, a induit mon travail de réduction ».
    Celui-ci fait la part belle, aussi, aux préoccupations métaphysiques de Michel Polac, auteur d’un essai inédit intitulé Le Dieu impossible.
    « La question du sens de la vie m’a toujours hanté », poursuit alors l’affreux-jojo septuagénaire qui n’a jamais reçu la moindre éducation religieuse. « Vous y croirez ou non, mais la lecture de Teilhard de Chardin m’a fait un choc. Pourtant cette conception mystique de Dieu m’a toujours paru trop optimiste. Si je parle d’un «Dieu impossible», c’est que je perçois cette réalité comme insaisissable ».

    En l’écoutant parler, j’oublie le personnage public à dégaine de provocateur, retrouvant l’homme blessé de son Journal dont le parcours n’a rien de clinquant. Je le vois, tel qu’il se décrit, dans son jardin languedocien de La Borie, qui observe la rencontre d’un criquet unijambiste et d’une sauterelle, ou je me le rappelle qui raconte la longue, lente, insupportable fin de sa mère à laquelle il voue un tenace mélange de haine-amour. Du petit Juif humilié sous l’Occupation, marqué par la déportation de son père et la froideur de sa mère, à l’adolescent solitaire et tourmenté avide d’absolu, ou au routard de 20 ans et au traîne-patins de la bohème parisienne passé maître dans l’art de défaire ce qui a été fait, j’entends une voix mal assurée, angoissée, émouvante, sous les propos qu’il balance crânement à la cantonade : « J’emmerde les artistes, je n’ai pas de fonction, pas de don. Je suis un chercheur de vérité (j’étais) qui ne s’est jamais identifié avec les rôles qu’il a joués ou qu’on lui a proposés ».

  • Un Lausannois à Locarno

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    Jean-Luc Borgeat participe à un film dur et poignant de Stéphane Brizé: Quelques heures de printemps, avec Hélène Vincent, Vincent Lindon, Emmanuelle Seigner et Olivier Perrier, notamment.

    L’émotion était au rendez-vous dimanche soir sur la Piazza Grande, ou pour beaucoup dans la salle de la FEVI  où la projection était doublée pour cause de pluie. À l’affiche, après un bref hommage au cinéma africain subsaharien présent à l’enseigne de la section Open Doors : le nouveau film de Stéphane Brizé, Quelques heures de printemps, avec Hélène Vincent et Vincent Lindon. Deux heures de cinéma à la fois très dur et hypersenible, d’une densité humaine exceptionnelle et d’une rigueur égale dans la réalisation. Argument du film : la confrontation d’Alain (Vincent Lindon), grand con de routier sorti de prison après une condamnation pour trafic illicite, et de sa vieille mère (Hélène Vincent) aussi butée que lui mais fragilisée par une tumeur au cerveau. Entre eux : le tas informe d’un chien baveux qui les rapprochera contre toute attente ; un voisin compatissant, un pote de bowling, une belle joueuse de boules (Emmanuelle Seigner). Et deux acteurs romands, Véronique Montel et Jean-Luc Borgeat, pour incarner les assistants d’une association d’auto-délivrance genre Exit. Le film s’achève en effet en Suisse sur la décision de la vieille dame d’échapper à l’agonie annoncée.

    Choisi par casting pour le réalisateur en quête d’acteurs à l’accent suisse ( ?!), Jean-Luc Borgeat, quinqua d’origine valaisanne mais établi à  Lausanne depuis des lustres - l’un de nos meilleurs comédiens, notamment attaché au jeune théâtre – a été choisi et dit avoir vécu, avec l’équipe de Stéphane Brizé, une expérience humaine hors du commun.

    « Stéphane dit que ce qui lui importe essentiellement est de filmer la vie. Après une première prise, il nous a tous dégommés. Puis quelque chose s’est passé entre nous. Et après la troisième prise, visionnée par Vincent Lindon, celui-ci s’est exclamé que c’était énorme ! Que Brizé était le seul réalisateur français à oser faire un tel plan-séquence, avant de me dire que ce que j’avais fait était incroyable… »

    Egalement criante de vérité dans l’avant-dernière séquence, Véronique Montel semble coulée dans le moule de suavité propre-en-ordre des assistants du bon Dr Sobel. Rien pour autant de la charge caricaturale dans l’image donnée par le film de l’association documentée par Fernand Melgar. Et la dernière séquence, poignante à pleurer, marque un dernier contrepoint avec les affrontements parfois insoutenable du fils à « tête de lard » et de sa mère.

    «Ce que je souhaite », conclut Jean-Luc Borgeat, c’est qu’Hélène Vincent décroche un César pour son interprétation »… 

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  • Road movie sur place

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    LocarnoMobile2.jpgDeux glandeurs qui voyagent sur place pour notre bonheur dans Mobile Home de François Pirot. La fin du temps qui n’en finit pas de Peter Mettler. Et l'irradiante beauté d'Ornella Muti...

    Le festival de Locarno est la plus belle occasion de l’année, pour le public le plus varié, de voyager à travers le monde sans quitter les salles obscures. Celles-ci sont le plus souvent pleines en cette 65eédition, qu’il fasse soleil ou pluie. Dimanche matin ainsi, dès 9 heures, le bouche-à-oreille ayant déjà opéré, plus de mille spectateurs assistaient à ce que je dirai mon premier coup de cœur de la compétition internationale.

    Titre : Mobile Home.Auteur : le Belge de 35 ans François Pirot. Thème : le voyage plus ou moins immobile de deux glandeurs  attachants et magnifiquement campés par Arthur Dupont et Guillaume Gouix. Le scénario pourrait sembler minimaliste puisqu’il se réduit, pour ces deux garçons rêvant de foutre le camp au bout du monde, à une suite de faux départs piteux. Or on ne s’embête pas une seconde dans ce portrait en mouvement de deux trentenaires velléitaires (et de quelques filles, et de leurs gentils parents scotchés à leur petite vie) dessinés avec une merveilleuse finesse, au fil d’un dialogue dont chaque mot sonne juste. Les deux protagonostes, Simon le beau gosse a voix de bluesman, qui vient de larguer son amie Sylvie par crainte de s’engluer en couple, autant que  son pote Julien que son père vieillissant rêve de garder près de lui pour jouer au scrabble, sont approchés  avec une empathie sans faille. L’atmosphère de la province, qui pourrait être suisse ou de partout, est captée avec une précision réaliste jamais pesante.   Et puis il y a du cinéma là-dedans. À l’opposé de tous les effets: une parfaite fluidité des plans, des cadrages qui modulent le regard aussi vif qu’affectueux de François Pirot, un rythme très soutenu et la preuve par l’image, rejoignant le propos même du récit, que le voyage commence à côté de chez vous et que le vie bien observée est passionnante partout. Le cinéma belge a déjà produit quelque merveilles dans ce registre, avec Les convoyeurs attendent et les films des frères Dardenne, notamment. Or François Pirot, après quelques « courts », signe ici son premier long métrage qu’on espère retrouver au palmarès. Bien accueilli par le public de Locarno, Mobile Home s’inscrit dans la lignée des films au réel potentiel « grand public » que nous auront révélés les éditions précédentes du festival, comme La petite chambre ou Le responsable des ressources humaines,  l’an dernier, ou Akademia Platonos l’année précédente, notamment.  

     

    LocarnoMettler2.jpgUne symphonie ronflante  

    Autant Mobile Home brille par sa légèreté et son humour tendre-acide, autant The End of Time de Peter Mettler, réalisateur quinquagénaire né à Toronto de parents suisses, pèse par son emphase esthétique et son discours poético-philosophique sur les multiples conceptions et autres composantes du Temps. Coproduction suisse et canadienne, ce film qui n’en finit pas ne manque certes pas d’intérêt ni de qualités, mais la place de ce docu-poème, est-elle vraiment dans la compétition  internationale, comme la question se posait déjà pour Image Probleme de Simon Baumann et Andreas Pfiffner ?  Amorcé par une visite guidée dans les profondeurs du CERN où l’on fait joujou avec l’infiniment petit, et s’achevant dans les abîmes stellaires que scrutent des télescopes, l’ouvrage brasse toutes les questions liées à la nature du temps et de ses rapports intimes avec l’espace depuis qu’un certain Einstein a rebrassé les cartes…  

    Entre les deux infinis pascaliens, Peter Mettler entraîne le spectateur dans un périple aux magnifiques images, ponctué de rencontres diverses, de tel ermite savant scrutant la formation d’une île volcanique à longueur de coulées de laves, à telle écolo cultivant son jardin communautaire à l’écart des pluies acides, en passant par tel féru de techno ou tel adepte de la sagesse bouddhiste – chacun y allant de son credo sur le temps qui nous fait et nous défait…                         

     

    LocarnoOrnella1.jpgLe soleil d’Ornella sous les trombes  

    Accueillant hier la star italienne au forum du Spazio Cinema, Olivier Père dit n’avoir jamais vu tant de monde en ce lieu, jamais aussi arrosé non plus. « Mais le soleil nous arrive avec Ornella Muti ! »   

    Et de fait, radieuse et plus que glamoureuse: belle à craquer, et vivante, gouailleuse, drôle, naturelle, se riant volontiers d’elle-même.   Evoquant ses débuts en réponse à la première question lancée par le directeur du festival, Ornella Muti dit qu’elle a fait ses débuts au cinéma « par hasard », dans un film de Damiano Damiani, La mogllie piû bella,  dont elle avait, à 14 ans, l’âge du personnage. Sans penser sérieusement qu’elle ferait du cinéma, la jeune fille, qui se voyait plutôt danseuse à cette époque, n’en enchaîna pas moins, par la suite, les rôles dans des comédies populaires avant d’entamer sa grande carrière marquée par les rencontres de Mario Monicelli, Dino Risi, Marco Ferreri (pour une relation de « grand amour » après un début plutôt pénible), Ben Gazzara et tant d’autres.  

    A une spectatrice lui demandant quel a été le plus beau jour de sa vie, Ornella Muti répond qu’il est difficile d’en choisir un seul quand on a trois enfants, et que, les années passant, « le plus beau jour » peut changer. Quant au plus triste jour de son existence, l’actrice l’associe à la mort de son père. Et à une autre question portant sur ce qu’elle aimerait changer dans le monde, Ornella Muti répond enfin avec gravité : « Je changerais les hommes. Je veux dire : les hommes et les femmes, l’homme dans sa nature. Je crois que l’homme est méchant, et c’est cela que j’aimerais changer si j’en avais le pouvoir »…  

  • Leos Carax à Locarno

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    « Le cinéma est mon île »

     

    « Parler de cinéma en plein jour est un cauchemar », déclare Leos Carax  devant le nombreux public venu l’écouter au forum jouxtant la FEVI. Interrogé par Olivier Père, qui s’est dit très honoré de recevoir le réalisateur français à la parole aussi « rare que précieuse », à l’image de son œuvre, l’auteur du fascinant Holy Motors avait précisé qu’il tenait à éviter un entretien trop « cinéphilique ».  Coquetterie ? Plutôt : souci de faire la part de plus en plus importante de la vie dans le processus de sa création. « Je crois avoir payé ma dette au cinéma des autres dans mes premiers films », précise-t-il alors. Et d’affirmer ensuite qu’un film ne doit pas être un tunnel coupé de la vie dans lequel on s’engouffre. «Les débuts de tournage sont souvent catastrophiques, parce qu’on oublie que la vie doit y participer ». Mais rien d’un souci « vériste » de coller à la réalité ordinaire: plutôt le souci de restituer la vraie réalité sous les apparence.

    Dans Holy Motors, le virtuel est ainsi une composante importante du récit, mais Leos Carax ne l’exlate pas pour autant. « Je suis sensible à l’invisible, dont le virtuel est un reflet paresseux ». À une jeune fille qui l’interroge sur ses rapports avec la beauté, Leos Carax répond en souriant : « Excellents. C’est une chose mystérieuse que la beauté. Lorsque vous êtes jeunes, vous la traquez avec impatience, puis, l’âge venant, vous la laissez venir à vous ».

    Attentif aux questions, précis dans ses réponses, éludant tout bavardage, Leos Carax parle aussi de ses rapports avec Gérard Manset, Kylie Minogue ou Denis Lavant, dont les présences irradient son « île ».

    Et de conclure avec finesse et douceur : « J’aurais peu-être préféré vivre une vie de musique, je ne suis pas sûr de mon goût en peinture, et la littérature n’est pas mon pays, mais sur cette  île qu'est pour moi le ciinéma, je suis sûr de mon goût, comme devant un paysage »…

  • Helvetia fait le ménage

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    Alain Delon se déclarant immortel, des petits Allemands sauvés par un Juif et des Suisses demandant pardon aux étrangers : du grand écart signé Olivier Père au Festival de Locarno…

     

    Au deuxième jour du festival, la Piazza Grande était archicomble jeudi soir pour accueillir l’une des légendes survivantes du cinéma mondial : Alain Delon. À l’instant de recevoir son léopard d’or au titre de Lifetime Achievement Award, des mains d’Elsa Martinelli, le (toujours) fringant septuagénaire, jouant les mauvais garçons, a lancé avec un grain de sel qu’il détestait cette expression de « Lifetime Achievement », faisant supposer qu’il a déjà un pied dans la tombe. Et de se la jouer crâne à belle mèche argentée: « La bonne nouvelle de ce soir, c’est que je ne vais pas mourir ! Et que je vais encore emmerder pas mal de gens ».

    Dans la foulée, une très jeune équipe se pointait autour de la réalisatrice australienne Cate Shortland, avant la projection du « long » unique de la soirée,Lore, évoquant la fuite éperdue de quelques enfants d’une famille de notables nazis à travers l’Allemagne en déroute de 1945, qui trouvent, chez  un jeune Juif, rencontré dans le chaos, une aide providentielle. Le retournement de situation devient un thème presque convenu, sur une intention sans doute louable, dont il résulte un film aux belles images et aux jeunes interprètes (notamment Saskia Rosendhal) émouvants. Rien de bouleversant au demeurant…

    L’effet Michael Moore

    « C’est du foutage de gueule ! C’est n’importe quoi ! Vous allez salir la Suisse ! ». Telles sont les premières réactions qu’on recueillies les compères bernois Simon Baumann et Andreas Pfiffner présentant quelques séquences de leur « docu » faussement patriotique à de braves Allemands.

    Or le projet déclaré d’ Image problem, docu satirique en compétition internationale, n’était-il pas de redorer le blason de la Suisse supposée de plus en plus mal vue à l’étranger ? Dès les premières séquences, tournées dans les jardins proprets de villas à nains de jardin, la dérision perce cependant, au fil de réponses plus conformistes, voire débiles, les uns que les autres, genre Michael Moore chez les Deschiens helvètes. Jouant la fausse naïveté, les lascars prennent conseils chez les « experts », de tel cadre de Présence suisse prônant le multipack publicitaire (avec la casquette idoine) à telle psychologue lénifiante, tel pasteur interrogé sur les thèmes de la culpabilité et de la réconciliation ou tel spécialiste des relations Nord-Sud, entre autres.

    Disposer des déchets dans une idyllique prairie zermattoise sur fond de Cervin pour « casser » le cliché trop flatteur, et demander aux touristes étrangers ce qu’ils en pensent; débarquer dans un quartier huppé de la côte dorée zurichoise pour enjoindre ses habitants de lire une déclaration d’autocritique, jusqu’à les faire appeler la police  pour filmage intrusif; proposer la même démarche d’excuses solennelles à des employés de la firme Glencore pointée du doigt par un critique virulent : tels sont quelques-unes des astuces tactiques des auteurs, qui jouent également sur le « making of » foireux du film en train de se faire.

    Gorillant les clichés en multipliant contrastes pseudo-critiques (les joueurs de cor des Alpes sur fond d’installations mécaniques) et mise en scène grotesques (le Noir à sac tyrolien suivant les panneaux jaunes des joyeux marcheurs), les duettistes multiplient aussi les effets visuels (accélération folle du trafic dans une Suisse genre maquette de trains) et les ruptures d’auto-dérision.

    La chose, tout de même assez « foutraque », a été trouvée désopilante par Olivier Père, Français notoire devenu polyglotte à Locarno et « star » d’une publicité de grande banque suisse. Pour faire bon poids, le film s’achève sur le casting d’une figuration idéale de la nouvelle Helvetia ? Plutôt blonde ou brune ? Peut-être une requérante d’asile sexy ? Avec un javelot en forme de tuyau d’aspirateur et un sourire à la Heidi recyclée Betty Bossi ? Aux dernières nouvelles, l’Office Fédéral de la Culture annonce qu’il va primer la qualité et récompenser le succès. On n’a pas fini de rire…

  • Zoom sur Locarno

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    Ce 1er août s’ouvre, à Locarno, la 65e édition du Festival du film. Pour dix jours de découvertes, de regards rétrospectifs et de nuits magiques sur la Piazza Grande. Nous y serons dès demain...


    Je m’étais fait à l’idée de ne pas « couvrir » cette année le Festival de Locarno pour24Heures, ayant moi aussi passé le cap des 65 ans et donc prêt à passer la main. Or, contre toute attente, et à mon vif contentement, voici que la Rédaction relance son plus jeune retraité faute de remplaçant disponible. J’aurais pu hésiter, car l’exercice n’est pas de tout repos, avec les papiers à livrer tous les jours à côté des heures de projection néfastes à la circulation sanguine, entre autres multiples rencontres et interviouves, mais la perspective de découvrir une trentaine au moins de nouveaux films, et d’en revoir autant d’anciens, dans une ambiance à la fois débonnaire et vivifiante, a de quoi fouetter le sang du vieux mercenaire autant que de sa bonne amie. À nous donc le vent dans les toiles et le rebond du Léopard!

    Père3.jpgOr que nous promet cette 65e édition, troisième de l’ère d’Olivier Père ?

    Pas moins éclectique que son prédécesseur et pair Frédéric Maire, l’actuel directeur artistique, en phase avec le président Marco Solari, slalome souplement  entre cinéphilie pointue et plaisance grand public, avec une forte propension au mélange des genres.

    Côté glamour et starmania, se pointeront cette année Alain Delon (pour un Life Achievement Award) et Charlotte Rampling (Excellence Award), Leos Carax(Léopard d’honneur) ou encore Ornella Muti, Harry Belafonte et Eric Cantona, le parrain du thriller chinois Johnnie To ou le réalisateur polonais Krzysztof Zanussi.

    Locarno1224.jpgComme chaque année, après Ernst Lubitsch et Vincente Minelli ces deux dernières années, la rétrospective remplira le Rex avec une trentaine de films signés Otto Preminger, de Laura à Autopsie d’un meurtre (avec un  fabuleux James Stewart) ou de  Carmen Jones à  L’Homme au bras d’or (pour Frank Sinatra dans son meilleur rôle et la musique de Duke Ellington). En outre, un hommage plus modeste sera rendu à Dino Risi avec la présentation de cinq courts-métrages exhumés récemment, remontant aux années 1946-1949.

    Sur la Piazza Grande, dont la soirée d’ouverture accueillera The Sweeney, long métrage de Nick Love inspiré par une série policière des années 60, sont attendus de nombreux films  en première dont le nouveau Magic Mike de Steven Soderberghet Le Massacre des Miss du Suisse Michael Steiner, variation sexi-gore sur les concours de beauté tournée en Thaïlande. Après les très populaire Eugen is my nameGrounding et Sennentuntschi, cet hommage à Dario Argento relance le gorillage des « clichés » cher au réalisateur alémanique.

    Si le cinéma romand d’auteurs n’est pas très présent cette année, trente-sept films suisses sont cependant à l’affiche, avec un long métrage du Tessinois Niccolo Castelli, Tutti Giu,et nombre de films documentaires dont le dernier opus « écolo » de Markus ImhoofMore than honey, qui fera la clôture de la Piazza.

    La compétition internationale pour le Léopard d’or reste, aussi, l’un des axes du Festival de Locarno, rassemblant cette année 19 films dont 13 premières mondiales, où se retrouvent quelques auteurs confirmées tels le Portugais Joao Pedro Rodriguez ou le Français Jean-Claude Brisseau, entre autres jeunes réalisateurs américains indépendants ; et les autres sections en concours sont également à suivre de près, dont celle des Léopards de demain côté relève.

    Parmi les innovations  de  cette 65e édition, une section baptisée Histoire(s) du cinéma, par allusion à la fameuse fresque kaléidoscopique de Jean-Luc Godard, rassemble une cinquantaine de films restaurés, suisses ou étrangers.

    Au rayon helvétique encore, l’ensemble des films réalisés sous le titre général de La Faute à Rousseau, est également à découvrir, de même que la satire de Simon Baumann et Andreas Pfiffner intitulée Image Problem, traitant de la mauvaise image de notre pays dans le monde. Un documentaire suisse qui a fait rire Olivier Père comme aucun autre à ce qu’il dit…

    Locarno. Festival international du film, du 1er au 11 août.  WWW.pardo.ch