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Leos Carax à Locarno

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« Le cinéma est mon île »

 

« Parler de cinéma en plein jour est un cauchemar », déclare Leos Carax  devant le nombreux public venu l’écouter au forum jouxtant la FEVI. Interrogé par Olivier Père, qui s’est dit très honoré de recevoir le réalisateur français à la parole aussi « rare que précieuse », à l’image de son œuvre, l’auteur du fascinant Holy Motors avait précisé qu’il tenait à éviter un entretien trop « cinéphilique ».  Coquetterie ? Plutôt : souci de faire la part de plus en plus importante de la vie dans le processus de sa création. « Je crois avoir payé ma dette au cinéma des autres dans mes premiers films », précise-t-il alors. Et d’affirmer ensuite qu’un film ne doit pas être un tunnel coupé de la vie dans lequel on s’engouffre. «Les débuts de tournage sont souvent catastrophiques, parce qu’on oublie que la vie doit y participer ». Mais rien d’un souci « vériste » de coller à la réalité ordinaire: plutôt le souci de restituer la vraie réalité sous les apparence.

Dans Holy Motors, le virtuel est ainsi une composante importante du récit, mais Leos Carax ne l’exlate pas pour autant. « Je suis sensible à l’invisible, dont le virtuel est un reflet paresseux ». À une jeune fille qui l’interroge sur ses rapports avec la beauté, Leos Carax répond en souriant : « Excellents. C’est une chose mystérieuse que la beauté. Lorsque vous êtes jeunes, vous la traquez avec impatience, puis, l’âge venant, vous la laissez venir à vous ».

Attentif aux questions, précis dans ses réponses, éludant tout bavardage, Leos Carax parle aussi de ses rapports avec Gérard Manset, Kylie Minogue ou Denis Lavant, dont les présences irradient son « île ».

Et de conclure avec finesse et douceur : « J’aurais peu-être préféré vivre une vie de musique, je ne suis pas sûr de mon goût en peinture, et la littérature n’est pas mon pays, mais sur cette  île qu'est pour moi le ciinéma, je suis sûr de mon goût, comme devant un paysage »…

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