… L’Apparition se manifeste depuis sept ans, chiffre sacré, toujours à gauche des trois feux rouges, chiffre sacré, de la place de l’Horloge, entre le sixième (deux fois trois, chiffre sacré) et le douzième (quatre fois trois, chiffre sacré) coups marquant le passage d’un an à l’autre, puis le phénomène disparaît comme vont disparaître ces trois damnés feux rouges, enfin remplacés par un giratoire aux normes…
Image : Philippe Seelen
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Le Grand Imagier
… Chez nous on ne l’appelle plus le Grand Horloger, vu ce qui se passe dans la Mécanique Générale ou dans la bande de Gaza – même s’il n’y est pour rien -, mais en tant que Chef Op nous lui gardons tout notre crédit de romantiques attardés : vraiment il assure, et puis il a passé de l’argentique et du celluloïd au numérique, voire à l’image virtuelle, avec une flexibilité digne de son génie artiste, et du matin au soir, jusqu’au Vallon de Villard où nous créchons, il nous en met encore plein la vue…
Image : Philip Seelen -
Sarko
…Force m’est de constater, chères concitoyennes et concitoyens, amis de la France d’en haut, sœurs et frères de la France d’en bas, que je me suis senti depuis toujours un enfant, puis un jeune homme – un homme jeune et enfin un homme fait, littéralement porté et poussé par vous, femmes et hommes de France dont les mains ont été, en toute simplicité, les ailes de ma Destinée, corroborant enfin le sentiment dont je me flatte que ce n'est pas avec vos pieds que vous avez voté pour Moi…
Image : Philip Seelen -
Question d’âge
… Môme on y va cracra: haut les mains, bas les culottes ! puis on a quinze ans, on se la joue romantique, on s’exalte: haut les cœurs ! et comme on se fait plus insistant: bas les pattes ! ensuite on croit tout savoir, on a vingt ans, des anges passent et à la question de savoir à quoi rime à la fin tout ça : je donne ma langue au chat…
Image : Philip Seelen -
Débat occulte
Sur un message posthume de Samuel P. Huntington à JLK. Par manière d’hommage malicieux…
Dans ma dernière lettre à mon ami Pascal Janovjak, à Ramallah, parue le 1er janvier 2009 et intitulée Pour un année d’embellie, je hasardai l’opinion selon laquelle la notion de Choc de civilisations, dont on nous a rebattu les oreilles au lendemain du 11 septembre 2001, ne serait qu’une de ces formules à la fois vagues et péremptoires qui servent à conforter une idéologie, en l’occurrence celle de l’Axe du Bien chère au président Bush et à ses inspirateurs néolibéraux. Comme chacun sait, cette notion émane d’un livre du professeur américain Samuel Huntington, Le choc des civilisations, lui-même développé à partur d’un article paru en 1993 dans la revue Foreign Affairs. Or Samuel Huntington, décédé le 24 décembre dernier à New York d’une crise cardiaque, a trouvé la vigueur posthume de répondre à ma pique dans un commentaire daté du 1er janvier et que je reproduis texto.
« Je n'ai vraiment pas de chance. Personne ne m'a lu en Europe, mais ca fait toujours bien, pour l'intellectuel et/ou le journaliste du vieux continent, de me ringardiser au détour d'une petite phrase, en introduction, en phrase d'accroche ou que sais-je encore... »
Je regrette, sincèrement, d’avoir vexé un défunt que mon intention n'a jamais été de ringardiser, dont je comprends cependant le dépit. Si le cher prof est injuste en affirmant que «personne» ne l’a lu en Europe, voire dans les 39 pays du monde dont les lecteurs ont eu connaissance des traductions de son livre, il est vraisemblable que la plupart des mortels qui se réfèrent à sa formule le font sans avoir lu ni l’article de Foreign Affaire ni son fameux ouvrage, dont les thèses sont à vrai dire si connues qu’on en peut faire l’économie. Ainsi n’ai-je fait, pour ma part, que citer tel ou tel intellectuel et/ou journaliste qui avait entendu parler de ce que prétendait telle journaliste et/ou intellectuelle laquelle aura plus ou moins lu tel résumé des thèses de l’excellent idéologue américain, lequel se cite lui-même dans le message qu’il m’a adressé :
« Le monde d’après la guerre froide comporte sept ou huit grandes civilisations », m’écrit-il d’abord en supposant que je l’ignore - puisque aussi bien je ne l'ai pas lu...
Mais là, je suis obligé de préciser pour la lectrice et le lecteur de ce blog qui l’ignoreraient crassement: qu'Huntington définit les civilisations par rapport à leur religion de référence (le christianisme, l'islam, le bouddhisme, etc.), et leur culture. Il définit sept civilisations et potentiellement une huitième : Occidentale (l'Europe de l'Ouest et les Etats-Unis), latino-américaine, islamique, slavo-orthodoxe (autour de la Russie), hindoue, japonaise, confucéenne (sino-vietnamo-coréenne) et africaine.
Puis il continue : « Les affinités et les différences culturelles déterminent les intérêts, les antagonismes et les associations entre Etats. Les pays les plus importants dans le monde sont surtout issus de civilisations différentes. Les conflits locaux qui ont le plus de chance de provoquer des guerres élargies ont lieu entre groupes et Etats issus de différentes civilisations. La forme fondamentale que prend le développement économique et politique diffère dans chaque civilisation. Les problèmes internationaux les plus importants tiennent aux différences entre civilisations. L’Occident n’est plus désormais le seul à être puissant. La politique internationale est devenue multipolaire et multicivilisationnelle. »
Bien entendu, le résumé des ses propres thèses est lacunaire, mais on sent encore la vivacité de Mr. Huntington, et son indéniable originalité, dans ce qui suit : « L’expansion de l’Occident a été facilitée par la supériorité de son organisation, de sa discipline, de l’entraînement de ses troupes, de ses armes, de ses moyens de transport, de sa logistique, de ses soins médicaux, tout cela étant la résultante de son leadership dans la révolution industrielle. L’Occident a vaincu le monde non parce que ses idées, ses valeurs, sa religion étaient supérieures mais plutôt par sa supériorité à utiliser la violence organisée. Les Occidentaux l’oublient souvent, mais les non-Occidentaux jamais.
« Seule l’arrogance incite les Occidentaux à considérer que les non-Occidentaux s’occidentaliseront en consommant plus de produits occidentaux. Le fait que les Occidentaux identifient leur culture à des liquides vaisselle, des pantalons décolorés et des aliments trop riches, voilà qui est révélateur de l’Occident. Le lien entre puissance et culture a presque toujours été négligé par ceux qui pensent qu’apparaît et doit apparaître une civilisation universelle comme par ceux pour qui l’occidentalisation est une condition nécessaire de la modernisation. Ils refusent de reconnaître que la logique de ces raisonnements les incline à soutenir l’expansion et la consolidation de la domination de l’Occident sur le monde et que si les autres sociétés étaient libres de façonner leur propre destin, elles revigoreraient leurs croyances, leurs habitudes et leurs pratiques, ce qui, selon les universalistes, est contraire au progrès. Que d'arguments pour les bellicistes de l'axe du bien en effet... »
Que répondre, alors, au cher Professeur sans l’avoir lu – ce qui est désormais notoire ?
En ce qui me concerne je me contenterai de hasarder quelques éléments de réponses piqués à gauche et à droite, voire à hue et à dia, en reconnaissant au préalable qu’il y a du vrai dans pas mal d’observations de S.P. Huntington.
En résumé de résumé, Huntington rappelle que la longue maturation des civilisations donne plus de consistance à leurs entités que les idéologies. N’est-ce pas évident ? Secundo, que leur rapprochement aboutit à l’exacerbation des tensions entre civilisations différentes. Cela, en revanche, se discute. Que l’effacement du sentiment national, sous l’effet de la mondialisation, favorise les replis identitaires ou religieux. Probablement, n’est-ce pas, mais est-ce une règle universelle ? Que l’affaiblissement de l’Occident encourage un tropisme de rivalité. Tropisme signifierait automatisme organique, et vérifié comment ? Que les rivalités identitaires ont un caractère irréductible et non négociable. Alors là, Huntington a beau se dire démocrate : un pseudo intellectuel et/ou journaliste suisse ne peut que se rappeler sa propre histoire et parier encore pour d’autres fédérations et confédérations - optimiste invétéré qu’il est en matière d'inventions et de reformulations culturelles et/ou politiques…
D’aucuns ont relevé le caractère sombre, voire apocalyptique des thèses de S.P. Huntington, rappelant celles de l’auteur du Déclin de l’Occident. Selon lui, le sentiment de la différence aboutirait forcément à la violence. Mais est-ce si sûr ? Au contraire d’un Fernand Braudel, qui insistait sur la fluidité évolution des civilisations, Huntington y voit des unités encloses sur elles-mêmes, sans inter-dépendances. Mais celles-ci ne sont-elles pas au contraire constantes à travers l'Histoire et aujourd'hui plus que jamais, et ne voit-il pas que la plupart des conflits actuels ne se déchaînent pas entre civilisations mais à l’intérieur de certaines d’entre elles ?
Bref, la notion de choc des cultures a cela de discutable, à mes yeux, qu’elle nie le processus complexe et progressif des échanges entre cultures et civilisations dont celles-ci se sont toujours nourries, et la vision de Huntington pèche en cela qu’elle oppose un Occident compact, même hautement affaibli et critiquable, à de nouveaux barbares qui l’assiégeraient de toute part.
Mais qu’en pense aujourd’hui le cher homme de son nouveau poste d’observation ? RSVP…S.P. Huntington. Le choc des civilisations. Odile Jacob.
A lire aussi: Jean-Claude Guillebaud, Le commencement d'un monde, Seuil, 2008.
René Girard, Celui par qui le scandale arrive. Desclée de Brouwer, 2001.
Marcel Gauchet, La Condition politique, Gallimard, 2005.
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Vanité des vanités
…J’te jure qu’y a aussi des cons chez les arbres, des qui se la jouent marioles, des qui se montent la tige, des qui te persiflent en te taxant de résidu de futaie alors qu’eux s’écoutent pousser et se donnent du jabot dans les nids de corneille que ça fait fuir les pies, non mais t’en fais pas noisetier, y a une justice: tu verras qu’y tomberont de plus haut que nous, les cons dont on fait du bois de poteaux piteux…
Image : Philip Seelen -
Cette flamme dans le froid
A La Désirade, ce 1er janvier 2009. - C'était hier, le dernier jour de l'année, et le feu de la cheminée se reflétait dans la fenêtre donnant sur l'arbre enneigé. L. en a capté l'image et a noté:
Au milieu de nulle part, la flamme vive de mon coeur emporte la froidure! Mon coeur c'est toi et moi et nous ! La flamme elle rayonne comme une dentelle enserrant la vie!On entre donc dans la nouvelle année en douceur, malgré les sombres nouvelles qui nous arrivent de Gaza. A croire que l’espoir porté par chaque recommencement doive se trouver entaché par quelque guerre ou quelque autre désastre qui nous rappelle que le chant du monde ne va jamais sans le poids du monde.
Image: Lucienne K.
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L’innocente
… Enfin tu connais Maryjane, elle n’a aucune idée, ils lui disent : après tout ce n’est qu’une bouche, on vous demande rien de plus, donc on vous donne 300 euros, et elle marche, la souris blanche, tu te rends compte, avec ce qu’ils vont faire de cette bouche, le dinar qu’ils vont faire pisser avec cette bouche affichée partout jusque dans le métro, mais j’ai beau lui dire : ta bouche c’était minimum 3000 euros et ça nous faisait une semaine à Djerba - tu connais Maryjane…
Image : Philip Seelen -
A celui qui, à celle qui, à ceux qui...
À Sophie et Julie et leurs Jules / à Philip et Philippe et Filou et mon doux Phil de verre et ses anges gardiennes / à tous les K et aux F et aux L de La Casona / à notre chère BA / à Luna qui vient de naître et à ses jeunes vieux / à Michèle et Aurial / à Niki et sa bande de voyous et de voyelles / à Jean-Michel et Corine et Sarah et la chtite dernière / à Dimitri / à Marius Daniel et à ses belles / à Pascal et Serena / à noss deux Hélène et à Léo / alla Professorella ed al Gentiuluomo ed a Thea ed ai sette gatti con sei code / a Fabio Ciaralli nel carcere di Marina Massa / à Nicolas et Battuta et Jalel / à François et sa tribu tourangelle / à Jean-François du Feuilly / à René et son Annemarie / à D et à D / à Christiane de Saint-Ouen / aux ondines Soulef et Oceania / aux ondins Heurtebise et Matthieu de Berlin / à Fred au cheval bleu / à Bertrand en Polska / à Mirek de Brno / à Gilles-Marie au miel de fiel / à Alina et son auréole de papier / à Jacqueline et son Antonin et leurs Félix et Lou / à Jean et son Isabelle / à Eric le curieux / à Myriam / à Sarah du Théâtre au bord de l'eau / à René qui est rené de son crabe /à Rodrigue / à Nathalie et Frédéric et leur Anatole / à Maya / à Alain et à Marie-Joséphine / à l'autre Alain du Sud-Est et à sa compagne / à David le boxeur et à son club / à l'autre Alain du Sud-Est profond / à Bill Adelman / à Marie de Tahiti et à Marie sur Loire / à l'Anne-Marie et sa copine Anne / à Frère Maximilien-Marie / à Alain et son dragon / à Clopine / à Raymond et son vieux Paul / à Bona des Couleurs / à Pascal / à Bruno / à Nadia du Canada / à Bernard et sa Joëlle / à Denis et sa Mireille et à Mireille et son Jean-Marc / à Fabien et ses pinceaux / à Pascal et Gilbert revenus de l'enfer / aux camés et aux pédés et aux gens ordinaires ou extraordinaires / à Maritou et Pierre et Yvan nos voisins d'alpage / à Maria et à Damien des îles / aux commères et compères de 24Heures sur 24 / au gang de la rubrique culturelle et à Michel qui va nous manquer durant son trip californien / à Louis-Philippe et Sylvie en nos Lectures croisées / à Claude et à Sylviane et à Karine mes libraires préférés / à Pascale de L'Implacable brutalité du réveil / à Charles le bon génie de Comme il vous plaira / à tous les autres souriants ou fulminants / à Jacques des insomnies / à Etienne et Alain de la Ligne de coeur / à ceux qui crèvent la faim et à ceux qui croûtent / aux Méchants et aux Gentils, très bel et bon An 9.
Papier découpé: Lucienne
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A tu et à toit
Pour Lady L.
…L’important c’est que je t’ai, toi, parce que sans toi je t’aurais pas, et ça j’aimerais pas, je sais bien que j’ai un toit et que c’est déjà ça, mais un toit sans toi, je te le dis rien qu’à toi: franchement j’aimerais pas trop ça, j’aurais froid, sans toi ce serait pareil que sans toit…
Image : Philip Seelen
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L’esprit d’escalier
…J’ai pas su lui parler, j’ai pas osé lui offrir un verre, j’ai pas trouvé les mots, c’est pourtant pas compliqué de dire à quelqu’un qu’on sent qu’on est fait l’un pour l’autre et que ce sera pour la vie, mais je suis tellement nul, je sais pas, j’aurais pu lui dire : vous êtes Schweppes ! Ou bien, je sais pas : vous êtes Naturellement Pulpeuse! mais voilà : même ça j’ai pas pu tellement je suis mal barré…
Image : Philippe Seelen
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Femme-objet
…La c’est vraiment limite insupportable, on peut pas laisser passer ce genre de représentation, on s’est quand même pas bagarrées comme des furies pendant les années 60-70 pour en arriver là, non mais je rêve : c’est quoi cette régression, et je te parie que c’est en résine même pas biodégradable, enfin t’imagines ce que peuvent ressentir là-devant des camarades pas trop gâtées par la nature…
Image : Philip Seelen -
Dantec genre road story
Un roman qui se la joue polar paramystique genre Sailor et Lula de SF: Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute.
Cela commence par un braquage dans une vieille poste de la région parisienne et la ligne de fuite de la narration suit la cavale d’un couple « speedé », porteur d’un neurovirus dangereux qui a cela de particulier de rendre plus «performant». Lui, fils de gauchiste rejetant son paternel, informaticien de formation et se rêvant flic-mercenaire, s’est retrouvé braqueur avec Karen, journaliste lausannoise (!) issue d'une famille de Tchèques victimes du nazisme-et-du-communisme et fan du saxophoniste déjanté Albert Ayler, massacré en 1970 à New York. La motivation finale de ce couple d’enfer semble de se retirer sur une île lointaine. Un cliché de plus. Et même fastidieux si l’on compte les paragraphes consacrés aux ruses des protagonsites pour échapper à leurs poursuivants et planquer leur butin. Quelques épisodes violents relanceront l’intérêt du lecteur friand d’arts martiaux divers, mais c’est sur un autre plan qu’on retrouve (un peu) Dantec, même s’il n’a plus l’air d’y croire tellement lui-même.
Le « plan » en question recoupe, on s’en doute, les composantes spatio-temporelles de la réalité, les interférences entre matière et musique, science et mystique. Au passage, on aura appris que le neurovirus, dit de Schiron-Aldiss, déclenche «une appréhension nouvelle des phénomènes quantiques, probabilistes et relativistes». Sic. Et dans la foulée, Dantec nous rappelle les travaux de l’anthropologue Jeremy Narby sur le serpent cosmique, grâce auxquels nous savons désormais comment le chaman qui est en nous peut connecter son ADN personnel à la grande hélice cosmique...
Quant à l’angéologie version Dantec, elle joue ici sur quelques motifs narratifs resucés, avec la mission révélée à Karen, via les «états augmentés» du neurovirus, de sortir Albert Ayler de ses limbes pour le réintégrer dans sa «forme infinie». En quelque sorte : le salut par le saxo et l’intercession féminine. Albert lui-même, avec son instrument, est chargé de sauver l’équipage de la station Mir en train de se crasher. Mais rien ne se fera sans le couple «élu». Trop sérieux s'abstenir... Or, comme il s'agit de faire un peu sérieux quand même, il est précisé que le braqueur camé qui nous a embarqués a lu quelques livres édifiants durant sa période d’isolement médico-sécuritaire: un peu de Jung-Freud-Reich, mais aussi de l’ethnologie aborigène, la Bible et le Pères de l’Eglise en multipack.
Ainsi cette bédé pour ados «augmentés» débouche-t-elle finalement sur cette révélation: La Révélation, justement, autrement dit l’Apocalypse, vers laquelle on se dirige à pas chaloupés dans les «blue suede shoes» d’Elvis sur lesquels il est recommandé de ne pas marcher, sinon gare à la tatane - destination finale : Armageddon…
Maurice G. Dantec. Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute. Albin Michel, 210p. En librairie le 8 janvier 2009.Cet article a paru dans l'édition de 24Heures du 30 décembre 2008.
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Nanni cantabile
…J’attendais de retourner sur le lieu de tournage ou je devais jouer un père qui vient de perdre sa femme adorée et se met à attendre tous les jours son enfant à la sortie de l’école, quand je me suis dit qu’attendre sur ce banc serait plus cool, donc j’ai attendu, et la neige s’est mise à tomber, et là je me suis dit que ça mettrait un peu de poésie à ce film censé se passer en été…
Image : Philip Seelen -
Cette flamme
Cette flamme qui brûle au fond des êtres est belle et pure. Ce n'est pas une déflagration qui calcine. C'est une action obstinée et réfléchie, une combustion continue. C'est la force de l'irréductible.
C'est une flamme qu'on ne remarque pas tout d'abord, parce qu'on est souvent distrait par toutes les étincelles et tous les éclats qui tourbillonnent sans cesse : la brillance, le luxe, miroirs partout tendus, phares aveuglants braqués sur les yeux, grandes plages de couleur, de blancheur.
Mais lorsque tout devient gris de fatigue et d'usure, lorsque la plupart des êtres se sont éteints et se sont effacés, alors on remarque cette lueur étrange qui brille par endroits, comme des feux de braise. Quelle est cette lueur? Que veut-elle? Est-ce le désir? Le plus simple désir alors, la force de la vie, la force de la vérité.
Ceux qui refusent les mensonges, ceux qui ne sont pas compromis dans les affaires louches du monde, ceux qui ne se sont pas avilis, qui n'ont pas été vaincus, ceux qui ont continué à vibrer quand tous les autres se sont endormis : la lumière n'a pas quitté leurs yeux. Elle continue à sortir de leur peau, de leur âme, la lumière pure qui ne cherche pas à vaincre ou à détruire.
La lumière pour cette seule action : voir, aimer.
Je cherche ceux et celles qui brûlent. Ce sont les seuls immortels.
J.M.G Le Clézio(Cité par Océania, alias Danielle D. en courriel amical, ce matin, par manière de voeux. Bonne vie à elle, et à tous réitérés, pour l'An 9)
Image: Philip Seelen