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Ceux qui planchent sur le Numéro Zéro

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Celui qui décide que le briefing de la rédaction se fera désormais debout en regardant vers l’Ouest / Celle qui voit plus large dans le nouvel Open Space / Ceux qui qui se proclament « en phase inventive » au niveau  des accroches pipoles / Celui qui drille la stagiaire lettrée qui lui parle d’Albert Londres avant qu’il lui propose de l’interviewer à condition qu’il y ait une photo possible avec son chien / Celle qui se donne à fond dans le groupe de réflexion sur le côté nuisance des pop corns à l’entracte des multiplexes / Ceux qui relaient la rumeur selon laquelle les SMS seraient toxiques à la longue / Celui qui pour faire jeune en tant que nouveau réd en chef se choisit un jean troué Armani / Celle qui intitule son article « La rage des retraités » sans se soucier des effets collatéraux genre désabonnements des quadras / Ceux qui affirment que les jeunes ne lisent plus ni d’ailleurs eux-mêmes / Celui qui remarque tranquillement que parler de grand professionnalisme à propos du rédacteur en chef adjoint ne fait pas insulte aux typos / Celle qui couche à la rédaction pour s’imprégner de l’ambiance /Celui qui comme le recommande Pierre Bourdieu se penche sur l’Ouvrier ou le Cantonnier en sorte de les libérer de tout complexe d’infériorité avant l’entretien à thème social /  Celle qui rappelle à la nouvelle équipe des jeunes aux dents longues qu’il faut beaucoup d’humilité pour réussir un micro-trottoir / Ceux qui infiltrent les milieux réseautés par la concurrence de centre-droite / Celui qui rappelle volontiers qu’il a « bousculé les parallèles » en tant que reporter sur le terrain /  Celle qui exige une accroche en une pour le nouveau string tendance / Ceux qu’on peut dire de vieux routiers des nouvelles formules, etc.

 

 

(Cette liste a été jetée dans les marges de Numéro Zéro, le dernier roman d’Umberto Eco,  plutôt décevant au demeurant, paru récemment chez Grasset dans une traduction (médiocre) de Jean-Noël Schifano).


Image: Philip Seelen

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