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Ceux qui remontent sous le vent

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Celui qui fonce sur sa Kawa dans le nouveau roman du romancier qui-dit-je / Celle qui s’accroche au piton du motard / Ceux qui croient voir de nouveaux avatars de Sailor et Lula / Celui qui se sait bien au-delà de Sailor se sachant unique et du lendemain / Celle qui a les yeux de sa mère du Cap Vert / Ceux qui accoutument de tout recadrer même hors-champ / Celui qui porte en lui le plain-chant inné et l’art martial acquis / Celle qui ayant tout fait pour couper à la glu n’est même pas restée au couvent / Ceux qui ont compris ce que signifie la guerre à zéro mort et le sexe à zéro vivant / Celui qui revoit tous les films de Cassavetes et de Ferrara pour vérifier quelque chose / Celle que la littérature érotique conventionnelle a toujours fait marrer / Ceux qui se rappellent les figures du Quichotte et de Zorba pour se remonter la pendule / Celui qui hante les boîtes pour le casting de son prochain long / Celle qui voit loin mais pense court / Ceux qui en sont restés au marketing de leur chère personne / Celui qui entre dans le roman par un vasistas transparent / Celle qui explique au jeune auteur que tout est dans la Story elle y compris / Ceux qui estiment que Love Story est le parangon du roman contemporain qui arrache - d’ailleurs Gérard de Villiers me l’a confirmé du haut de sa taille de basset / Celui que la jobardise de neuf directeurs littéraires sur dix sidère sauf en Irlande du Sud ou au Portugal du nord et encore / Celle qui sait que cette obsession déclarée de la Story est une feinte de feignants / Ceux qui ont en eux les ressorts des meilleures histoires genre récits de Tchekhov ou nouvelles de James / Celui qui a consacré son master à la tradition russe du Skaz puis est retourné écumer les boîtes de Luanda  / Celle qui vit dans la tour en pleine air sans fenêtres de Luanda que tu vois dans le film Libertade / Ceux qui se trouvent mieux à squatter les containers et les cargos du bord de mer de Luanda / Celui dont la maîtresse (dit-il) a des tétons aux bouts de platine / Celle qui s’est lassée des polars nordiques et en revient donc aux Noirs de chair et de sang / Ceux qui connaissent aussi bien les contes russkofs d’Afanassiev que les légendes maguttes de Calvino / Celui qui aime les Castapianes et les Bougnoules et ne rougit point de les appeler comme ça même à la cafète de la Faculté de théologie où l’on parle toujours un peu à mi-voix / Celle qui est consciente de  ne fréquenter que des Blacks et se doute de ce qu’on en dit au Groupe Tricot de la paroisse calviniste / Ceux qui pratiquent le jeu du cerf-volant en se foutant de ce qu’en dit leur psy / Celui qui essaie de rester naturel en parlant maîtres siennois avec le hardeur cultivé / Celle qui te prend pour un brocanteur à la terrasse du Mao /  Ceux qui t’ont souvent pris dans le Bronx pour un Juif new yorkais / Celui qui fuit les lieux qu’ont dit ceux où il faut être vu sans montrer son QI / Celle qui a acquis son embonpoint rose dans une maison lyonnaise / Ceux que leurs vices variés (dont la boulimie téléphonique) ont rendu plus indulgents à l’égard des vertueux / Celui qui sait que l’énergie dépend de facteurs concomitants dont l’amour platonique ne doit pas être exclu à la base /  Celle qui conclut à la malchance à la mort accidentelle de son troisième mari avant de toucher l’assurance / Ceux qui trouvent la vie intéressante mais ne le crient pas dans les couloirs de la fac de philosophie / Celui qui affirme (à l’Université de Genève) avoir un rapport charnel avec l’Ecriture avec un grand E, ce que conteste le doctorant camerounais M’Bala dont les étudiantes prétendent (sans preuve) qu’il est monté comme un mulet / Celle qui a toujours été à l’écoute de son corps dont les silences depuis quelque temps l’interrogent au niveau du senti / Ceux qui aiment tellement la vie qu’ils vont réclamer une rallonge au patron, etc.  

Image : Philip Seelen

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