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Du Merveilleux Machin


A propos de Charles Dantzig et de Guido Ceronetti
C’est en lisant la définition du Merveilleux Machin, ce livre qui tient de l’essai fourre-tout style Montaigne, le genre « ni fait mais à faire » dont parle Charles Dantzig dans son inépuisable Dictionnaire égoïste de la littérature française, que m’est revenu le souvenir de La patience du brûlé de Guido Ceronetti, qu’aussitôt j’ai pêché sur un rayon pour y trouver la foison de reliques (lettre de Jacques Réda, factures du Café Diglas, dépliant publicitaire des Petits chanteurs à l’Ecole d’équitation espagnole, portrait de ma fille J. à l’éléphant Gigondas de Goulbenaize, etc.) que j’y ai laissées à travers les années sans compter les multiples aquarelles qu’y a jetées mon ami F. au temps de nos pérégrinations parisiennes ou viennoises.
Or c’est cela même qu’un Livre Machin ou livre-mulet, rempli en outre par Ceronetti de notes de voyage exaltées ou plus souvent assassines à travers l’Italie, de sentences mystico-polémiques, de citations piquées au fil de ses lectures incessantes, de graffitis relevés sur les murs (NOUS SOMMES LA VIE SPLENDIDE DANS UN MONDE DE MORTS) et autres inscriptions notées au vol (A Louer. S’adresser à Pétrarque ; Régime : moins de kilos, plus de sexe, etc.), c’est cela par excellence avec Ceronetti, mais Dantzig lui-même ne nous offre pas autre chose, ou Ramon Gomez de La Serna dans Le rastro, Fernando Pessoa dans Le livre de l’intranquillité ou Dino Buzzati dans ses notes crépusculaires d’ En ce moment précis.
Ce sont des livres de géographie émotive (dixit Ceronetti) avec lesquels se balader « autour de sa chambre », et Dantzig cite justement Xavier de Maistre, des livres-labyrinthes ou des livres-médecine comme cette autre merveille de Gomez de La Serna que je n’en finis pas de relire, Le docteur invraisemblable, non sans me promettre à présent d’aller mettre le nez dans Jaune bleu blanc de Valéry Larbaud que cite aussi Dantzig, et me revoici retombant, dans La patience du brulé, sur une page marquée par une aquarelle représentant L’Herbe du diable (mon cher F. qui a renoncé à la peinture pour l’image virtuelle, le malheureux, et notre amitié défunte à cause de cela peut-être...), où je retrouve cette phrase de Ceronetti soulignée au crayon rouge : « A mettre avec les Cent Plus Belles Pensées du Monde : « Le cœur de l’homme a des lieux qui ne sont pas et où entre la douleur pour les faire être ». (Blanc de Saint-Bonnet, De la douleur)
Guido Ceronetti. La patience du brûlé. Albin Michel, 1995, 452p.

Commentaires

  • .......où je retrouve cette phrase de Ceronetti soulignée au crayon rouge : « A mettre avec les Cent Plus Belles Pensées du Monde : « Le cœur de l’homme a des lieux qui ne sont pas et où entre la douleur pour les faire être ». (Blanc de Saint-Bonnet, De la douleur).

    Cette citation est de Léon Bloy : "L'homme a des endroits de son pauvre coeur qui n'existent pas encore et où, la douleur, entre afin qu'ils soient".

    Cela n'enlève, bien évidemment rien à Ceronetti qui est un immense écrivain....

    Courtoisement

  • Cher ami,

    Je vais bientôt débusquer Ceronetti dans sa retraite de Toscane et lui poserai la "colle". Il doit s'être mélangé ses pinceaux de philologue "amateur", comme il dit - trop modestement. Nous préparons pour bientôt un dossier spécial du Passe-Muraille, pour lequel je cherche encore des collaborateurs. Si vous aviez des choses à y dire...

    Avec mes remerciements et mes amitiés,

    jlk

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