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Compères contraires

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 DU SURMOI PROTESTANT. - Comme on m'a dit que le dernier roman d'Etienne Barilier, Un Véronèse, valait le coup d'oeil, j'y suis allé voir, pour trouver ça très Barilier, donc très intelligent et très cultivé, très sagement filé, mais avec quelque chose qui m'a glacé et même terrifié plus que dans aucun autre de ses livres, à savoir: le surmoi protestant. Ou plus exactement, dans ce roman d'une rare transparence personnelle: le moi de Barilier dédoublé dans le couple d'un Barilier de soixante-cinq ans (le grand-père pieusement appelé "père") se penchant, lors d'un commun séjour à Venise, sur un Barilier de dix-sept ans au seuil de son éducation sentimentale et sexuelle partagée entre une jeune Anne bravache et une Anna materne plus stylée...

Or ce jeu mimétique entre le mentor moral plongé dans la lecture des Anciens, sur sa chaise-longue, et le puceau tâtonnant, qu'on m'a dit si émouvant, m'a plutôt transi et rappelé tout ce que depuis mes dix-sept ans à moi je n'aurais cessé de fuir, avec l'assentiment rétrospectif complet de la vieille canaille de passé soixante ans que je suis devenu.Le plus amusant, là-dedans, est qu'Etienne et moi, devenus pour ainsi dire frères ennemis avec les années, portons le même nom (sa famille paternelle  l'a juste francisé), venons du même bled du Seeland et sommes nés la même année...        

 

                                             (À La Désirade, ce dimanche 29 août 2010)(Extrait d'un livre en chantier)

 

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