Grappillé ce matin dans L’Echelle de Jacob, sous la plume de Gustave Thibon. Bon pour la route au temps des déroutes.
"Vulgarité. - Elle consiste, disait Charles Du Bos, à traiter les âmes, les personnes, comme des choses. Ce défaut s'étend au bien comme au mal, et il est peut-être pire dans le bien que dans le mal. Les apôtres, les convertisseurs qui s'acharnent à blanchir notre âme, s'ils ne respectent pas son mystère et son secret, sont plus vulgaires encore que les êtres pervers qui cherchent à la souiller, car c'est l'amour même qu'ils prostituent. Que soit pour la faire reluire ou la salir, il ne convient pas de traiter une âme comme une paire de bottes".
Et ceci qui n'est pas mal non plus pour un cul-terreux philosophe: "Prie avec les lèvres de la révolte, avec le souffle des démons, avec le silence du désespoir. Prier du sein de l'irréparable, attendre de Dieu sa pâture à travers les branches emmêlées de l'impossible, est-il quelque chose de plus divinement humain ? Songe à ce que serait - j'imagine l'absurde - la prière d'un damné ?"
Gustave Thibon. L'Echelle de Jacob. Fayard, 1942.