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Bel écrivain, beau Nobel

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L’Académie de Stockholm couronne J.-M.G. Le Clézio, franc-tireur de la littérature française contemporaine, figure de probité en constante et féconde évolution.

 

L’attribution du Prix Nobel de littérature à Jean-Marie Gustave le Clézio tombe bien. D’abord parce qu’elle coïncide avec la parution d’un de ses livres les plus attachants, Ritournelle de la faim, dédié à sa mère « courage » et ressuscitant une famille cosmopolite aux figures saillantes. Ensuite, et surtout, du fait que cet homme intègre, jamais inféodé à aucune idéologie, engagé très tôt dans un entreprise littéraire exigeante, mais de plus en plus ouverte au monde et accessible, incarne l’honneur de la littérature.

Autant par ses origines que par ses pérégrinations personnelles, mais plus encore par son regard sur notre drôle de planète aux cultures « exotiques » trop souvent vilipendées, Le Clézio a toujours fait figure de franc-tireur. Reconnu dès son premier roman, Le Procès-verbal, qui manqua le Goncourt de près pour être gratifié du Prix Renaudot, le jeune romancier, proche du Nouveau Roman, se distingua d’emblée de toute école, avant que ses romans suivants, tels Le Déluge,  Terra amata et Le Livre des fuites, ne déploient une écriture de plus en plus ample et incarnée, illustrant le panthéisme d’un essai dont le titre, L’Extase matérielle, annonçait la couleur.

Lecteur du monde

En 1993 paraissait à Lausanne, (dans Le Passe-muraille, journal littéraire) un long inédit très révélateur consacrés aux Bibliothèques d’enfance de Le Clézio, dont le premier livre que lui révéla sa grand-mère Alice, intitulé La joie de lire, racontait l’histoire d’une pie survolant un paysage ensoleillé. « C’était une extraordinaire impression de liberté », notait l’écrivain se rappelant ce temps de guerre et son «silence si particulier aux périodes de tragédie ». Ensuite ce fut la bibliothèque du monde que l’enfant Le Clézio allait découvrir en se plongeant dans les livres de Sir Eugène Le Clézio, son arrière grand-père chef-juge à la cour suprême de Maurice et qui contenait, avec tous les Classiques, une fabuleuse collection de livres de voyages qui le marquèrent à jamais, affirmait-il.

Voyage autour du monde, hors de soi mais aussi au tréfonds de la mémoire individuelle et collective: telle est aussi bien l’œuvre de Le Clézio en son évolution constante, rompant dans les années 80 avec une certaine manière d’époque pour investir des territoires à la fois plus vastes, à la fois « universels » et filiaux.  De fait, enrichis par une chronique familiale de plus en plus dense et contrastée, toujours frottés de fictions (l’écrivain est à la fois conteur et romancier), hantés par la révolte (rejet de la « guerre » consumériste, scandale de  l’exploitation des enfants et des cultures minoritaires, dénonciation des pollueurs et des prédateurs), les livres de Le Clézio, sur son versant solaire, déclinent également son amour de la vie et des gens, de la nature et de ses éléments primordiaux. Désert, Grand Prix Paul Morand de l’Académie française en 1980, en représente l’un des sommets.

Pour qui ne serait jamais entré dans l’œuvre de Le Clézio, son dernier livre, Ritournelle de la faim (qui ferait un Goncourt parfait…) peut constituer  une introduction opportune. Après Le Chercheur d’or et le mémorable Révolutions, L’Africain (portrait du père) et Ourania,  jusqu’auxquels le lecteur remontera ensuite le fleuve de l’œuvre, c’est l’un des plus beaux livres d’un bel écrivain doublé d’une belle personne – un solitaire nomade qui étend la littérature française à ses périphéries francophones et au monde entier.

 

 

LeClézio.jpg1940. Naisssance à Nice, le 13 avril. Fils d’un chirurgien britannique. Sa mère est bretonne, d’une famille émigrée à l’île Maurice au XVIIe siècle. Premier roman, à sept ans, « sur » la mer. Etudes à Nice. Enseignant aux Etats-Unis.

1963. Le Procès-verbal. Prix Renaudot.

1967. Service militaire en Thaïlande, comme coopérant. Expulsé pour avoir dénoncé la prostitution enfantine. Envoyé au Mexique pour finir sa période.

1977. Spécialiste en mythologie amérindienne, il présente sa thèse en histoire. Enseigne à l’université d’Albuquerque. Vit alternativement au Mexique et en France. Innombrables voyages autour du monde.

1964-2008. Loin de Paris et de ses intrigues, solitaire et indépendant, Le Clézio publie une quarantaine de livres, romans, essais, récits de voyages, livres pour enfants. Les plus importants : Terra amata, L’Extase matérielle, La Guerre, Le chercheur d’or, Désert, Révolutions, Ritournelle de la Faim. 

 

 

   

 

Commentaires

  • On peut difficilement mieux présenter J.-M.G. Le Clézio.

  • Bravo pour cet hommage! A présent, il s'agit que je lise cet écrivain... dont j'ai entendu parler pour la première fois à l'école secondaire, en 1988 ou 89. J'en ai un dans mes tiroirs; gageons qu'il va passer dans mes lectures prioritaires tout soudain!

  • Bonsoir Daniel, tiens comme on se retrouve, et voilà que je découvre votre blog et votre site. Pour JMGLC, commencez donc par le dernier, et si ça vous plaît remontez le temps, Révolutions, Désert, etc.

  • Superbe note sur ce modeste géant de la littérature. Cependant les bel et beau de votre titre m'ont un peu agacé les dents à prime lecture. L'a-t-on dit qu'il était grand, blond aux yeux bleus, enfin terriblement beau! Comme si cela avait la moindre importance. Je suis tombée sous le charme de ses tout-premiers livres, inégalés chefs d'oeuvres, sans avoir du tout la moindre idée de son physique! Evidemment ce n'est qu'une première impression, votre titre est tout-à-fait idéal!
    Mais je m'égare... Je voulais surtout vous féliciter pour ce somptueux billet. Vous demander aussi si ce texte de 93, au sujet des Bibliothèques de son enfance peut être trouvé quelque part... et comment? (avez-vous une adresse, un lien )
    Enfin, enfin profiter de ce commentaire pour vous dire tout le bien que je pense depuis de longues semaines de la nouvelle présentation de votre site!
    marie

  • Bonsoir Marie. Le plus simple, pour le texte de Le Clézio sur ses Bibliothèques d'enfance, serait que je vous l'envoie - je n'ai pas le temps de le recopier... A quelle adresse ? Donnez-la moi sur mon mail...
    Content de vous retrouver.

    Jls

  • Merci beaucoup. Merci vraiment! Mon mail vient de partir.
    Bonne journée.
    marie

  • Cocorico (celtique) !

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