Sans te rappeler la douleur
oubliée sous la neige
au long du lent cortège
des heures et des jours,
soudain comme une main ,
invisible, brève et cruelle,
lève le voile et te révèle,
à te figer le sang,
cela simplement qui t’attend…
La neige étrange et familière ,
comme une main apaise
l’enfance partout au sommeil;
ou te prend à la gorge
- la neige ambiguë de l’éveil,
dont la blancheur trompeuse
suinte d’humeurs odieuses…
La neige à la douce présence,
la neige au canon blanc
de l’arme prête à décharger
l’innocence du poids du monde,
la neige pure de l’immonde,
la neige à genoux de la vieille,
la neige boule en joie,
la neige tout ensanglantée,
enfin dévisagée,
la neige comme aux abois des villes
et là-bas dans l’absence:
la neige rendue au silence…