En mémoire de la cérémonie des adieux à Lucienne, alias Lulu, alias Luke, alias Lady L., en présence de sa famille et de ses amis, à la chapelle de Montoie près Lausanne, le lundi 20 décembre 2021.
Merci à toutes et tous qui nous ont rejoint pour ce que Sophie et Julie ont appelé une Cérémonie de lumière, et merci à ceux qui sont avec nous en pensée.
Lucienne avait choisi le Kyrie de la Messe solennelle de Berlioz que nous venons d’entendre, dont elle aimait la gravité majestueuse et l’éclat. Elle m’avait dit l’importance, pour elle, de la signification du mot Kyrie, marquant l’imploration. La musique parle en deça ou au-delà des mots : elle est pure émotion. Mais c’est avec les mots – nos pauvres mots - que nous nous parlons, et je commencerai par en dire quelques-uns qui vous rappelleront, je l’espère, la présence de Lucienne au prénom de lumière.
J’ai dit les mots LUMIÈRE et PRÉSENCE. Je dirai maintenant les mots que nous nous sommes répétés ces derniers mois, qui traduisaient son courage devant la Bête, comme elle appelait sa terrible maladie, et le regard qu’elle portait sur sa vie écoulée, et c’étaient les mots SÉRÉNITÉ et RECONNAISSANCE
Lucienne se défiait des grands mots. Elle leur préférait ceux de la simple vie et des relations aussi chaleureuses que respectueuses. Le mot BIENVEILLANCE lui allait bien, qu’en enseignante spécialisée elle disait EMPATHIE. Si elle ne se payait pas de mots, c’est aussi qu’elle savait, d’expérience, les effets des mots qui font mal. C’est ainsi que le mot INDULGENCE me vient en pensant à sa façon d’accueillir les autres, et notamment tous les jeunes gens débarqués de pays en guerre ou en difficultés auxquels elle enseignait le français. Et pour sa détermination à résister à l’idée même du mal, je dirai le mot INTRANSIGEANCE.
De fait, malgré sa générosité, sa gaieté naturelle et son humour, Lucienne ne s’aveuglait pas et le mot LUCIDITE m’a été répété maintes fois, à son propos, par celles et ceux qui l’ont assistée ces derniers mois, le mot COURAGE et le mot DÉTERMINATION.
Pour celles et ceux qui l’ont aidée à affronter la Bête, le mot CONFIANCE convient le mieux, et c’est en son nom, qu’avec Sophie et Julie, Florent et Gary, nous tenons à les remercier sans pouvoir les citer tous : merci au docteur Alexandre Hobi, notre médecin de famille, et à la doctoresse Anna Dolcan, au service d’oncologie du CHUV, à Lionel Briquet pour ses bons soins de physiothérapeute et à Léonard Chabloz, qui a stimulé son énergie et l’a apaisée en praticien du shiatsu, merci à toutes les bonnes personnes de l’équipe mobile des soins palliatifs de Rennaz et du CMS de Montreux pour leur aide à celle qu’une voisine et amie a justement qualifiée de belle personne…