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  • Ceux qui restent confiants

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    Celui qui a gardé son Opinel / Celle qui ne lâche pas la main du Seigneur même quand elle nage sur le dos / Ceux qui continuent de lire Michaux dans le texte et même dans le sous-texte / Celui qui pratique l'écriture automatique avec conduite assistée dans les virages en épingles de chapeau / Celle qui reste attachée à la marque Le Rêve garantissant la chaleur d'un poêle à bois suisse donc sûr / Ceux qui voient l'avenir de la poésie en prose / Celui qui ne voit que le drapeau à brandir et point de blanche colombe sur le fauteuil crapaud / Celle qui aspire à l'hiver total dans son coffre-fort à capitons dorés / Ceux qui se la jouent colosses de Même Nom / Celui qui voit couler le temps comme une longue enfance / Celui qui trouve ce soir de soie beau comme l'espoir / Celle qui revient de la lune par l'escalier de service / Ceux qui regrettent de ne pas regretter le regret / Celui qui est sensible (j'veux dire ultrasensible) à l'évidence du mystère / Celle qu'illumine la seule idée de l'éclair au chocolat / Ceux qui dissertent sur la fuite de l'enfoui en gardant le moral / Celui qui enfant voyait Dieu comme une boule et parfaitement ronde et gare aux quilles / Celle qui tombe ou croit tomber et se relève grâce au Seigneur ou croit se relever et son ombre la suit / Ceux qui jubilent dans le fourmillement des atomes athlétiques / Celle qui se fait faire une mise en plis béton genre permanente de statue soviétique / Ceux qui dorment en chiens de fusil mitrailleur / Celui qui croit peindre des visages et ce sont des paysages / Celle qui croit voir des paysages et ce sont des visions / Ceux qui croient voir des bisons dans l'armoire aux visons, etc.

     

    Peinture: Michael Sowa.

  • l'Allumé

     

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    « Pas un gramme de graisse, on peut le dire à tout point de vue, rien que de l’os et de la fermeté, pas ça de fermenté mais de l’éthique et de la droiture à la base, tout le superflu du consommé dûment consumé et surtout ça qui se voit à la voussure d’humilité : le contraire du genre torche brandie, et l’on voit que ça rayonne du dedans, l’on sent toute son intériorité travaillée par le feu de l’Esprit annoncé par la publicité…

    Image: Philip Seelen.

  • No Problem

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    « Y a des gens comme ça qu’aiment pas les fleurs, y disent que ça fait baptême ou pire : que ça fait mariage, y disent que ça fait bourge de se pointer chez les voisins avec des buddleyas, ou pire : que ça fait courge d’offrir des cattleyas qui sont hyper connotés genre La recherche de Proust et tout le tralala, enfin les chrysanthèmes j’te dis pas : autant y aller de sa couronne grave et là, pas de problème avec l’affaire, qu’y disent: tu signes un chèque avec ceux du bureau et t’es couvert…

     

    Image: Philip Seelen.

  • Ceux qui vont voir ailleurs

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    Celui qui part tôt matin sans savoir où / Celle qui prend la tangente à la corne du bois / Ceux qui passent la ligne de haute tension / Celui qui avait un creux au ventre / Celle qui demande plus de ciel / Ceux qui sont curieux à vie / Celui qui appelle ça une escapade / Celle qui appelle ça une échappée / Ceux qui se taisent dans le train de nuit / Celui qui sait que le défilé sombre débouche là-bas sur la Pannonie / Celle qui dit qu’elle ne croit en rien mais qui va quand même là-bas / Ceux que l’espoir d’un meilleur salaire attire vers l’Ouest qu’on leur a dit pourri / Celui qui va juste fleurir sa mère au cimetière / Celle que le nom de Nicaragua fait imaginer des forêts bleues sous des ciels rouges ou des forêts rouges sous des cieux noirs / Ceux qui ont fait la Tunisie (disent-ils) où ils ajoutent qu’il n’y a rien à voir / Celui qui voyage autour de sa chambre dont la fenêtre donne sur l’usine d’incinération des déchets urbains / Celle qui se contente de l’Ici-Bas qu’elle habite dans son ample chair de gourmande / Ceux qui trouvent la vie trop étroite et se sont donc inscrits au prochain Transit Mystique de Frère Jean-Marie / Celui qui est parti bien après le retour des autres / Celle qui a succombé avant d’arriver là-bas / Ceux qui se retrouvent dans les villages dévastés de leur enfance / Celui qui fuit la nouvelle sorcellerie de l’argent / Celle qui rêve de pays sans mépris / Ceux qui ont franchi la frontière redoutée / Celui qui cherche le Midi vertical / Celle qui voyage à travers le pays que trahit sa robe rouge sang / Ceux qui marchent au bord du fossé où ils savent ce qui les attend sans y croire vraiment / Celui qui se dit qu’il a encore des tas de villes à visiter en songe sur son grabat de prisonnier / Celle qui a vagabondé toute la nuit avant de rencontrer celui qu’elle a cherché à travers divers pays et qui l’attend là / Ceux qui retourneront en Andalousie sans savoir comment / Celui qui voit le col là-haut d’où l’on redescend vers le Sud / Celle qui voit là-haut la passe conduisant au Nord où l’attend son fiancé / Ceux qui partent ensemble vers un Ailleurs qu’ils ont choisi, etc.




  • L'art de Bona

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    Les jardins suspendus (41)

    Sheffield, samedi 17 novembre

    Peinture au détail.- Annie Dillard dit quelque part qu'un écrivain étudie la littérature en écrivant, plus qu'il n'observe le monde, et de même les peintres étudient-ils la peinture en peignant. Plus encore, un peintre des amis d'Annie Dillard affirmait qu'il peignait à cause de l'odeur de la peinture. Or en regardant mon compère peintre Bona Mangangu regarder la peinture je voyais encore autre chose: qu'il détaillait les détails comme un tailleur tâte une étoffe, en homme de métier plus encore qu'en connaisseur. De telle grande toile à motif quelconque c'est ainsi tel fouillis de soie floche blanc-cassé à bordure mauve qu'il "cadrait" dans un désordre de vêtement, ou tel dégradé de multiples bleus qu'il repérait dans un losange de ciel frangé de nuages. Le fait de la figuration ou de la non-figuration est évidemment secondaire dans cette approche de la matière, ou disons que c'est un autre débat. Mais c'est la matière même, l'élément matière au sens où l'entend Bachelard, la matière pour ainsi dire pensante et repensée que mon ami peintre avait l'air de touiller du regard; et d'ailleurs ses toiles sont pétries de cette matière pensante et repensée - à diverses vitesses il faut le préciser.

    Contemplation et fulgurance. - Il y a du méditant oriental en mon compère Bona, qui multiplie d'une part les grandes pièces à lents glacis bruns mordorés "montés" en transparence, et du semeur aussi à grands gestes ardents qui balances ses semis stellaires à grands gestes impérieux. Or ces deux moments correspondent, aussi, à la complexion même de l'artiste, à la fois puissant et pensif, un peu sauvage et très civilisé, d'Afrique tellurique passée à Paris au filtre des intelligents à la Deleuze ou à la Foucault, mais sans aucune pose, et l'inventaire reste sommaire mais l'oxymore d'une douce violence pourrait convenir pour le moment...

    Comme une retenue. - Mon compère Bona sait ce qu'il fait, tant en peinture que dans ses écrits. En principe j'étais venu à Sheffield pour envisager la publication de son essai poétique sur Le Caravage, mais nous avons parlé de tout autre chose et j'ai dû attendre le dernier jour pour voir enfin ses oeuvres roulées et cachées dans tous les recoins de son logis de Woodstock Road. Une galerie de Nottingham s'occupe de la vente de ses tableaux, mais cela se fait comme en douce dirait-on, après des années d'expos à foison aux quatre coins de la France. Est-ce orgueil ou modestie dans un monde où les fausse valeurs surabondent ? À vrai dire pas un instant je ne l'ai entendu se lamenter ni vitupérer, sauf pour déplorer la cuistrerie académique et le conformisme ambiant, mais il est de l'espèce de plus en plus rare de ceux qui aiment ce qu'ils font et qui le font au mieux de leur art - en ce qui me concerne je vois en lui l'un des "quelques-uns", parmi mes amis, qui m'aident le mieux à respirer, et ce nest pas rien...

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  • Bona my bro

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    Franz Kafka: "Le chemin est souvent long et difficile, qui mène de l'impression à la connaissance, et beaucoup de gens sont tout simplement de piètres voyageurs".

    WOODSTOCK ROAD . - Je ne savais trop ce qui m'attendait là-bas, à Sheffield, où j'allais me retrouver cet après-midi après avoir débarqué à Manchester. Nous nous connaissions, avec Bona, depuis sept ans, sans nous être jamais rencontrés que sur la Toile. J'avais lu ses livres et je les avais chroniqués, il m'en avait remercié par une flamboyante Fleur de volcan, j'aimais son humour et nous partagions pas mal de passions en littérature et en peinture, en musique et sur les choses de la vie; nous avions   failli nous rencontrer à Béziers quand il s'y trouvait en résidence d'artiste, mais cela ne s'était pas fait, les années avaient passé, il s'était ensuite installé à Sheffield avec les siens où il était devenu Master of Arts.

    Or je me demandais encore, ce matin, qui était vraiment ce Bona-là en me rappelant d'autres échanges sporadiques de toutes ces années, mais à son premier sourire immense et à son premier rire, à l'aéroport de Manchester où il est venu me chercher, j'ai tout de suite perçu, chez ce Bona en 3D à la fois plus jeune et plus vif que je ne l'imaginais, le bon compère que je m'étais figuré de plus en plus en plus précisément dans nos échanges virtuels et plus-que-réels devenus quasi quotidiens.

    L'autre énigme, évidemment, tenait à la personne qui partage la vie de cet ami plutôt discret, dont je savais juste qu'elle portait un double prénom de lumière et qu'elle lui avait donné deux enfants également prénommés à l'africaine, la fille aînée portant le nom d'une  pierre précieuse et le grand ado de quinze ans fan d'Avendgers celui du parangon virtuel de la perfection. Or, dès notre arrivée à Woodstock Road (rien que ce nom me faisait jubiler d'avance !), dans cette rue montante à l'enfilade de maisons de brique à bow-windows -dès entrouverte la porte de mes hôtes ce serait cet autre sourire et cette même malice, et quelle grâce ajoutée !

                                                                                  (Sheffield, ce 12 novembre 2012)  

        

    COLLINES.- Entretemps j'avais déjà repéré, dans le train de Manchester à Sheffield, des banlieues de la grande ville aux campagnes déroulées, la nature anglaise dont je ne connaissais guère jusque-là que les évocations littéraires, de Thomas Hardy à Ian McEwan; puis ce fut cette ville de Sheffield que j'imaginais toute grise ou noire de son passé industriel, que je découvrais aussitôt pleine de charme et tout entourée de collines, toute dorée aussi et mordorée par les couleurs de l'automne...          

     

    Bonnard.jpgBONNARD. - On peut parler peinture, ou parler musique, on peut se la jouer spécialiste, on peut parler littérature et briller sans se rencontrer vraiment. Mais sonder la couleur, traverser le mur des sons, se retrouver au bout de la nuit des mots est autre chose.

    Or c'est cela même que, depuis des années, même à distance, même sans se rencontrer jusque-là, je partageais avec mon occulte compère Bona: cette fusion sensible et cette effusion. Déjà j'avais fait écho aux mots de ses livres, et lui aux miens. Déjà les noms de Goya, de Soutine ou de Delacroix, déjà son soliloque du Caravage en sa dernière nuit, et mes propres échappées lyriques ou picturales, nous avaient fait nous rencontrer hors de tout propos convenu, et voici que ce seul tableau de Bonnard, au Musée de Sheffield, aura scellé pour ainsi dire cette espèce d'alliance échappant à tout discours de pions cultivés...

    Il n'y a qu'un Bonnard au Musée de Sheffield, mais ce tableau nous a réunis, en ce moment précis et comme jamais avant, avec mon compère Bona, en cela qu'il fait réellement événement, concentrant toute la grâce secrète d'une intimité féminine à la fois voilée et dévoilée, toute de présence incarnée et toute de pure peinture.

    Il y a là, comme dans l'  Olympia de Manet, l'expression même de la nudité féminine, mais ici surprise plus encore qu'exposée, fondue au noir mystérieux et tirée de là par les ors bleutés de la chair à la fois légère et lourde aux hanches, mélange de pudeur et d'offrande, le visage juste masqué par le désordre confus de la chemise retirée et le bras commandant au mouvement; et tant d'autres choses suggérées par le grand et le petit triangle et la douce polyphonie des couleurs mordorées... 

       

     MELTING POT.- Mon compère Bona me dit qu'en ces lieux, de l'école au café ou de la rue à l'église, tout propos ou tout comportement raciste est illico dénoncé et puni par force de loi et de police, et cela me semble réjouissant à proportion d'une expérience réelle de l'empire en évolution. Rien à voir, à mes yeux, avec la récente affaire du couturier français traîné en justice médiatique pour ses propos écervelés évoquant son "travail de nègre", qui relève à mes yeux de la comédie hypocrite, de même que les incantations vertueuses de la political correctness à l'américaine. Une chose est en effet l'affectation d'antiracisme et ses postures, et tout autre chose la position de respect, même distant, voire méfiant, acquise dans la réelle proximité.

           

     Sheffield15.jpgMAISONS ET JARDINS. - Les alignées de maisons de brique à bow-windows pourraient faire craindre la monotonie, mais pas du tout. En ce qui me concerne en tout cas m'est apparu d'emblée, à Sheffield, un ton me convenant mieux dans sa variante middle class qu'en Allemagne ou qu'en Autriche ou qu'en Suisse où le mitoyen m'a toujours glacé par son uniformité plus ou moins exsangue, à laquelle échappe évidemment Amsterdam et ses environs de Flandres.

    Il est des maisons dont on peut rêver, et d'autres non. Or la maison des Bona, faite de quatre pièces sur trois étages reliées entre elles par un vertigineux escalier à la manière amstellodamoise (nécessité de place fait loi) est du genre à favoriser les rêves topologiques dont parlait Walter Benjamin dans ses ruminations urbaines - c'est à quoi je songe ce matin en savourant la confiture de gingembre du breakfast de mes amis tandis que la conversation roule déjà comme il sied en milieu civilisé.

     

    bona3.jpgDE LA CONVERSATION.- L'amitié se mesure ainsi, à mes yeux, à la qualité de la conversation, où le gossip et la chiacchierata ont évidemment leur bonne place; mais sans passions partagées, ni substance, ni fantaisie, ni folie même: point d'amitié vivante à mes yeux. Or je ne serais pas venu jusqu'à Sheffield sans être à peu près sûr d'y trouver un écho vif, et quoi de plus vital en effet ?

    On nous bassine de nos jours sur le manque de reconnaissance, et certes elle est souhaitable et légitime en cela qu'elle vivifie le lien social, mais on ne meurt pas du manque de reconnaissance tandis que sans écho vivant et parlant l'on crève.   Or nous avions parlé toute la soirée et jusque tard dans la nuit de l'Afrique et de nos mères et pères et de villes la nuit et de livres et de mille autres choses, et maintenant nous étions en ville, et de pubs en jardins (Sheffield compte autant de ceux-ci que de ceux-là) nous n'en finissions pas de ne pas voir le temps passer en ne discontinuant de parler - et c'est cela aussi l'amitié: que le temps y passe sans qu'on s'en lasse...

     

    Celui qui découvre les collines du Yorkshire / Celle qui emmène son yorshire Pussy au restau Nonnas du coin de la rue où elle lève des gigolos possiblement amateurs de chair boucanée / Ceux qui remontent le fleuve de leurs souvenirs, etc. 

     

    BonaOpera5.jpgBONA. -  Annie Dillard dit quelque part qu'un écrivain étudie la littérature en écrivant, plus qu'il n'observe le monde, et de même les peintres étudient-ils la peinture en peignant. Plus encore, un peintre des amis d'Annie Dillard affirmait qu'il peignait à cause de l'odeur de la peinture. Or en regardant mon compère peintre Bona Mangangu regarder la peinture je voyais encore autre chose: qu'il détaillait les détails comme un tailleur tâte une étoffe, en homme de métier et donc en parfait connaisseur.

     

    Il y a du méditant oriental en mon compère Bona, multipliant d'une part les grandes pièces à lents glacis bruns mordorés "montés" en transparence, et du semeur aussi à grands gestes ardents qui balances ses semis stellaires à grands gestes impérieux. Or ces deux moments correspondent, aussi, à la complexion même de l'artiste, à la fois puissant et pensif, un peu sauvage et très civilisé, d'Afrique tellurique passée à Paris au filtre des intelligents, mais sans aucune pose, et l'inventaire reste sommaire mais l'oxymore d'une douce violence pourrait convenir pour le moment...

     

    Mon compère Bona sait ce qu'il fait, tant en peinture que dans ses écrits. En principe j'étais venu à Sheffield pour envisager la publication de son essai poétique sur Le Caravage, mais nous avons parlé de tout autre chose et j'ai dû attendre le dernier jour pour voir enfin ses oeuvres roulées et cachées dans tous les recoins de son logis de Woodstock Road. Est-ce orgueil ou modestie dans un monde où les fausse valeurs surabondent ?  À vrai dire il est de l'espèce de plus en plus rare de ceux qui aiment ce qu'ils font et qui le font au mieux de leur art - or je vois en lui l'un de ces  "quelques-uns", parmi mes amis, qui m'aident le mieux à respirer, et ce n'est pas rien...

     

                                                                                            (Sheffield, ce 17 novembre)

     

    °°°

            Celui qui se connaît assez pour se reconnaître / Celle qui trouve la paix en celui qu’elle appelle Dieu faute de mieux dit-elle / Ceux qui pressentent la mort avec une telle intensité qu’ils en deviennent plus doux, etc.

     

    À lire absolument: le texte de Bona Mangangu intitulé Joseph le Maure, relatif au célébrissime Radeau de la Méduse de Géricault et accueilli sur le site de François Bon:http://nerval.fr/spip.php?article88

     

  • Le voyageur émerveillé


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    Lettres de voyage de Thierry Vernet

    C’est une somme épistolaire épatante de fraîcheur, par son écriture, et du plus grand intérêt documentaire, à divers titres, qui vient de paraître sous le titre peu convaincant de Peindre, écrire chemin faisant, réunissant les lettres envoyées à ses proches par le jeune peintre genevois Thierry Vernet tout au long du périple qui le conduisit, avec son compère Nicolas Bouvier, de Yougoslavie en Afghanistan via la Grèce et la Turquie, l’Iran et le Pakistan. La première de ces missives (parfois de plusieurs pages) est daté du 6 juin 1953 à Graz, et la dernière du 20 octobre 1954 à Kaboul.
    medium_VernetC.JPGAu commencement, le jeune Vernet (il a vingt-six ans et laisse une fiancée à Genève, prénommée Floristella) voyage tout seul en Croatie puis en Bosnie, jusqu’à l’arrivée de son ami « Nick » qui le rejoint à Belgrade en juillet. D’emblée, cependant, se manifeste un don d’observation et d’expression qui rompt pour le moins avec la gravité calviniste, évoquant tantôt Cingria par sa fantaisie et la découpe de sa phrase, ou Vialatte par sa faconde cocasse et son bon naturel. S’il lui faut bien quelque temps pour larguer vraiment les amarres (la moindre lettre des siens est attendue avec fébrilité), c’est ensuite avec une curiosité et un enthousiasme de (presque) tous les jours qu’il découvre les lieux et les gens, vivant autant qu’il peint et écrivant pour le revivre en le racontant. Son mot d’ordre est vite trouvé : « Le secret du bon moral : SORTIR DE SOI-MÊME », écrit-il ainsi avec son solennel humour. Et de fait, le contact avec les gens, l’observation du monde, l’aquarelle ou ces lettres, tout le porte à sortir de la contention solitaire.
    Par ailleurs, Thierry Vernet n’est pas qu’un peintre qui écrit : l’expression, naturellement « littéraire », quoique spontanée, souvent familière (il multiplie les genevois « c’est bonnard ! »), est à la fois élégante et très précise, originale, consciente d’elle-même aussi : « Ce grand voyage sera un peu comme un roman passionnant dont le début est difficile. Chaque page tournée, chaque jour passé m’engage un peu plus dans l’action. Persévérer. » Et plus il écrira, meilleur écrivain il se révélera au fil des mois, avec des pages d’anthologie évidemment en « prise directe » sur les péripéties du « grand voyage ».
    medium_VernetE.JPGDe ce grand voyage, on connaît le récit quintessencié que représente L’usage du monde de Nicolas Bouvier, devenu le « livre culte » de beaucoup de voyageurs contemporains. A cet ouvrage combien stylisé, décanté à travers les années et travaillé, tenu et contenu, les lettres de Thierry Vernet apportent aujourd’hui comme un double radieux et profus ; bien plus qu’un « témoignage » qui resterait en somme secondaire : un complément d’une incomparable générosité de couleurs et de saveurs.
    Cela étant, on n’aura pas le mauvais goût d’opposer ce corpus monumental (qui eût d’ailleurs gagné à être élagué) au « classique » de Bouvier, n’était-ce que par respect de la belle amitié constamment réaffirmée des deux compères. Chaque livre est unique, et celui de Thierry Vernet fait figure de révélation. Bonheur de lecture !

    Thierry Vernet. Peindre, écrire chemin faisant. Illustré de nombreux dessins. Précédé du texte d’une conférence de Nicolas Bouvier prononcée à Tabriz au vernissage d’une exposition de son ami, sous le titre Voyager en peignant. L’Age d’Homme, 708p.

  • Du rester-partir au pleurer-rire


    medium_Mangangu.jpgRETOUR AU CONGO Kinshasa. Carnets nomades. Le récit lyrique et panique de Bona Mangangu

    Si les étonnants voyageurs dont les pages sur l’Afrique ont fait date (à nos yeux en tout cas) sont le plus souvent occidentaux, du Polonais Richard Kapuscinski à la Néerlandaise Lieve Joris, entre autres, le premier intérêt des Carnets nomades du peintre et écrivain Bona Mangangu tient à cela que c’est un fils du pays (né en 1961, en plein mouvement d’émancipation) qui évoque ce qu’est devenue sa ville natale de Kinshasa où il fait retour, une vingtaine d’années après l’avoir quittée. Désormais installé dans le Haut-Languedoc dont la nature lui rappelle parfois celle de son enfance, quand son père lui nommait chaque plante qu’il découvrait, l’artiste passionné de littérature et de musiques de partout, occidentalisé et pratiquant la langue française en poète et en homme de culture, revient pourtant chez lui « à hauteur d’enfance », avant d’affronter la déchirure de ses vingt ans.
    Dès les premières pages, en flamboyante ouverture, avec un mélange de somptueux lyrisme accordé à la splendeur du crépuscule congolais et la conscience immédiate de ce que plombe aussi ce ciel, estimé « traître » par les humiliés et les offensés, Bona Mangangu marque une opposition violente qui va scander la suite poético-polémique de son parcours tenant à la fois de la quête d’identité et du reportage, de l’effusion « magnétique » et de l’amer constat dont un des thèmes récurrents est l’injustice faite aux enfants de la rue et au sous-prolétariat des quartiers-poubelles.
    Rien pourtant ici de la déploration convenue ou de la dénonciation fondée sur des certitudes. Certes les «voleurs d’espoir » sont illico pointés, mais à la rage se mêle cette image candide : « Tout est encore présent dans mon esprit comme ce brusque chuchotis du ruisseau révélé par un saut de lapin traqué au lance-pierre ». Les profiteurs et les nouveaux riches, les bandits et les voyous sont là, les « sangsues politiques » ou les marchands de foi roulant en Mercedes, mais « la vie ici, malgré les souffrances insoutenables, est une œuvre d’art ». De l’école « gardienne » aux bonnes volontés éparses des ONG, des artisans-artistes réinventant la beauté avec des riens au vieux sage disparu dont la mémoire transmet encore les secrets du savoir-survivre, un courant d’espoir, aussi méandreux, lent et profond que le fleuve Congo, se laisse percevoir dans ces pages généreuses et tourmentées, où l’amour et la lucidité, le passé retrouvé et l’acceptation de ce qu’on est fondent une plus juste lecture de la réalité, préludant à de nouvelles solidarités.
    Bona Mangangu. Kinshasa. Carnets nomades. L’Harmattan, 136p.

     

  • Ceux qui ne font que passer

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    Celui qui séjourne dans la pièce aux dix jalousies vertes / Celle qui trouve que le vert apaise la vue / Ceux qui considèrent le verre des miroirs comme un instrument de Babylone / Celui qui attend la fin de l'orage dans sa pièce secrète / Celle qui règne sur des imaginations fabuleuses / Ceux qui tirent leur équilibre d'un niveau à bulle dont l'oeil vert est garant / Celui qui aime la routine des gestes sûrs / Celle qui observe attentivement les rêveurs indépendants / Ceux qui savent que le petit éléphant d'ivoire au nom de Ndjock doit regarder la porte / Celui qu'on dit le meilleur bouvier de la commune du Milieu / Celle qui aime le chelou à dégaine de rasta / Ceux qui se comprennent à demi-mot en tant que marcheurs de l'espace / Celui qui a craint enfant le regard lourd de certains / Celle qui a fait son Ecole du dimanche avec Bluette Bobilier dont le nom lui est resté autant que ceux de Matthieu Marc Luc Jean / Ceux qui sont partis à sept ans à la découverte des mondes du dehors / Celui qui compare la dotation d'amour de chacun à une orange dont chacun pourrait avoir sa part de quartier si l'amour le veut bien / Celle qui aime le magasin de jouets de Miss Evangeline / Ceux dont la présence est un murmure / Celui qui se retrempe l'âme dans la fraîcheur du jardin aux papillons / Celle qui déplore que tout le savoir du vieux philosophe parte en cendres avec lui / Ceux qui s'adressent directement au Seigneur au motif que c'est plus sûr / Celui qui a toujours pris le parti du Seigneur même quand il avait l'impression d'en être oublié ou même trahi va savoir / Celle qui a préféré une bonne vie sur terre qu'avoir peut-être froid au ciel / Ceux qui le soir entendent l'appel de la rainette et voient ensuite s'allumer la loupiote de la luciole qui valent chacune son bout de religion tu crois pas ? / Celui qui se dit loin de la lune sans la perdre de vue / Celle qui se fera enterrer en robe de mariée avec la traîne avec / Ceux qui se sentent tout jeunes dans la vieille lumière / Celui qui est trop pur pour durer / Celle qui n’a pas désiré s’attacher / Ceux qui se sont excusés sans le penser / Celui que la méchanceté désarme / Celle que la vanité fait sourire / Ceux qui ont fait le deuil de leur enfance sans la renier pour autant / Celui qui accepte d’être devenu ce personnage décevant qu’on appelle un adulte responsable / Celle qui fait sienne la rêverie du poète ingambe / Ceux qui regardent à l’Ouest d’Ouessant / Celui qui repart en mer dès qu’il revient de montagne / Celle qui te regarde comme une sœur et parfois comme une mère et que tu regardes le plus souvent comme l’amie bonne de Vermeer penchée sous la lampe à faire son sudoku / Ceux qui se voient décliner et s’inclinent / Celui qui écoute le silence d’avant les oiseaux / Celle qui attend son taulard au Liberty Bar / Ceux qui repartent sans y penser / Celui qui habite le matin qu’il appelle l’Heure de Dieu en dépit de sa mécréance proclamée / Celle qui comprend que Dieu t’est comme un pantalon seyant / Ceux qui enfilent Dieu comme un bonnet / Celui qui réprouve cette façon par trop familière de parler de l’Être Suprême / Celle qui voit dans les petits enfants la présence de quelque chose ou de quelqu’un qui dépasse la sentimentalité mielleuse / Ceux qui ont mal aux genoux de s’agenouiller mais pas mal au cœur d’en manquer / Celui qui dit hello les enfants à la sainte Trinité quand il se pointe à l’office du matin qu’il célèbre en sautillant à la manière typique du cureton Maximilien-Marie du Sacré-Cœur dit aussi Frère Lapin / Celle qui regrette d'avouer au Seigneur qu'elle est déjà fiancée à Fernand / Ceux qui tels Voltaire affirment que le Paradis terrestre se trouve où il sont, etc.

    Peinture: Cuno Amiet

  • La Fée Valse on the blog

    Merci à Gilberte Favre pour son évocation de mon livre sur son blog de 24 Heures.


    La Fée Valse ne serait peut-être pas née sans elle. L. est la «bonne amie» (l'épouse) à qui Jean-Louis Kuffer dédie son dernier livre.

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    Que cela soit sous la forme d’un poème en prose ou d’une note philosophique, ce livre virevolte sur le continent Amour. Corinna Bille l’aurait aimé pour son univers parfois baroque.
    En bon épicurien, le romancier et chroniqueur littéraire nous conte quelques-uns de ses fantasmes sur le mode poétique. Rabelais, «le premier saint poète de la langue française», n’est pas loin…


    Du ciel...

    Désirade28.JPGMais avant tout, de son Paradis au-dessus de Montreux, JLK est particulièrement bien placé pour observer le ciel (qu’il sait aussi photographier) dans toutes ses formes et nuances. Les soubresauts de la planète ne le laissent pas indifférent pour autant. «Non, je ne vois aucune beauté dans la guerre, nulle ruine ne sera chantée…» écrit-il ayant discerné dans un ciel pur «des faucons assassins». Mais où donc ? Les lieux potentiels, en 2017, ne manquent pas.
    Ailleurs, c’est «le ciel des jardins de Cracovie» qui apparaît et nous voilà cette fois dans le registre de la tendresse à l'état pur. «Tu me montrais le vol des oiseaux migrateurs, nous avons marché sans parler en nous souriant sans nous regarder.»
    Rêves et souvenirs se chevauchent tout naturellement avec leur lot de coquineries et d'interrogations.
    ...au frère mystérieux

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    Ce livre est à la fois léger et profond. Nous interpelle ce frère «mystérieux» que l’auteur associe à un «paysage immense qu’on dirait à l’instant de monts de Chine encrés à rehauts de bleu sombre…»
    Serait-il «ce personnage à manteau noir» qu’il voit s’en aller «là-bas, sur la rive du lac» et qui lui fait signe même s'il repose au jardin du souvenir ?
    Nous émeut aussi le texte final intitulé «Notre secret» dédié à L. dont les yeux l'éclairent.
    Il voulait son livre «joyeux et grave, allègre et pensif, tendre et mélancolique, sérieux et ludique». Jean-Louis Kuffer a réussi son pari. A ces adjectifs, j’en ajoute un autre: «pudique».


    JLK a écrit La Fée Valse d’une plume élégante, conciliant humour et humanité, deux mots qui vont bien ensemble.


    zaech-oct.16460 2.jpgDessin original de Stéphane Zaech.


    La Fée Valse, Editions de l’Aire, 155 pages, de la collection Métaphores dirigée par Xochitl Borel et Arthur Billerey; dessin original de Stéphane Zaech.


    Voir aussi le blog de l'écrivain: http://carnetsdejlk.hautetfort.com


    Blog de Gilberte Favre
    http://itineraires.blog.24heures.ch/

  • La Fée Valse danse avec les mots

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    Où le maestro Sergio Belluz, baritone drammatico et fabuliste polygraphomane, se fait le chantre spontané de La Fée Valse...  

     

    Dans les quelques cent-trente pièces facétieuses et virtuoses de ce recueil savoureux qu’est La Fée Valse (Vevey : L’Aire, 2017), c’est tout l’humour, toute la fantaisie, et toute l’oreille de Jean-Louis Kuffer qui s’en donnent à cœur joie – un livre que l’OULIPO de Raymond Queneau aurait immédiatement revendiqué comme une suite d’Exercices de style amoureux, tout comme il aurait réclamé à hauts cris la publication urgente et salutaire des fameux "Ceux qui" – « Celui qui se débat dans l’absence de débat / Celle qui mène le débat dans son jacuzzi où elle a réuni divers pipoles / Ceux qui font débat d’un peu tout mais plus volontiers de rien / Celui qui ne trouve plus à parler qu’à son Rottweiler Jean-Paul / Celle qui estime qu’un entretien vaut mieux que deux tu l’auras... » – que l’auteur dispense de manière irresponsable sur des réseaux sociaux complaisants, sans mesurer les risques de mourir de rire (l’Office fédéral des assurances sociales s’inquiète).
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    Une des pièces, Kaleidoscope, explique bien l’esthétique du livre : « Quand j’étais môme je voyais le monde comme ça : j’avais cassé le vitrail de la chapelle avec ma fronde et j’ai ramassé et recollé les morceaux comme ça, tout à fait comme ça, j’te dis, et c’est comme ça, depuis ce temps-là, que je le vois, le monde ».

    Fellini.JPGLa Fée Valse, c’est d’abord un amusant portrait fellinien de nos grandeurs et de nos petitesses amoureuses, de nos fantasmes et de nos regrets, qui joue sur l’alternances des narrations, sur l’accumulation des pastiches, sur le jeu des registres de langue, sur les sonorités, sur les cocasseries des noms propres et sur les références autant littéraires que populaires : « C’était un spectacle que de voir le lieutenant von der Vogelweide bécoter le fusilier Wahnsinn. Je les ai surpris à la pause dans une clairière : on aurait dit deux lesbiches. J’ai trouvé ça pas possible et pourtant ça m’a remué quelque part » (Lesbos)

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    On y joue sur les mots, bien sûr : « Les femmes des villas des hauts de ville sont évidemment favorisées par rapport aux habitantes du centre, mais c’est surtout en zone de moyenne montagne que se dispensent le plus librement les bienfaits du ramonage» (Le Bouc)

    On y prépare aussi des chutes hilarantes par la transition brusque entre une tirade en forme de poncif qui termine par un particularisme terre-à-terre, comme dans En coulisses : « Je sais bien que les tableaux du sieur Degas ont quelque chose d’assez émoustillant, mais faut jamais oublier les odeurs de pied et la poussière en suspens qu’il y a là derrière, enfin je ne crois pas la trahir en précisant que Fernande n’aime faire ça que sous le drap et qu’en tant que pompier de l’Opéra j’ai ma dignité » ou comme dans Travesti : « Que le Seigneur me change en truie si ce ne sont point là des rejetons de Sodome !’ , s’était exclamée Mademoiselle du Pontet de sous-Garde en se levant brusquement de sa chaise après le baiser à la Belle au bois dormant qu’avaient échangé sur scène le ravissant petit Renne et Vaillant Castor l’éphèbe au poil noir. »

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    On s’amuse des conformismes et des jargons de certains milieux : « ...Après sa période Lichens et fibrilles, qui l’a propulsé au top du marché international, Bjorn Bjornsen a mené une longue réflexion, dans sa retraite de Samos, sur la ligne de fracture séparant la nature naturée de la nature naturante, et c’est durant cette ascèse de questionnement qu’est survenue l’Illumination dont procède la série radicale des Fragments d’ossuaire que nous présentons en exclusivité dans les jardins de la Fondation sponsorisé par la fameuse banque Lehman Brothers... » (Arte povera)

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    En passant, on récrit Proust façon XXIe siècle, comme dans Café littéraire – « C’est pas que les Verdurin soient pas à la coule : les Verdu c’est la vieille paire de la belle époque de Woodstock, leur juke-box contient encore du passable, style Jailhouse rock et autres Ruby Tuesday Amsterdam ou La mauvaise réputation, enfin tu vois quoi, mais tout ça est pourtant laminé sous l’effet des goûts du barman Charlus, fan de divas italiennes et de choeurs teutons. » – et on évoque Foucault – « Sa façon de feindre la domination sur les moins friqués de la grande banlieue, puis de renverser tout à coup le rapport et de trouver à chaque fois un nouveau symbole de soumission, nous a énormément amené au niveau des discussions de groupe, sans compter le pacson de ses royalties qu’il faisait verser par ses éditeurs à la cellule de solidarité. »

    Aiguilleuses.jpgUne suite d’hilarants jeux de rôles, superbement écrits, qu’on verrait bien joués sur scène, tant l’auteur sait capter et retranscrire en virtuose les sonorités du verbiage contemporain, avec ses mélancolies et ses ambiguïtés, aussi : « Le voyeur ne se reproche rien pour autant, il y a en lui trop de dépit, mais il se promet à l’instant que, demain soir, il reprendra la lecture à sa vieille locataire aveugle qui lui dit, comme ça, que de l’écouter lire la fait jouir » (Confusion)

    Vous êtes libre, ce soir ?

     

    Sergio-Belluz-Portrait-par-Wollodja-Jentsch-1.jpgCe texte a été copié/collé à sa source, à l'enseigne de Sergiobelluz.com.

    zaech-oct.16460 2.jpgLe dessin original illustrant La Fée Valse est de la main d l'artiste Stéphane Zaech. L'image illustrant  Kaléidoscope est signée Philip Seelen. Le joueur de flipper est une oeuvre de Joseph Czapski.