Virgile, au parfum (12)
Enfer, chant XI. Sixième cercle : ordonnance de l’enfer
Le Bas Enfer s’annonce par une puanteur immonde, montée des profondeurs de l’abîme au bord duquel arrive les deux pèlerins, lesquels découvrent une roide pente couverte de rochers disposés en cercles concentriques dont l’ordonnance figure pour ainsi dire les cercle du Mal dans lesquels sont enclos et s’agitent les damnés.
Or, le choc est tel, et telle la puanteur, que Dante et Virgile se réfugient derrière un tombeau contenant, comme c’est écrit, les restes d’un pape au nom d’Anastase, qui a vécu au cinquième siècle et aurait été dévoyé par un certain diacre grec au nom de Photin lui-même connu pour avoir douté de la naissance miraculeuse du Christ ; et c’est là que, pour s’accoutumer un peu à l’atmosphère, pestilentielle, ayant proposé une petite pause, Virgile s’attache à décrire la topologie du Bas Enfer où va se poursuivre, de mal en pis, la déambulation des deux pèlerons.
Le Mal est en effet le thème explicite du moment, et dûment explicité par Virgile, décidément au parfum et qui éclaire alors son compagnon sur ce qu’on peut dire l’amour du mal, la fascination et la pratique du mal apprécié en tant que tel et conduisant à l’injustice, celle-ci étant lié à une « malice » spécifiquement humaine qui se manifeste au triple point de vue d’un mal commis contre soi-même, contre son prochain, et contre le ciel.
Plus précisément les terme d’injustice et de malice sont envisagées sous le triple aspect moral, métaphysique et social, en cela que le désordre personnel provoqué par la « malice » rejaillit dans ses relations avec les autres et trahit le projet divin qui est « tout amour » comme n sait…
L’ordonnance topologique des lieux est alors détaillée en fonction de la gravité, des fautes, commises par les damnés, où la ruse, la tricherie, le mensonge, la tromperie sont jugées et punies, bien plus sévèrement que les péchés de la chair évoqués plus haut
Ce qui est dit alors de la ruse fait penser à celle du serpent de la Genèse biblique, que Virgile le Latin cite dans la foulée, comme il cite Aristote - le poète se présentant alors en double médiateur «théologique et philosophique, rappelant à son disciple la sagesse des Classiques et la sainteté inaltérable du Livre…