UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ceux qui aiment sans retour

Quentin88.jpg

 

Celui qui aime Odette qui aime Jean qui n’aime personne / Celle qui croit tenir celui qui tient à elle / Ceux qui se cherchent dans la tourmente / Celui que sa mère couve tant que ses propres enfants en remettent et là ça devient lourd / Celle qui briguait la mairie et s’est retrouvée en taule pour trafic inapproprié / Ceux qui souffrent de leur arriération peut-être fatale on sait pas / Celui qui s’interroge sur le libre arbitre / Celle qui fracasse les objets contre les murs qui n’en peuvent mais / Ceux qui ne se comprennent même pas en silence / Celui qui écrit comme d’autres ont la foi / Celle qui pense qu’on est comme on naît et le dit parfois sans aucun effet / Ceux qui rêvent d’un ailleurs si possible planté de palmiers genre Acapulco / Celui que rassure l’odeur du cambouis dans son garage où les moteurs se réparent plus facilement que les gens / Celle que son mari Hell’s Angel a déçue en se tuant sur la route alors qu’ils eussent pu finir tous deux en gloire à la manière de Bonnie and Clyde / Ceux qui constatent l’encanaillement des classes moyennes et leur dérive vers la débauche de groupe et la cuisine McDo / Celui qui  en pince pour la Samantha de Webcam.com dont il croit qu’elle l’a remarqué pour son commentaire « Samantha t super » / Celle qui se fait de la thune en s’exhibant sur le site gratuit sous le pseudo Hate Reality / Ceux qui estiment que le site Webcam.com est une préfiguration de l’enfer alors que c’est juste un reflet panoptique de la réalité mondialisée / Celui qui découple son observation des phénomènes actuels de tout jugement moral à l’ancienne / Celle qui entre dans l’église vide et s’y sent seule / Ceux qui se tiennent éperdus et muets dans le vortex de la tempête / Celui qui constate que le look de rocker frimeur du jeune écrivain le préserve des blaireaux incapables d’évaluer sa réelle qualité et tant mieux n’est-ce pas / Ceux qui passent toute la soirée à s’engueuler sur la réalité ou non de la Destinée et se font attaquer à la sortie par l’Ange Exterminateur dont parle Nostradamus / Celui que le désir de tuer investit tout à coup / Celle qui se venge par personne interposée / Ceux qui s’en tireront toujours (croient-ils) en vertu de la règle selon laquelle ce sont les violents qui l’emportent / Celui qui cherche la lumière dans les impasses les plus mal éclairées / Celle qui passe de l’amour fou à la haine sans cesser de tout capter / Ceux qui ne sont pas programmées pour la réussite sans briller pour autant dans leurs échecs / Celui qui a pigé deux trois choses du cœur humain comme il en va du romancier américain Cormac McCarthy dans L’Enfant de Dieu (qu’il n’a pas lu) oui comme il en est allé de la nouvelliste Flannery O’Connor dans Les braves gens ne courent pas les rues (qu’il n’a pas lu non plus) / Celle qui sait ce qui distingue un enfant de Dieu d’un émule de Satan / Ceux qui chantent Gracias a la vida quand la tempête est retombée, etc.

(Cette liste a été jetée en marge de la lecture du tapuscrit de Notre-Dame-de-la-Merci, deuxième roman de Quentin Mouron à paraître en août prochain chez Olivier Morattel. Dans les limites du très jeune âge de Quentin, j’annonce un livre étincelant et grave, un roman des douleurs silencieuses et de la compassion non sentimentale, préfigurant un auteur littérairement et humainement comparable à Raymond Carver, Flannery O’Connor ou Cormac McCarthy (spiritualité catholique non comprise), bref un livre important, illustrant ce qu’on pourrait dire un nouveau réalisme poétique ) 

Commentaires

  • Je suppose?!? que dans vos "ceux et celles" que vous "portraitisez" il y ceux et celles que vous aimez et ceux et celles que vous détestez?!?
    Pas toujours évident de deviner l'un ou l'autre, du moins dans votre esprit.
    Mais peut-être me trompé-je et qu'ici, dans ce post, il n'y aurait que des détestables même si j'en trouve des aimables. En fait tout dépend de notre propre ressenti; par exemple :
    "Ceux qui ne se comprennent même pas en silence/" et
    "Celui qui cherche la lumière dans les impasses les plus mal éclairées/";
    ceux-là peuvent être détestables pour les uns et émouvants pour d'autres...
    J'aime leur fragilité.

    [...]
    «A part les grincements de mes articulations, j’ai plutôt le sentiment d’être plus jeune, intérieurement, qu’à 20 ans. Je me sens plus frais d’esprit, plus curieux, plus disponible, plus proche des autres,moins inquiet, moins fragile.»

    C'est peut-être la fin de 24 h pour vous mais certainement pas la fin de votre Verbe.

  • Merci chère Ombre, mais non: je ne déteste aucun de mes "ceux qui", ce sont tous nos possibles, les leurs, les vôtres, les miens, je ne juge aucunement sans donner pour autant dans l'omnitolérance, je pratique en somme l'inventaire panoptique et en constant mouvement corpusculaire; évidemment qu'il y a de la compulsion dans l'élan mais plus encore de réserve d'humour, car la vie est un inimaginable réservoir d'humour je trouve - et ça la fout mal dans l'optique binaire du jugement que je déteste assurément.
    Et pour 24Heures, je leur ai proposé une 25e Heure et ça roule...

  • Pardon, chère Ambre, de vous avoir donné de l'Ombre... Autant pour celui qui...

  • Merci pour cette explication de vos "ceux..." qui m'éclaire sur votre esprit, s'il en était besoin...
    Mon "ombre" me poursuit, parfois me précède et cela me rassure; je ne suis donc pas un ectoplasme.

    C'est une chance d'obtenir une 25e heure! Les journées sont vraiment trop courtes:))

    En aparté : vous avez un remède efficace (à part retrouver une jeunesse perdue) contre les crampes la nuit? (Rires sérieux). C'est une calamité!
    (Cachée derrière mon écran, je suis capable de dire n'importe quoi).

  • Celui qui rentre au bercail / Celui qui prend sa mère dans ses bras mais en reculant le bassin / Celle qui retourne sans cesse ouvrir les tiroirs vides de son cerveau / Ceux que la pluie fait parler, etc.
    (en lisant "Des cailloux dans le ventre" de Jon Bauer)

  • Celui qui aime l'écriture mais n'aime pas se relire | celui qui aime les roses et craint les épines | celui qui aime les voyages et déteste l'inconfort | celui qui ne peut aimer qu'aux jardins sous la lune | celui qui aime l'orage et déteste la pluie | celui qui aime une voix et n'aime pas le téléphone | celui qui aime qu'on énumère ses qualités, malheureusement il n'en a pas | et celui qui aime Botul et ne sait pas encore que c'est un être fictif... et tous les autres, que j'aime aussi.

Les commentaires sont fermés.