Yves Leclair tient un capricant, coruscant et lumineux Journal d’Ithaque
Yves Leclair est une sorte d’Ulysse terrien, parfois l’aile céleste ou le pied marin, qui a l’art de trouver « l’or du commun » sous tous ses aspects. Les titres de ses livres le révèlent tantôt comme un « voyageur sans titre » et tantôt en « moyen ermite », sensible à « l’antique lumière d’Eden » autant qu’aux « bouts du monde », s’appuyant sur ses « bâtons de randonnée » avant de composer, au retour en son antre de Saumur, tel Manuel de contemplation en montagne (La Table ronde, 2006).
Ses dernières pérégrinations, des bords de la Loire au port du Pirée, ou de Riquewihr en Alsace, où « la bière laisse perler l’or /de sa lumière vénitienne », à Pruillé-le-chétif dans le Perche où comme Ulysse il cherche « sur les mamelons des collines, /le pêcher rose et l’églantine », cristallisent en 99 odyssées miniatures.
Ainsi le promeneur inspiré grappille-t-il, sous la forme épurée de 99 dizains, autant d’impressions et d’images, de fragments d’éternité filtrés par le verbe le plus délicat. Le recueil s’ouvre sur une vingtaine de Belles vues et va son chemin très attentif, à la fois particulier et très universel entre tel «retour du boulot » et telle notation sur les « merveilleux nuages » consignée « après avoir jeté des déchets végétaux », tout se trouvant enfin élevé à la hauteur d’une chose digne d’être vue. Regardez voir si c’est beau !
Yves Leclair. Le Journal d’Ithaque. La Part commune, 127p.