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  • Ceux qui font florès

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    Celui qui rutile dans le bazar / Celle qui s’émerveille à outrance / Ceux qui sont tout gyrophares et sémaphores dans le genre j’partage / Celui qui sourit aux mésanges / Celle qui est née coiffée avec une frange sympa et col Claudine / Ceux qui bandent casher ou hallal selon le méridien / Celui qui serait bien né riche mais c’était plus cher / Celle qui fait pisser le dinar et ne chie pas des braises sur le trottoir / Ceux qui sont plutôt offre que demande / Celui qui mange sa main qui branle et recrache l’outil de pionnier / Celle qui épluche le gland du chêne en majesté / Ceux qui le font même aux peluches / Celui qui fait pièce à la condescendance de l’héritier slovène / Celle qui écrit pour la postérité et environs / Ceux qui sont plutôt fitness que René Descartes / Celui qui a lu tout Beatrix Potter et même Harry / Celle qui dit comme ça qu’elle vient de relire Platon alors qu’elle a juste fait un brunch chez les Morel / Ceux qui ont kiffé Brad Pitt dans Ulysse – le retour / Celui qui brille de tous ses feux de position / Celle qui fait saladier à part / Ceux qui ne mourront pas en baisant mais en se noyant dans le Zambèze s'ils font pas attention / Celui qui est toujours partant sans savoir où et ça c’est typique de l’idéalisme alsacien / Celle qui a une bosse mais format bonsaï donc ça va / Ceux qui élèvent des géants nains / Celui qui pense en majuscules et ressent en italiques / Celle qui aime faire rougir les curés et jouir les pédés / Ceux qui n’ont pas de mœurs mais une Toyota Cressida / Celui qui se gausse de la hausse du yen et tout ça / Celle qui convertit ses pétrodollars en placements affectifs au Nevada / Ceux qui ont le vent en poupe et pas mal de comédons à gérer / Celui que le verbe gérer horripile et qu’il emploie donc par pure perversité tu vois si c’est grave / Celle qui ment au menteur qui le lui rend en toute amitié / Ceux qui vous niquent pour votre bien comme ils disent / Celui qui te trahit avec tant d’amour que tu ne l’en aimes que plus cette salope / Celle qui ne vous trompera jamais faute d’imagination / Ceux qui s’aiment tendrement dans leurs pyjamas de pilou assortis rose et bleu celui-ci à devant fendu, etc.

    Image : Philip Seelen   

  • Ceux qui s'oublient

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    Celui qui lit Proust aux lieux / Celle qui ne sait plus qui elle est faute de collier / Ceux que leurs souvenirs ont oubliés / Celui qui dit se réduire à cette flaque / Celle qui se rappelle avoir été danseuse étoile mais où encore et quand ça elle ne saurait dire / Ceux qui ont laissé les chaussons de danse  de leur petite fille dans le cercueil cramé / Celui qui ne se rappelle plus ce qu’il a écrit à propos de Ninon de l’Enclos dans ses Mémoires mais tu peux vérifier dans le Tome XXXIII à la page 747 / Celle dont une maille du bas gauche file mais ça lui donne une touche émouvante / Celui qui te dit que tu fais partie de ses archives mortes / Celle qui remue un petit doigt bagué dans tes souvenirs de Bolchevik sévère / Ceux qui fréquentent les jeunes rockers par curiosité anthropologique / Celui qui enfile un t-shirt à l’effigie de ZZ Top pour avoir l’air jeune malgré sa dégaine de père Noël suisse allemand / Celle qui voit son passé défiler au pas de l’oie avec des fusées et des tanks de la belle époque du Parti / Ceux qui ont traversé la ville en redécouvrant le monde en tant que tel sous l’effet de substances prévues à cet effet / Celui qui fauche les idées des autres pour les améliorer / Celle qui mange dans la main du boxeur gay / Ceux qui ont fait à Antonio la réputation d’un bon coup qui lui a valu l’intérêt de celles qui ont dit ensuite que c’était exagéré et c’est ainsi qu’il en va souvent dans la vie au Portugal et ailleurs d’ailleurs / Celui qui dans Madame Bovary s’intéresse surtout à Monsieur / Celle qui a lu L’Enfer de Dante au Luxembourg / Ceux qui feignent de se tuer pour voir ce que ça fait / Celui qui peint des hippos en souvenir de sa période Congo / Celle qui demande à son psy de lui parler de ses couilles / Ceux qui voient des murènes partout / Celui qui s’est choisi un joli pull rose pour signer son premier recueil de poèmes genre développement personnel durable à coloration positive et prix cassé / Celle qui s’est promis de dire au jeune écrivain en signature à la COOP qu’on n’écrit pas pétasse quand on est poli / Ceux qui vont à la FNAC chercher un bouquin qui redonne un sens à leur vie / Celui qui a oublié l’essentiel des leçons de piano qui l’ont fait souffrir enfant comme le Seigneur sous Ponce Pilate sauf que le Seigneur fouetté était mélomane sans le savoir / Celle qui ne se sert pas trop du Wonderboy de crainte qu’il ne s’use / Ceux qui font leur devoir de mémoire comme d’autres se pintent pour oublier, etc.

    Photographie à l'argentique : Daniel Vuataz. 

  • Ceux qui généralisent

     entrer des mots clefs

    Celui qui trouve que les jeunes n’ont point d’idéal point barre / Celle qui estime que les vieux n’y comprennent plus rien / Ceux qui ont toujours trouvé des boucs émissaires pour se débarrasser de leurs problèmes / Celui qui conclut à la décadence de la civilisation virile / Celle qui positive pour ne pas se liquéfier comme une boue / Ceux qui affirment que tous les pédés sont des coiffeurs / Celui que l’esprit sécuritaire a transformé en vigile du quartier des Seniors / Celle qui n’était pas à la manif mais qui estime que les voyous c’est les voyous / Ceux qui de toute façon se foutent de tout ce qui n’est pas l’état des pistes de snowboard / Celui qui va vers l’amputation d’un pas résigné / Celle qui préfère souffrir que se faire chier dans le positivisme punitif de la social-démocratie ambiante / Celui que son propre romantisme fait sourire mais qui n’en démord pas plus que de sa tendance à se laisser pousser les cheveux style Musset ou Neil Young / Celle qui préfère le Brésiliens fessus / Ceux qui ont plus souffert sous la surveillance des chiennes de garde du Politiquement Correct que sous Ponce Pilate / Celui qui change l’eau des poissons qu’il met à bouillir pour la tisane de Maman Sirène / Celle qui a le délire joyce / Ceux qui n’ont jamais pris très au sérieux le petit Marcel comme ce fut le cas de sa Maman d’où ce gros machin compulsif qu’on appelle La Recherche / Celui qui fait courir le bruit que ce n’est pas Houellebecq mais Beigbeder qui écrit les romances de Marc Levy / Celle qui écrit des poèmes minimalistes sous le pseudo de Julie Derrida / Ceux qui considèrent l’évolution de l’art contemporain comme une illustration de la théorie négentropique du fils illégitime de Kurt Vonnegut hélas happé trop jeune par un courant d’air de l’Espace/Temps, etc.

    Image: Philip Seelen.

  • Léautaud à l’apéro


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    Citations à la venvole

    C’est cela, la vie. On travaille, on fait des livres avec des tas de salutations à Pierre et à Paul. On attend la gloire, la fortune – et on claque en chemin.

    ***

    Tout ce qui constitue cette époque me dégoûte par sa bêtise et sa laideur.

    ***

    Il faut plaindre une époque de ne pas mieux comprendre l’esprit, de l’aimer si peu et de le supporter si mal.

    ***

    Disparition de l’esprit de fronde, de l’esprit satirique. Le gavroche loustic, qui dégonflait les baudruches sociales d’un lazzi, n’existe plus.

    ***

    La moquerie s’en va, quand on vieillit : on est trop blessé du spectacle des hommes.

    ***

    Il est six heures du soir. Je vais préparer les quatre pommes de terre de mon dîner. C’est là invariablement la composition de mes repas : quatre pommes de terre. Il faut de la régularité dans la vie. La régularité dans la vie, c’est d’avoir de bonnes mœurs, même à table.

    ***

    Il est difficile d’avoir de l’esprit avec des gens bêtes.

    ***

    Il n’y a décidément rien de plus imbécile que ces gens qui se parent de ce titre : les intellectuels.

    ***

    Rien ne fait mieux écrire que d’écrire sur ce qu’on aime.

    ***

    Les beaux livres, décourager d’écrire ? C’est comme si vous disiez qu’ne jolie femme décourage de faire l’amour.

    ***

    Cela ne nous regarde pas, l’effet que peut produire un livre. On écrit. Un point c’est tout. Ce qui peut en résulter n’a pas d’intérêt. On ne doit pas s’en occuper. Le vrai compte seul, s’il est humain. La notion d’utile ou de malfaisant, de vertu ou de vices et sans intérêt.

    ***

    Savoir bien écrire mal, dis-je quelquefois.

    ***

    Annonce de la sottise d’aujourd’hui : l’art pour le peuple.

    ***

    Qu’on fasse la guerre avec des gens de métier, qui en ont le goût, à qi cela plaît, qui aiment donner des coups et en recevoir, mais prendre chez lui un homme tranquille, pacifique, voué aux choses de l’esprit et l’envoyer tuer et se faire tuer ! Voilà la civilisation.

    ***

    Prodigieux qu’on emploie maintenant de la façon la plus naturelle cette expression : matériel humain. Matériel humain comme on dit des canons et des fusils. Il y a seulement deux cents ans, cette expression aurait fait bondir. L’idée aurait révolté que tout le monde dût aller à la guerre, tuer et se faire tuer. Nous avons fait un joli progrès dans l’abêtissement et l’asservissement.


    ***

    Rien ne choque plus qu’un esprit libre, quitte de préjugés, et qui n’éprouve sur toutes choses que ce qui lui vient de sa sensibilité, sans s’inquiéter du qu’en dira-t-on ni des conventions de société.

    ***

    Tout individu ne vaut un peu que par le sentiment de révolte qu’il porte en soi.


    Image: Paul Léautaud

  • L'on lit à TULALU

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    L'Association Tulalu!?

    est heureuse de vous inviter à la prochaine édition de son café littéraire avec : 

    Jean-Louis Kuffer.

     

    Auteur primé et journaliste passionné, il sera l'invité de Tulalu!?

    le lundi 5 décembre à 20h30

    au premier étage du café Lausanne-Moudon.

     

    Le thème de la soirée: 

     

    La mémoire créatrice

    Le retour quotidien, et en constante évolution, de tout ce qui a été capté dés l’enfance et de tout ce qui continue de l’être, à tout moment transformé par ce que nous sommes aujourd’hui et par l’écriture elle-même. La mémoire nous lie évidemment à ceux qui nous précèdent, mais également à ceux qui viennent et qui nous font revisiter le présent. La mémoire est une recréation constante.

    Pour illustrer sa vision d’une mémoire en constant re-devenir, JLK lira des extraits de plusieurs de ses livres travaillés par cette démarche.

    BookJLK7.JPGDans Par les temps qui courent (Campiche, 1995) : Soleil d’hiver, évocation d’une jeunesse bohème dans le Vieux Quartier de Lausanne.

    BookJLK3.JPGDans Le Pain de coucou (L’Age d’Homme, 1983). Diverses séquences de cette première évocation d’une enfance partagée entre deux cultures romande et alémanique.

    Enfant9.JPGDans L’Enfant prodigue (D’autre Part, 2011). Deux extraits de cette nouvelle remémoration recréatrice du Temps qui passe.

    Dans Rhapsodies panoptiques. La présentation d’un nouveau projet narratif inscrit dans le temps présent et brassant toutes les époques en consonance.

    JLK sur la Toile

    Carnets de JLK : http://carnetsdejlk.hautetfort.com/

    JLK sur Facebook : http: //facebook.com/people/Jean-Louis_Kuffer/1438776315

    Passion de lire, blog littéraire de 24 Heures : http://passiondelire.blog.24heures.ch

     La Maison cinéma, blog cinéphile de 24Heures :  http://leopard.blog.24heures.ch

    Sur JLK

    http://blogres.blog.tdg.ch/archive/2011/02/18/l-enfant-prodigue-par-jean-louis-kuffer.html

    Rencontres littéraires TULALU ?!   

    079/791.92.43

    www.tulalu.wordpress.com      

  • Ceux qui se bougent

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    Celui qui a des poèmes dans sa poche / Celle qui est là pour surveiller son ex / Ceux qui vont poser des questions gênantes / Celui qui (pense-t-il au fond) n’a rien à faire ici / Celle qui préférerait une lecture de Réjan Ducharme mais même sur le plateau de Mont-Royal ça s’est jamais vu alors ne cherche pas Tulalu / Ceux qui se sont juste mis à l’abri du froid en passant ce soir par là par hasard / Celui qui lit un bout de Voyage tous les matins pour se remettre en train / Celle qui lit en train mais ne philosophe que dans son bain / Ceux qui vont suer ce qu’on leur a lu au sauna du SPA Tumavu / Celui qui s’ébroue dans les mots des autres / Celle qui entend lire tout haut des choses qu’elle n’entend même pas tout bas / Ceux qui se sont regroupés en intermittents de la lecture / Celui qui écrit de la poësie avec tréma / Celle qui cherche à retrouver le climat de la salle de lecture de la 42e Rue quand il neigeait sur Times Square / Ceux qui aiment les mots doux et parfois les mots durs ça dépend des fois / Celui qui s’étonnera sûrement de ce qu’il va lire ce soir vu qu’il l’a écrit hier et peut-être même avant-hier / Celui qui fait le décompte de ses prétendus 1860 amis de Facebook qui ne sont pas là ce soir / Celle qui te parle du premier recueil de poèmes de son fils adoré et te demande si Tulalu / Ceux qui se rappellent que Paul Léautaud se foutait du précieux Jean Paulhan qui avait écrit quelque part « l’on la lu » et le méchant drôle de l’appeler messire Lonla / Celui qui se refait la route 66 pour s’imprégner de Kerouac en 3D / Celle qui lit On the Road en japonais / Ceux qui se sont perdus de vue dans le quartier des librairies de Kanda (Tôkyo, Japon) et se retrouvent à la Pensée sauvage du Pont (Vallée de Joux) / Celui qui s’apprête à lire comme le Roi de Shakespeare / Celle qui t’appelle son oiseau-lyre / Ceux qui s’en jetteront un après ce délire, etc

    Image : Philip Seelen    

    (Cette liste a été jetée sous la première neige pour être lue en première orale mondiale lundi soir 4 décembre à l’enseigne de la soirée de l’Association Tulalu consacrée aux écrits du soussigné)