De l’obstination. – Parfois tu t’éveilles découragé, te disant que rien ne vaut la peine, même que c’est écrit que tout n’est que vaine poursuite du vent, mais ce matin encore tu te rappelles l’injonction que les pêcheurs se gravent au sang sur les jointures de leurs mains : TENIR FERME, c’est peut-être du volontarisme à la con mais ça te retient à ton filet…
De la rémission. – Si j’étais Dieu moi je te jetterais, franchement, t’es trop sale, chiffon dégoûtant, tu pues et tu ne sers plus à rien, t’es tout pisseux et poisseux, allez c’est bien la preuve qu’il existe pas, ce Dieu dont tu me tannes, s’il te jette pas, ou qu’il n’a pas les yeux en face des trous - ou alors c’est moi qui pige vraiment pas ce que ton nom de Dieu de Dieu peut bien te trouver…
De la posture. – Une importante inscription se trouve apposée sur la porte de son bureau d’éminent intellectuel : NE PAS DERANGER, et chacun baisse la voix en passant dans le couloir, ayant entendu dire à la télé que là-dedans le penseur élabore l’œuvre la plus dérangeante de ce temps...
Image : Philip Seelen
Commentaires
Si si ça sert d'écrire , d'illustrer ,de filmer ,de dire ...
J'éprouve des sursauts de la moelle épinière à lire vos pensées de l'aube comme ceux qui m'agitent à chaque fin de film " pensées de générique "si j'ose dire , on a envie de changer de vie , repartir à zero ...Ce matin je pleurais comme une madeleine en voyant le film de KIYOSHI KUROSAWA , TOKYO SONATA ,il s'agissait justement de penser sa vie ( situation difficile des parents ,le père se retrouve à faire les chiottes...(comme moi parfois) ,ils ont un enfant doué au piano (comme le mien ) m'a fait le même effet que LES BRODEUSES...ça te fait réflechir et peut-être rebondir comme le souffle de vos pensées donc,elles ne font que draper de pollen les jeunes pousses au rythme d'un vent fécond et dérangeant.
Bon après-midi (à propos d'après-midi , je suis entrain de lire PROSES POUR L'APRES-MIDI de MARCELLE DELPASTRE ,en attendant de lire les votres , ses textes sont d'une beauté fracassante ,parue chez Payot .
Il y a un écrivain que j'aime beaucoup ,j'espère qu'un jour vous en parlerez ,il est d'origine suisse ,RENE JEAN-CLOT.
Merci Soulef, vos mots de ce dimanche gris me touchent beaucoup. Je leur donne suite de suite et vous embrasse.
Jls
Ps. Vous êtes sûre que René-Jean Claot est suisse d'origine ? Pas plutôt Comtois ?
Merci Jls,
il s'agit de René-Jean CLOT ,il a publié Un amour interdit 1984,Charhouz le voyant 1985 ,l'Enfant halluciné 1987 ,les Larmes de Lucifer ...Il a une belle écriture et il est peintre aussi et graveur ,poète ...par contre je me suis trompée sur ses origines mais il a vecu en Suisse c'est ce qui m'a induit en erreur .
POLYCHROME
Rien à tenir
Ni à retenir
Juste laisser filer
Le vent qui tresse
Des couronnes de perles
Comme un point de broderie
Sur le velours des hanches
Que la langue apprivoise
Tel un bouton de rose
Exaltant des arômes futiles