Lecture de Grande Jonction (5)
Le décor est campé, on a compris de quelle nouvelle catastrophe était menacée l’humanité ou ce qu’il en reste en ce mitan de XXIe siècle, on a vu débarquer, du Vatican, un convoi de livres de philosophie religieuse censés participer au salut des « élus » de demain, on a assisté à quelques combats féroces visant à la défense desdits bouquins, on voit ensuite La Chose étendre son œuvre mortifère par une sorte de vampirisme numérique des individus, on voit tout ça, on a vu tout ça et tout ça se répète tandis que les Bons et les Méchants se portent mutuellement des coups de plus en plus durs. Les Méchants englobent les néo-islamistes en hordes et les proxénètes de Little Congo, l’une des cités-foutoir de ces régions apocalyptiques, et les Bons se regroupent autour des néo-chrétiens de la Heavy Metal Valley dont le sheriff Langlois est le vigile principal. On est donc dans une sorte de western d’anticipation sur fond d’idéologie philosophico-religieuse édifiante, qui n’a plus rien de l’étourdissante magie narrative de Cosmos incorporated, ni de ses étonnantes trouvailles conjecturales.
Plus précisément, des pages 400 à 500 de Grande Jonction, qui en compte près de 800, Dantec tourne en rond, se répète, dilue et délaie les mêmes thèmes dans une dramaturgie stéréotypée de BD, n’en finit pas d’annoncer une catastrophe plus catastrophique que tout ce qu’on a vu, tâche de nous persuader qu’il faut beaucoup tuer pour que les théologiens qui lui semblent détenir la Vérité Véritable nous sauvent à la fin des fins, et nous relevons au passage diverses sentences admirables propres à nous régénérer. Par exemple : « La différence fondamentale entre la Vérité et la Beauté réside dans le fait que la première est un secret, tandis que la seconde est un mystère ». Ou cela qui n’est pas mal non plus, selon quoi « la Beauté est une arme de destruction massive »…
Bref, Dantec n’est-il pas en train de se perdre dans le magma de lectures mal digérées, comme Philip K. Dick s’est égaré dans les délires pseudo-mystiques les plus fumeux ? C’est hélas mon impression aux deux tiers de la lecture de Grande Jonction, roman boursouflé, sans élan, où prolifèrent les phrases sans verbes et où ronflent les formules creuses comme autant de folles toupies…
Commentaires
hello, je suis l'auteur d'un site non officiel dont l'adresse est indiquée ci-dessus sur MGD. J'aimerais, avec votre autorisation, retranscrire l'ensemble de vos réflexions suite à la lecture de Grande Jonction sur ce site (avec lien avec votre blog etc.).
Merci d'avance,
Franck
Tout ce que vous voulez, mais prenez d'abord ce qui concerne Cosmos incorporated, en attendant que j'aie fini de lire Grande jonction, avec l'espoir d'un redressement au tournant de la page 500, qui sait ?
C'est sympa d'avoir retiré mon billet, comme ça même pas besoin de me répondre.
Je comprends pas tout, des fois mon message est réapparu de nouveau. Désolé pour le trouble. En attendant la fin de Grande Jonction, je me contenterai de Comos Inc.
Merci, à bientôt.
Les messages sont collés aux notes qui se poussent hors de la fenêtre ou sont reclassées par catégories. Votre message est collé à la note Dantec se plante (?) que j'ai reclassée dans le tiroir Dantec. Voilà voilà. Je ne détruis que les messages insultants ou les pubs envahissantes. Mais quand on poubellise une note, les messages y passent hélas, Ménélas.