Les prix littéraires doivent-ils désormais s'ouvrir aux blogs? C'est en tout cas ce que prône le Samuel Johnson Prize de la BBC Four, qui récompense toutes les oeuvres non fictionnelles écrites en anglais.
Un candidat inattendu est en effet apparu sur la liste des 19 lauréats au prix doté d'un chèque de près de 44 000 euros: il s'agit du blog d'une jeune irakienne anonyme répondant au pseudonyme de Riverbend. Son « journal » s'intitule Baghdad Burning (Bagdad brûle) et retrace semaine après semaine la vie en Irak depuis la débarquement américain. L'auteur évoque ses peurs, décrit les rues de la capitale irakienne sous les coups de feu et s'attarde sur les petits problèmes de la vie sous occupation et la débrouillardise de la population. Son analyse offre une contrepartie très intéressante au discours des médias sur la guerre.
Commentaires
Cela me paraît être une idée intéressante mais, en même temps, dangereuse. Déjà que le niveau de la plupart des prix littéraires est plutôt bas, tout au moins, chaque année, l'on assiste à un recyclage, mais si le net s'en mêle, où allons nous. A l'heure où la littérature moderne fait souvent office de putain, macée par les médias, et où la littérature, avec ses classiques souvent mâchés et redigérés à souhait, se présente aux élèves, ne serait-ce pas là une épée de Damoclès et sur la Littréature elle-même (n'ayons pas peur de l'anthropomorphisme), des jeunes écrivains (enfin quoi, si tout le monde peut participer à n'importe quoi) et aux maisons d'édition (qui elles, ont le mérite de faire des pieds de nez aux maisons de disque et aux studios de cinéma, quoique je suis abasourdi par le nombre de livres audios que l'on trouve en librairie).
Bien sûr, les blogs de ce genre, sur quelque chose de concret et d'"intéréssant" (pas exagérer non plus) méritent une certainre reconnaissance, permettant de faire passer des informations nettes.
Mais je reste quelque peu amer, cela reviendrait à populariser encore plus la littérature et à tuer le plaisir d'avoir des pages imprimées entre les mains.
Enfin soit.
Mais non, Mike: tu prends les choses trop à coeur et à cran. En l'occurrence, je crois que la BBC ne fait que reconnaître un blog intéressant, émanant d'une jeune femme courageuse. Les prix sont des bricoles: il ne faut pas les prendre trop au sérieux. Ce qui compte est ce qui passe entre les gens et ce qui, par l'écrit, échappe de toute façon au n'importe quoi. La littérature actuelle n'est pas plus putain que jadis: si elle est putain, c'est qu'elle n'est plus littérature. Pas plus compliqué que ça.
C'est vrai, sans doutes est-ce là l'évolution toute naturelle des choses.
Ce qui fait le charme des blogs, c'est leur caractère authentique, quotidien et essentiel. Si l'on commence à décerner des prix aux blogs, tout ne deviendra qu'une affaire de promo et de relations, tout comme dans le monde littéraire actuel. Le blog perdu du petit écrivain plein de talent, qu'il soit israélien ou palestinien, lui, ne bénéficiera d'aucune chance pour obtenir ce prix.
Allons, allons !
Que le blog soit une forme littéraire, c'est indéniable, mais, par pitié ! qu'il reste littéraire et dévoué, loin des intérêts, des profits et des retombées médiatiques !!