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Au jour le jour

Notes à la volée

A la fois passionné et constamment exaspéré par le personnage, et presque chaque phrase de Céline. Le type du hâbleur celte. Celui qui la ramène. Le mec. L’homme à qui on ne la fait pas. Le cynique. Picaro trouillard. Un peu tout ça.

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En resongeant à ce que me disait Nancy Huston à propos de Tzvetan Todorov et de ses rapports avec son enfant, je me dis que le sens est donné à notre vie par l’attention et le souci qu’on lui consacre. Elle voyait cet homme tout faire pour l’enfant dont la mère était absente. De la même façon, la relation entre ma bonne amie et moi s’est énormément consolidée par l’attention respective que nous avons consacrée à nos filles, jusqu’à maintenant.

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Celui qui n’a plus de goût pour la vie. Celle qui se fixe des programmes. Ceux qui se taisent.

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Evoquant la «contemplation du temps» à laquelle s’est livré Proust, Edmond Jaloux écrit «qu’on voit aussi à quel point nos sentiments sont, en quelque sorte, des mythes créés par nous-mêmes pour nous aider à vivre, des heures de grâce accordée à notre insatiabilité affectueuse, mais des heures qui n’ont pas de lendemain, puisqu’il nous est parfois impossible de comprendre, quand le vertige que nous communique un être est terminé, de quoi était fait ce vertige».

Cela me fait penser à mes anciens amis, que je tiens pour morts parce qu’ils se sont comportés, avec moi, comme des morts, ou plus exactement: de façon moins vivante que des morts, car mes morts, mon père, Reynald, Edouard, ma mère, mes chers morts, eux, vivent.

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Le samedi soir à la télévision, symbole de la complète stupidité.

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En songeant à la notion d’engagement, par rapport à ce que je voudrais dire du soutien des intellectuels et des artistes à la cause des requérants d’asile déboutés, je me dis que l’engagement strictement politique, au sens de la gauche opposée à la droite, est aujourd’hui dépassé ou insuffisant. J’ai vu quel alibi il pouvait constituer pour des médiocres en mal de pouvoir et pour des ratés se repliant sur ce fonds de commerce. La bonne conscience se sera par ailleurs accommodée de causes indéfendables, du régime cubain aux dictatures africaines de tout acabit, entre tant d’autres.
L’engagement est avant tout, me semble-t-il, une affaire d’hominisation ou d’humanisation et de civilisation, au sens d’une avancée progressive de ce qu’il y a de meilleur en l’homme. Or certains auteurs et artistes, qu’on pourrait dire de droite, ont parfois été plus engagés dans cette voie de l’hominisation et de la civilisation que des auteurs présumés de gauche – je pense à Proust et à Flaubert. Par ailleurs, des auteurs tels que Shakespeare ou Goethe étaient-ils de gauche ou de droite? Il semble décidément incongru, ne serait-ce que de poser la question. A ce propos, un John Cowper Powys a bien montré en quoi la littérature témoignait de ce qu’on pourrait appeler l’histoire du progrès humain, d’Abraham à Sophocle, et de Virgile à Dante, de Rabelais à Balzac.
A propos de Sophocle, l’histoire d’Antigone me semble symboliser une fois de plus le conflit entre les «lois non écrites du cœur» et la raison d’Etat, que le débat sur l’asile réactualise; et c’est passer d’une notion trop étroite de l’engagement au sens des années 60, à celle qui me semble retrouver aujourd’hui un sens.

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A certains moments il n’y a que ça de vrai: une ligne après l’autre, une ligne après l’autre. C’est cela qui me relie à moi-même: une ligne après l’autre.

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«Nul n’est mon rival, doit être la formule inconditionnelle». (Louis Calaferte).

«Notre seule honorable mesure est celle de l’amour et de la compassion.». (Louis Calaferte)

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Le prof à sa fenêtre qui se demande s’il ne devrait pas manifester avec les jeunes gens qui défilent dans la rue, etc. Politiquement correcte est la bonne conscience. (De l’intellectuel suisse bon teint)

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Je me dis souvent que je vis entouré de morts, mes chers disparus, mais aussi les amis perdus et pas mal de morts-vivants qui remuent alentour, lesquels me semblent à vrai dire moins vivants que les morts qui sourient en moi.

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Ma bonne amie ne cesse de m’émouvoir. Elle est essentiellement elle-même. Elle est toujours juste. Toujours elle-même et juste.

Commentaires

  • Persona et personne vraie

    Une personne vraie, c'est quelqu'un qui a payé le juste prix pour apprendre à se connaître : les cercles de feu à traverser, les limites qu'il faut se reconnaître, les tâtonnements pour trouver la réponse à l'énigme que le Sphinx invente, propre à chacun.

    Une personne vraie, il suffit qu'elle pose son regard sur vous, pour que ce qui n'est pas bien accordé se mette en dedans à vous chatouiller ou à vous gratouiller.

    Une personne vraie, elle se concentre dans une présence inoubliable, elle ne peut pas mourir dans le cœur de ceux qui l'ont connue.

    Persona, un masque que l'on se colle selon ce qu'il y a à jouer, et bientôt la facilité à se mentir à soi-même.

  • Comme on se rencontre: j'étais justement en train de redécouvrir Persona, le film de Bergman, d'une telle beauté et d'une telle vérité. Que d'inepties ont été écrites, à l'époque, sur le prétendu intellectualisme ou la prétendue obscurité de ce pur poète. Merci au amis.

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