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Sollers à Soglio


Sur la ligne de partage nord-sud
Tout est en somme égal à tout, et inversement, rien n’a d’importance, sauf ce que note Sollers à l’instant sur la ligne de partage du nord et du sud traversant le village de pierre de Violanta et de Pierre Jean Jouve où Rilke soupirait lui aussi dans le jardin suspendu, tout est air au-dessus des châtaigners transis et tout est roche bleutée vers les Monts de la Disgrâce et ça s'émiette aussi bien, tout est divin et de tout on se tape comme Pauliet, l’adolescent de la nouvelle Dans les années profondes, qui jette sa semence dans une fiole ensuite offerte à la sublime Hélène: voilà ce qui se dégage d’ Une vie divine, et plus encore de ce que dit Sollers dans ce livre : du corps du livre lui-même qui se prend et se déprend dans le même mouvement d’attention attentive ou inattentive, c’est égal, ça n’a d’ailleurs pas de corps, ça dit « ça bande » à tout moment mais le mot est affiché à proportion de la carence de la chose, ça brille mais ça n'éclaire pas plus que les reflets argentés du ciel bleu noir surplombant les vignes enneigées, ça brillerait de la même façon superficielle à Sils-Maria dont le lac est japonais ou à Salamanque dont la Plaza Mayor est une patinoire dans la brume, sur les lagunes de Venise ou de Stockholm, c'est partout pareil et de tout temps, il y a là-dedans plein de notations fines et de fines notations autant que de fines notations fines, c’est d’une parfaite fluidité mais c’est sans saveur, c’est apparemment improvisé et c’est concerté jusqu'au pédantisme, cela se veut intéressant à jet continu parce que Sollers se considère tel mais ce ne l’est à vrai dire que lorsque Sollers parle de quelqu’un ou de quelque chose qui le dépasse, et là Sollers se voulant Dieu tout se réduit à la brillance de vieil argent sonnant le creux du ciel suspendu au dessus de Stampa, le village de Giacometti renfoncé là-bas dans l'âpre gorge, Sollers est le Nietzsche retrouvé des temps de la facilité, Sollers est l’ectoplasme de la plasticité nietzschéenne retrouvée et surtout dépassée car Nietzsche n’avait pas encore compris que la maladie et la mort ça n’existe pas, or voici ce que nous annonce Sollers dans Une vie divine : que la maladie et la mort ne sont rien que faiblesses d’infirmes ou de bonnes femmes et que la vie est une vasque glacée sur laquelle esquisser mille figures habiles, tout est bon pour qui surfe et skate, je fais des phrases, je suis le Champagne de l’encrier, Ludi et Nelly m’escortent sur le papier et je gagne le Trône absolu sur lequel j’installe ce matin mon Altesse du Rien…

Soglio, dans le Val Bregaglia, et le palazzo de Salis où séjournèrent Rainer Maria Rilke et Pierre Jean Jouve et dans lequel Daniel Schmid a tourné Violanta.

Commentaires

  • Sol'Io... Un grand merci pour les documents, bien reçus, et fort intéressants, j'ai commencé à dépouiller, à fureter, enfin tout ce qu'on aime quoi, bon week-end JL !

  • Pardon de venir squatter cette note pour parler d'une autre sous laquelle on ne peut plus laisser de commentaires... Pour être brève, grand merci pour cet entretien avec François Cheng, son livre est très beau en effet, et salutaire !

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