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Marthe Keller sous la neige

Cinéma et téléfilms

Kriegstetten, Hôtel Sternen, Bel Etage, ce mercredi 18 janvier. – Se réveiller à l’hôtel a toujours signifié pour moi : je serais nulle part, je ne serais personne. Je serais le commercial X. ou la cheffe de projet Y. Peut-être un transsexuel ? Peut-être un pasteur méthodiste ou un brasseur bavarois en tournée de promotion ? Peut-être un ancien amant de Marthe Keller que j’ai vue dans un rêve la nuit dernière, sous la pluie mêlée de neige, en robe de chambre, là-bas près de la place d’aviation ?
Elle était sortie du film Fragile de Laurent Nègre que j’ai vu hier soir aux Journées cinématographiques de Soleure, racontant les retrouvailles-affrontement d’une sœur irascible (genre ma carrière de médecin et je vous emmerde) et de son frère hypersensible (l'ange gardien de sa maman), confrontés au suicide de leur mère désireuse de couper à la déchéance et de leur éviter les séquelles de la maladie d’Alzheimer qui la fait errer de par les rues. Deux ou trois séquences de ce premier film, dégageant une réelle émotion (excellents interprètes) en dépit d’une écriture conventionnelle (le redoutable nivellement actuel de l’esthétique téléfilm), m’ont frappé sur le moment et j’y suis revenu dans un autre rêve, croisant l’ombre de ma propre mère dans les rues de marbre blanc de l’ile de Hvar, en Dalmatie, qui me reprochait de ne pas avoir pris de laine...
Or nous parlions, hier soir à Soleure, avec un compère de la Cinémathèque, de ce qui distingue un film de cinéma d’un produit de télé. Pas compliqué : l’écriture. Pas la littérature ni le message ni l'intrigue ni le suspense: l’art de passer d’un plan à l’autre sans alternative, parce que ça ne peut être dit que de cette façon-là, où tout est surprise et où tout signifie. Tandis que dans ces feuilletons filmés : bavardage et dosage prévu d’émotion-suspense-amour-action à 99%.
A l'instant, avant de retourner en salle, je me repasse, dans ma chambre sous les toits du Bel Etage de l’hôtel Sternen, un quart d’heure des Vitelloni de Fellini, et voilà : tout y est cinéma, comme tout est peinture chez Cézanne, musique chez Debussy ou littérature chez Proust…

Commentaires

  • D'un plan à l'autre sans hésitation

    Marthe Keller la sainte prête à s'envoler
    Consacrée jadis par les téléfilms
    La vierge couronnée d'étoiles
    Une femme prisonnière de l'amour-cliché
    Dans une boule de neige, celle que Gaultier recycle pour son parfum " Fragile " ?
    L'anima qui vient réveiller son guerrier...

    Le rêve qui se mêle de la vie
    Je suis moi-même ce dont parlait le film
    Si tu oublies la mère elle ne t'oublie jamais
    Le rêve qui se mêle de l'œuvre
    Les plans se fondent ou se heurtent
    Dans la même nuit et brouillard
    Salut Colpi !

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