UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Du vrai travail...

A La Désirade, ce dimanche 7 août

En vacances depuis hier, enfin je vais pouvoir travailler un peu sérieusement, j’entends : vivre plus avec L., écrire plus, plus lire, et peindre plus, voir plus de gens et surtout être plus attentif à tout, comme ce soir à cet inimaginable ciel gris orangé formant comme un dais chiné au-dessus d’un autre ciel à l’orient de perle reflétant sa pâleur dans les eaux du lac, là-bas au-delà des frondaisons du val suspendu.
Le Triple concerto pour hautbois de Bach accompagne ma rêverie tandis que les nuages rougeoient un peu plus et qu’une dernière effusion d’or laiteux se répand du couchant sur tout le bassin lémanique…
Tout à l’heure je regardais, d’un œil, le Dalaï-lama aux infos du soir (le cher homme prêche la compassion dans un stade de football de Zurich-City) en même temps que de l’autre je lisais Au secours Houellebecq revient !, petit livre vite fait et peut-être prématuré, s’agissant d’un roman que personne n’a encore eu l’heur de lire, alors même que l’auteur, Eric Naulleau, stigmatise l’éditeur et les Inrocks pour l’avant-campagne de marketing démente menée autour de la fameuse ( ?) chose à venir…
Si je partage entièrement sa virulente critique d’un système qui tend de plus en plus à noyer la littérature dans la masse de n’importe quoi, et substituer, à l’approche attentive des livres, le battage médiatique où il n’est plus question par exemple que des goûts culinaires de l’Auteur ou de son penchant pour les chiens, au détriment de son travail, en revanche Eric Naulleau me semble un peu injuste en ce qui concerne l’apport de Houellebecq, tout de même intéressant, à tout le moins emblématique des névroses d’époque, et parfois aigu dans ses observations et plus encore par leur modulation, surtout dans Extension du domaine de la lutte. Cela étant, apparu cinquante ans plus tôt, un tel écrivain se serait fondu dans la catégorie des seconds couteaux : cela ne fait pas un pli à mes yeux, tandis qu’aujourd’hui les données conjuguées d’un creux de vague et des moyens de valoriser l’insignifiance à grands coups de publicité en fait un « auteur-phare », selon la formule aussi consacrée que débile…

Ah mais tellement plus importants à l’instant : ces derniers feux de rouge en fusion dans le jour qui s’en va sur les ailes du hautbois - ce ciel me rappelant une fois de plus le regret de Corot sur son lit de mort, qui se reprochait de n’avoir jamais su peindre vraiment un ciel, ce qui s’appelle un vrai ciel…


Les commentaires sont fermés.