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sport

  • Fan Zone et flamme en berne

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    Lettres Par-dessus les murs (46)


    Ramallah, ce 19 juin 2008, par 30 degrés à l’ombre.

    Cher estimé Collègue,

    Merci pour ces précisions quant au hors-jeu de Ruud Van Nistelrooy, effectivement les images nous montrent très clairement qu'un joueur adverse se situait bien au-delà du Hollandais, en dehors du terrain - c'est très clair sur ces photos : vous voyez Panucci ici, entouré d'un cercle bleu, et ici, et ici. Toutefois, la décision de l'arbitre est discutable : comme on peut le voir dans cette séquence-ci, Buffon a percuté son défenseur qui, suite à ce choc, se retrouve tout désorienté. Nous ne sommes donc plus dans une situation de jeu normale, le défenseur étant temporairement invalide, et Van Nistelrooy n'est donc pas couvert au moment de sa reprise victorieuse. Voyez-vous cher collègue, dans cette configuration-là, je ne pense pas qu'il faille respecter la règle à la lettre, mais plutôt revenir à l'esprit de la règle, à l'esprit du jeu.
    J'adore les commentaires des analystes, même quand je ne les comprends pas. Sur Al-Jazira les analystes sont toujours en costume-cravate, des costumes un peu mal coupés aux tissus moirés, avec cravate rose à rayures noires, dans le plus pur style représentant-de-commerce-de-Tourcoing, ils sourient beaucoup mais pas trop, parce qu'ils sont sérieux, et ils tous un stylo à la main quand ils parlent, parce qu'ils sont très appliqués, même s'ils ne notent jamais rien. On les envierait presque d'être payés pour faire ce que fait n'importe quel pilier de bar… ça me fait penser aussi à cet article d'Umberto Eco, fatigué par je ne sais quel tournoi qui faisait klaxonner toutes les voitures de Rome, et qui écrit que le foot certes divertit ses compatriotes, mais divertit surtout leur énergie politique. Chaque tifoso se retrouve soudain arbitre, entraîneur, investi d'un rôle social dont il n'assumera aucune conséquence, et Eco de finir en citant toutes ces lois qui ont été votés en douce dans l'ombre des parlements, pendant les championnats de foot ou les jeux olympiques, quand les citoyens regardaient ailleurs. L'argument est ronchon et joliment rabat-joie, mais il sonne assez juste quand un peuple choisit ensuite un président de club en guise de Premier Ministre…
    Idem en France, Sarkozy aussi est très proche des gens d'en-bas, j'ai reçu hier un mot de sa main, je recopie : « Monsieur le Président de la République Française et Madame Carla Sarkozy prient (ils prient, j'en suis tout ému) Monsieur et Madame Pascal Janovjack de bien vouloir assister à la réception qu'ils offriront (…) le 24 juin à l'Hôtel King David ». Imagine ! Ma douce dans les bras de Sarkozy, bon, pas de quoi sauter au plafond, mais Carla dans les miens, valsant sous les lustres du King David ! Tout de même, je doute. Pour dire toute la vérité, il n'y a que mon nom qui soit écrit à la main, et je ne suis pas sûr que cela me soit vraiment adressé, il y a fôte d'orthographe. Et je ne connais pas de Madame Janovjak, sinon ma mère, qui ne pourra pas se déplacer je pense. Mais le Président était sans doute distrait, il a d'autres chats à fouetter, et puis il n'est pas impossible que ce soit une simple secrétaire qui ait écrit ces mots. Ce qui me chagrine davantage, c'est qu'un petit papier annexe nous demande de nous présenter à la réception deux heures plus tôt, et de prévoir des sous-vêtements propres pour une fouille au corps. Il doit y avoir un malentendu. Je voulais appeler le Président pour régler cette histoire, mais on m'a informé entre temps que la réception aurait finalement lieu le 23. Or le 23 c'est le début des demi-finales. Impossible d'aller valser au King David dans ces conditions. J'enrage. Pourquoi diable ne vient-il pas à Ramallah ? C'est tout près pourtant, et on aurait pu boire une bière tranquille en regardant le match.
    Plantu par contre est venu, mardi, à l'invitation du centre culturel franco-allemand, dans le cadre de son association des caricaturistes pour la paix. A quatre heures de l'après-midi, un peu en catimini, et sans les caricaturistes israéliens qui auraient dû faire partie des réjouissances. Dommage, ça aurait donné l'occasion de voir ce qu'ils font, de l'autre côté, d'autant que la caricature palestinienne aurait besoin de se renouveler, après le Handala de Naji Al-Ali. Chapatte était là aussi, heureusement, je t'envoie un dessin de lui, que j'aime tout particulièrement, et te cause un peu de Gaza la prochaine fois.

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    A La Désirade, ce 20 juin, matin lacustre à 17 degrés au soleil.

    Très apprécié Confrère,
    J’avais trouvé ce cher Umberto quelque peu sentencieux, puis nous en avons reparlé chez le Gentiluomo et la Professorella, dont tu sais les fréquentations éminentes, et comme toujours chez nos amis du « povero paese », selon l’expression de l’avvocato, la controverse a tourné en fantaisie débridée comme dans n’importe quel film de Fellini. A la vérité, Umberto Eco est un fan de foot de table. Tu vois que rien n'est perdu. Caro paese !
    N’empêche qu’hier soir, au lieu d’enfiler mon maillot portugais et de rejoindre la Fan Zone voisine, à savoir l’écran privatif de La Désirade, j’ai zappé sur Temps Présent (TSR1) où passait un reportage qui nous a bouleversés, L. et moi. Intitulé Le Tibet clandestin, ce reportage a été réalisé, au péril de sa vie, en caméra cachée, par un exilé tibétain accompagné d’une équipe de reporters anglais. Ainsi le nommé Tash a-t-il filmé des nomades contraints d’abandonner terres et bêtes pour être parqués dans des camps entourés de murs et surveillés en permanence par les flics chinois. Dans la foulée, il a rencontré clandestinement un moine qui a été astreint au travail forcé, ainsi qu'une femme stérilisée sous la contrainte, opérée sans anesthésie, humiliée et meurtrie dans sa chair et son âme comme des milliers de femmes tibétaines. Enfin il a longuement interrogé un moine indépendantiste rescapé de la torture. Autant de témoignages insoutenables qui révèlent ce Tibet occupé et opprimé que le gouvernement chinois cherche à occulter à la veille des J.O. de Pékin. L’Ambassade de Chine populaire, invitée à visionner ce film, n’y a vu que de la propagande mensongèpre, indigne même d’aucun commentaire. Pas plus tard que demain, la flamme olympique traversera la Tibet sous haut contrôle. Povero paese !

    Images ci-dessus: Dessin de Chapatte; Tash et les Tibétains voilés.

  • Des goûts et des couleurs

    freud.girl-white-dog (kuffer v1).jpgElle le lange, il chie, elle le nettoie, il paie, il retourne au bureau.

    Elle doit avoir la bouche pleine de chocolat quand il opte pour le French Kiss.

    Cet autre exige qu’on l’appelle Excellence et qu’on lui suce les annulaires tandis qu’il mate une vidéo de Bruce Willis qu’il a toujours avec lui dans son attaché-case.

    Les amateurs de conversations privées sont beaucoup plus nombreux qu’on ne l’imagine. Certains clients t’allongent jusqu’à des trois cents euros pour t’entendre parler de ton chien blanc ou de leur avenir.

    Donaldson le Brésilien attend, pour sa part, que nous lui flattions la croupe. Il sait que nous sommes des tombes question publicité. Ce serait un scoop que de voir le mercenaire avant-centre de l’équipe nationale dans cette position d’offrande, et ces dames lui tourner leur compliment, comme quoi ses fesses sont plus belles que celles de Maradona ou de Ronaldinho, mais le contrat stipule l’absolue discrétion des employées et nous sommes une maison top sérieuse.

    Peinture: Lucian Freud

  • A l’usine


    Il se passe de drôles de choses dans les vestiaires de l’usine à glottes de tulipes.
    - Surtout dans les vestiaires Messieurs, précise le délateur dont personne ne sait qu’il collectionne les revues spéciales.
    Madame la Directrice ne montre rien de son vif intérêt.
    - Continuez, Monsieur Thielemans.
    - Les jardiniers s’attardent aux douches. On dit qu’il peut y en avoir jusqu’à des équipes entières. Cela fait beaucoup de savon.
    Madame la Directrice sent maintenant qu’elle le tient.
    - Ne me cachez rien, Thielemans.
    - Ils se massent. Parfois il se mêlent aux impubères et se livrent à des concours. C’est dégoûtant.
    - N’avez-vous rien oublié, Thielemans, interroge encore la directrice du personnel en fixant sévèrement le jeune complexé qui, tout à coup, rosit comme une très jeune fille des cantons de l'Est.
    C’est ainsi que Thielemans se coupe et que Madame la Directrice en fait sa chose.