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  • Mémoire vive

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    Passé et présent des jours à venir

    Ces derniers mots que j’écris seront-ils jamais lus ? J’allais écrire que je n’en ai cure, et puis non : je vais plutôt écrire que j’en ai grand souci, et même que sans cela je n’écrirais pas.

    Cependant il y avait du vrai dans ma première impulsion de noter que je n’avais cure d’être lu, comme si ça ne me regardait pas, ou que je n’y pouvais rien.

    Ce qui est vrai est que je ne cherche pas à être lu, tout en n’écrivant que pour ça, et ces derniers mots seront comme les premiers que j’ai écrits avec cette même intention il y a, je ne sais pas: cinquante ou soixante ans, lorsque j’ai commencé de noter justement ceci ou cela.

    J’ai connu, entre seize et vingt ans, dans les années 60 du vingtième siècle, ce temps où le fait d’écrire, dans le pays et le milieu où je me trouvais, était considéré avec une attention particulière, nuancée d’une espèce de respect parfois un peu méfiant, comme il en allait de toute activité artistique. «Ah bon, vous écrivez ?» Et l’on sentait qu’à cette question en pendait une autre qui se voulait plus sérieuse : « Et à côté ? »

    Or je ne considérais pas, pour ma part, qu’écrire fût une activité vraiment centrale, moins encore sacrée, et me satisfaisais en somme du fait d’écrire à côté ; mais je constate pourtant, aujourd’hui que de toute ma vie je n’aurai fait qu’écrire à côté, ou plus exactement que j’aurai fait de cet «à côté» le centre et le noyau vital de ma vie.

    Je me souviens des derniers jours où mon père se réjouissait encore de pouvoir faire le tour de son jardin, et de sa résignation, plus tard, en constatant qu’il n’en aurait plus la force; mais celle d’écrire me reste encore, et de passer peut-être, comme on dit, le témoin.

    Le seul mot de jardin me rappelle un monde, et je revois mon père, en chemise allégée, y retourner la terre pour y établir des carreaux de légumes ou de fleurs, et retirer un jour de la terre un crâne, puis divers os blancs qu’il déposa sur le gazon proche.

    La terre de notre jardin provenait en effet d’un cimetière excavé à l’autre bout du quartier de ces hauts de la ville de Lausanne, là-bas juste en dessous du Colisée, le cinéma où je ferais office de placeur en mes années de prime jeunesse – autre jardin d’images ouvrant d’autres fenêtres sur le monde ; et mon père de confier alors le crâne à notre frère aîné, lequel s’empressa d’en faire une figure d’effroi au fronton du poulailler familial, gageant que Maître Renard en serait écarté pour jamais.

    Premier jardin du monde, aujourd’hui cerné de béton, mais que ces derniers carnets, sixième volume publié depuis l’an 2000, à l’enseigne de mes Lectures du monde, voudraient une fois encore évoquer comme le milieu affectif, tellurique et poétique d’un monde, non pour l’idéaliser: plutôt afin de rappeler, avec précision, ses saisons dont les cycles auront marqué nos mémoires.

    Il y aurait là comme un Amarcord à ma façon, ou disons que j’y reviens une fois encore après en avoir écrit tant de pages. Plus exactement ce sera sous le signe du Temps retrouvé, qui fait du passé et du présent le matériau même d’une mémoire vive en attente de retrouvailles vécues ici et maintenant ou de lecteurs à venir, contre l’insignifiance et l’indétermination, l’indifférence et l’oubli qui sont l’œuvre aujourd’hui d’un démon mesquin aux pesantes paupières.

    (Ce texte constitue l'introduction de Mémoire vive, sixième recueil de mes Lectures du monde 2013-2019, en voie de finition)

    Dessin: Matthias Rihs

  • À l'instant qui s'éveille

     

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    Les morts, en moi, ne le sont pas.
    Derrière vos yeux fermés
    je nous revois dans les grands bois,
    derrière l’ancien quartier.

    Tu m’attends encore quelque part
    où nous nous attardions
    dans la lumière du soir -
    sur ton visage un doux rayon
    m’éclairait et m’éclaire encore.

    Le temps n’est plus depuis longtemps
    dans nos cœurs isolés:
    chacun de vos noms m’est présent,
    à chaque battement
    de votre sang remémoré
    je revis et revois
    le cœur muet du temps secret.

    Clairière en ceux qui s’émerveillent,
    à jamais cet instant
    instaure en nous ce doux éveil
    qu’est celui du présent.

  • De si belles allées

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    « On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. » (Arthur Rimbaud )

     

    La vie et toutes ces années
    ne pèsent pas bien lourd
    sous le ciel aux longues marées
    où décline le jour.

    Le bois mystérieux sur la mer
    où nous restions cachés
    au temps de jadis et naguère
    reste notre secret
    qu’aux seuls enfants de dix-sept ans
    sous le vert des tilleuls
    nous allons confier
    contre temps et menées.

    Beaux jours aux choses d’ici-bas,
    belles et bonne pensées
    aux cœurs tendres et délicats -
    bon vent à vos années !

     

    Peinture: Edouard Manet, Les bulles de Léon.

  • Voleurs de feu

     

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    Les garçons partent le matin 
    sur le sentier guerrier,
    très élastiques et très mutins, 
    en Indiens déclarés.

     

    La sente serpente entre les blocs
    et les vagues terrains 
    conduisant droit à l’équivoque 
    des fourrés incertains.

     

    Mais eux sont très durs et très purs, 
    coupant par les taillis, 
    loin de la Cité en ses murs
    et ses pensers rassis.

     

    L’élan les porte sans faillir
    sous les hautes fougères 
    à surveiller puis à jaillir 
    à l’orée des mystères .

     

    Ils sont nus parmi les oiseaux, 
    ils font corps avec l’air; 
    le feu les fait paraître beaux
    en leur éclair de chair.

  • Le jour ni l'heure

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    Arbres, là-bas, qui vous taisez
    dans le silence bleu -
    je fais de vous mes conseillers.

     

    Le temps se prend au jeu ;
    le blanc dessine mieux les choses
    et met un souffle d’air
    dans la torpeur où tout repose.

     

    Un oiseau d’un ongle vif
    griffe le verre de l’instant,
    et là-bas le trait noir des ifs
    consigne le moment.

     

    Aquarelle: Cézanne

  • Hors les murs

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    Le Temps est une île au trésor.
    Chaque instant se résume
    à des océans déployés
    par delà les brumes -
    dès l’aube la rue est à nous,
    qui descend jusqu’aux quais
    par delà les tours d’illusion
    où tout devient travail
    où tout devient enfantement.

    Le Temps est cette île des morts
    en nous depuis le jour
    des brumeuses journées d’enfance
    où tout nous apparut
    comme jamais ensuite:
    tout ce bleu par delà les toits,
    ce roux des lointains volcans,
    Ce tintamarre des machines
    suant l’huile odorante
    dans les grands bâtiments en partance
    par delà la première chambre.

    Le temps est le bel oxymore
    ignorant tout remords,
    de l’immobile mouvement
    et de tous les essors.

     

    Peinture: Oivier Charles

  • Ce jour sera demain

     

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    Dans l’ombre des claires fontaines,
    à l’été paresseux
    de nos belles années lointaines,
    vivre n’était qu’un jeu.

     

    La fraîcheur de notre vingtaine,
    au printemps insoucieux
    ignorait toute peine,
    et de la guerre fuyait les dieux.

     

    Belles années de l’anarchie,
    grandes orgues de l’ordre
    naturel: saisons de nos vies
    où il n’y eut qu’à mordre...

     

    Toujours bien grave est ce jeu-là
    d’animale innocence,
    et de savoir ne savoir pas
    céder a l’importance.

     

    Aux sources claires des forêts
    et en toute saison,
    l’âme légère, revenons
    à la vive lumière.

  • Leonardo

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    La splendeur du cheval armé
    sur le pavé lustral,
    et ce bouclier de blondeur
    nous délivrent du mal,
    et de toute médiocrité.

    Mallarmé, maladroit aux armes
    déduira du cristal
    des pensées pareilles aux charmes
    de l’éphèbe ancestral.

    L’infinie curiosité
    de l’aveugle voyant,
    et la très sainte chasteté
    de l’amoureux ardent
    sourient à l’innocent.

  • La déraison communautariste

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    Après La philosophie devenue folle de Jean-François Braunstein, La grande déraison de Douglas Murray pose les vraies questions, "dérangeantes" au possible et sans réponses certaines pour la plupart, sur le délire déliquescent des communautaristes multipliant leurs chantages prétendus libérateurs - nouveaux djihadistes moraux à la façon queer & Co de réécrire l'histoire et d'épurer la culture...
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    «La politique de l’identité» est-elle en train de combler le vide laissé par l’effondrement des grands récits dans les sociétés postmodernes? C’est la thèse que défend Douglas Murray dans son livre La Grande Déraison (Éditions L’Artilleur). L’obsession des «minorités intersectionnelles» pour la «race», le «genre» et l’«identité» lui paraît potentiellement destructrice pour les sociétés occidentales. «On dresse les gays contre les hétéros, les Noirs contre les Blancs, les femmes contre les hommes», déplore le journaliste et essayiste britannique.
    C’est en Occident que la situation des minorités est la plus enviable au monde, rappelle-t-il, et c’est paradoxalement la victoire des grandes causes égalitaires qui, selon lui, provoque une surenchère de revendications aussi contradictoires que dangereuses...
     
    (Chronique développée à suivre sous peu)

  • Soir d'automne

     
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    Le dieu paisible est en toi,
    sage ami tout songeur
    qui te connaît mieux que toi-même,
    et ceux que tu aimes.
     
    Vous vous entendez
    sans parler,
    tes amours sont les siennes;
    sous l’aile douce de ce soir
    vous marchez en silence -
    au bord de la nuit vous allez
    à la même cadence.

  • Soir d'automne

     
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    Le dieu paisible est en toi,
    sage ami tout songeur
    qui te connaît mieux que toi-même,
    et ceux que tu aimes.
     
    Vous vous entendez
    sans parler,
    tes amours sont les siennes;
    sous l’aile douce de ce soir
    vous marchez en silence -
    au bord de la nuit vous allez
    à la même cadence.

  • Journal des Quatre Vérités, XL

     
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    Ce samedi 24 octobre. – Drôle de rêve cette nuit. D’abord dans une espèce de vestiaire de mecs où s’attardait un type déculotté assez obscène, dont le très digne Philippe Jaccottet détournait le regard d’un air offusqué, ensuite au milieu d’une foule en procession ne respectant pas plus la distance sociale que les manifestants de dimanche dernier place de la République, puis au pied d’une montagne ou des groupes (et moi dans un des groupes, assurant ma progression avec la prudence requise et constatant qu’un surplomb allait nous causer des problèmes sans corde d’assurage), alors que le ressaut rocheux était parcouru de corniches herbeuses où zigzaguait un sentier plus sûr que personne n’avait remarqué – et pas moyen de voir où avait disparu ce frêle échalas de Jaccottet dans la meute muette, etc.
     
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    UN PAPE SYMPA. - Les récentes déclarations du pape Francesco relatives à l’homosexualité me paraissent bien sympathiques, en dépit (ou à cause) de leur caractère délicieusement anachronique, comme le sont les réactions prévisibles des vertueux conservateurs attachés à l’Ordre familial et social de façade, défenseurs plus ou moins sincères d’une Église séculaire à laquelle des millions de braves et bonnes gens restent attachés et plus ou moins soumis.
     
    Resté foncièrement protestant de mentalité, donc individualiste et de plus en plus méfiant envers la morale cléricale en dépit de mon puritanisme atavique (mes sacrées aïeules attachées respectivement à l’Ancien et au Nouveau Testament), je ne me sens ni le cœur ni le « droit » de déplorer l’évolution « libérale » du catholicisme ni de m’en réjouir non plus.
     
    Passant l’autre jour en voiture, avec Gérard le ci-devant catholique ultra, devant le temple de Vennes où nous avons « fait » notre catéchisme, j’en évoquais l’ambiance, dans les années 50-60, quand assis sur de durs bancs de bois, face au chœur surmonté par la grande inscription DIEU EST AMOUR, nous écoutions (plus ou moins) le sempiternel sermon du pasteur en robe noire tirant son enseignement de la semaine de deux ou trois versets tirés de tel ou tel apôtre ou (plus rare) d’un livre de la Bible juive.
     
    Le pasteur S. grand bellâtre aux cheveux argentés que mon père taxait de « crâneur », était du genre mâle dominant et je n’aimais pas sa voix métallique, tandis que le pasteur V. qui lui a succédé, plutôt du style prêtre ouvrier à bacchantes et bagou bourru, avait une bonhomie et un rayonnement personnel qui ramena pas mal de monde au temple après la période « froide » du précédent, au point que certains cultes faisaint le plein de la «maison de dieu», cela bien avant le tournant démagogique des prêches «fraternels» genre Nouvel Âge.
     
    Or aux dernières nouvelles, et mon ami Gérard en a ri autant que moi, le temple de Vennes a vu son mobilier transformé, ses bancs sévères virés au profit de chaises plus conviviales voire de fauteuils « club », et non plus disposé face au chœur et à la chaire (virée elle aussi ) mais face aux verrières sans vitraux donnant sur le soleil levant, etc.
     
    Là encore, cependant, je me garde de tout jugement. Si de braves et bonnes gens ont besoin de paroles encourageantes pour affronter les vicissitudes de la vie, ou s’ils manquent de relations avec leur voisinage, ou s’ils pensent qu’un « praticant » est plus conséquent qu’un « croyant » priant dans son recoin, je m’abstiens de ricaner, tout cela relevant en somme de l’ «hommerie» et plutôt innocente sous ces aspects, même sans trace de ce qu’on peut dire «le sacré».
     
    Unknown-1.jpegAPOCALYPSE. – Le livre de l’Apocalypse ne m’a jamais touché, ou plus exactement : il m’est tombé des mains chaque fois que j’ai tâché de le lire, par trop poétiquement « pompeux » avec ses énormes symboles et sa voix dénuée de toute intimité et de toute chaleur , aussi artificiel à mes yeux que le Zarathoustra de Nietzsche ou les vaticinations de Maldoror, toutes proportions gardées évidemment.
     
    Mais j’avais mal lu, aussi mal que D.H. Lawrence à première lecture, avant qu’il n'achoppe vraiment à la lettre et aux images, comme il le fait dans ce livre saisissant publié l’an dernier par l’ami Pierre-Guillaume.
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    Or que dit l’Apocalypse de notre auteur supposé « païen », en tout cas en rupture de cléricalisme à l’anglaise et de tout puritanisme dogmatique ? Il dit que l’Apocalypse a deux « voix », comme le christianisme selon lui a deux voix, disons plus précisément : le christianisme du Christ, avant toutes les interprétations.
     
    Une partie de l’Apocalypse puise ses images d’avant la profération chrétienne et même d’avant la source juive : dans le monde du « theos » qu’on dit païen et qui était ouvert à la perception cosmique dans une relation qui nous échappe faute de (tout) pouvoir déchiffrer des hiéroglypes égyptiens ou des inscriptions « chaldéennes ».
     
    À ce propos je fais le lien immédiat avec les poèmes de Lawrence, largement méconnus et d’une si prodigieuse accointance avec, précisément, l’omniprésent « theos »…
     
    EkgmwtgX0AAk9Rf.jpgAMALGAMES & CO. – D’aucuns prétendent qu’il n’y a aucun rapport entre islam et islamisme, et d’autres prétendent le contraire. Tous ont évidemment raison et tort. Qui dirait qu’il n’y a aucun rapport entre christianisme et intégrisme, aucun rapporrt entre Marx le pur et Staline l’impur ? Aucun rapport entre Rousseau et Robespierre ? Aucun rapport entre les sabres saoudiens ou le couteau du jeune Tchétchène et la poésie soufi ?
     
    Les uns qui se défaussent de «tout amalgame» ne cessent d’en faire quand ça les arrange, et le serpent n’en finit pas de se mordre la queue. Les uns se demandent à quoi aura « servi » la mort de Samuel Paty, et les autres s’en servent dans un sens ou dans l’autre. En l’occurrence, toute récupération idéologique me semble un amalgame mortel.
     
    «Lave-moi dans le sang de l’agneau / Et je serai plus blanc que neige», s’ égosille l’Armée du salut sur la place du marché, mais qui ferait l’amalgame entre cette pieuse férocité présumée symbolique et le doux évangile ?
     
    Petits éclaireurs unionistes, nous chantions, jambes nues auprès du feu de camp, «la lutte suprême», et n’y avait-il pas là un relent de croisade, pour ne pas dire de djihad ?

  • Élégie de l'enfant sage

     

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    Quand je serai mouru,
    disait l’enfant à ses deux mères: 
    je serai militaire.

    Je rêve assez d’être méchant,
    disait l’enfant paisible,
    et lancer d’atomiques bombes
    sur de vivantes cibles
    me plaira beaucoup dans la tombe.

    Si j’étais moi je ne vivrais
    que pour l’amour du mal,
    et je ferais au lazaret
    crever tous mes chevals.

    Je n’aurai donc été vivant,
    disait l’enfant mouru
    que pour obéir aux géants
    qui ne m’ont jamais cru

    Crois-donc en moi dit le nuage
    à l’enfant qui repose,
    et je ferai de toi le sage
    ami de toute chose...

    Peinture. Pierre Bonnard.

  • Ceux qui changent la donne

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    Celui qui se vante d’envoyer des lettres de refus à tous les éditeurs qui le sollicitent / Celle qui porte le pantalon à l’envers / Ceux qui donnent aux riches sans les remercier / Celui qui croit faire son effet dans la réunion de paroisse en lançant comme ça qu’un rat inverti en vaut deux, ah, ah / Celle qui met la main au derche du banquier militariste / Ceux qui se retirent dans leur suite nuptiale pour faire la haine / Celui qui échangerait monde parfait contre défaut à la cuirasse de la Super Woman / Celle qui fait cracher le morceau à son confesseur bigame / Ceux qui se font passer pour l’Etat islamique au téléphone arabe / Celui qui te jette ses sentiments distingués à la gueule / Celle qui dit à très vite à l’homme-tortue / Ceux qui donnent le change à leur propre insu / Celui qui se fait un plan à trois tout seul / Celle qui vole une peluche au psy de sa mère dominatrice / Ceux qui se menacent de ne plus s’appeler eux-mêmes sauf urgence / Celui qui lit l’Evangile en croix / Celle qui s’évite pour ne pas se rencontrer à l’improviste / Ceux qui ont été de toutes les révoltes et de toutes les révolutions avant de découvrir à la fin que ce n’est qu’un début, etc.

     
  • Réfugiés

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    Les enfants des années cinquante
    étaient en laine grise,
    l’air soumis, et comme en attente,
    seuls avec leurs valises.

    De grands yeux suppliaient les riches
    de les voir dans le noir,
    de très grands yeux de maigres biches
    le long des long couloirs.

    Nous les regardions arriver
    sans trop savoir quoi dire;
    ils parlaient d’ailleurs l’étranger
    sans le moindre sourire...

    Ce sont les enfants d’un hiver
    qui me fait toujours froid,
    et tous leurs yeux, toujours ouverts,
    nous scrutent de là-bas.

  • Ceux qui tuent au nom de Dieu

    littérature,politique,islam,christianisme

     

    Aux victimes de l'obscurantisme de partout et de toujours...

     

    Celui qui pense que tout Dieu de guerre est une caricature / Celle qui fermait les yeux tandis qu’un croyant  de quelque religion que ce fût  la violait / Ceux qui refusent de s’asseoir à la table des moqueurs / Celui qui décapite ou empale selon l'ordre d'En Haut  / Celle qui depuis Eve n'en fait qu'à sa tête  / Ceux qui sont prêts à couper les mains des chiens d’infidèles / Celui qui s’excuse pour avoir la paix / Celle qui se refuse à Romuald dont la secte est en désaccord avec celle de son père / Ceux qui invoquent God en sécurisant l'Irak selon l'Axe du Bien /  Celui qui se dit rempli du nom de Dieu / Celle qui aimait s'éclater au Bataclan / Ceux qui ont peur de leurs fils croyants / Celui qui désigne le nouvel ennemi de l'intérieur selon les termes utilisé par le général Guisan en 1941 pour désigner les Juifs en Suisse /  Celui qui estime que l’éloge du bourreau de Joseph de Maistre l’engage à manier  la hache / Celle qui n'a pas de nouvelles de son fils salafiste  / Ceux qui pensent que la mort de Dieu est un fait accompli / Celui qui monte en chaire avec la conscience de ce que son faciès de Congolais fait également problème dans la ville d’origine du fondateur de la Croix-Rouge / Celle qui a cessé de boire pour ramener son voisin de palier à la seule vraie foi / Ceux qui adorent Wotan / Celui qui se fait traiter d'antisémite pour avoir osé critiquer l'apologie tribale de la violence faite dans l'Ancien Testament / Celle qui rappelle aux intéressés que le Dieu Yahweh avait une femme aux fourneaux / Ceux que le monothéisme a toujours insupportés par son manque de place dans le cockpit /  Celui qui fait la tournée de la paroisse en vélosolex sans oublier les migrants du quartier / Celle qui désire secrètement que l’imam Ben Younès le lui fasse / Ceux qui pensent que la Shoah reste à parachever / Celui qui prêche Armageddon au Texas central / Celle qui demande pardon au Seigneur chaque fois qu’elle monte avec un client / Ceux qui s’exhibent à la sortie des catéchismes /  Celui qui me répond qu’il suffit de refaire des enfants pour remplacer ceux que son Dieu national a fait massacrer / Celle qui renonce  à son héritage pour entrer dans la communauté de Walhallu l’Immaculé / Ceux qui parlent aux oiseaux, etc.