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Journal des Quatre Vérités,XXVII

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PSYS & CO. – « Vous êtes-vous masturbé ? », m’avait demandé ce psychiatre au nom de famille calviniste à particule chez lequel l’Armée m’avait envoyé à l’occasion du procès pour refus de grader qu’elle me préparait, et moi de lui répondre crânement sans réfléchir : « Et vous, ce matin, hier soir, à renfort d’images de magazines osés, et quoi encore ? », ce qui m’avait valu un regard mêlé de hargne et de hauteur pincée, mais peut-être cela l’avait-il convaincu que j’étais trop insoumis pour devenir un caporal puis un lieutenant fiable ?

Malgré ce médiocre épisode et mes préventions antérieures à l’égard de la nouvelle bigoterie psychanalytique, j’ai tout de suite été touché par le premier essai de Max Dorra qui m’est tombé sous la main, Quelle petite phrase bouleversante au cœur d’un être, je suis entré en contact sporadique, par mon blog de Hautetfort, avec ce magnifique lecteur auquel j’ai emprunté le titre de mon roman-qui-n’en-est pas-un, Les Tours d’illusion, faisant de ce médecin-psychiatre-psychanalyste l’un de mes personnages sous le nom d’Armin Goldau, du nom d’un village alémanique lié dans mon souvenir à celui d’un parc animalier aux marmottes qui enchantèrent mon enfance le temps d’une après-midi ensoleillée.

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L’exergue de ce pseudo-roman, qui m’apparaît comme une série d’approximations narratives interrogeant les transits de ce qu’on appelle la réalité à ce qu’on appelle la fiction, et retour en double bind, est emprunté au journal de Julien Green, que cite d’ailleurs Max Dorra, et qui est la meilleure introduction à la pratique des associations aléatoires fondant aussi ma démarche : « Le secret, c’est d’écrire n’importe quoi, c’est d’oser écrire n’importe quoi, parce que lorsqu’on écrit n’importe quoi, on commence à dire les choses les plus importantes ».

À La Maison bleue, ce 6 mai. – La connexion étant ce matin défectueuse à La Désirade, je suis descendu à la Grand-Rue pour m’entretenir, par l’entremise de la télé-médecine, avec l’anesthésiste censé m’endormir à moitié durant l’angioplastie des mes artères fémorales, mardi prochain, après le dépistage, samedi, lié à l’éventualité d’une contamination virale qui exclurait l’opération.

Or je vis cela comme s’il s’agissait d’un autre, comme je l’ai vécu depuis une cinquantaine d’années, dès ma première hospitalisation sévère au pavillon de traumatologie, après un accident de la route qui m’a fait me retrouver au milieu d’une salle de jeunes motards plus amochés les uns que les autres, à côté desquels je faisais figure de bleu et pour ainsi dire d’amateur.

Le professeur P. lui-même , surnommé Quasimodo pour sa bosse et ses manières de bon nain (j’appris plus tard que c’était un vrai tyran avec ses assistants alors qu’il se montrait d’une douceur émue avec sa cour de miraculés de la route assassine) , me paraissait plus mal en point que moi, certes cloué sur mon lit par la douleur mais sifflotant avec mon livre du moment, comme plus tard quand je suis tombé d’une paroi des Aiguilles dorées dans la neige un dimanche matin, ou lors de diverses opérations ultérieures, avant le cancer et la crise cardiaque de décembre dernier - autant d’expériences curieuses de mon esprit et de mon âme immortelle observant les contorsions diverses de «mon corps »...

TESTÉ. – C’est une belle fin de matinée d’un 9 mai en période de confinement mondial, tu as rendez-vous au centre de dépistage le plus proche de ton canton, tu te pointes à la double porte de ce qui a l’air d’un collège ou d’un ancien hôpital, un jeune homme masqué en uniforme de civiliste te file un masque que tu ôteras tout à l’heure pour qu’un autre jeune homme masqué de type moyen-oriental aux belles mains à fins ongle nacrés te glisse, come tu le redoutais un peu, ce qu’il appelle un écouvillon « peut être désagréable » dans la narine, cela dure dix secondes et tu ressors de là testé et sourdement confiant en la vie qui va, comme cela te sera confirmé deux jours plus tard sur la scène de crime du poste opératoire d’où tu espères sortir bien réparé comme tu le souhaites aux milliards de morts en sursis, etc.

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Ce dimanche 10 mai. - Très intéressé, une semaine après l’intervention, curative à ce qu’il semble – je marche de nouveau pas mal -, par le contraste des personnalités de Leonardo le solaire, rayonnant de générosité, et de Michelangelo l’ombrageux, jaloux de celui-ci, complexé et teigneux, ne s’aimant pas lui-même à ce qu’il semble.

Tout l’homme en sa variété, deux grands génies avec leurs petitesses « trop humaines ». Paul Valéry fermait les yeux publiquement sur celles de Leonard, mais lui-même se qualifiait parfois d’ « affreux type », etc.

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