UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les Tours d'illusion, roman panoptique

117445010_10224328816994905_6982735936460862186_n.jpg

Première saison

25 ans après Le viol de l’ange, roman virtuel, le sieur JLK en propose la suite sous la forme d’une parodie de websérie en quatre saisons, où l’on retrouve une partie des personnages du premier livre – Cléo la mère de l’enfant martyr et Pascal Ferret le journaliste bordeline, le voyeur hacker Job le Troll ou Vivien le webmaster devenu rhapsode - et de nombreux autres figures représentatives de la société mondialisée en mutation - du jeune auteur culte Corentin Fortier à la soignante polonaise Ewa ou à la pianiste russe Olga coincée dans son mouroir - , durant la période troublée de la pandémie. Les deux séquences suivantes marquent, au tournant de la page 80, la fin de la première saison, amorcée le 1er juillet / 15 mars de la narration. L’auteur espère défier le Virus jusqu’au terme de la quatrième saison, fixé au 31 décembre 2020 à 23h59.

6 août / 11 avril 2020.

Journal sans date, VII

Une nuit de doute. - L’incertitude générale était-elle liée à l’extrême souci de tous ou au déni total de ce qui se passait en réalité, et qu’entendait-on par réalité, qui pouvait dire que tel fait était réel et que tel autre relevait de la fiction ou de la fantasmagorie , et qui était légitimé à s’exprimer, et à l’attention de qui, alors que la plupart se rappelaient l’adage selon lequel le doute incite à l’abstention - mais l’adage de quel groupe et en quel lieu par rapport à ce temps particulier et l’omiprésence du Phénomène, en fonction de quels critères de jugement qui ne relevassent point de préjugés de telle ou telle communauté concernée, et comment retrouver ce qui semblait avoir été perdu, et d’ailleurs était-il sûr que quoi que ce fût soit perdu ?

En état de veille. - À telle fenêtre restée allumée dans la nuit des mémoires crucifiées un type entre deux âges en veste de pyjama qui venait de perdre sa mère écrivait en se rappelant le geste d’un dieu humain qui écrivait lui aussi dans le sable des lettres aussi indéchiffrables que celles qui se formaient sous ses yeux noyés de larmes.

Des générations de femmes avaient pleuré au pied d’une croix alors que des générations de doctes commentateurs s’étaient pris de bec sur la question de savoir si le jeune homme décédé était ou pas descendu aux enfers la nuit suivant son supplice pour y enjoindre les damnés de ne point désespérer, et tel étudiant russe avait pleuré avec les femmes de son village sans croire à la divinité de l’autre garçon, dans l’indifférence de générations d’incroyants ou prétendus tels par des générations de fidèles ou prétendus tels.

Juste avant Pâques. - La Vie se demanda, en cette aube de splendide journée-là, si elle allait, ou non, tuer plus de Terriens ou si elle s’en tiendrait à ce qu’elle considérait comme un avertissement et un aveu de faiblesse susceptible d’inquiéter ceux qui se croyaient les plus forts.
En tant que femme sensible, aimant le grand air et les espèces diverses, elle n’avait jamais eu crainte d’avouer sa faiblesse et son goût pour les délires enfantins, les adolescents malades et les sages de grand âge. Or ses aveux ne semblaient pas toucher les fortiches ni la masse violente, imbécile et menteuse.

La Vie, bonne au fond et si belle, était fatiguée de voir le mensonge proliférer au risque de perturber le sommeil des enfants candides et de tromper les plus vulnérables naturellement portés à s’accrocher à elle, qu’elle avait achevés en toute injustice apparente mais en somme pour leur paix.

Que la Vie fût injuste relevait d'un constat qui ne devait point entacher sa bonté potentielle ni moins encore sa rayonnante beauté, mais comment lui reprocher de s’en prendre d’abord aux plus faibles alors qu’elle-même se reconnaissait fragile et parfois fatiguée comme une vieille servante ?
Or les fortiches ne semblaient rien comprendre, et c’est pourquoi la Vie, à l’aube de ce beau jour, se demanda s’il n’était pas temps de les tuer tous, et tous leurs semblables, pour leur ouvrir les yeux dans la lumière printanière ?

7 août / 12 avril, jour de Pâques 2020.
LE TEMPS RENOUÉ

Tousseux et faiblissant comme plusieurs de ses personnages, notamment en ce haut-lieu de mortatité récente et persistante que représentait l’institution sanitairement mal gérée de L’Espérance, le Romancier , plus conscient que jamais de son droit de vie et de mort sur les diverses créatures apparues (ou réapparues) dans cette espèce de pilote de roman panoptique parodiant les séries télé et initialement planifié en quatre saisons, se demandait, la veille encore, s’il n’allait pas renoncer à ce qui n’était sûrement qu’une vaine entreprise, fantaisie de sa forfanterie infoutue de se résigner aux atteintes de l’âge, caprice de vieux foldingue qui n’intéresserait probablement personne, même pas ses deux aiglons montés en graine au milieu d’un monde infecté, pour ne pas dire dévasté – une explosion monstrueuse venait de détruire une bonne partie de ce qu’on appelait la « perle du Levant » en des temps moins misérables- , et puis non, et puis nom de nom de Dieu de merde : la lumière l’habitait encore et Lady Light en était la meilleure et vivante preuve incarnée, et dans les saisons suivantes les protagonistes retrouvés se multiplieraient, porteurs encore de masque ou délivrés des microbes, Pascal était impatient de lire la suite de la rhapsodie impromptue d’un Vivien trouvère, un air de saxo devait annoncer le retour en beauté de Corentin et de sa jeune fée, l’affreux Jobin métamorphosé vivrait encore deux ou trois saisons vu qu’il était écrit qu’Ewa le rejondrait à la veille de son dernier tango, l’on ne savait pas où on allait mais c’était dans l’élan d’une espèce de joie badine, de joie mutine, de joie musicalement adamantine à l’enfantine musicalité qu’on y allait dans l’encorbellement mystérieusement ordonné des jours empilés et comme renoués par l’orbe du Temps.

(Fin de la première saison)

71tYs9fpDHL.jpg

Les commentaires sont fermés.