"Un livre: c'est toujours ça que la mort n'aura pas".
(Charles Dantzig en ses Maximes).
Ils ne veulent du nouveau
que mâché et remâché.
Ils se croient en danger
en parlant au bureau
des roustes de taureau
de Pablo Picasso.
Ils n'ont aucune idée
d'aucun vrai singulier
qui ferait du succès
le dernier des produits
de la soumission.
Ils n'ont point de vision
qui ne soit resucée.
Ils alignent les mots
que d'autres ont pourléchés
avant et après eux.
Ils ne couvent des œufs
qu'usés par des bravos.
Ils aiment le cliché
de l'artiste qui souffre.
Ils supposent un gouffre
dans le blanc de la page;
ils ne savent pas que l'art
n'est rien que ce qu'ils sont
en transformation.
L'objet qui m'intéresse
est une statue d'air pur
dont le chant mélodieux
ramènerait aux dieux
de l'imagination,
dont le pas danse et pense
au même mouvement,
sans autre vocation
que de nous étonner.
(Ce poème jeté
sur papier recyclé
n'étant au demeurant
qu'approximation).