Celui qui s’est constitué des défenses immunitaires dès son très jeune âge genre cabanes et cabanons de formes et de tailles variées / Celle qui s’est blindée contre les sarcasmes relatifs à un appareil dentaire dont elle avait plein la bouche / Ceux qui sortent couverts au sens post-métaphysique du terme/ Celui qui voit en la rêverie un parasol utile même par temps nuageux à couvert / Celle qui refuse de se soumettre au sado-masochisme fondant une partie de la mentalité catholique tout en pratiquant les dévotions qu’on attend d’une fille naturelle de l’évêque local / Ceux qui se réfugient dans la même bulle mais à distance des raseurs / Celui qui est juif pratiquant « pour l’ambiance » / Celle qui aime bien se retrouver sous l’avant-toit de ces listes où elle exorcise un peu de son sentiment de culpabilité par ailleurs indispensable à la dynamique créatrice de ses romans / Ceux qui jouissent de leur liberté de mouvement dans leur cellule de 20 mètres carrés avec vue sur les routes aériennes / Celui qui a instauré la pratique quotidienne des « dimanches de la vie / Celle qui découvre la merveilleuse contiguité d’un certain jaune acide et d’un certain vert turquoise dans ce tableau de Karl Landolt dont le lac fait écho à celui de sa fenêtre / Ceux qui retournent au Rijks voir certains tableaux pour se rappeler Dieu sait quoi / Celui qui n’a jamais confondu forme et format / Celle qui se coule dans la forme que lui interdit le format d’une morale corsetée / Ceux qui se taisent pour marquer l’imperceptible distance que requiert un peu plus de réflexion / Celui qui n’a jamais confondu une opinion jetée genre caquetage de Facebook et une idée personnelle fondée par l’exercice et l’expérience / Celle qu’a toujours révulsée le culte de l’informe d’un certain art contemporain verrouillé par des théories genre solution finale de tout débat / Ceux qui ne vont plus voir aux expositons que la « mise en scène » du commissaire ne cessant d’explorer de nouveaux concepts ma chère/ Celui qui entend échapper à toute forme d’indiscrétion en lançant les fâcheux sur de fausses pistes / Celle qui s’en remet à la panacée des laitues cuites àl’eau / Ceux qui restent poreux en dépit de leur forteresse immunitaire / Celui qui esquive toute opposition binaire en défiant le tiers exclu / Celle qui établit des listes sans les divulguer / Ceux qui se retrouvent pour se perdre de concert voire de conserve / Celui qui parcourt ces listes comme s’ils’agissait d’un marché de denrées coloniales où il suffit de cueillir ici une mangue javanaise et là un lamantin colombien sans un regard pour l’anguille pêchée à la vermée ou le solécisme andalou / Celle qui ne pense jamais avant l’apéro – ni après d’ailleurs / Ceux qui se disent bons pour la casse sans se casser pour autant, etc.
(Cette liste a été jetée en marge de la composition d’onze nouvelles de 33 pages dont le recueil, provisoirement intitulé La Vie des gens, comptera donc 333 pages.)
Commentaires
Ah ça ! c'est une nouvelle d'enfer ! et nous lirons avec bonheur cette divine...