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  • Ceux qui maximisent leurs perfos

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    Celui qui donne raison au plus offrant / Celle qui est toujours d’accord avec le prochain qui parlera / Ceux qui se laissent convaincre par le bleu cobalt de la cravate du chef de projet genre Ara hyacinthe / Celui qui braconne dans les Préalpes et se viande sur les vires de schiste au ravissement des dames bouquetins /  Celle qui proteste qu’elle n’est pas futurologue quand tu lui demandes poliment ce qu’elle fera dimanche avec votre fils Kevin dont elle a la garde malgré ses dix-neuf ans et son addiction à la colle / Ceux qui se rendent à la discothèque en corbillard / Celui qui s’ennuie à la réception de L’Entreprise dont il a la garde la nuit sans même un chien d’attaque / Celle qui lève des haltères pour rester fit / Ceux qui voient l’ambulance s’éloigner avec un serrement de cœur / Celui qui se détache de lui-même et prétend que c’est sans regret mais son air dit le contraire / Celle qui du Minitel a passé à Meetic et Twitter pour en revenir au Muscadet / Ceux qui hantent les ports embrumés de leurs verres de Brandy / Celui qui n’a jamais supporté les angles de la réalité / Celle qui fuit dans les parenthèses de neige / Ceux qui n’ont pas profité des indépendances pour se faire des empires / Celui qui ne peut plus régater faute d’alizés / Celle qu’on oublie dans la zone tampon / Ceux qui estiment que tout est à repenser en termes générationnels sinon comprendre ces Y qui se demandent why ? / Celui qui se dit philosophe sociologue et qui fait pas mal non plus les œufs au plat / Celle qui s’est occupé du linge de corps de plusieurs membres connus de l’Ecole de Francfort / Ceux qui voient Norbert péter un plomb à la salle de musculation et ne s’en étonnent point vu son manque de perfos en affaires / Celui qui affirme donner tout Montaigne pour une page de La Boétie et se fait ainsi remarquer des dames du premier rang qui se demandent si cette Boétie avait du bien / Celui qui explique à ses lycéens que Montaigne et Pascal ne boxaient pas dans la même catégorie / Celle qui s’enquiert de ta santé avec la sollicitude de  qui cherche à monter en grade / Ceux qui se reconnaissant dans le bain de vapeur s’ignorent aussitôt / Celui qui n’en peut plus de se contenter de si peu même en comptant ses Bonus /  Celle qui dispose des petits numéros à côté de chacun des morceaux du suicidé au plastic / Ceux qui s’étonnent de ne plus s’étonner, etc.

    Image : Philip Seelen

  • Ceux qui se lâchent

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    Celui qui jerkait déjà au temps du twist / Celle qu'on appelle la fontaine / Ceux qui élèvent des pulsions sauvages / Celui qui t'assome de bons conseils / Celle qui se signe quand elle saigne / Ceux qui souffrent de n'être pas vraiment reconnus dans le quartier chinois dont ils sont les seuls habitants à se nommer Pilon-Mortier / Celui qui prétend qu'il se jette du haut de la falaise chaque fois qu'il écrit ses poèmes de présumé maudit / Celle qui se jette au cou du très beau condamné en passe de se le faire couper ah mais quelle excitation n'est-ce pas / Ceux qui avalent un pâté de maisons et en recrachent les pavés cariés / Celui qui a un coeur de pierre à briquet / Celle qui pratique l'humour libre en écoutant G Love dans son jacuzzi multifonctions / Ceux qui se réjouissent de voir de vraies vaches en Gruyère après tant de marcheuses allemandes à Marrakech / Celui qui écrivait comme ça que les machines sont le seules femmes que les Américains savent faire gémir / Celle qui constate que les Anglais ont des bouillottes en guise de vie sexuelle / Ceux qui ont fait inscrire "La vie sexueelle fut sa mort" sur la tombe du bicandier jamais repu / Celui qui ne sait pas si son voisin Gédéon est vraiment bon faute d'y avoir goûté / Celle qui reconnaît avec humilté qu'elle s'est mariée le même jour que son époux Clothaire Troublefête / Ceux qui estiment que Miss Météo ne brasse que du vent / Celui qui finalement se trouve pas mal dans le miroir déformant / Celle qui te répond zut en cinq lettres / Ceux qui écrivent des livres qui bourrent sans remplir / Celui qui commente ce dont il ignore tout avec l'imbécillité satisfaite de l'intellectuel responsable prisé des plateaux de télé / Celle qui roule des pelles au chauffeur de son cercueil décapotable / Ceux qui ont des réserves de capotes de fiacre dans leur baise-en-ville, etc.

    Image: Philip Seelen

  • Destination Terre de feu

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    Matteo, alias Matthieu Ruf, et Daniel Vuataz, dit le Kid, se font la malle. Première destination du duo: le Pays basque. Ensuite solo pour Matteo: la Terre de Feu. Bon vent les lascars !

     

    16 octobre 2012, 6h42, gare de Lausanne, Suisse. L’heure de partir en voyage.

    Une (vague) destination, de celles qui font rêver, malgré toutes les tentatives de les déromantiser: la Terre de Feu. Un itinéraire: le Pays basque, Madrid, le port d’Algeciras (Gibraltar), la traversée de l’Atlantique à bord du cargo Hanjin San Diego, New York, peut-être Montréal, peut-être Boston, puis la Colombie, l’Equateur, le Pérou, le Chili, et enfin l’Argentine…

    Au cours de ces six mois de voyage, écrire à l’encre de Patagonie ce qu’on traverse, ceux qu’on rencontre, ce qu’on lit et ce qu’on voit. Ecrire des reportages et prendre des photos. Partager un bout de chemin avec des amis d’ici (Daniel Vuataz) et de là-bas (?). Se prendre des coups de vent dans la figure et, comme disait García Marquez, vivir para contarla.

    Récit de voyage à suivre sur le blog de Matthieu: http://Matthieuruf.wordpress.com

     

     

  • Ceux qui vont leur chemin

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    Celui qui file droit en multipliant les zigzags / Celle qui peint même quand elle a l’air de ne rien foutre / Ceux qui se tiennent par la main dans la foule endiablée de la Love Parade / Celui qui retrouve ses papiers de jeunesse et les promesses qu’il s’est faites ou pas et qu’il a tenues ou pas / Celle qui redoute les hésitations de son amant Janus / Ceux qui sont peu aimés en retour de leur peu d’amour / Celui qui met ses œufs dans plusieurs paniers sans se rappeler au juste quels œufs et dans quels paniers / Celle qui dit à Fanfan qu’un chien vaut deux tu l’auras mais Fanfan l’aura point de chien à la fin / Ceux qui se laissent survivre / Celui qui pense trouver la faille de l’Auteur dans ses écrits posthumes / Celle qui ne voit en l’Auteur qu’un petit garçon plutôt chiant comme la mère de Proust sauf que la mère de Proust était encore plus chiante que Proust / Celle qui cherche des allusions dans tout ce que Jean-Sébastien écrit sur Facebook / Ceux qui renoncent à Farmville pour se remettre au jardinage évidemment plus pénible quand on a un début d’arthrose / Celui qui joue du clavecin dans son mas des alentours de Grignan / Celle qui identifie Scarlatti dans la garrigue / Ceux qui écoutent le solo solitaire de Jeannot Loiseau sous la lune rousse / Celui qui sublime ses angoisses en peignant des naufrages à la Turner ou ce genre de choses / Celle qui est physiquement sous le coup du physique pour ainsi dire métaphysique du fantastique Abbé Python / Ceux qui se sont rencontrées à la Braderie des Brodeuses dite des Pisseuses par Jaquemin le zoophile / Celui qui reste très Chaminadour dans ses nostalgies cantonales / Celle qui se vante d’avoir fait ceci et même cela avec Tite-le-Long mais on n’a pas de preuves / Ceux qui se rencontrent en certaines maison où le père Céleste du Mesnil de droite souverainiste partage les faveurs des plus belles Roumaines avec son fils Hector-Aurélien de gauche extrême / Celui qui se reconnaît dans le journal intime de l’écrivain M. qui le lui a légué pour achever de le séduire à mort / Celle qui se sert des papiers secrets de son ex sans pouvoir fournir de photos au tabloïd qu’elle sollicite donc c’est cuit ma salope / Ceux qui se régaleront ce midi d’un haricot bien gras dont Molière affirme qu’il est le top du top, etc.
    Image : Philip Seelen

  • La Fée Valse



    Elle met ses jolis dessous dessus. Elle est la petite fille de tous les âges et de tous les pays. Elle est la sage tannée comme le cuir de l’humanité à la première heure. Elle est le sourire de la lune.
    Sur le tapis de chair elle est la mer ondulée. Tous les nageurs la prennent, mais elle se relève à chaque fois plus pure. Sa mère, la pauvre, n’a pas eu cette chance, que la besogne a ridée. Tandis que Valse renaîtrait de la pire misère, mille fois violée et souillée on la verrait rebondir en quête d’un verre de lait.
    Le sourire de la lune lui apparut à la mort de son père. Depuis lors une chose s’est brisée en elle, qu’elle sait ne pouvoir réparer que de sa propre lumière. C’est pourquoi vous la voyez sourire toujours au bord de la rivière de la rue.
    Vous l’achetez, vous montez le nez dans ses dessous dessus, vous croyez la tenir, la retenir mais elle vous danse dessus et quand la lune se lève sur les corps rejetés par la mer vous voici sourire à votre tour à la fée qui danse.

    (Cette prose est l'initiale d'un recueil à paraître sous ce titre)

  • Ceux qui prennent du recul

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    Celui qui se retrouve à fumer tout seul dans la première neige / Celle qui jette du pop-corn aux mouettes du même blanc cireux que son teint de jeune fille éternelle / Ceux dont le miroir a un peu froid ce matin / Celui qui cherche une rime à solitudine mais rejete la facilité d'abitudine/ Celle qui endosse un chèque sans provisions pour cet hiver / Ceux que Facebook éloigne ces jours les uns des autres / Celui qui aime les auteurs que les snobs snobent genre André Gide ou Jules Romains / Celle qui se refuse un croissant au beurre de plus après avoir lu un article du Matin sur les enfants de Somalie / Ceux qui ne connaissent que la faim des autres / Celui qui se rappelle ce que sa tante lui racontait à propos de l'entrée des Prussiens à Metz (ou à Colmar) qu'elle devait tenir d'un grand-oncle bottier ou peut-être du père de celui-ci bottier lui aussi et fumant du petit gris / Celle qui qualifie de vieillerie tout ce qui n'est pas neuf ou plus ou moins américain / Ceux qui lisent la prose d'Echenoz pour se fluidifier les bielles mentales / Park Hotel.jpgCelui qui se souvient nettement d'un Monsieur Bureau et d'une dame Frelon rencontrés dans un rêve fait en la chambre 219 du Park Hotel de Lubumbashi / Celle qui portait une coiffe d'intérieur à bordure de dentelle sur l'autochrome photographique rappelant son souvenir à ses hôtes de la rue de Seine tous enterrés depuis longtemps eux aussi /Chet2.jpg Ceux qui aiment entendre dialoguer Gerry Mulligan et Chet Baker en se rappelant le dernier concert de celui-ci dans une cave parisienne dont j'oublie le nom qui n'est pas le Blue Note mais la mélancolie n'en est pas moins là même le jour dédié à Sainte Thérèse d'Avila / Celui qui reste pensif devant cette pensée de Paul Morand selon lequel "la honte n'est pas toujours la conscience du mal que nous faisons, elle est souvent la consciece du mal qu'on nous a fait" / Celle qui se rappelle que Thérèse d'Avila commençait ses instructions spirituelles aux novices en les faisant récurer les salles communes du couvent / Ceux qui font un pas de côté pour mieux avancer / Celui qui aura vite fait le tour du petit cynique genre monte-en-selle / Celle qui selle la jument Céleste / Ceux qui n'en finissent pas de se rafraîchir au torrent des matinées passées ou présentes ou à venir tant qu'ils y sont , etc.

  • L'Afrique et après ?

    Lushi18.jpgDialogue schizo

     

    Moi l'autre: - Et après ça ?

    Moi l'un: - Après ça, quoi ?

    Moi l'autre: - Après l'Afrique, qu'est-ce qu'on en a de plus ?

    Moi l'un: - Après quelle Afrique ? Tu trouves qu'on a vu l'Afrique, toi ?

    Fiston13.jpgMoi l'autre: - Enfin si quand même, un peu. Que de loin, c'est vrai, comme en passant, mais on a vu des bouts de pays du haut du ciel, des bouts de bords de routes, des bouts de buttes à termites et des bouts de marchés populeux ... Et puis des gens, on a vu quelques gens, qu'on reverra peut-être plus tard. Quand même sympas, non ? La Bestine, l'Ana et la Domi, le Fabrice et le Mwanza Fiston, le Bofane et le Vincent au béret vert, plus quelques autres. On a vu le Gouverneur Moïse Kitumba dans ses meubles. On a vu un bout de la moquette de son stade. On a vu un bout de jardin du Consul de Belgique. On a vu quelques groupes de rumba congolaise et de rap de Lubumbashi à la Halle de l'étoile dont on a vu le complet blanc du directeur genre personnage à la Simenon à belle épouse et enfant noirs. On a vu là un bout de pièce de théâtre assez cocasse. On a vu divers profs distingués de diverses facultés de lettres parlant comme Bourdieu mais d'autres qui avaient des choses à dire aussi sans parler des écrivains venus d'un peu partout. On a vu les nids-de-poule des parkings de l'université. On a vu les chiottes côté mecs délabrées de la faculté des Lettres. On a vu les étudiants fêtant leurs diplômes en grandes tenues. On a vu moi l'un et l'autre se fagotant de chemise et de cravate dans une boutique de fringues du fond d'une cour avant de se pointer chez le Gouverneur. On a vu des ombres rôder le long des rues nocturnes comme dans les alentours du MAD à Lausanne. On a vu...

    Moi l'un: - Et tu trouves que c'est voir l'Afrique, ça ? Une paire de touristes lambdas n'en aurait-elle pas vu plus en voyage organisé ou au Club Med ?

    Moi l'autre: - Non, je ne crois pas, à part le gnou, l'okapi et quelques beaux paysages. Et d'ailleurs toi non plus...

    Tunisie88.jpgMoi l'un: - T'as raison, mais c'est pas facile à démêler, ce qu'on ramène d'un voyage, surtout ce genre de trips journalistiques ou culturo-littéraires. Tu te rappelles la Tunisie en 1972, le Texas et la Côte Est en 1981, le Japon et la Californie en 1987, Le Canada plusieurs fois, la Pologne trois fois, et l'Italie, la Suède, le congrès du P.E.N. à Dubrovnik en pleine guerre, Vienne en 2005, Toronto et Montréal en 2003, Vienne en 2005, l'an dernier la Grèce et la Slovaquie, après la Tunisie...

    Moi l'autre: - La Tunisie, c'était un voyage perso avec Rafik Ben Salah qui nous a fait rencontrer sa famille et des gens de sa connaissance: du coup c'était différent de ces "missions" et autres colloques.

    Moi l'un: - C'est vrai qu'en dix jours de Tunisie on a vu cent fois plus de choses qu'au Congo où finalement on est restés trois jours coincés entre deux immenses voyages et des travaux auxquels on ne pouvait pas couper - d'ailleurs parfois intéressants, je ne dis pas...

    Moi l'autre: - Fabrice Sprimont, l'un des organisateurs belges, avait l'air content qu'on soit là avec Max Lobe...

    Moïse.jpgMoi l'un: - Mais tout le monde il était content ! Même sans trop savoir comment se goupille ce "machin" de la Francophonie, pour reprendre l'expression du général De Gaulle à propos de l'ONU, on a joué le jeu sans trop se poser de questions sur les occurrences politiques de l'affaire. Etions-nous en train de cautionner indirectement le régime de Joseph Kabila ? Je ne le crois pas. Et remettre en cause le fait qu'on parle de littérature alors que la population a des besoins plus urgents n'a pas de sens non plus. Nous n'étions pas là que pour papoter mais pour nous frotter, même de loin, à un bout de réalité, et la légitimité académique et officielle reconnue à ces débats peut être le début de quelque chose - disons qu'on fait confiance aux gens de bonne volonté qui y ont travaillé. Et puis, et même avant tout, c'est bel et bien par l'écriture et la lecture qu'on se libère de la dépendance en général et des tyrans en particulier. Enfin c'est par ses écrivains que l'Afrique a commencé de nous parler et de vivre en nous...

    Moi l'autre: - On a lu Les Damnés de la terre de Frantz Fanon à vingt ans, et le Discours sur le colonialisme de Césaire qui est un fabuleux morceau de prose française, mais quad tu dis écrivains tu penses, plutôt qu'idéologie: pleine pâte du roman ou profération du théâtre.

    Kourouma.jpgMoi l'un: - Je pense à l'Afrique de Conrad et au Congo de Gide avant celle d'Amadou Hampaté Bâ ou de Mongo Beti, de Sony Labou Tansi ou de Tchicaya U'Tamsi. Et rencontrer les écrivains, aussi. Parce que rencontrer le géant Kourouma à Paris, rue Jacob, dans un troquet où il peinait à caser ses jambes, rencontrer Wole Soyinka de passage en Suisse après son Nobel, rencontrer Henri Lopes ou Boniface Mongo-Mboussa et parler de leurs livres a été la prolongation "physique" de ce début d'impérgnation par la lecture, comme de fouler la terre du Katanga. Quand, deux jours après avoir commencé la lecture de Mathématiques congolaise, on est tombé avec le Maxou sur Jean Bofane à Lubumbashi, ç'a été du vif même si ça n'aura pas de suite. Je n'en sais rien: je m'en fous un peu, les écrivains sont ce qu'ils sont et j'aime bien que chacun conserve sa liberté. Je me rappellerai la voix grave de Bofane et je l'ai vu danser, après quoi je lirai d'un autre oeil son prochain roman sur les Pygmées et la mondialisation qu'il nous a annncé...

    Moi l'autre: - Et les deux fistons...

    Maxou9.jpgMoi l'un: - Le Maxou, alias Max le Bantou, c'est une Afrique que j'aime dans son mélange de vitalité et d'inquiétude, de gaîté juvénile et de tristesse ravalée. Sans lui, ce voyage n'aurait pas été ce qu'il a pu être, avec autant de rencontres naturelles et d'échanges. L'ami Jean-Philipe Jutzi, à Présence Suisse, l'a choisi pour ses compétences particulières et son entregent, mais ce que j'aime surtout chez lui est sa façon,par l'écriture, de traduire la réalité la plus cuisante avec une espèce de clarté rieuse. J'y retrouve le pleurer-rire d'Henri Lopes...

    Moi l'autre: - Quant à l'autre Fiston, Mwanza Mujila, c'est aussi l'Afrique de demain...

    Moi l'un: - C'est du plus âpre et du plus lyrique que Maxou. Son Tram 83 dont il nous a envoyé le tapuscrit après le Congrès est une espèce de rhapsodie free jazzée. Cela me touche assez de penser que ce lascar est écrivain-résident à Graz, en Autriche, et qu'il ressaisit le bordel congolais dans ce roman-poème en quête d'éditeur. On a suivi l'aventure de la mise en forme de 39, rue de Berne, qui paraîtra enjanvier chez Zoé sous le nom de Max Lobe, et j'espère bien que Fiston Mwanza trouvera lui aussi un interlocuteur de cette qualité...

    Moi l'autre: - Sans oublier le manuscrit du bon Bona !

    Bona3.jpegMoi l'un:- Ca va de soi ! Mais ça aussi c'est l'Afrique: cette indolence fataliste. Le bon Bona Mangangu nous fait un roman épatant sur la dernière nuit du génial Caravage. On voit paraître des tas de livres "possibles" mais pas indispensables, et voilà un tapuscrit que trois éditeurs m'ont refusé jusque-là tandis que Bona se tourne les pouces dans son hamac. Mais on va le secouer, allez. Dès qu'on aura fini de lire Congo. Une histoire de David Van Broucker, cette fabuleuse épopée d'un pays aussi fascinant que martyrisé, on saute dans l'Easy Jet de Manchester et sus au bon Bona pour qu'il se sorte enfin les pouces...

    Congo14.jpgMoi l'autre: - Donc l'Afrique ne fait que commencer !

    Moi l'un: - Et comment ! Moi je la vois de plus en plus partout, pour le pire et le meilleur. En Suisse je la vois aussi comme un retour à nos sources, mais ce qui m'intéresse n'est pas le méli-mélo sentimental genre sanglot de l'homme blanc. Bien plutôt la confrontation avec le réel qui va de maux en mots et pour ce qu'on aimerait bien le bien de tous, ou tout au moins le moins pire...