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Ceux qui rêvent éveillés

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Celui qui vit du commerce des songes / Celle qui perçoit « des éclats de lumière venus d’une autre vague de temps » / Ceux qui parlent aux coquillages / Celui qui consulte le médecin du sommeil qui découvre que les animaux dont il rêve sont «à éclipses » / Celle qui ne ressent aucune menace liés à ses visions nocturnes / Ceux qui lisent au fond du lac en complicité phosphorescente avec le poisson-luciole / Celui qui sait que « poisson-chat sait » mais ne le divulguera pas même pour de la thune / Celle qui explore les cellules mnésiques des prisonniers muets / Ceux qui se retrouvent à la rue Traversière sans espoir de croiser ceux de la rue Jardinière à jamais parallèle et à l’infini / Celui qui collectionne « des mots, des vagues de souvenirs, des fleurs sauvages et des eaux-fortes, des présupposés, des phases de lune, des utopies nocturnes, des armes, des graines de beauté, des flacons d’ivresse, des bleuités et des susdits, des objets petits et gros » / Celle qui se sent en sécurité dans le cagibi aux mots-valises / Ceux qui se ménagent des ouvertures sur les mondes intérieurs / Celui qui est ferré en botanique sidérale et en histoire surnaturelle / Celle qui émarge au budget secret de la Police du cerveau / Ceux qui s’inquiètent de la protection du cerveau en cas de régime dur à bruit de bottes / Celui qui milite pour l’effacement des souvenirs inappropriés / Celle qui craint pour sa neurosécurité chaque fois que l’eau monte dans sa cellule d’abbesse crossée / Ceux qui cultivent un ou deux vices pour la forme / Celui qui conserve jalousement la Pièce à triple face / Celle qui prétend mieux entendre le « chant de la ville »  en se tenant au bord du toit / Ceux qui tombent à la renverse devant cette phrase écrite à l’encre bleue sur le registre de la Main-Courante de cette nuit-là : «Depuis sept jours et sept nuits Elle vivait là, penchée sur les phosphores des aubes mauves et douces, toujours nouvelles » / Celui qui passe de la contention du sous-verge à l’éclaircie du sur-continent dégagée par le souffle du poisson-lune / Celui qui chope la phtisie en léchant le timbre infecté / Celle que protège « l’art du rêve » mais pas toujours / Ceux qui ont glané la paille dans les champs de poutres / Celui qui se rappelle le nom de Cortazar en tombant sur une phase du genre : « De la sève du rêve germaient des lambeaux de poésie, des refrains sonores, des euphories, des plaintes, des cris » / Celle qui « le » fait parce que c’est cousu de fil noir sur sa peau blanche / Ceux qui pratiquent l’amour moderne sans déranger les files d’attente au péage / Celui qui a son effigie écorchée à l’Albertinum de Vienne et un reste d’économies à la Banque du Saint-Esprit / Celle qui vocifère in petto dans le Wagon Silence / Ceux qui remarquent que le dormeur Duval porte un galon rouge au côté gauche de son uniforme de soldat inconnu / Celui qui pose pour la postérité au seuil du Temple de l’Instant / Celle qui joue de la harpe éolienne avec des soupirs genre À la recherche du vent perdu / Ceux qui ont développé « des qualités majeures dans l’art de la fugue », etc.

(Ces notes ont été jetées en marge de l’ouvrage de Jean-Daniel Dupuy intitulé Le Magasin de curiosités, qui vient de paraître aux éditions Aencrages, à Baume-les-Dames)    

Commentaires

  • Celui qui rêve qu'il est dans son jardin | Celle qui rêve qu'elle est égarée sur une belle planète bleue | Ceux qui rêvent qu'ils sont les papillons du jardin | Celui qui rêve que le vent emporte sa mansarde | Celui qui rêve que France Gall lui fait une déclaration | Celui qui rêve qu'il est un nuage | Celui qui rêve qu'il est un poisson rouge | Celui qui rêve qu'il est sur la lune | Celui qui rêve qu'il est un neutrino en excès de vitesse | Celui qui rêve qu'il est un oeuf de dragon | et tous les autres.

  • Merci pour l'oeuf de dragon. Je le fais couver par une de mes chercheuses punky.

  • "Celle qui vocifère in petto dans le Wagon Silence" (Eclat de rire(0_0))

    Celle qui aime à penser que le "vrai moi est dans le livre".

    Je viens d'écouter le magnifique entretien que vous avez eu sur Espace 2 hier.
    Tout est savoureux :
    De vos "pensées de l'aube" : "j'ai l'impression d'être mort tous les matins et de renaître avec la naisssance du jour".

    "Le livre n'est pas remplaçable par la rencontre d'un écrivain, même si comme le dit Proust le vrai moi est dans le livre".
    Mais ne dit-on pas aussi : ne rencontrez jamais un écrivain que vous aimez, vous risqueriez d'être déçu...
    Pour ma part, je m'en tiens à la rencontre épistolaire pour dire à un écrivain combien j'ai été touchée par son oeuvre.
    Ce que je lis dans votre blog, ce que j'apprends par vos entretiens me donne un peu le sentiment d'une rencontre... (sans le trac!).

    De l'implication
    De l'attention
    De l'intime
    vous en parlez si bien. "L'intimité fait partie de l'humanité".

    Si Schopenhauer a raison de dire que "la vie n'est pas un panorama" mais avouez que le vôtre, de la Désirade, ajoute à votre bonheur de vivre. Je viens de passer une semaine sur les bords du Léman. Si j'avais su que la Désirade était si proche je vous aurais sollicité pour une dédicace des Chemins de traverse que je regrette d'ailleurs de ne pas avoir acheté en Suisse, c'est toujours aussi compliqué de commander des ouvrages suisses quand on ne les trouve pas via Amazone ou la Fnac.

    Bien à vous.

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