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  • Les baisers

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    Les premiers supposés les plus dégoûtants, bientôt les plus exquis, les plus entêtants.

    Les plus frais de nymphettes à la citronnelle, au retour de la plage des corps chocolat, et l’envie de tirer sur les élastique pour entrevoir le blanc d'en bas.

    Les plus tendres les yeux fermés. Les pour la vie à douze treize ans. Les langues fourrées au Carambar ou au chewing gum Hollywood.

    Les baisers de la première fois, sur le premier corps, toute la première nuit, toutes les spécialités, mêlis-mêlés.

    Les baisers ardents, les baisers alanguis, les baisers hardis.

    Les baisers blasés à la longue, les baisers bavés, les baisers distraits, les baisers glacés.

    Le baisers immondes ou mondains. Les plus désespérés les yeux fermés. Les baisers de la baise.

    Les baisers délicieux du début du déclin. Les chastes baisers des Noëls esseulés.

    Les baisers aux défunts.

    Le biseau. Le brûlant. Le bilan.

    Image: Robert Doisneau

  • La fugitive

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    Je reçois une lettre anonyme signée Un ami qui vous veut du bien, qui me dit que celle que je cherche se trouve dans le métro de Paris. Je fais donc croire à Pomme, qui me présente volontiers comme son compagnon de vie, que je dois passer trois jours à la capitale, et je m’y attendais: elle me dit qu’elle ne pourra m’accompagner à cause de son atelier de patchwork.

    J’aperçois celle que je cherche sur le quai de la station Gaîté, mais c’est évidemment de l’autre côté des voies et ce n’est même pas la peine que j’essaie de la rejoindre puisque sa rame arrive à ce moment-là. Un autre jour il me semble en distinguer le pur ovale du visage dans la foule de Saint-Michel, mais ce n’est peut-être qu’une fantasmagorie; en revanche elle s’assied bel et bien en face de moi sur le trajet de retour entre Bastille et Gare de Lyon, et là je m’en veux de ne pas avoir le cul de bouleverser la sacro-sainte organisation de Pomme, qui m’attend ce soir pour fêter la libération des otages du Liban avec ses amis du Groupe Solidarité.

    Bref, je n’en ai pas fini de lui courir après. D’ailleurs cela devait être écrit puisqu’au jeu de la bague d’or, déjà, ce n’était jamais celle que je voulais à laquelle il fallait que je me prenne un baiser-vous-l’aurez.

    Image: Philip Seelen