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Un autre amour


Sulzer2.jpgUn profond et lancinant mélange de douleur et de douceur, nimbé de mélancolie, imprègne les romans d’Alain Claude Sulzer, comme par compensation de la violence et de la dureté du monde et des gens. Après Un garçon parfait qui évoquait, sur un ton doux-amer, un amour de jeunesse dans un palace suisse préservé de la guerre, revisité des décennies après l’épisode amoureux liant le narrateur et un jeune gigolo, Une autre époque ressaisit une relation homosexuelle, longtemps occultée, et marqué par un double suicide, avec le même recul dans le temps, qui ajoute au charme du récit – un peu comme une vieille photo retrouvée.

Sans effets de style trop visibles, Sulzer module ses récits avec une sorte de musicalité prenante et même envoûtante, qui rend admirablement aussi le contraste entre l’étouffement social et la violence nue d’un désir irrépressible.

Si le poids des années 50, en Suisse moyenne, marque cette «autre époque» où l’artiste, l’original ou le « déviant » sexuel étaient plus ou moins soupçonnés de folie, le roman va au-delà de la dénonciation du conformisme social et de l’homophobie, qui persistent d’ailleurs aujourd’hui sous d’autres formes. Le regard du fils sur « son père, cet inconnu », qu’il découvre en osant transgresser le secret de famille tenu par la mère, dont la douleur est également bien filtrée, donnent à ce livre une dimension émotionnelles tout à fait remarquable.

Sulzer5.jpgAlain Claude Sulzer. Une autre époque. Jacqueline Chambon /Actes sud, 265p.

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