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  • Deuxième set

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    C quoi ce truc qu’y a dans le ciel, p’pa ?/ C un ange, tu vois bien ! / Mais c quoi, p’pa, un ange, c’est pourquoi faire un ange ? / C juste un ange qui passe tu vois bien, quoi ! / Mais pourquoi c fait un ange, dis, p’pa, c’est fait en quoi ? / Ecoute fils, là tu vois bien que je suis occupé avec Federer, alors tu me lâches les raquettes, basta !...

    Image : Philipe Seelen

  • Top Action

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    …T’as vu ça, Rosemonde, y font 20% sur le dernier Marc Levy, mais juste le premier jour je suppose, donc si t’en prends cinq à la fois, si je sais compter, ça te fait le Marc Levy pour rien donc sans rien dépenser, nous deux, ça en fait encore trois pour tes filles et la mienne…
    Image : Philip Seelen

  • Mademoiselle Saligot

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                De l’emblème qui signale les bons en ce pays. Où est évoquée la figure du Bon Maître par excellence. De la difficulté qu’il eut à soumettre une jeune sauvage à sa discipline.
     
                Les bons se signalent, dans ce pays, par un poisson autocollé à l’arrière de leur voiture, de sorte qu’on est averti à chaque fois qu’ils nous dépassent: attention, il y a encore des bons dans ce pays.
                Cet encore est plein de réjouissante menace, et c’est tout naturellement qu’il s’associe à mes yeux à la figure du Bon Maître, l’instituteur Cruchon, au moment où celui-ci s’approchait du pupitre de Mademoiselle Saligot jusqu’à ce que, tous tremblant un peu, elle et nous, le silence fût propice à la question qui se posait chaque semaine, savoir si mademoiselle avait encore saligoté ses affaires, auquel cas était brandie une fois de plus la menace de la fessée culotte baissée.
                Assez étrangement, la menace de la culotte baissée ne semblait pas impressionner Mademoiselle Saligot, qui se contentait de tirer la langue à ceux qui la raillaient à ce propos; en revanche, nous devions être plus d’un à souhaiter la scène à force de la redouter, et peut-être le Bon Maître lui-même ressentait-il quelque chose d’inavouable, qui le faisait à la fois brandir et remettre à plus tard le jugement et l’exécution de la sentence ?
                Le Bon Maître était pourtant la netteté personnifiée, et tout chez lui signifiait la droiture. De son âme régulière, sa blouse blanche immaculée était le visible symbole, et ses mains toujours propres, et jusqu’aux moindres annotations de sa claire écriture dans nos carnets, sévères mais justes.
                La formule lui tenait d’ailleurs lieu de présentation dès le premier jour: il faut, enfants, que vous le sachiez, je suis sévères mais juste. Et d’années en année la réputation de Monsieur Cruchon s’était ainsi établie, qui avait fait de lui le type du Bon Maître sévère mais juste.
                Cependant Mademoiselle Saligot ne lui avait pas moins tiré la langue, et  ce dès la première fois où il l’avait menacée, quand il eut le dos tourné.
                Le Bon Maître n’avait pu la prendre sur le fait, et jamais, ensuite, il ne fut assez leste pour se retourner à temps, mais il se doutait à l’évidence de quelque chose, il sentait que quelque chose lui résistait chez Mademoiselle Saligot, et pourtant il se gardait de donner trop d’importance à cette enfant de maçon sûrement destinée à végéter dans les zones obscures de la société tandis que ses bons sujets s’arracheraient de leur chrysalide pour s’envoler vers les hauteurs du Collège cantonal ou même de l’Université.
                Pour autant, Monsieur Cruchon ne se dévouait pas qu’à ses bons sujets. Il entrait même comme une crainte dans sa relation avec eux, ou plutôt avec les lois non écrites des hauts quartiers d’où ils étaient le plus souvent issus. Cela relevait de la simple observation, toute pareille à celle qu’il aimait détailler à la leçon de sciences naturelles: les bons sujets venaient des zones villas à l’imprenable vue, de la même façon que certaines espèces prospéraient au soleil tandis que d’autres semblaient chercher par nature la pénombre et l’humidité.
                Or, Monsieur Cruchon se gardait d’abandonner la gros de la classe à pareil déterminisme végétal. S’il respectait ses bons sujets, il vouait aux autres une façon de rude tendresse dans laquelle était englobée Mademoiselle Saligot.
                Celle-ci, dans la classe, était en somme la fleur sauvage qu’il évitait de toucher, crainte à la fois de se polluer et de flétrir son fragile éclat de fille des marais, cette étincelle de diamant de vouivre, cette chair de petit mollusque bonifiant dans l’eau croupie,ce front pur sous les cheveux en bataille et ces yeux violets, ces dents de louve entre les lèvres, ce demi-sourire provoquant et terrifié d’où surgissait tout à coup la langue impertinente, enfin tout ce qui restait dissimulé dans la culotte de grosse laine et que j’avais imaginé, durant un délire de fièvre, sous la forme d’un feu d’algues où dansaient des serpents - et comment ne pas comprendre, alors, la réserve de Monsieur Cruchon ?
                Quant à la réjouissante menace, elle continue de nous obséder cet après-midi. Nous avançons à pas lents sous les parapluie, entre les cyprès, derrière la voiture de l’ultime voyage du Bon Maître. Poisson autocollé sur la vitre arrière du corbillard propre en ordre. D’un doigt imaginaire sur la buée, je lui ajoute un trait. C’est une fente, le sourire équivoque de Mademoiselle Saligot nous promettant de retirer sa culotte au bord de la fosse, là-bas.  

    (nouvelle extraite du Sablier des étoiles. Campiche, 1999)

  • Dans la ville au bout de la ville

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    Par Miroslav Fišmeister

    A Zuzka

    Dans la ville au bout de la ville
    où un colonel anglais ne fait rien, jette seulement une ombre,
    là moi, bien qu’ayant quitté l’Avignonie,
    comme un arbre géant tombé dans un précipice,
    comme un cartographe descendant des joueurs de sous le panier,
    j’ai appris que le pourcentage des palmipèdes
    paraît baisser avant l’heure.
    Partager au moins un fragment de tes doigts !
    De jour, la fenêtre sent la tempête,
    des chaussures coulent rouges derrière la maison ;
    la nuit, la machine à écrire, de ses lèvres habillées, cogne à
    la vitre,
    mais je ne réponds point,
    car je ne saurais voir, en si peu de nuances, ce qui ne
    pourrit pas en moi,
    car la louve de glace doucement doucement pleure
    dans les confitures articulées
    - trop tard l’osseux sauvage
    lui appporte une vieille poussière,
    un délire amer ravage ma face,
    frappe mes galaxies.
    JE NE SAIS PAS !

    ***

    A minuit, la lumière que tu fais pleurer :
    parce que je n’ai pas osé toucher le soutien-gorge ?
    Parce que les pithécanthropes se soûlaient ?

    ***

    Sans doute parles-tu toujours en cristaux,
    mais pour Giotto dans un millier d’années,
    quand les fleurs retrouveront leurs couleurs naturelles.

    ***

    Comme j’aimerais savoir
    ce que pensent les oiseaux
    de nos visions de dinosauroïdes !,
    surtout quand, la nuit, se réveille sur le mur
    l’oiseau de métal avec qui
    avant de se jeter sous un train, s’entretenait
    mon oncle, muni de lunettes proches
    de celles que portait Peter Sellers.

    ***

    Para Lydia Tennant

    La barque à trois pommes derrière les colonnes d’Héraclite,
    pas aussi majestueuse peut-être que la lettre G
    mais plus tendre, et sans doute plus bleue
    te dit justement par son soleil :
    « Même la pluie est une voie. »

    (Extrait du recueil inédit : And that, piglet, is an habit from the ceiling.)


    Définition de la tristesse

    Un cortège nuptial s’appuie sur la route.
    La grenouille, moins affamée que le lit,
    raconte à l’hémorroïde horizontal – ce clown –
    quel bonheur réside
    dans les griffures du chat.
    Et le sourire de la mariée le confirme.

    ***

    Dans le trolleybus
    petits cubes jaune foncé de la mort,
    petits cubes bleus de la mort.
    La baguette d’une terrasse de café.
    Deux tournants jusqu’à ta maison :
    entre eux, l’infini.

    ***

    Des joueuses en maillot bleu.
    Chacune a un Visage, des aliments et des vêtements, des
    doutes.
    Je vieillis : la tristesse ne m’étonne plus.

    ***

    Un bateau s’approche sur l’eau,
    un autre, en italique.
    Devine lequel je vais choisir.
    Herbe sèche de faux.
    Direction dans laquelle sans tes pas la rivière s’assombrit.

    ***

    La vitre est notre amie, sait la chancelante.
    Au ciel bleu, des papillons dont la barbe rajeunit.
    Une interminable grenouille verte et un seau pour passer la
    nuit.
    Les axolotls retournent leur oreiller
    parce que l’autre côté est plus froid
    - c’est la définition du vert.
    Les mouches retournent leur oreiller
    parce que son envers est couvert de salive
    - c’est la définition du bleu.
    La soupe faite
    de la prospection des poches du saïmiri
    et du plumage des gros perroquets,
    parce que je ne comprends pas les bêtes dans mes rêves
    - c’est la définition de la tristesse.

    ***

    Un stylo bille après l’autre s’asseyent dans l’herbe rouge.
    La différence des sensations ne change pas une couleur du
    ciel multicolore.
    Oeil – bientôt au pluriel – et cheveux longs :
    souriant l’un à l’autre, pleins d’amour, par-dessus la table.

    ***

    La vieille descend l’escalier
    Elle rajeunit à chaque pas
    jusqu’à se fondre dans le sol à carreaux

    ***

    Choses chues çà et là.
    Le vide est toujours plein de quelque chose.

    ***

    Un matin.
    Douze matins.
    Douze matins glacés.
    Becs. Becs. Becs.
    Un jaune non asservi porte des oeufs dans un panier,
    poireaux, salade, ciboulette, choux frisé,
    porcelet, grives (j’ignore ce que c’est), lièvre.
    Sous le plafond se balancent des couronnes de sonnets.
    Le gué enlace de jeunes filles.
    Tu entreras maintes fois dans douze matins glacés.

    ***

    Le son d’un mur en brique
    est un blaireau.
    Le son du blaireau
    est un brossage de dents.
    Combien me manquent mes trois zèbres...

    ***

    A Burundi, les horloges marchent chacune vers un autre but.
    L’heure-homme s’est trouvé une jeune fille banane,
    l’heure-femme, un vannier batiké en rouge.
    Oui,
    ces mots décrivent aussi
    douze statues en béton de Caracciola dans une rue pleine ou
    vide.
    Quand tu prendras un marteau pour faire une promenade en bus,
    à Burundi un instant s’arrêteront les guépards.
    Et les horloges –

    ***

    Un nuage nommé Porc suédois.
    Une goutte de la première pluie du printemps
    dans mon oreille gauche.

    (Extrait du recueil inédit Ongles boliviens. Le titre et les sous-titres sont de la rédaction)

    (Traductions de Petr Král)

    Ces extraits de poèmes inédits ont paru dans la dernière livraison du Passe-Muraille, No 78, juillet 2009

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    Miroslav Fišmeister est né le 23 avril 1976 à Brno ; il vit dans la même ville. Naturaliste amateur.Il a publié quatre recueils en langue tchèque:  Cette table est basse ! (2005), Cette fenêtre est petite ! (2006), Au moins le lit est confortable... (2006), Bac à sable (2007). Les poèmes publiés ici sont extraits de manuscrits encore inédits.

     

    Petr Král, né le 4 septembre 1941 à Prague où il vit de nouveau, après avoir passé de longues années à Paris (1968 - 2006). Ecrit en tchèque et en français, e. a. auteur – choix ; commentaire et traduction - d’une Anthologie de la poésie tchèque contemporaine (Gallimard, coll. Poésie, 2007). Ses derniers livres en français : Pour l’ange (poèmes), Obsidiane, 2007, Vocabulaire (proses), Flammarion, 2008.  

     

  • Encore une journée divine...

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    Alors comme il en va tous les jours que Dieu fait, selon l’expression consacrée, depuis le commencement des temps, nous passerons toute la sainte journée à réparer ce qui a été cassé hier et à casser ce qui sera réparé demain, même s’il ne faut pas remettre à demain, selon l’expression, ce qui peut être cassé ou réparé sur l’instant.

    Dans l’Atelier du Jouet dévolu à la fabrication d’armes de destruction pacifique et de poupées de distraction massive pour enfants innocents, les nettoyeuses et les nettoyeurs d’avant l’aube ont cédé la place aux monteuses et aux monteurs des chaînes appropriées, arrivés le matin même des villages et des villes pour y gagner le pécule régulé par les flux et influx de la Bourse, et dès la première heure les premiers produits étiquetés et empaquetés par les étiqueteuses et les empaqueteurs ont été listés et envoyés de par les villes et les villages où les enfants n’auront de cesse que de les détruire dans la journée.

    Comme il est de la nature des créatures faites à la ressemblance du Dieu méchant, dominants et dominés sont entrés par des portes séparées dans les ateliers géants de l’Atelier du Jouet, mais les enfants des dominés et des dominants feront le même usage de leurs jouets au cours de la sainte journée : il est écrit depuis le commencement des temps que la nature de la créature est ainsi conçue  que ce qui a été fait sera défait et que ce qui est brisé sera réparé, et de même que les dominés d’hier seront demain dominants, de mêmes les enfants d’hier verront-ils leur jardin piétiné dans la sainte journée, et nul n’y pourra mais, selon l’expression.

    De tout temps je le savais : de tout temps je l’avais pressenti avant de l’observer sur le grand pré de nos enfances, de tout temps le meilleur avait couvé le pire et l’inverse s’avérait à tout instant : nous étions tous de vrais angelots et de vraies crevures en puissance, les morveux du quartier des Oiseaux, faits  pour défaire faute d’avoir encore admis qu’il n’est de bon que faire, au sens où l’entendaient mon oncle Stanislas et les plus sages de nos aïeux qui avaient connu le défaire absolu de la guerre.

    Mais le geste de faire n’allait-il pas de pair, de toute éternité, avec cette rage que le grand Ivan avait montrée, de plaire ? Et le petit Ivan jouant les poètes, avec sa façon de couper les cheveux en quatre cents quatre, quitte à déplaire, n’était-il pas la même espèce de Caïn que son frère le bâtisseur  des chantiers ? Qui étaient le plus violent sur le grand pré ? Quand et comment l’envie était-elle apparue dans le quartier des Oiseaux ? Quels seraient les plus dénaturés, des anciens enfants des Oiseaux, de celle qui, rejetée de tous les siens, vendrait son corps aux abords du Palais Mascotte ou de la femme de notaire faisant métier de délation sous couvert d’évangéliser les classes basses de la société ?

    Que pouvait-on dire à l’Enfant, de ce qui est Juste ou dénaturé. La nature n’était-elle pas juste en laissant le dominant dévorer le dominé ? Et n’était-il pas de la nature que l’Enfant rejette l’enseignement de l’Ancien, comme en adolescences nous aurons piétiné tous les jardins ?

    Toute la sainte journée, les enfants, nous aurons le temps de gamberger tout en réparant ce qui doit l’être, que vous fracasserez peut-être demain avant de vous retrouver vous-même en morceaux. Or ils étaient en morceaux, Elle et Lui, quand ils se sont rencontrés, et de ces morceaux ils ont fait leur nacelle et les voici voleter sans ailes, portés par on ne sait quel souffle un peu fatigué, battant de l’aile.

    Nous serions fatigués mais ce geste de réparer nous revient à journée faite et c’est mieux que rien, selon l’expression. Nous referions ainsi le monde et les anciens n’y pourraient mais, tout en se trouvant justifiés quelque part, selon l’expression avariée. Notre langage serait avarié mais nous ferions comme si de rien n’était : nos enfants seraient à leur tour comme des dieux, selon l’expression, qui nous adopteraient à leur tour, puis leurs enfants les adopteraient à leur tour, on n’en finirait pas de s’adopter quelque part et ce serait Byzance à la fin, selon l’expression.       

    Toute la sainte journée de ce dimanche à ne rien souder, selon l’expression, puisque c’est jour chômé de l’Eternel au Jardin, nous ne ferons, les enfants, que nous faire du bien et au monde, nous ne ferons que jouer sans gain, nous ne ferons quelque part que réparer les jouets fracassés de nos enfances dénaturées, nous ne ferons que faire de notre mieux, selon l’expression.

    (Extrait de L'Enfant prodigue, récit en chantier)

     

     

  • Le bibi

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    C’est vrai : ça a été dit et répété : cherchez la femme... On ne sait pas trop ce que ça veut dire mais moi je te dis et te le répète : MA femme se cherche, depuis que je l’ai trouvée elle se cherche, enfin je veux dire, elle se cherche LE petit chapeau qui lui permettrait de me lancer comme ça en toute innocence : - Comment tu me trouves ?

    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui en prennent leur parti

    Jackson1.jpgCelui qu’a sidéré la démagogie mondiale suscitée par  la mort subite de l’Idole / Celle qui lit Jane Austen dans son coin / Ceux qui parlent sans élever la voix / Celui qui garde la main close sur ses écus / Celle qui sort de chez elle comme une taupe de sa galerie / Ceux qui attendent le moindre faux pas de l’indépendant / Celui qui aime son travail presque autant que sa moitié / Celle qui a fait tapisserie toute sa vie jusqu’aux thés dansants de la Pension Plus de Soucis / Ceux dont l’éthique varie avec les vents du moment / Celui qui n’oubliera jamais le regard haineux de l’ex de son ex / Celle qui a fait son apprentissage de profileuse dans les casinos / Ceux qui mettent de la distance avec un peu tout / Celui qui dit volontiers on verra quand il est résolu à décliner une offre même vachement attrayante / Celle qui enfile des bottines de papier pour ne pas contaminer la scène de crime / Ceux qui découvrent ce qu’est réellement un dur / Celui qui masque sa douceur de mélancolique / Celle qui aime fêter seule les arrivages de poisson du Water Grill / Ceux qui font retirer les arêtes de leur poisson par le chef de rang himself / Celui qui demande l’addition de ce qu’il sait son dernier repas / Celle qui aime arrondir les angles de la cruelle réalité au moyen d’une bonne bouteille de chardonnay / Ceux qui se font renommer Patrick au titre de nouveau chauffeur de la star fatiguée / Celui qui infiltre le jury du procès criminel de la star fatiguée qu’on accuse d’avoir fait « traiter » le dernier Patrick par le précédent / Celle qui s’est fait trois des sept Patrick de la star fatiguée / Ceux qui savent plus ou moins que les sept Patrick de la star fatiguée étaient maqués avec l’Organisation / Celui qui fera la peau de la star fatiguée après son acquittement / Celle qui se dit retirée des prétoires / Ceux qui travaillent tranquillement au jardin après avoir assisté à ils ne se souviennent plus combien d’exécutions par injection létale réglementaire, etc.

  • Du renvoi d’ascenseur

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    A La Désirade, ce mardi 1er juillet 2009. – Mon compère de blog Bertrand Redonnet, que je n’ai jamais rencontré que sur la Sphère et dans un livre épatant, intitulé Zozo, chômeur éperdu, que j’ai aimé et commenté dans mes Carnets de JLK, vient de me rendre la pareille en consacrant à mon dernier opus, Riches heures, une présentation personnelle et généreuse(http://lexildesmots.hautetfort.com)  qui m’a beaucoup ému par la justesse de sa perception – à quelques exagérations près, comme de prétendre que je lis « tout », et je ne vois pas que la Désirade ait la moindre « baie vitrée », ni la forêt proche le moindre pin… - et par son attention vive au détail du livre. Or rien ne me touche plus que l’attention réelle d’un lecteur, bien plus importante à mes yeux que les compliments qu’il pourrait m’adresser, dans une période que caractérisent justement l’inattention et la flatterie convenue, ou le déni pur et simple.
    Ce que j’aime surtout dans sa lecture de ma « lecture du monde » et de mon aspiration essentielle aux « passions partagées », c’est qu’il insiste sur la dimension de la « rencontre » que représente possiblement chaque livre dont on puisse réellement « tout lire » - et c’est dans ce « tout » non quantitatif que nous nous rejoignons évidemment.
    Bertrand souligne justement ma défiance envers toute forme d’idéologie, et cela dès le marxisme de nos dix-huit ans, et même si j’ai été tenté de remplacer le personnalisme de mes vingt ans par un ralliement à l’anarchisme de droite frotté de catholicisme littéraire intempestif à la Joseph de Maistre ou à la Léon Bloy (salut Dantec…), tout esprit de clan et tout système idéologique clos m’ont toujours rebuté et rejeté, jusque dans ses manifestations inattendues. J’ai bien observé, ainsi, un Alexandre Zinoviev, lu et rencontré maintes fois, qui se voulait le grand contempteur de l’idéologie. Or j’ai bient'ot découvert chez lui une passion de nature purement idéologique – un contre-système qui explique le manque d’incarnation de ses livres, à l’exception des premiers, tel l’inoubliable Adieu à l'automne.
    Bertrand Redonnet cite alors, comme étant significatif, l’écart scandaleux – véritablement scandaleux, à l’époque : la chose à ne pas faire – dont je me suis rendu coupable en ma folle jeunesse, consistant à rendre visite à Lucien Rebatet, le plus grand Salaud vivant des lettres françaises, auteur d’un pamphlet d’une incroyable violence, Les Décombres, dont j’ai d'ailleurs refusé de parler avec lui (come quoi ma liberté n’était pas totale…), mais aussi d’un immense roman d’apprentissage, pur de tout fascisme et de tout racisme, intitulé Les deux étendards et mettant en scène, dans l'entre-deux-guerre lyonnais, le grand débat entre foi catholique et athéisme sur fond de découverte juvénile de toutes les passions.
    C’était en 1972, je pratiquais le journalisme et la critique littéraire depuis trois ans et m’étais éloigné de mes amis progressistes sous le double effet de la découverte de la complexité de la réalité réelle, et de la rencontre de l’éditeur Vladimir Dimitrijevic, notoire anticommuniste… Mon entretien avec Rebatet me valut pas mal de lettres d’injures et un violent esclandre dans un café lausannois (le Mao…) où j’entendis un ex-camarade hurler qu’il fallait me tuer. Or je me dis, aujourd’hui, que je l’avais en somme cherché, et pas tant à vrai dire pour défendre Rebatet que pour me dégager du « politiquement correct » de l’époque, moins conventionnel mais plus hargneux et violent qu’aujourd’hui, comme je me suis toujours tenu à distance du milieu littéraire local, par goût atavique de la liberté.
    Cette même liberté, que Bertrand a raison de coupler avec l’amour fusionnel de la nature sauvage, tel que nous le partageons visiblement – lui aux confins de la taïga et moi en notre nid d’aigle lémanique de la Désirade – fait que sa dernière remarque, à propos d’un éventuel délit de renvoi d’ascenseur, me fait bonnement sourire. Hélas Bertrand, fais seulement un mauvais livre et tu verras le sort que je réserve à mes amis ! Quelques-uns, que je connaissais depuis des années et dont j’étais donc censément plus proche que nous deux, en ont fait la cuisante expérience. Hélas c’est plus fort que moi : dès que je suis dans un livre, j’en oublie l’auteur. Ou plus exactement : le noyau poétique du livre, dont parle Walter Benjamin, et qui a toujours été le Graal que je cherchai dans un livre, compte seul, et je l’ai trouvé vibrant auprès de Zozo, comme je l’ai trouvé vibrant dans Nullarbor de David Fauquemberg, devenu depuis mon ami mais que j’étrillerai si son prochain roman, à paraître tout bientôt, ne me semble pas à sa hauteur.
    Ce genre d’approche, évidemment, échappe à beaucoup d’esprits avisés qui ne voient du dehors que manœuvres et combines.
    Pour ma part, sans jouer du tout les purs, je revendique cependant le droit de dire du bien des bons livres de mes amis. Une lampe m’éclaire dans ce choix. Je l’ai héritée de ma mère qui l’avait reçue au moment de prendre congé de l’entreprise Schindler spécialisée dans la fabrication d’Ascenseurs Suisses. Son collège Gottlieb, secrètement amoureux d’elle qui venait de se fiancer et projetait de s’établir en Romandie, avait économisé pendant des mois, thune sur thune, pour lui offrir cette lampe à pied de bois torsadé et à lampadaire en étoffe imitant celle d’un jupon de vierge, comme cadeau de départ - chère mère avec laquelle nous aurons vécu tant de riches heures…

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  • Question dignité

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    …Il est vrai qu’à une lettre près ma destinée eût été plus noble, genre Mère Courage, mais à quoi bon se révolter contre les décisions prises en haut lieu, et puis je m’excuse: ma fonction est bel et bien citoyenne et je l’assume: une fois par jour je rote et dégueule votre tout-à-l’égout, n'oubliez pas ça…
    Image : Philip Seelen

  • Le monde de dessous la table

     

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    J’étais sous la table et je captais des bribes de ce que disaient les grandes personnes, selon l’expression  de notre grand-mère paternelle, qui leur intimait de tenir leur langue eu égard aux jeunes oreilles qu’il y avait là-dessous ; j’étais sous la table et c’est comme si je m’y trouvais encore à l’instant, imaginant notre mère-grand qui nous désignait à voix basse, jeunes oreilles aux aguets que nous étions - je me revois là-dessous avec l’un ou l’autre de mes frère et sœurs ou de mes cousins et cousines, à capter plus ou moins ce que disent les grandes personnes et si possible ce que nos jeunes oreilles ne sont pas censées entendre ; et chaque mot que j’ai retenu, chaque expression qui me revient me ramènent à la fois un visage ou un personnage avec son intonation de voix propre et ses traits particuliers.

    J’entends ainsi cette  voix plaintive - ce doit être celle de la cousine Pauline, dont l’obésité commence à peser sur ses mouvements et son moral -, qui égrène son chapelet de lamentations sur ces années où l’on a tant lutté, selon son expression, et c’est sur le même ton que notre mère aussi nous rappellera, parfois avec un accent  frisant le reproche, combien nous autres, qui n’avons pas connu la guerre, avons de la chance de n’avoir pas dû tant lutter. Et Pauline de rappeler qu’en ce temps-là tout était rationné et qu’on a même parfois manqué, selon l’expression, surtout vers la fin, et qu’un seul œuf par mois a constitué une épreuve,  et que les biscuits à la pomme de terre en ont été une autre, et que la soupe du boucher ne valait guère mieux sans doute que celle de ces camps allemands où l’on affamait les gens.

    Mais le ton soupirant  de la tante Pauline a le don d’exaspérer notre oncle Victor, son conjoint, protestant que ces jérémiades de bonnes femmes, selon son expression, ne doivent pas nous faire oublier la chance que nous avons eue grâce au Général,  et notre grand-père aussi réagit aux plaintes de sa fille qui se rebiffe et va pour faire la tête, selon l’expression, et notre oncle Norbert et son frère, notre père, s’entremettent alors en conciliateurs tandis qu’à la voix plaintive de la tante Pauline se joignent les voix plaintives de notre mère et d’une cousine dont j’oublie le nom, mais notre grand-mère rallie l’autre camp de son conjoint à elle et de son gendre, et bientôt on ne s’entend plus, là-haut, quand une voix d’homme posé à l’accent américain, qui ne peut être que celle du professeur Barker, l’ami du Président, relève que, même s’ils ont enduré quelques privations, les habitants de ce pays préservé de la guerre ne sauraient comparer leurs conditions de vie à celles des populations envahies ou déportées, bombardées ou massacrées, après quoi l’on entend un long silence froid que notre mère-grand interrompt en annonçant le café et les pousse-café. 

    Mob2.jpgDe dessous la table j’entends ce mot DÉPORTÉS pour la première fois, comme j’entends pour la première fois l’expression CAMP DE CONCENTRATION, dont mon grand-père me montrera plus tard des images dans un  livre illustré plein de maigres corps nus qui me troublent et de visages épouvantés, intitulé Plus jamais ça, mais sous la table tout cela ne signifie rien à mes yeux et quand j’entends, un autre jour, le mot JUIF, cela ne me dit rien non plus, mais je me rappelle distinctement cette voix qui dit là-haut : Juifs et Arabes, c’est le même nez crochu, sans trop savoir si je dois rire ou pas…

    Mon père et son frère ne se querellent jamais, notre tante Pauline se lamente, comme se lamentent parfois, aussi, notre mère et sa sœur Greta, et Victor qui ne parle que de sport automobile les charrie, selon l’expression de notre mère-grand, qui le gourmande volontiers comme s’il n’était qu’un vaurien alors qu’elle le dit capable dans sa partie, de même qu’ elle le dit de notre grand-oncle Cédric, conjoint de la demi-sœur de notre grand-mère, et de ses deux fils, chacun reconnu capable dans sa partie, et n’est-ce pas ce qui compte pour se faire une place au soleil, selon l’expression ?

    À leur voix, de mon poste d’observation de dessous la table, je m’exerce à reconnaître les prénoms de mes tantes et de mes oncles à chacun du repas du dimanche à la villa la Pensée, et lors des fêtes c’est à tout un monde que je m’efforce de rendre son prénom comme, dans l’antichambre, les enfants, nous nous amusons à identifier les manteaux de chacun et de nous en déguiser en imitant la voix de chacun. 

    Pourtant ce ne sont pas que des traits personnels que je m’efforce de me remémorer : c’est plutôt une façon de parler mais aussi de se taire, une façon de se tenir et d’écouter les autres, telle ou telle façon de se retenir ou de se protéger tout en regrettant peut-être de se trouver pareillement empêché par ce qu’on pourrait dire de ce qu’on dit - c’est tout cela que j’entends bouronner et bourdonner, à l’instant, dans  le silence revenu de ceux que je dirai les miens – de notre smala que je dirai comme d’un pays entier ou d’une entière humanité de gens ordinaires, dans ces maisons et dans les autres.

    Car il y a d’autres maisons, et dans la même maison, dès qu’il y a deux frères il y a conflit possible entre le grand et le petit Ivan ; dès qu’il y a frères et sœurs, cousins et alliés, mariages puis héritages, royaumes et dominations, toute maison, fût-elle bien habitée, selon l’expression de notre mère-grand, devient possible Maison de l’Araignée, comme dans la terrible légende que nous ont racontée maintes fois nos bonnes tantes Greta et Lena. On a beau former ainsi comme une tribu, quoique déjà subdivisée en deux parties : il y a encore d’autres lits, selon l’expression de notre mère-grand, et c’est là que tout se complique : là que je rapplique aussi, mauvais esprit que je suis, en sorte de faire parler les silencieux, quand bien même il y aurait des choses qui ne se disent pas, selon l’expression de notre grand-mère paternelle.

    Du côté, précisément, de notre mère-grand ne peut s’ignorer, depuis toujours, la question du second lit, selon son expression, avec ces gens-là dont on parle le plus souvent à voix basse, crainte que rumeurs et ragots ne parviennent aux jeunes  oreilles qu’il y a sous la table, qu’on envoie d’ailleurs bientôt jouer ailleurs…

    En tout cas, pendant la guerre on se portait mieux parce qu’on mangeait moins, remarque notre grand-père en ne refusant point un petit supplément du dessert de mère-grand, qui remarque comme ça, au vol, qu’il y avait quand même des privations. Et d’ajouter aussitôt : sauf que certains se sont arrangés, faisant allusion à ceux du second lit, selon son expression, qui étaient de mèche avec ceux du marché noir et qui ont même fait des affaires tandis que les honnêtes gens  en étaient réduits, ou peu s’en fallait, à manger leur propre main, comme on dit.

    Ceux du second lit, cependant, conformément à la Parole selon laquelle les premiers seront les derniers, sont bel et bien devenus les derniers après la guerre, mais on n’en saura pas plus, on n’en dira pas plus, on sait simplement ce qu’on sait sur ceux du second lit, étant entendu qu’il n’y a pas de fumée sans feu, et ce qui a été dit et répété, même s’il est convenu qu’il n’est pas joli de colporter des bruits, ce qui a été rapporté d’une maison à l’autre et d’année en année fait que les maisons se sont éloignées les unes des autres - mais comment dire ce qui s’est passé vraiment ?

       La page noire de la nuit de neige d’avant l’aube aura creusé, devant moi, tout ce temps d’invoquer les disparus, qui me sont à vrai dire chaque jour plus présents, cette étendue de silence dans laquelle ils se sont perdus les uns après les autres, comme dans un désert ou dans une forêt, se fuyant les uns les autres ou s’ignorant les uns les autres pour des motifs de plus en plus anodins - puis la neige a fondu et les jours ont recommencé de grandir.

    (Extrait de L'Enfant prodigue, récit en chantier)

     

     

  • Marc Levy, le retour

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    Le Premier jour romance le « secret de la vie ». Téléphoné à souhait, le nouveau succès annoncé se lit comme un film...   

     

    Le premier jour vient de faire  son apparition sur les têtes de gondoles des librairies, entre  autres gares et aérogares. Selon toute probabilité,  le grand retour de Marc Levy devrait « cartonner » plus que jamais. Passant au roman d’aventures frotté de « questions essentielles », le romancier à succès se lance en effet dans le sillage spiritualisant de Dan Brown et Paulo Coelho. Ses protagonistes sont typés à souhait ; son écriture basique aussi efficace que sa façon simple de parler science ou religion. L’ancien architecte sait construire une histoire et ménager le « suspense », au fil d’un zapping emmenant la lectrice et le lecteur aux quatre coins du monde. Les 500 pages du Premier jour assurent donc deux ou trois dizaines d’heures d’évasion à Madame et Monsieur Tout-le-monde. Les amateurs de « pure » littérature » font d’avance les dégoûtés. Mais peut-on en juger sans ouvrir le livre ?

    Ce qui est sûr, c’est que le Marc Levy nouveau nous ramène illico dans le climat des romans d’aventures de notre jeunesse, entre Bob Morane et le Club de Cinq, ou du côté d’Indiana Jones, avec chasse au trésor et déchiffrement du « secret de la vie ». Dès son enfance, le brillant astrophysicien Adrianos, spécialiste des «étoiles extraordinaires» que ses collègues de la London University appellent Adrian, s’est posé la question de savoir « où commence l’aube». Or c’est au fil de son journal personnel, armature narrative du Premier jour, que nous apprenons comment il a retrouve son ancien flirt Keira, jeune paléoanthropologue passionnée par l’origine de l’homme.

    Un lever de soleil « de rêve » marque le vrai début du roman, sur la vallée de l’Omo, quelque part en Ethiopie, sur le site archéologique où Keira travaille depuis plusieurs années, « adoptée » par un petit orphelin qu’elle a baptisé Harry et qui  lui a fait don d’un pendentif  à pierre mystérieuse. Après une terrible tempête qui dévaste le site, la voici contrainte de regagner Paris et de s’arracher au petit Harry. Mais elle ne pense déjà qu’à son retour : « Je reviendrai Harry, je te le jure ! », s’exclame-t-elle ainsi entre deux sanglots. Sur quoi la lectrice ou le lecteur sont transportés au Chili, sur le plateau d’Atacama, où Adrian participe à la « fabuleuse aventure » de la quête d’une autre « Terre » située à vingt-cinq mille années-lumière de la nôtre.

    Comme on peut s’y attendre, les retrouvailles d’Adrian et Keira débouchent sur l’amour avec un grand A. En fin de volume, la mort de Keira, noyée dans une voiture où elle échange un dernier baiser avec Adrian, est un morceau d’anthologie.   Mais laissons la lectrice et le lecteur découvrir les multiples péripéties de cette romance des deux « gentils », corsée par les inévitables menées des « méchants » qu’anime la sempiternelle cupidité humaine. Une suite est d’ores et déjà annoncée pour ceux qui en redemandent : La première nuit

    MarcLevy2.jpgMarc Levy, Le Premier jour. Robert Laffont, 498p.

     

     

    La Success story en date

     

    1961. Naissance à Boulogne Billancourt. De père résistant et communiste, dirigeant de la CGT. Dès ses 18 ans, secouriste à La Croix-Rouge pendant dix ans, parallèlement à des études de gestion et d’informatique.

    1983. Première entreprise, Logitec France. S’installe aux Etats-Unis, où il créée deux sociétés spécialisées en imagerie de sytnthèse. Perd le contrôle de son groupe en 1989. Revient à Paris où il fonde un cabinet d’architecture de bureau.

    2000.Premier roman, Et si c’était vrai... Succès immédiat. Steven Spielberg en produit le film. 250 semaines parmi les meilleures ventes de France.

    2001-2008. Sept romans, dont Les enfants de la liberté, où il romance la vie de son père. 17 millions d’exemplaires vendus au total, comptant les traductions en 41 langues.

    2004-2007. Ecrit trois chansons pour Jennifer, Gregory Lemarchal et Johnny Hallyday (T’aimer si mal)

    2005-2008. Trois films et téléfilms ont été tirés de ses livres : Et si c’était vrai, par Mark Waters, Où es-tu ?, par Miguel Courtois, et Mes amis, mes amours, par Lorraine Levy.