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  • Ceux qui se réjouissent

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    Celui qu’émerveille chaque retour du jour / Celle qui se remonte la pendule en dépit de ses rhumatismes articulaires de plus en plus invalidants / Ceux qui repartent du bon pied-bot / Celui qui trouve bonne mine aux voyageurs de l’autobus de la ligne 33 / Celle qui subit en souriant les humeurs de massacre de ses collègues de l’agence Risques et Périls / Ceux qui économisent pour se payer la croisière des Retraités Positifs / Celui qui se dope chaque matin aux sucres lents / Celle qui offre une ceinture de soutien chauffante à son conjoint las de vivre / Ceux qui ont renoncé à renoncer / Celui qui repart à cent à l’heure sur la Route du Succès sans se douter que la pluie givrante menace les usagers de l’autoroute sur laquelle il vient de lancer sa Toyota Cressida / Celle qui entame sa journée avec un enthousiasme décuplé par les conseils de l’émission Top Forme / Ceux qui optimisent leur potentiel bonne humeur en écoutant des chants d’oiseaux digitalisés / Celui qui encourage les détenus dont il est l’aumônier à regarder le coin de ciel bleu visible entre les barreaux de leur cellule du quartier de Haute Sécurité / Celle qui sent en elle bouger l’Enfant de l’Avenir / Ceux qui sifflotent le Joyeux Air du Grabataire en découvrant le ciel absolument bleu de ce dimanche 25 janvier.

    Image: Philip Seelen.

  • Pensées de l'aube (10)

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    Du premier chant. – Le ciel s’annonce en beauté par ces notes claires qui égrènent partout la même allégresse comme neuve depuis mille fois mille ans sur le même arbre d’où jaillit cet invisible chant d'oiseau de rien du tout qui nous remplit partout et toujours du même premier émerveillement.

    Du premier rire. – On ne s’y attendait pas : on avait oublié, parfois on ne se doutait même pas de ce que c’est qu’un enfant qui éclate de rire pour la première fois, plus banal tu meurs mais nous en avons pleuré sur le moment, à vrai dire l’enfant qui rit pour la première fois recrée le monde à lui seul, c’est avant le clown au cirque de la vie: l’initial étonnement, la première pochette surprise…

    De ce qui renaît. – Pour spéculer sur l’Après c’est chacun pour soi, je ne sais pas, et saura-t-on jamais ce qui se trame réellement à l’instant ou dans un autre temps que nous pressentons, ou pas, mais ce que nous avons sous les yeux, ce qui s’offre est à tous, ce matin, don d’un Dieu gracieux immédiat et prodigue, don du prodigue enfant de la nuit qui ne se lasse pas au matin de te sauter au cou pour te rappeler qui tu es et qui tu aimes - et tout revit alors, tout retrouve son nom, tout est béni de l’ici présent.

    Image: Préalpes de Savoie, l'hiver. Aquarelle JLK.

  • Le roman romand new look

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    Nicolas Pages et Pascale Kramer américanisent les lettres romandes. Deux auteurs quadragénaires, également atypiques, campent leurs derniers romans à New York et Los Angeles.
    La paroisse littéraire romande a de quoi frémir: le mauvais genre s’y pointe. Le démon, faudrait-il dire dans le langage des darbystes vaudois dont Nicolas Pages est un rejeton. I love New York, cinquième livre du quadragénaire lausannois dont les chaperons successifs furent Pierre Keller et le sulfureux Guillaume Dustan, nous plonge en effet dans un univers de fêtes, de sexe gay et de drogue qui détone dans nos lettres, bien plus que le Garçon stupide de Lionel Baier n’a choqué le milieu moins feutré du cinéma suisse. Un point commun réunit pourtant ces deux mauvais sujets : une honnêteté qui, de situations apparemment amorales, dégage une sorte de nouvelle éthique artistique.
    « Ce que je cherche, explique Nicolas Pages de passage à Lausanne, c’est la véracité, contre la fausse vertu et l’hypocrisie. Jusqu’à l’âge de dix-huit ans, où je suis parti de la maison pour ne pas y étouffer, j’ai vécu sous une chape de plomb où tout ce qui a trait au corps était maudit. Nous allions quatre fois par semaine à l’église et la prière accompagnait chaque repas, mais les relations, avec mon père surtout, étaient glaciales. Il était absolument exclu, à ses yeux, d’envisager une carrière artistique. Mon enfance et mon adolescence ont été formatées par un puritanisme extrême, dans un milieu clos où même les vacances se passaient entre élus… »
    Après une rupture brutale, à l’instar de ses deux sœurs, le jeune homme se prend en charge, passe son bac et, fou de culture allemande, séjourne quelque temps à Berlin puis à Cologne avant d’amorcer des études d’architecture à Genève, pour se retrouver à l’Ecal lausannoise. Plasticien, il y réalise notamment une série provocatrice. «En reproduisant exactement le graphisme des bandeaux publicitaires de livres à succès, j’y imprimais des formules choc du type : Le livre le plus nul de l’année, Le nouveau navet de l’auteur culte, etc. Sur quoi je remplaçais discrètement, en librairie, les originaux par mes bandeaux, et j’observais les clients. J’attendais des réactions scandalisées. Mais non : pas un n’a bronché ! »
    Ce goût de la provocation, Nicolas Pages, venu tard à d’autres lectures que religieuses, mais avec passion, marque aussi son premier livre paru en 1997, Je mange un œuf, suscité par la question d’un de ses profs : qui êtes-vous ? Qu’est-ce aujourd’hui qu’un artiste ? Réponse : une totale mise à plat de ses faits et gestes, 120 jours durant. Plus « objectif », plus dénué de psychologie ou de sentiments, tu meurs. «La lecture de Moins que zéro, de Bret Easton Ellis, a été l’une de mes premières fascinations, avant Duras ou le Butor de La Modification. Cette façon de « glacer » la réalité, ce refus des fioritures, l’art du mot juste de Duras, le souci de la construction de Butor, correspondaient à mon rejet radical de la «littérature» traditionnelle.
    Dans I Love New York, tissé de dialogues comme une pièce de théâtre, l’écrivain lausannois fait un grand pas, justement, dans l’art de la construction et de l’usage, hyper-précis et sensible, de chaque mot. Une cuisante déception amoureuse y prélude à l’évocation d’une amitié folle, d’une espèce d’innocente sauvagerie. L’énergie galvanisante de la Grande Pomme, où Nicolas Pages s’est lancé dans une activité d’agent artistique, alterne avec une traversée épique de l’Amérique et d’amicales retrouvailles en région parisienne. Fuite en avant dans le «fun» et recherche éperdue de vraies relations, constat de ce qui est sans cynisme pour autant: et si le mauvais genre de Nicolas Pages cachait un écrivain ?
    Nicolas Pages. I love New York. Flammarion, 245p.

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    L’insoutenable acuité sensible d’un regard
    Plus l’œuvre de Pascale Kramer se développe, et notamment depuis Les Vivants, plus sa « manière », sans rien de maniéré, et plus sa matière s’imposent comme un univers cohérent où la perception la plus fine des atmosphères et des êtres se traduit par une écriture dont l’hyperréalisme n’exclut pas l’émotion et la poésie. Pascale Kramer fait « tout » parler, pourrait-on dire, comme si les objets eux-mêmes s’exprimaient, et malgré le peu d’éloquence de ses personnages.
    La trajectoire personnelle de Pascale Kramer est sans doute pour quelque chose dans son type d’observation, pure de tout académisme. À l’écart de la classique filière lettreuse, la romancière s’est formée «sur le terrain». Actuellement installée à Paris, elle y travaille dans la publicité en indépendante tout en démarchant régulièrement, aux Etats-Unis, des projets de scénarios d’auteurs francophone susceptibles d’intéresser Hollywood.
    Si son dernier roman, évoquant le malaise exacerbé d’une jeune femme au lendemain de son premier accouchement, pourrait se passer n’importe où, la lumière à la fois éblouissante et moite, sucrée et vaguement pourrie, de Los Angeles, est immédiatement présente dans le tendre inferno de cette Alissa naguère choyée par sa mère et que l’émancipation soudaine de celle-ci révolte alors qu’elle se demande à quoi rime cette enfant et si elle aime vraiment le père «gamin» qui l’a fait avec elle, souffrant de tout quoique « ayant tout pour être heureuse » aux yeux des autres.
    D’une attention extrême au moindre regard, au moindre mot, au moindre mouvement de ses personnages, Pascale Kramer, comme dans Fracas, également situé aux Etats-Unis, pratique la même «objectivité» qu’un Bret Easton Ellis, sans rien cependant de froid ni de cruel. Bien plus : la grandeur de ce petit roman tissé de faits minuscules tient à ce que ressent, sans théories ni mots pour le dire, une jeune femme confrontée à l’énormité de cette vie nouvelle sur fonds d’hésitations, d’envies, de frustrations, d’élans de violence, dans un balancement constant entre égoïsmes atomisés et puérilité prolongée, en attendant de plus paisibles réveils…
    Pascale Kramer. L’implacable brutalité du réveil. Mercure de France, 140p.

  • Pensées de l’aube (9)

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    De la consolation. – Ne vous en faites pas, leur dit-on maintenant, vos maisons en ruines, vous allez les reconstruire: vous aurez l’argent. Ne pleurez pas, vos écoles et vos mosquées, vous allez les bâtir plus belles qu’avant: l’argent peut tout. Cessez de vous lamenter, votre prison, vous allez en relever les murs avec notre argent. Et quant à vos enfants, vous n’avez qu’à en refaire: cela ne coûte rien…

    De l’imprescriptible. – Ce qui est un crime ou pas, c’est notre Tribunal qui en décide, et vous n’en avez pas. Ce qui est un crime, c’est le Livre qui en décide - notre Livre et pas le vôtre. Ce qui s’oublie ou pas, c’est notre Mémoire qui en décide, alors qu’on vous oublie déjà…

    De la honte. – Ils nous ont dit : La Paix Maintenant. Mais maintenant on sait que ce sera plus tard seulement: pour maintenant ils n’ont rien dit. Ils nous ont dit: et pensez-vous seulement au Darfour ? Vous rappelez-vous la Shoah ? Alors nous avons baissé la tête. Nous n’osons pas nous rappeler. Nous rappeler Sabra et Chatila nous fait honte. Vous rappeler 100 civils fusillés pour un soldat tué vous honore mais nous fait honte. Nous mélangeons tout, excusez-nous : nos morts n’ont rien à voir avec les vôtres: 1300 des nôtres pour treize des vôtres doivent être le prix de votre paix. Nous avons honte, Monsieur l’écrivain qui nous promettez La Paix Maintenant, de vous déranger...

  • La papatte de Sarko

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    PSEUDO. Sarkozy se révèle un autobiographe épatant par le truchement de David Angevin, qui s’est glissé Dans la peau de Nicolas…
    « Le livre que vous tenez entre les mains est le premier et le dernier que j’écris moi-même », écrit Nicolas Sarkozy sous la plume de David Angevin. « La vie est trop courte et précieuse pour la passer seul, à s’ennuyer comme un con, devant un clavier d’ordinateur. Je ne peux imaginer pire métier que celui d’écrivain. Je ne sais pas comment fait Marc Levy, maintenant qu’il est milliardaire, pour rester seul des journées entières à écrire ses livres ».
    C’est donc dit : Nicolas Sarkozy n’écrira plus sous son nom, sauf par nègres interposés. Or Dans la peau de Nicolas est sans doute « son » meilleur livre à ce jour : drôle, vivant, bien documenté. Enfoncées la prétention littéraire d’un Mitterrand ou la cuistrerie « poétique » d’un Villepin. Menée à la cravache, la pseudo-confession commence au lit dans l’avion présidentiel, étant entendu que s’envoyer en l’air à trente mille pieds d’altitude dans un king size 180-200 est « le principal attribut du pouvoir ». Pour le reste, son job serait plutôt « galère ». Mal payé par rapport à ses amis du privé (« je gagne en un an ce qu’ils gagnent en deux semaines »), stressé par son entourage et les médias, le « président-manager», selon sa propre expression, vomit les hommes et son père salopard,  mais file doux devant sa mère et Carla. Celle-ci, très convoitée par l’ami Bill (Clinton, aux téléphones d'une lubricité qui le gêne quasiment) lui fait faire des folies jusque dans la voiture présidentielle, mais il envie sa classe : «Je suis l’exact opposé de ma femme et des riches de naissance. Je suis un angoissé, un lourdingue… Comme tous les anciens pauvres, j’aime l’argent ».
    Pas moins lucide sur ses ministres (Fillon le bosseur assommant…) et ses adversaires (Ségolène Royal en vipère à look de télévangéliste) que sur les grands de ce monde, Sarko est attendrissant quand il parle de ses fils, notamment du « petit » auquel il a filé le virus de la politique. Au fan de Joeystarr, il essaie d’expliquer la différence entre vulgarité de langage et de pensée: «Ca ne t’inquiète pas, toi, un Suisse de Lausanne qui dit «z’y va, enculé d’ta race » à la place de « bonjour monsieur ». Et son fils de répondre : « Personne ne parlera comme ça sur mon disque, papa ! » Alors Sarko : « Putain, y a intérêt… »
    Bref, David Angevin, naguère interviewer patenté de stars mondiales, à l’enseigne de Rock & Folk, passé ensuite au service culture de Télérama, auteur de six premiers livres, n’est pas à l’étroit dans la peau de Sarko…

    David Angevin. Dans la peau de Nicolas. Le serpent à plumes, 190p.

  • Sainte Jeanne au fouet

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    … Maman te revoici, vingt ans après m’avoir abandonné, chiard apolitique de trois jours, sur le parvis de Saint-Sulpice, te voici cravache au vent, Maman Top One sur Fringant, pur-sang souverainiste, Mère de douce France et de Fille aînée d’intégrité retrouvée, Mère d’avenir: vois ton fils drillé par les Frères Purs, maman ma sœur, fouette mon cœur…

    Image : Philip Seelen

  • Pensées de l'aube (8)

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    De la confiance. – Tu peux compter sur moi, te dit-il, vous pouvez compter sur elle aussi, nous disent-ils, et les enfants peuvent compter sur eux, dit-on pour faire bon poids, sur quoi la vie continue, je n’ai pas à vérifier tes dires, elle le croit sur parole, ils n’étaient pas sûrs de pouvoir vraiment tenir leurs promesses mais on savait qu’elle serait là pour l’épauler et qu’il tenait trop à eux pour les trahir - il avait eu un rêve, ils n’en pouvaient plus de trop de mensonges et de défiance, je compte sur vous, leur dit-il, et ça les engage, on dirait...

    Du souhaitable. – Puisse la Force laisser vivre celui qu’ils disent l’homme le plus puissant du monde, puisse le jeune homme ne pas être piétiné par son propre empire, puisse la femme protéger l’homme, puissent ses enfants protéger la femme, puisse l’enfance pauvre protéger les enfants riches, puisse l’inouï se faire entendre, puisse ce poème aimé par le jeune homme être entendu et aimé en dépit de la Force, puissent les belles paroles ne pas aider la Force – puisse notre faiblesse infléchir notre force...

    De l’évidence. – Que ce pays qui n’était plus pour le vieil homme ne l’était plus que pour les hommes de la Force, que ce monde qui n’est que pour quelques-uns n’est pas le vrai monde, que ce n’est pas à ce pays de dire le monde, ni au faux monde de dire le vrai qui ne sera jamais que ce que vous en ferez…

  • Pensées de l'aube (7)

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    De la survie. – J’ai mal au monde, se dit le dormeur éveillé, sans savoir à qui il le dit, mais la pensée se répand et suscite des échos, des mains se trouvent dans la nuit, les médias parlent de trêve et déjà s’inquiètent de savoir qui a battu qui dans l’odieux combat, les morts ne sont pas encore arrachés aux gravats, les morts ne sont pas encore pleurés et rendus à la terre que les analystes analysent qui a gagné dans l’odieux combat, et le froid s’ajoute au froid, mais le dormeur éveillé dit à la nuit que les morts survivent…

    De la vile lucidité. – Ils dénoncent ce qu'ils disent des alibis, toute pensée émue, tout geste ému, toute action émue ils les dénoncent comme nuls et non avenus, car ils voient plus loin, la Raison voit toujours plus loin que le cœur, jamais ils ne seront dupes, jamais on ne la leur fera, disent-ils en dénonçant les pleureuses, comme ils les appellent pour mieux les démasquer - mais ce ne sont pas des masques qu’ils arrachent : ce sont des visages...

    De nos pauvres mots. – Mais aussi tu te dis: de ta pitié, qu’en ont-ils à faire ? Les chars se retirent des décombres en écrasant un peu plus ceux qui y sont ensevelis et tu devrais faire ton sac, départ immédiat pour là-bas, mais qui s’occupera du chien et des oiseaux ? Et que fera-t-elle sans toi ? Et toi qui ne sait même pas construire un mur, juste bon à aligner quelques mots - juste ces quelques mots pour ne pas désespérer: courage aux survivants…

  • Pensées de l'aube (6)

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    De la douleur. – Te réveillant sur cette lame tu crois n’avoir pas dormi, mais ce n’est pas si grave, petit, ce n’est qu’une flamme de fer à souder pour que tu te rappelles, juste un clou chauffé à blanc pour faire semblant, juste à la pointe de l’aile, mais ça se soigne, tu as des médics anti-crucifixion, juste un roncier de nerfs de stress d’enfer qui doit te venir du monde ou Dieu sait d’où - seuls ce matin le savent ceux que le méchant Dieu broie et tue, tu sais où...  

     

    Des larmes. – Depuis tout enfant tu as ce don, crocodile, de te purifier comme ça, tu ne pleures pas sur toi mais sur le monde qui ne va pas comme tu l’aimerais, l’œuf de colombe que le caillou écrase ou qui s'écrabouille sur le caillou -  toi aussi seras toujours trop tendre, jamais tu n’auras souffert l’injustice du Dieu méchant, et ça s’aggrave, nom de Dieu, tous les jours que les méchants font…

     

    Du rire. – Et toujours il y aura ce ricanement du démon froid qui se réjouit de te voir maudire son ennemi mortel dont le rire clair fait du bien aux grabataires le matin quand arrivent les infirmières parfumées et le café fumant, la vie reprend, ils en chient mais la vie reprend et c’est qu’ils s’oublieraient jusqu’à dire merci.

     

    Image: Crucifixion. Dessin à la plume de Friedrich Dürrenmatt.