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Pensées de l’aube (32)

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D’un autre chant. – Et si tu n’as pas de mots pour dire cette aube qu’il fait ce matin comme au désert ou sur la page blanche de la mer, chante-là en silence, tout à l’heure une main de lumière s’est posée à la crête des monts et tout ensuite, de l’ubac, une maison après l’autre, s’est allumé, mais comment le dire avec des mots ?

De la juste mesure. – Ce que tu te demandes aussi en voyant le rideau se lever sur la scène du jour, c’est quelle pièce va se jouer dans les heures qui viennent, qui tu seras, dans quelle peau ? quel autre rôle tu pourrais jouer ? si tu pouvais être plus juste qu’hier soir après avoir goûté une fois de plus du Milk of Human Kindness du Big Will - trois heures durant, Mesure pour mesure, la poésie du Big Will t’a traversé et t’habite encore ce matin, or seras-tu ce matin l’intransigeance d’Angelo le taliban ou la clémence du bon gouvernement, seras-tu la vierge ou la catin, seras-tu glapissement de mauvaise langue ou parole de bienveillance ?

Des matinaux. – Le silence scandé par leurs pas n’en finit pas de me ramener à toi, vieille frangine humanité, impure et puante juste rafraîchie avant l’aube dans les éviers et les fontaines, tes matinales humeurs de massacre, ta rage silencieuse contre les cons de patrons et tes première vannes au zinc, tout ton allant courageux revenant comme à nos aïeux dans le bleu du froid des hivers plus long que de nos jours, tout ce trépignement des rues matinales me ramène à toi, vieux frère humain…
Image: à l'aube de ce 25 février 2009, à la fenêtre de La Désirade.

Commentaires

  • D'UN AUTRE CHANT

    Laisse juste chanter
    La main libre d'écrire
    N'importe quoi
    En silence ou en couleurs
    Peu importe la chaleur

    Laisse juste le flux
    Délacer les corsets
    Que respire le sein
    Dont le lait alcoolise
    Les malts à venir

    Un autre chant
    Comme une autre lune
    Une fille qu'on allume
    Pour qu'un guerrier
    Baptise son fils
    Dans un bain de sang

    DE LA JUSTE MESURE

    Mesure pour mesure
    Rien ne vaut la démesure
    Pas de place pour les géomètres
    Au paradis des girouettes

    Saturation des sens
    Implosion à l'essence
    A l'aube de l'indécence
    Dévergonder la puissance

    Des gitans pour la danse
    Des mitrons pour le pain
    Le feu dans la main
    Une allumette en vacance

    DES MATINAUX

    Dans les égoûts le nez
    Pare de saveur pourpre
    L'immondice hallucinogène

    Qu'importe le tonneau
    Les Danaïdes sont sexy
    Et la bière coule à flots
    Dans les linceuls épurés

    Du poivre marin
    Dans les narines de coke
    Que de bulles dans le champagne rose

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