D’un autre chant. – Et si tu n’as pas de mots pour dire cette aube qu’il fait ce matin comme au désert ou sur la page blanche de la mer, chante-là en silence, tout à l’heure une main de lumière s’est posée à la crête des monts et tout ensuite, de l’ubac, une maison après l’autre, s’est allumé, mais comment le dire avec des mots ?
De la juste mesure. – Ce que tu te demandes aussi en voyant le rideau se lever sur la scène du jour, c’est quelle pièce va se jouer dans les heures qui viennent, qui tu seras, dans quelle peau ? quel autre rôle tu pourrais jouer ? si tu pouvais être plus juste qu’hier soir après avoir goûté une fois de plus du Milk of Human Kindness du Big Will - trois heures durant, Mesure pour mesure, la poésie du Big Will t’a traversé et t’habite encore ce matin, or seras-tu ce matin l’intransigeance d’Angelo le taliban ou la clémence du bon gouvernement, seras-tu la vierge ou la catin, seras-tu glapissement de mauvaise langue ou parole de bienveillance ?
Des matinaux. – Le silence scandé par leurs pas n’en finit pas de me ramener à toi, vieille frangine humanité, impure et puante juste rafraîchie avant l’aube dans les éviers et les fontaines, tes matinales humeurs de massacre, ta rage silencieuse contre les cons de patrons et tes première vannes au zinc, tout ton allant courageux revenant comme à nos aïeux dans le bleu du froid des hivers plus long que de nos jours, tout ce trépignement des rues matinales me ramène à toi, vieux frère humain…
Image: à l'aube de ce 25 février 2009, à la fenêtre de La Désirade.
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D'UN AUTRE CHANT
Laisse juste chanter
La main libre d'écrire
N'importe quoi
En silence ou en couleurs
Peu importe la chaleur
Laisse juste le flux
Délacer les corsets
Que respire le sein
Dont le lait alcoolise
Les malts à venir
Un autre chant
Comme une autre lune
Une fille qu'on allume
Pour qu'un guerrier
Baptise son fils
Dans un bain de sang
DE LA JUSTE MESURE
Mesure pour mesure
Rien ne vaut la démesure
Pas de place pour les géomètres
Au paradis des girouettes
Saturation des sens
Implosion à l'essence
A l'aube de l'indécence
Dévergonder la puissance
Des gitans pour la danse
Des mitrons pour le pain
Le feu dans la main
Une allumette en vacance
DES MATINAUX
Dans les égoûts le nez
Pare de saveur pourpre
L'immondice hallucinogène
Qu'importe le tonneau
Les Danaïdes sont sexy
Et la bière coule à flots
Dans les linceuls épurés
Du poivre marin
Dans les narines de coke
Que de bulles dans le champagne rose