De l’offrande. – La lumière rasante te découvre des plaines et des pays très doux dès l’éveil dont rien ne te rase, jamais l’aube ne fait la gueule : il n’y a que vous et vos jérémiades à tous, vous les nombrileux et les angoissés qui recevez si mal ce qui vous est donné - et tu es du nombre dès que tu reviens au miroir alors que tout se passe à la fenêtre, nom de Dieu : regarde…
De cette étincelle. – Du lièvre blanc qui bondit dans la neige et franchit d’un bond les barbelés admire la grâce maîtrisée de l’aviateur acrobate au-dessus des lignes à haute tension, même si ni lui ni toi moins encore ne savez ce que vous cherchez sous les grands baldaquins de givre, ni pourquoi cette beauté vous électrise…
De la contemplation. – En marchant tout seul dans la nature tu la sens marcher toute avec toi, tu la respires en respirant, tu en détailles tous les âges aux veines des pierres et des troncs et tes âges revivent dans sa vieille mémoire matinale, tu ne sais ce qui est ce matin le plus éternel de la voix de ta mère au coucher ou du premier chant du merle…
Image : Philip Seelen