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Pensées de l'aube (27)

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De la tentation. – Il n’y aurait plus rien, rien ne vaudrait plus la peine, tout serait trop gâté et gâché, tout serait trop lourd, tout serait tombé trop bas, tout serait trop encombré, on chercherait Quelqu’un mais personne, on regarderait autour de soi mais personne que la foule, on dirait encore quelque chose mais pas un écho, on se tairait alors, on se tairait tout à fait, on ferait le vide, on ferait le vide complet et c’est alors, seulement - seulement alors…

De la grâce. – Cela reviendra ou pas, cela te viendra ou pas, cela te sera donné ou pas, cela montera de toi ou cela te fondra dessus ou pas, cela te pèse de savoir que c’est le contraire du poids mais qu’en sais-tu ? Que sais-tu de ça ? Comment pourrais-tu même en parler ? Et comment le reconnaître si c’est là ? Et ce serait cette enfance ? Ce serait cette présence ? Ce serait cette légèreté - ce ne serait que ça ?

Du premier geste. – Tes outils seraient là et tu les verrais en ouvrant les yeux, tu les verrais et ce serait comme si c’était eux qui te regardaient, ce matin sans espoir – pensais-tu, ce dernier matin du monde – pensais-tu, ce matin du dernier des derniers qui aurait perdu jusqu’à son ombre, tes outils seraient encore là et leur désir te reviendrait…
Image : Philip Seelen

Commentaires

  • Je reprends goût à la lecture.
    Après un moment d'égarement plus que d'absence, je reviens faire un tour sur certains lieux enchanteurs... Pour le plaisir.

    A bientôt ici ou ailleurs.

  • Dans le mille! On se sent moins seul. Les caprices de l'air, et ces outils qui regardent : la liberté à portée de la main inerte. Ah! saisir le moment cristallin et le peindre enfin!

  • Aux bateaux, Fabien, c'est ça la leçon d'Ulysse à tout moment: aux bateaux !

  • De la résistance - Faire le choix de la souplesse, ne pas se raidir, se contracter, se crisper devant l’obstacle, devant l’épreuve. Ne pas contrer les branches de l’arbre épousant le vent, s’appuyer sur sa faiblesse pour être fort. N’être point de feu et de sang mais lucide, en avant, calme et droit sans baisser les yeux.

  • L'image, par Philip Seelen...
    La main sur le clavier et à l'écran un Carnet avec des notes manuscrites
    ( à l'encre verte ? ) : " A la Désirade... Notre chêne... "
    une photo
    un poème imprimé, collé

    Elle avait l'air
    d'une petite fille endormie
    la toute vieille dame
    ...

    Et j'ai relu la toute fin des "Passions partagées" (2004, Bernard Campiche, éditeur)

    " Que la mort n'existe pas "

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