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Lectures de Rando (1)

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Par les hauteurs avec Philippe Sollers et Charles Dantzig


Rousseau disait quelque part que « seul celui qui marche est apte au réel », et cela vaut même en montagne et même avec des raquettes et deux livres dans son sac en peau de chamois, sur la neige encore bien portante de la matinée.
Or donc me voici reparti, pour une première mise en jambes que je m’étais promis d’assortir de deux arrêts, selon le principe de la Lecture de rando que j’inaugure par la même occasion Il faisait ce matin un temps à lire le nouveau Sollers, intitulé Les Voyageurs du temps et dont les cinquante premières pages s’inscrivent dans le droit fil d'Une vie divine, avec un narrateur qui ne se distingue de l’auteur que par un faufil de fiction (et encore) pour se concentrer sur des variations littéraires et philosophiques dans une langue fluide et rythmée à la fois. Le zeste de fiction nous transporte initialement dans un stand de tir parisien, tout près de son bureau de la NRF, où son chemin croise une agréable Viva, garde du corps aux divers sens du terme.
J’avais fait un quart d’heure de raquettes, depuis le Parking des Lynx, lorsque je me suis trouvé face à une pancarte ordonnant, en cas d’avalanche,de prendre le chemin du bas. L’état des pentes me semblant plus mollissant que menaçant, j’ai pris le chemin des hauts jusqu’à un promontoire où j’ai repris ma lecture.
Rando1.jpgDans les cent premières pages des Voyageurs du temps, Sollers parle de son corps, comme d’une espèce de double n’en faisant parfois qu’à sa tête (de nœud), puis il consacre de belles pages à l’antagonisme de la Bête (on dira pour faire court : le génie) et du Parasite, avant de bifurquer vers les irréguliers, de Kafka et Nietzsche à Rimbaud et Lautréamont via T.E. Lawrence. Dans la foulée, le roman s’est déjà transformé en soliloque tissé de phrases fringantes, mais c’est le moment de reprendre la rando.
Rando2.jpgL’air est cristallin comme une page du grand Paon, l’azur cingle et le lac là-bas, immense fleuve immobile dans sa gaze de soie bleutée, a l'air de penser comme le dieu danse (mauvaise influence de Zarathoustra...) et comme Dantzig fait ses listes en dents de scie.
J’ai naguère accablé les lecteurs de ce blog de citations des milles pages du Dictionnaire égoïste de la littérature française, paru en 2006. Je vais remettre ça avec les 700 pages de l’  Encyclopédie capricieuse du tout et du rien, somme de listes dont la première (liste des cadeaux à réclamer au père Noël) devrait inclure le titre de ce livre-mulet enfilant perles sur trouvailles, avec des hauts et des bas certes, mais c'est le propre du livre où grappiller une foison d’observations-sensations-émotions que le lecteur prolonge avec les siennes propres.
Listes des lieux, des villes, des « caressants ailleurs », Listes du beau & du chic ou du corps & du sexe, Listes des femmes comme on en voudrait dans sa famille ou des chansons de variétés tragiques, et cent et mille autres qui font de ce seul livre une épatante lecture de rando. J'y reviendrai plus souvent qu'à mon tour...
Philipe Sollers, Les voyageurs du temps. Gallimard, 243p.
Charles Dantzig. Encyclopédie capricieuse du tout et du rien. Grasset, 790p.
Les deux ouvrages seront en librairie en janvier 2009.

Commentaires

  • Alors voilà, nous on vous imagine tranquillement avec vos renards à La Désirade et vous voilà au parking des lynx, pour un Reading Rando en raquettes et par le chemin des hauts !
    Doivent pas souvent être lus de cette façon Dantzig et Sollers. Et nous quand on lira les listes du tout et du rien, elles auront l'air cristallin du grand fleuve immobile.

  • Avec aux pieds les souliers de neige des Esquimaux, le rythme de la marche chevillé au corps, les deux bâtons en appoint et en appui, te voilà suivant la trace ou peinant dans la dernière couche de fraîche, avec pour musique les battements de ton coeur et le souffle de ta respiration, te voilà vagabond des neiges, penseur solitaire, rédacteur suivant son bon plaisir, te voilà seul au fond du vallon et au sommet du col à imaginer tout. Je partage ton bon plaisir et je t'envie. Philip.

  • Cher Jean-Louis ami,
    Cette fois ça y est la voilà enfin la première bonne nouvelle concernant Ferney, le cabinet hisse les voiles et

    Le BATEAU LIBRE, LE BLOG DE FRÉDÉRIC FERNEY,

    quitte le port direction "les océans du web"...

    http://fredericferney.typepad.fr/

    Allez faire un tour le pont et laissez un mot au capitaine pour lui souhaiter des beaux voyages...

    Avec mes amitiés voyageuses, justement.

    Eric Poindron

    Le cabinet d'Eric Poindron
    http://blog.france3.fr/cabinet-de-curiosites

    P.S. N'hésitez pas à reprendre l'information sur votre blog et à la partager avec vos amis et lecteurs.

    P.P.S. D'autres bonnes nouvelles sont à venir à la rentrée.

  • Grand merci, cher Eric, pour cette nouvelle. Après le Bateau-livre, qu'on ne cesse de regretter, bon vent au bateau libre !

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