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La bataille de René Girard

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 Achever Clausewitz, par René Girard. Notes de lecture (1)

 

-          Introduction de René Girard.

-          Après un exergue de Pascal commençant sur ces mots : « C’est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d’opprimer la vérité ».

-          Annonce « un livre bizarre ».

-          Excursion du côté de l’Allemagne et des rapports franco-allemands, à la lumière de la lecture de Clausewitz  redécouvert », par delà la lecture de Raymond Aron.

-          Resitue son travail, jusqu’à maintenant « présenté comme une approche du religieux archaïque, par le biais ’une anthropologie comparée.

-          « Il visait à éclairer ce qu’on appelle le processus de l’hominisation, ce passage fascinant de l’animalité à l’humanité, il y a de cela des milliers d’années. Mon hypothèse  est mimétique. C’est parce que les hommes s’imitent plus que les animaux qu’ils ont dû trouver le moyen de pallier une similitude contagieuse, susceptible d’entraîner la disparition pure et simple de leur société. Ce mécanisme, qui vient réintroduire de la différence lä où chacin devenait semblable à l’autre, c’est le sacrifice ».

-          Rappelle son travail essentiel sur le thème du bouc émissaire.

-          Evoque ensuite le passage du religieux mythique au christianisme, avec la dualité fondamentale du destin de celui-ci.

-          « C’est le christianisme qui démystifie le religieux et cette démystification, bonne dans l’absolu, s’est avérée mauvaise dans le relatif, car nous n’étions pas préparés à l’assumer »,

-          Paradoxe selon lequel le christianisme « est la seule religion qui aura prévu son propre échec. » -          Cette prescience est omniprésente dans les textes apocalyptiques, le plus souvent inaperçus même dans les Evangiles synoptiques et les épîtres de Paul.

-          Rapporte les textes apocalyptiques au désastre en cours en ce début du XXIe siècle.

-          « Nous ne pouvons échapper au mimétisme qu’en  en comprenant les lois : seule la compréhension des dangers de l’imitation nous permet de penser une authentique  identification à l’autre. Mais nous prenons conscience de ce primat de la relation morale au moment même où l’atomisation des individus s’achève, où la violence a encore grandi en intensité et en imprévisibilité ».

-          Affirme que le violence qui produisait du sacré ne produit plus désormais qu’elle-même.

-          La réalité rejoint une vérité dite il y a deux mille ans.

-          « Le paradoxe incroyable, que personne ne veut accepter, est que la Passion a libéré la violence en même temps que la sainteté. Le sacré qui depuis deux mille ans « fait retour » n’est donc pas un sacré archaïque, mais un sacré « satanisé » par la conscience qu’on en a, et qui signale, à travers ses excès même, l’imminence de la Parousie ».

-          Rappelle le mot d’Héraclite : « Polémos est père et roi de tout ».

-        1e95278dc36f92d430718da18188e28d.jpg  Puis en vient à la « montée des extrêmes » perçue et décrite, théorisée par Carl von Clausewitz (1780-1831), dont il précsie aussitôt que De la Guerre déborde de tous côtés les kimites d’un traité technique.

-          Annonce qu’il ne fera pas de Clausewitz un bouc émissaire, après qu’on l’a trop adulé ou trop attaqué, mais le sujet d’une discussion cruciale sur l’évolution de la guerre et ce qu’il en est aujourd’hui.

-          « Clausewitz est possédé, comme tous les grands écrivains du ressentiment »

-          Estime que le sens du De la guerre est religieux, et que seule une interprétation religieuse

-            Clausewitz est le premier à montrer, presque à son corps défendant, malgré la raison des Lumières qui continue de l’éclairer, que « le monde va de plus en plus vite vers les extrêmes ».

-          « Nous sommes la première société qui sache qu’elle peut se détruire de façon absolue. Il nous manque néanmoins la croyance qui pourrait étayer ce savoir. »

-          Clausewitz a pressenti le lien entre la rivalité mimétique et la formule apocalyptique, sans le théoriser clairement.

-          « Non seulement Clausewitz a raison contre Hegel et toute la sagesse moderne, mais cette raison a des implications terribles pour l’humanité. Ce belliciste a vue des choses qu’il est le seul à avoir vues. En faire un diable, c’est s’endormir sur un volcan ».

-          Pour René Girard, qui invoque Hölderlin, il pense que « seul le Christ nous permet d’affronter cette réalité sans devenir fous. L’apocalypse n’annonce pas la fin du monde ; elle fonde une espérance ».

-          Mais l’espérance n’est possible qu’à proportion de notre lucidité sur les périls de l’heure, et à condition de s’opposer aux nihilistes et aux réalistes cyniques de la gouvernance, de la banque et de l’industrie militaire…

-          Montre ensuite la force et la fragilité de notre civilisation, qui découle de la force et de la faiblesse du christianisme

-          Rappelle l’efficacité du sacrifice et du bouc émissaire dans le maintien de l’ordre social.

-          « Pour rendre la révélation entièrement bonne, pas menaçante du tout, il suffirait que les hommes adoptent le comportement recommandé par le Christ : l’abstention complète de représailles, le renoncement à la montée aux extrêmes.

-          Or nous progressons de plus en plus vite vers la destruction du monde.

-          « Pour rendre la situation encore plus démente, la révélation chrétienne est la victime paradoxale de savoir qu’elle apporte. On la confond de manière absurde avec le mythe, que visiblement elle n’est pas, doublement méconnue et par ses ennemis et par ses partisans, qui tendent à la confondre avec une de ces religions archaïques qu’elle démystifie. Or toute démystification vient du christianisme ».

-          Montre comment le christianisme tend à la sortie du religieux.

-          Constate que « les sages et les savants » redoublent de furie contre le christianisme et se réjouissent de sa disparition prochaine.

-          Rappelle quant à lui la fonction pacifiante des « niaiseries sacrificielles » dont le progrès prétend se débarrasser, qui nous manquent paradoxalement aujourd’hui.

-          « Les seuls chrétiens qui parlent encore de l’apocalypse sont les fondamentalistes, mais ils s’en font une idée  comlètement mythologique. Ils pensent que la violence de la fin des temps viendra de Dieu lui-même : ils ne peuvent pas se passer d’un Dieu méchant. Ils ne voient pas, chose étrange, que la violence que nous sommes en train d’amasser sur nos propres têtes a toutes les qualités requises pour déclencher le pire. Ils n’ont aucun sens de l’humour ».

-    2b707b6d899c0a2349ed7a379c7b7dc6.jpg      Rappelle enfin la place centrale qu’aura Hölderlin dans les conversations qui suivent.

-          « Ce contemporain exact de Clausewitz et de Hegel est indéniablement celui qui voit, au cœur des conflits européens, que l’essentiel se jouera pour le monde dans le face à face entre la Passion et le religieux archaïque, entre les Grecs et le Christ.

-          Evoque la « haine mystérieuse » qui a opposé la France et l’Allemagne.

-          « Nous ne cessons de souligner, au cœur de ces entretiens, que la relation loge au cœur de la réciprocité, etq eu la réconciliation révèle ce qu’aura signifie la guerre en négatif.

-          « Le primat de la victoire est le triomphe des faibles. Celui de la bataille, en revanche, prélude é la seule conversion qui compte. »

-          « On ne pourra pas sortir de cette amibivalence. Plus que jamais, j’ai la conviction que l’histoire a un sens ; que ce sens est redoutable ; mais qu’ »aux lieux du péril, croît aussi ce qui sauve »… (p.21)  

        La montée aux extrêmes

-          Benoît Chantre interroge RG sur l’origine de son intérêt pour Clausewitz.

-          Découverte récente.

-          Liée à sa réflexion sur la violence traversant toute son œuvre.

-          A découvert que Clausewitz était un penseur beaucoup plus profond, par delà la technique, sur le dépassement de la raison politique par la guerre sans fin.

-          A vu dans De la guerre l’amorce du drame du monde moderne.

-          Jusque-là, l’analyse d’Aron lui avait masqué le livre.

-          Aron appartenait encore à un monde (celui de la Guerre froide) où la politique avait le dessus.

-          Pense que l’anthropologue aura désormais plus à dire que les sciences politiques.

-          Pense que le rationalisme des Lumières est dépassé par la nouvelle radicalité de la violence.

-          BC rappelle qui fut Clausewitz (p.27)

-          RG date à Valmy la nouvelle ère de la mobilisation totale.

-          Rappelle ensuite le caractère fulgurant de la victoire d’Iéna.

-          Traumatisme décisif pour la Prusse.

-          Evoque la triste fin de Clausewitz, qui ne pourra concrétiser ses théories au service de son pays.

-          Retour à Qu’est-ce que la guerre, premier chapitre du traité.

-          Que dit Clausewitz ?

-          Que la guerre en dentelles du XVIIIe est révolut.

-          Que la stratégie indirecte est une erreur »due à la bonté d’âme ».

-          Le duel devient une « montée aux extrêmes ».

-          Celle-ci est théorique.

-          Corrigée par la réalité de l’espace et du temps.

-          Observe les effets de la masse.

-          L’objectif politique est faible quand les masses sont indifférentes.

-          « Ce sont bien les passions qui mènent le monde, n’en déplaisent au rationalisme de Raymond Aron ».

-          Comment le darwinisme social a précipité les choses.

-          Hegel a vue passer « l’esprit du monde » sous ses fenêtres, mais quel est-il ?

-          « Moins l’inscription de l’universel dans l’histoire que le crépuscule de l’Europe. Non plus la théodicée de l’Esprit mais une formidable indifférenciation en cours. Voilà pourquoi Clausewitz me passionne et m’effraie à la fois ».

-          Les interlocuteurs abordent alors les questions  de l’action réciproque et du principe mimétique.

-          Le ressort de l’imitation violente fait se ressembler de plus en plus les adversaires.

-          La théorie mimétique contredit la thèse de l’autonomie : « descendre en soi, c’est toujours trouver l’autre ».

-          On va vers la militarisation de la vie civile.

-          Ce sont les guerres napoléoniennes qui ont provoqué cette mutation.

-          Le terrorisme est l’aboutissement des « guerres de partisans2 qui justifient leur violence par l’agression dont ils le prétendent victimes.

-          L’action réciproque contient une double virtualité : d’accélérer ou de freiner la violence.

-          Napoléon obsède Clausewitz comme un « modèle-obstacle » à la Dostoïevski.

-          Cite la scène de Charles V et de son fils Ferdinand auprès de l’Empereur, comme une scène d es Possédés.

-          Clausewitz tire son ressentiment de sa passion venimeuse pour Napoléon. Le mimétisme le ronge lui-même.

-          RG s’intéresse à la continuité de l’action guerrière, sur laquelle travaille justement Clausewitz.

-          Revient à sa notion de « crise sacrificielle », qui risque de devenir le danger suprême au temps des armes nucléaires.

-          L’action réciproque accélère la montée aux extrêmes dès lors qu’elle n’est plus cachée.

-          Le christianisme a joué un rôle déterminant dans cette mise au jour.

-          BC, rappelant les analyses de La violence et le sacré, observe que les guerres réelles masquent la guerre absolue à laquelle elles tendent de plus en plus.

-          Evoquent les thèmes de l’attaque et de la défense.

-          Force de la défense observée par Clausewitz.

-          La victoire de celui qui attaque n’est souvent que provisoire.

-          « Le conquérant veut la paix, le défenseur veut la guerre ».

-          Rappelle la fuite en avant de Napoléon, contrainte par Alexandre.

-          Clausewitz montre comment la défense « dicte la loi ».

-          Les guerres modernes ne sont si violentes que parce qu’elles sont réciproques.

-          Hitler mobilise tout un peuple pour répondre à l’humiliation de Versailles. L’attaque est entée sur une défense.

-          Ben Laden répond aux USA en posant les siens en victimes agressées.

-          Celui qui organise la défense est maîtrisé par la violence.

-          En outre, différée, le choc n’en est que plus violent.

-          Que l’agression ex nihilo n’existe pas.

-          « L’agresseur a toujours déjà été agressé ».

-          Chacun a toujours l’impression que c’est l’autre qui a commencé.

-          Jusqu’à la Révolution, les instances de l’ordre et du désordre se trouvaient codifiées.

-          Aujourd’hui, avec la mondialisation, la violence a toujours une longueur d’avance.

-          Contrairement aux animaux, les hommes n’arrivent plus à contenir la réciprocité parce qu’ils s’imitent beaucoup  rop.

-          Revient à Œdipe vu par Sophocle.

-          Qui voudrait nous faire croire qu’Œdipe est aussi coupable.

-          Alors que c’est le groupe qui est coupable.

-          Les petites sociétés archaïques ont canalisé leur violence par le sacrifice du bouc émissaire.

-          La guerre d’extermination

-          Selon RG, le principe de réciprocité, une fois libéré, n’assure plus la fonction inconsciente de jadis.

-          La violence devient sa propre fin. On détruit pour détruire. « la montée aux extrêmes est servie par la science ou par la politique ».

-          Principe de mort ou fatalité ? Il se le demande.

-          Les massacres de civils sont autant de ratages sacrificiels.

-          « Les rivalités mimétiques se déchaînent de façon contagieuse sans pouvoir jamais être conujurées ».

-          On l’a vu au Rwanda comme dans les Balkans.

-          « Bush est, de ce point de vue, la caricature même de ce qui manque à l’homme politique, incapable de penser de façon apocalyptique. Il n’a réussi qu’une chose : rompre une coexistence maintenue tant bien que mal entre ces frères ennemis de toujours ».

-          Et d’entrevoir le pire.

-          Qui mènera à l’affrontement sino-américain.

-          Cite La guerre civile européenne de Nolte et Le passé d’une illusion de Furet, avant d’envisager une interprétation anthropologique du péché originel.

-          « Le péché originel, c’est la vengeance, une vengeance interminable ».

-          En revient à Pascal, contre Descartes.

-          Parce que Descartes prétend commencer quelque chose alors qu’ « on ne commence rien. On répond toujours ».

-          Revient ensuite aux instances opposées de la mimésis, en évoquant Durkheim et Gabriel Tarde et le moteur de la construction du social, à savoir l’imitation.

-          Montre comment la mimésis est à la fois la cause de la crise et le moteur de la résolution.

-          « La victime est toujours divinisée après qu’elle a été sacrifiée : le mythe est donc le mensonge qui dissimule le lynchage fondateur, qui nous parle de diux mais jamais des victimes que ces dieux ont été ».

-          Passe emsuite à la mimésis paisible, qui a commebase l’appretissage et le maintien des codes cultureles dans la longue durée.

-          « Pascal a très bien vu cela, quand il évoque la ruse de l’ »honnête homme » défendant les « grandeurs d’établissement ».

-          Evoque la stérilité des « groupes de fusion » imaginés par Sartre.

-          « La violence  a depuis longtemps perdu son efficacité, mais on commence seulement à s’en rendre compte. »

-          Clausewitz entre voit cette réalité qu’il n’y a pas de différence de nature, mais de degré, entre le commerce et la guerre.

-          Les interlocuteurs vont parles des relations franco-allemandes, un des foyers mimétiques les plus virulents de l’ère moderne.

-          Cite Clausewitz comme un curieux « avatar des Lumières » qui annonce « l’imminente dictature de la violence ».

-          Il entrevoit  « la lutte tragique des doubles ».

-          « C’est au cercle vicieux de la violence qu’il faudrait pouvoir renoncer, à cet éternel retour d’un sacré de moins en moins contenu par les rites et qui se confond maintenant avec la violence ».

-          Pense que le « religieux démystifié » du christianisme sera la seule issue de ce cercle vicieux. (p.65)    René Girard, Achever Clausewitz. CarnetsNord, 363p.  A suivre...

Commentaires

  • Merci de ce travail de résumé. En cadeau, une citation de Hölderlin, justement :

    Wo aber Gefahr ist, wächst das Rettende auch
    (Là où est le danger croît aussi ce qui sauve)

    Espérons que celà s'avère en ce siècle ! Avec RG, nous avons déjà un morceau de "ce qui sauve".

  • C'est juste le début. J'en ai déjà lu cent pages, absolument passionnantes, mais la recopie de mes notes tarde. Il y a des jeunes filles qui lisent 200 livres en 10 mois. Pas moi... Vielen Dank fürs Geschenk !!! Je vais lire le reste au bord des polders. Un pon polder enfin !

  • Poldergeist !

  • Salut JLK,

    je viens de m'acheter ce livre, J'ai lu tous les autres de RG. On ne peut pas dire que c'est une oeuvre d'imbecile.
    Son éclairage de la violence est une assez révolutionnaire et permet beaucoup de progrés en psychanalyse (voir Kornobis, etc..) en étude litteraire, etc.. bref RG fait voir le monde autrement.

    Il nous alerte sur le phénoméne de violence. Et ce qui est terrible, c'est que même prévenu, tout perdure depuis la fondation du monde.

    Allons nous ouvrir le livre aux 7 sceaux. Et conclure l'aventure humaine ?

    Sinon dans un autre registre j'ai acheté la physique des catastrophes. A tu écris une note a ce sujet ?

  • Merci pour ces notes. z'avez l'air d'un mec bien. ca me change d'assouline.

  • JLK,

    Vôtre blog es réellement très bon, vraiment un des meilleurs blogs que je lis, mais si je peut faire une suggestion, je vous prie de no changer si souvent l'ordre des articles, parce que le lecteur peut se ¿mettre en désordre? (pardon,mon français n'est pas très bon). C'est mon expérience personnel. Merci beaucoup,

    Jose Luis González

  • Muy caro José Luis,

    Pardon de vous déstabiliser, mais j'essaie de ne pas encombrer le fil avec ces notes de lecture fluviales, donc je les reclasse dans la catégorie René Girard, pour l'occurrence. Cela demande de cliquer à gauche. Pas plus compliqué que ça: même moi je pige...

  • Je ne sais pas, Liloque, si je suis un mec bien. Ce qui est sûr est que je suis ce soir un mec triste vu que notre Fellow, bien connu des visiteurs de ce blog, est en train de défunter. Une pensée amicale, alors, pour notre vieux pote aux yeux doux...

  • ... Pensée partagée ...

  • Bon ok. On peut parler du bouquin?
    Pour la première fois, j'ai du me battre contre un bouquin de girard. Trois raisons principales, à mon avis.

    1) La tentative (la tentation !) de plaquer une lecture mimétique sur l'Histoire me gêne. Rien dans le travail précédant ne décelait une telle ouverture. Je trouve le passage de la lecture mimétique "interdividuelle" (terme girardien) à l'interpretation mimétique de L'Histoire a) pas justifiée "théoriquement b) d'une pertinence assez discutable (ou est la discussion?)

    2) Le ton est tres sec. Et la ca me gêne vraiment : j'ai trouvé certains passages (en fait beaucoup) vraiment difficiles à suivre, avec bombardement de references du 19e auxquelles je ne connais rien , pas de notes, que dalle, démerdez vous. Girard est toujours tres clair, dans tous ses grands livres (MRVR,V&S, Des choses cachées) les articulations de raisonement sont claires et bien discutées avant d'être établies. Ici, on avance à tres grands pas, Girard joue avec des systemes philosophiques immenses en un tour de main, comment dire, pour le public c'est assez dur à suivre. Il y a d'ailleurs plusieurs moments ou Chantre lui sort "Houla, doucement, je pense qu'on peut pas aller aussi vite, etc..."

    3) Enfin, et je conviens sans mal que c'est pas facile à défendre,
    le livre me gêne parce qu'il est tres tres sombre, à la "accrochez vous au pinceau, y a plus d'échelle...". J'ai 35 ans, j'ai pas envie de me dire que le seul choix qui nous reste c'est la montée aux extremes, la guerre de tous contre tous etc. Désolé, je crois que j'ai bien compris le boulot (antérieur) de girard mais la je ne suis pas d'accord. Je trouve que E. Todt a une vision de l'évolution historique des 19 et 20e siecles plus "réelle". Par exemple, la facon assez détestable dont Girard condamne d'un revers de main la construction européenne depuis 1945 (quelque chose comme "ca n'a servit à rien") me semble ridicule et caractéristique de ce livre (complaisance dans le noir sur noir).

    Bon voila, c'est un peu long, mais je suis pas Stendhal.
    On cause?

  • Merci Liloque, mais qu'est-ce que vous avez donc à faire grève ? Je devais rencontrer René Girard ce vendredi, et voilà que vous me privez de train, non mais... Mais oui, parlons. Je dois finir d'abord de recopier toutes mes notes, c'est du boulot. Ensuite je me réjouis de parler avec vous de tout ça, qu'il ne faut pas prendre trop systématiquement au pied de la lettre je crois. La vie a plus d'imagination que les philosophes et les prophètes, enfin c'est mon sentiment, et le terme d'apocalypse n'est pas à prendre dans son acception courante-étroite de fin des haricots. Tout ça vite dit puisque je ne suis pas censé faire la grève des prix littéraires...

  • Si vous voyez Girard, adressez lui un admiratif salut : c'est un supermec! Et des voeux de bonne santé!

  • Ouais: supermec. C'est le mot que j'y dirai: man, t'es un supermec, Liloque te kiffe à mort, ouais je lui dis ça... cette semaine ou la suivante... foi de ventriloque.

  • Bonjour
    Je découvre votre cite en cherchant des informations sur "Achever Clausewitz". Je suis comblé. Merci ! J'ai lu un certain nombre d'ouvrages de René Girard et je suis très intéressé. Une seule chose me gène, mais au plus au point : la théorie mimétique s'arrête au christianisme. Or, pour moi, le christianisme est justement la Nième déification d'un bouc émissaire préalable. Il faut donc opposer "l'enseignement de Jésus de Nazareth" (s'il a existé) et "le christianisme". D'accord avec votre remarque sur le sens à donner à Apocalypse. Une autre manière de dire la chose, c'est la formule de Jean-Pierre Dupuy (grand lecteur de René Girard) "Pour un catastrophisme éclairé". Il faut croire au danger que l'on sait pour y faire face.

  • Cher Hubert, précisément le sacrifice du Christ n'est pas la énième déification du bouc émissaire mais la sortie de cette figure archaïque, du moins si l'on en croit René Girard. La victime n'y est pas un coupable divinisé mais un innocent reconnu pour tel. On peut ne pas suivre Girard et n'admettre qu'une version laïque de sa théorie, mais opposer l'enseignement du Christ et le christianisme est tellement réducteur qu'on risque de ne rien comprendre rien du tout à la pensée de Girard en partant de là, comme il en va d'ailleurs pour la pensée de Michel Serres.

  • Cher JLK, il y a sûrement plusieurs manières d'être chrétien, comme plusieurs manières d'être girardien. Si Jésus a été le premier enseignant de la théorie mimétique (avant la lettre) en monde judaïque, ses disciples ont largement trahi son message en faisant de lui un dieu, après sa mort violente. Bien sûr, ce n'est pas la lecture de René Girard. Mais il est possible de faire une lecture agnostique de la théorie mimétique.

  • Entièrement d'accord avec vous sur la légitimité d'une lecture agnostique de la théorie mimétique, mais y aurait-il un christianisme sans les disciples de Iéshouah ?

  • Si les disciples de Iéshouah avaient enseigné un art de vivre réduisant le mimétisme chez les humains de l'espèce Homo Sapiens Demens, leur apport à l'humanité aurait été plus considérable. Mais je reconnais qu'un Dieu qui meurt pour sauver les hommes est un événement notable dans l'histoire des mythes religieux.

  • Disons qu'entre Jean, Paul et Pascal, pour ne citer qu'un tiercé échappé du saint peloton, on a déjà quelques tickets de sortie du mimétisme fameux...

  • D'accord

  • Cher Hubert, je suis protestant des forêts alpines, mais Baudelaire et Léon Bloy m'ont beaucoup appris, et mon christianisme est organique, c'est ma mère et mes mères-grand, mes pères et leurs pères, leur rejet et leur héritage, c'est aussi compliqué que des généalogies vivantes de paysans et d'instituteurs. Nietzsche est quelque part là-dedans. Cela cependant très suisse et peu républicain. Mon idée-force est actuellement l'autorité douce et respectueuse qui fonde une société par amour non sentimental. On voit cela en Russie et au Liban. Cest très loin des convenances politico-médiatiques. Cela pourrait se développer. Qui sait ?

  • J'ai bien conscience qu'il y a mille et une manière d'être chrétien (et autant de cesser de l'être, ce qui est mon cas). Il n'y a aucun lien nécessaire entre ce qu'un personne trouve (et apporte) dans une religion et ce que celle-ci apporte (ou prétend avoir apporté) dans une socité. C'est pourquoi je pratique la tolérance et attends de plus amples discussions avec une personne croyante ou athée. Bien cordialement

  • l'apocalypse est une guerre, une oeuvre de destruction intégrale, n'en déplaise à rené girard. vue d'ailleurs, on appelle ce moment l'éveil; peu importe le nom qu'on lui donne en fait, elle ne consiste qu'à regarder s'effondrer le monde chimérique créé par des idées on ne peut plus fictives. rené girard n'ayant pas vécu d'apocalypse - si on se réfère à ses propos - ne peut donc qu'émettre des conjectures hautement hypothétiques sur la nature de ce phénomène.
    mais, bon, tout le monde peut bien citer "all the world's a stage" ou "la divine comédie", peu veulent bien les appliquer^^

    le péché originel mérite aussi d'être dépoussiéré de tous ses carcans: péché en grec signifie erreur, le péché originel n'est donc que l'erreur initiale par laquelle tout un chacun veut bien se faire abuser, rien de plus.

  • Si René Girard n'en sait pas autant que vous le croyez sur l'Apocalypse (il ne parle que de foi et d'espérance, dans la stricte tradition eschatologique il me semble), je me demande d'où vous tirez votre propre expérience, cher GMC, et votre apparente certitude à vous ? Est-ce que nous ne sommes pas tous, là devant, comme des enfants à l'Heure du Conte ?

  • si dans une forêt, un arbre est frappé par la foudre, il n'a aucun moyen de savoir pourquoi elle est tombée sur lui, il ne peut que constater l'ampleur des dégâts. l'apocalypse ou l'éveil ou n'importe quel autre nom qu'on lui donne est une expérience que chacun peut rencontrer, même si dans les faits peu veulent bien accepter de ruiner leur empire, fut-il constitué de chimères.
    l'eschatologie est une partie de la théologie, spécialité des institutions religieuses chrétiennes, beaucoup de discours qui, quand leurs auteurs sont rigoureux, finissent tous comme les dernières années de thomas d'aquin, dans le silence.
    à l'heure du conte, il convient d'aiguiser les oreilles, si elles grincent, ce n'est peut-être que de la rouille ou du cérumen qui produit ce bruit^^

  • Je vois tout à fait, bien entouré d'arbres que je suis, ces foudroyés qui constatent les dégats... Bouvard et Pécuchet aussi étaient lucides à faire silence, et tout est bien. Amen. Reste que René Girard appelle à la réflexion et cela m'intéresse bien plus qu'aucune conclusion...

  • les arabes disent que le coran est un livre ouvert, comme l'existence en quelque sorte

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