De la muflerie actuelle
S’il est un signe de la vulgarité des temps qui courent, c’est bien celui qui ponctue la jactance de certaines et certains dont l’obsession est d’assener plus que d’exposer ou d’argumenter, étant entendu que ce qui est dit est dit et que ça ne se discute pas: point, barre.
Cette expression hideuse, dérivée du langage-moignon des mails et des SMS, me semble plus haïssable encore que les formules du discours militaire qu’une seule résume avec le même effet que « point, barre », à savoir : rompez.
Qu’un officier m’ordonne: rompez me paraît cependant dans l’ordre de sa fonction et je ne discute pas : je romps sans plier après avoir pris la position de repos, et je me casse.
Mais qu’une cheffe de projet de telle boîte publicitaire, qu’un rédacteur en chef adjoint impatient de grimper encore, que des cadres moyens ou leurs adjointes et adjoints utilisent la formule « point ,barre » me paraît un premier indice de leur probable incompétence et de leur stupidité latente, voire de leur éventuelle dureté d’âme, ce qui est plus grave.
L’expression « point, barre », formulée dans la langue de Pascal et de La Fontaine, doit être extirpée de sa pratique même la plus usuelle, de même que la langue de Goethe et de Rilke doit être purifiée du calamiteux « Punkt, schluss »… Fin du sermon. Point, barre, pauv'con, casse-toi !
Commentaires
oh oui que ça m'insupporte aussi, merci Jean-Louis !
Hélas il est notoire que vous êtes une âme sensible. On ne se refait pas. Faut pas rêver. Et voilà deux autres lieux communs d'époque à fustiger grave: on ne se refait pas et faut pas rêver. Allez, Ray, bel et beau jour !
Et à la façon lyonnaise (« puin bair ») ou parigote (« poan bair »), c'est encore pire !
Cette expression, comme tant d'autres, nous rappelle hélas que la nature interdépendante de l'être humain est encore une notion peu comprise... ou mise en oeuvre. J'en profite pour conclure sur une note positive : que de merveilles encore à découvrir sur la nature humaine, que de beaux apprentissages à venir. Je lève ici mon verre à la fin proche des ".|", "./".
Cette note me comble d'aise. Anecdote : quand celui qui était mon mari depuis presque 20 ans a rencontré celle qui alla it devenir sa nouvelle femme, j'ai aussi été comblée d'aise. Jusqu'au jour où ils se sont installés dans leur nouvelle maison. J'avais organisé pour eux et pour nos enfants un petit repas de passage de relais si l'on peut dire. La nouvelle m'indifférait mais elle convenait à mon ex- mari. Jusqu'au moment, en plein déjeuner où elle a employé une expression qui m'a fait penser que jamais nous ne pourrions nous entendre. Elle a dit "J'ai mis les points sur les i et les barres au t".
Les points sur les i, est une formule qui passe sans problème le seuil de mon cerveau.
Mais y rajouter "les barres aux t", c'est le trop, qui en fait une expression pour moi pleine de vulgarité.
j'avais bien senti, nous ne nous sommes finalement jamais comprises.
Et c'est mon poing dans la g... que j'aimerais bien lui mettre parfois.
Voilà je raconte un peu trop ma vie. Je pense revenir ici et je vous lance une invitation pour chez moi.
Quand l'Amélie met l'eau les points se barrent...
VIRGULE
Un point sous une barre
Joli spot pour surfers
Dont le napalm est l'idiome
Point à la ligne de flottaison
Comme un écrou flottant sur le bitume
Barre d'attelage pour caravane
Qui fait aboyer les chiens
La double spirale d'un chant
Enlacé sans être enchaîné
Mai sous l'égide d'un point barre